mercredi 25 octobre 2000

American beauty

(1999 - Réalisé par S. Mendes) ***

La vie des Burnham, famille américaine apparemment sans histoire, va être bousculée par la crise que traverse chacun de ses membres. A commencer par Lester, le père, qui décide de reprendre sa vie en main en bravant tous ses interdits.

Le coup de la crise de quarantaine, on nous l'a fait mille fois au cinéma. Celui de la crise d'adolescence aussi. La bonne idée de Sam Mendes est de réunir en un scénario la lente dépression du père, la libération soudaine de la mère et l'affirmation de leur fille. Basé sur une suite de quiproquos parfois attendus (le père amoureux d'une amie de sa fille), parfois surprenants (les conséquences de la soirée "fumette" dans le garage), le film tricote le thème traditionnel du "carpe diem" dans un fourre-tout présenté élégamment. S'il est esthétiquement irréprochable, "American Beauty" porte un message déjà vu et ses audaces ne sont étonnantes que pour un public puritain.

vendredi 20 octobre 2000

BALDUR'S GATE II Shadows of Amn

Fun 9/10
Technique 8/10
Style Jeu de Rôles AD&D
Infos Interplay-Black Isle / Minimum P II / Solo et Multijoueur
Testé sur Pentium III 500 - 194 Mo Ram - GeForce 256 (32 Mo DDR) - SBlive

Le retour d'Imoen et de Minsc !
Souvenez-vous, c'était il y a presque deux ans, l'éditeur "Black Isle" nous proposait ce qui était considéré comme le comble du sublime en matière de JdR "Donjonesque", j'ai nommé Baldur's Gate premier du nom. Un add-on suivait bientôt, le difficile "Légende de l'Île perdu", proposant un challenge de taille mais des améliorations techniques mineures... Aujourd'hui nous voyons arriver le second épisode de la série, "Shadows of Amn", et le moins que l'on puisse dire est que "Black Isle" a mis le paquet ! Comme toute séquelle digne de ce nom, tout a été amélioré dans ce numéro 2 : résolution d'écran, graphismes, effets spéciaux, plus de possibilités dans les règles AD&D, etc. Attention cependant, pour éviter d'avoir à subir les voix minables de la version française, c'est un test de la version USA que je vous propose. De toute façon cela ne change rien puisqu'on peut importer son personnage de Baldur's Gate N°1 version française dans BG 2 version USA.
Nous voilà donc replongé dans l'univers des Royaumes Oubliés, nous quittons la ville de Baldur pour nous aventurer dans la capitale de la région d'Amn : Athkatla. Mais avant cela il vous faudra sortir de la prison dans laquelle vous êtes enfermé ! Les personnages les plus marquants de l'épisode précédent sont de retour dès le début du scénario : le Ranger "Minsc" accompagné de son fidèle Hamster "Boo", la belle Jaheira et surtout "Imoen", la petite voleuse qui vous suivait partout et qui içi lance la trame principale de l'histoire...
Le premier chapitre sera donc consacré à votre fuite du cachot et à la mise en place de l'intrigue. Visiblement vous êtes encore au centre d'enjeux qui vous dépassent, mettant en péril le royaume tout entier, et bien évidemment vous devrez tenter de reconstituer le puzzle pendant une bonne partie de l'aventure ! Outre les vieilles connaissances, vous serez amené à croiser une dizaine de nouveaux personnages, chacun d'eux introduisant une des première nouveauté de Baldur's Gate 2 : les "Kits" !

Des persos en "Kit".
Comme dans le jeu de rôle original "Advanced Dungeons & Dragons" version papier & crayon (pen & paper comme disent les amerloques), ce nouvel opus de la série des Baldur's permet donc de reprendre son personnage préféré de la campagne précédente. C'est à ce moment que l'on découvre la première innovation du numéro 2, la présence de "Kits" de classes. Pour sortir des sempiternels "Paladins", "Mages" et autres "Voleurs", BG2 nous propose des spécialisations qui donneront bonus et malus aux persos : le guerrier deviendra un "Berserker", un "Wizardslayer" ou un "Kensai", le Clerc se spécialisera dans une des 3 écoles (Talos, Helm ou Lathander), le Voleur choisira son style de jeu entre "Bounty Hunter", "Assassin" ou "Swashbuckler", etc.

Derrière ces titres ronflants se cachent divers avantages et inconvénients qui prendront tout leur sens sur le terrain. Par exemple un "Bounty Hunter" pourra poser des pièges spéciaux, un Paladin "Inquisitor" sera immunisé contre les sorts "Charm" et "Hold" mais n'aura pas de "Lay on Hands", etc. Et si cette diversification n'est pas encore suffisante à votre goût, vous accédez à 3 nouvelles classes de persos : le Barbare (sorte de Guerrier "dégénéré"), le Sorcerer (un Mage avec moins de Sorts disponibles mais qui peut en lancer plus) et le Monk (Prêtre combattant à mains nues avec des attaques spéciales). Le niveau d'expérience minimum est de 7 ou 8 suivant la classe (89000 XP) si vous avez fini BG1 (161000 XP si vous avez terminé l'Add-on "Légende de l'Île Perdue") et vous pourrez monter jusqu'à 2900000 XP ! Cela représente un niveau maximum de 17 à 23 selon la classe (les Druides sont limités au niveau 14 car suivant les règles AD&D leurs Sorts deviennent trop puissants au niveau 15 ! Heureusement ils disposent déjà de Sorts conséquents avant ;-).
La limite de 6 personnages dans votre groupe est toujours présente, mais les auteurs ont effectués des modifications (régles AD&D 2nde édition ?) qui empêchent les petits malins (comme moi !) qui invoquaient des dizaines de squelettes dans les combats difficiles (technique dite du "Mur vivant" ;-). Maintenant c'est 5 invocations maximum en simultané, mais les Mages peuvent invoquer des "familiers" et des Elémentaires et des Persos non-joueurs peuvent se joindre à vous le temps d'une mission. Les fameux "scripts" de comportement permettent à vos persos de réagir face aux situations qu'ils rencontrent lorsque vous ne les contrôlez pas. Ils ont été affinés et proposent à présent un choix plus vaste par défaut. Un Voleur se mettra automatiquement en mode furtif lors des déplacements, un Mage soignera automatiquement ses camarades blessés, un Ranger utilisera d'abord ses armes à distance avant de se lancer au corps à corps, etc.

Finesse et gros-billisme !
Les Classes "physiques" (guerrier, paladin, ranger) peuvent enfin faire du "Dual Wield" (attaque avec 1 arme dans chaque main !) et leur spécialisation dans les types d'armes s'étalent sur 5 échelons (jusqu'à "Grand Master"). Les bonus donnés en la matière sont impressionants ! Vous pourrez même choisir un "style de combat" pour obtenir d'autres bonus en attaque/défense : Arme 1 main, Arme 2 mains, Utilisation d'un Bouclier, 2 Armes. Enfin de nouvelles armes font leur apparition : le Katana par exemple, ainsi que d'autres lames d'inspiration orientale. Chaque nouvel équipement découvert dans un coffre piégé ou sur un ennemi surpuissant sera réellement visible sur votre personnage lorsque vous le porterez.

Les Classes des Magiciens (les 8 spécialisations des Mages, Clerc, Druides, Sorcerer) ne sont pas oubliées puisque c'est plus de 300 sorts qui seront accessibles dans Shadows of Amn. La magie est plus que jamais indispensable pour vaincre les gros Boss que vous rencontrerez en fil de l'aventure, et lorsque vous arriverez dans les niveaux élevés vous aurez droit aux puissants "Resurrection", "Power Word: Kill" ou encore "Time Stop".. Certains n'étant d'ailleurs disponible qu'en Parchemin (impossible de les mémoriser afin de ne pas déséquilibrer le jeu !). D'autres Sorts ont subi des ajustements afin de respecter les règles de la 2e édition AD&D ou de rester jouables.
Les quêtes, missions et autres événements intéractifs sont incroyablement nombreux dans cette campagne. Passé le premier chapitre dans lequel vous devez vous échapper de votre cachot, vous arrivez dans la ville Athkatla avec sa demi-douzaine de zones à visiter. Chaque quartier contient une multitude de lieux remplis de personnages. La plupart vous donneront des indices sur votre mission principale et beaucoup vous proposeront des quêtes vous emmenant vers d'autres endroits. Les auteurs ont voulu éviter les quêtes trop simplistes qu'on appelle "fed-ex" en anglais (aller chercher un objet pour un personnage). Ici les missions s'imbriquent les unes dans les autres, on doit parfois résoudre de véritables enquètes policières dignes des meilleurs épisodes de columbo (j'ai aimé particulièrement la séquence des meurtres mystérieux dans le quartier des marins ;-), ou bien encore remplir des tâches moins nobles auprès de personnages assez antipathiques (s'assurer les bons soins d'un artiste particulièrement imbu de sa personne).
Bref, même si le but reste le même (monter en niveau et obtenir des équipements puissants), la forme est très agréable ! On nous promet d'ailleurs 50 heures de jeu pour celui qui reste dans le scénario principal, et plus de 200 heures si on s'en éloigne... Chaque Classe bénéficiant d'ailleurs d'une Quête spécifique qui l'amenera à gérer un "stronghold" (un lieu spécial dont il faudra gérer l'intendance). La "replay value" est donc élevée, le hardcore gamer mettra un point d'honneur à essayer toutes les classes disponibles pour voir quelles nouvelles Quêtes s'ouvrent à lui.

Il était beau, il est beau, il sera beau...

Shadows of Amn surpasse les caractéristiques techniques de son aïeul, heureusement me direz-vous car en 2 ans les configs de nos PC ont évoluées. Oubliez le grossier 640x480, aujourd'hui vous pouvez passer en 800x600 et même plus (mais il faut reconnaitre que le jeu étant en 2D, il devient difficile de supporter le 1024x768 sans avoir une paire de jumelle !). Le jeu s'adapte parfaitement aux cartes 3D, les sorts de niveau 8 et plus étant particulièrement spectaculaires (invocations d'élémentaires, pluie de météorites, etc.). Les décors sont un bonheur visuel de chaque instant, immenses salles dallées de marbres, statues gigantesques, fontaines ruisselantes, aahhhhh, c'est sublime ! ...Et très varié.
De même pour les monstres rencontrés, on assiste à un déferlement de nouvelles créatures toutes plus impressionnantes les unes que les autres (Beholders, Djinns, etc... et même des Dragons ?!). Le nombre de race a d'ailleurs doublé depuis BG1. Lorsque votre équipe les affronte, les "critical hits" sont visibles à l'écran (c'est tout le décor qui tremble pendant quelques secondes lorsque vous réussissez une attaque critique !). Pour être sûr de créer un choc visuel, les programmeurs ont même inclus un mode "plein écran" dans lequel toute l'interface est cachée.

Baldur's Gate 2 bénéficie du savoir-faire de Black Isle en la matière, et on retrouve toute les améliorations inaugurées dans leur titre précédent (Icewind Dale) : Touche de raccourci pour accéder rapidement à une arme ou à des munitions, bouton "repos" accessible depuis l'écran principal, application (presque) à la lettre des règles AD&D, configuration très précise du mode "tour par tour", annotations personnelles sur la carte et également dans le journal des événements, "path finding" amélioré (mais toujours perfectible dans certains endroits trop complexes), on se rapproche de la version idéale de l'adaptation "PC" du vrai jeu de rôle. Pour les débutants un tutorial à même été inclu afin de les familiariser avec les vastes possibilités du jeu.

Des petits regrets mais tellement de satisfactions !

Pour conclure, on peut sans hésiter sacrer "Baldur's Gate II : Shadows of Amn" Jeu de Rôle de l'année 2000, du moins dans la catégorie "jeu solo". Il reste toujours quelques constats un peu énervants, comme le fait que vos personnages ne peuvent pas courir par exemple, ou que le Multiplayer reste toujours pour moi une vraie déception (mais Black Isle nous prépare du grandiose de ce coté pour l'an prochain). Ces soucis mineurs ne doivent pas masquer l'essentiel : BG2 est un grand jeu, dans tous les sens du terme, et passer à coté serait un crime pour tout amateur de RPG informatique. Il apporte beaucoup de nouveauté par rapport à Icewind Dale. Le fait que vos personnages commencent l'aventure au niveau 7 ou 8 vous donne déjà une certaine puissance et la progression sera plus aisée en début de partie (rassurez-vous les gros bills, ca se corse sérieusement dès le chapitre 2).
Baldur's Gate est un Classique, cela veut aussi dire que le roliste en mal d'originalité n'y trouvera pas son compte (univers heroic-fantasy oblige, on est coincé dans les clichés du genre : Guerriers et Magiciens, High-tech totalement absent, assez peu d'humour au second degré). Mais comme en litterature ou en musique, c'est toujours important d'avoir des points de référence. Ce jeu en fait partie, et comme je le disais déjà pour le premier épisode début 1999, on peut dire que Baldur's Gate 2 fera date dans l'histoire des jeux vidéos comme Quake a marqué les esprits dans un genre différent. C'est LE jeu de cette fin d'année sur PC dans la catégorie "JdR". Du travail d'artiste, merci Black Isle !



Jeu fini :
Après de loooongues heures passées sur ce chef d'oeuvre, il me tarde déjà de repartir dans l'add-on de BG2, annoncé il y a peu pour fin 2001. L'intrigue et les combats sont parfaitement réglés, avec suffisament de classes différentes et de quêtes annexes pour avoir envie d'y rejouer une seconde fois. Le seul combat qui m'ait réellement posé problème était celui contre le Dragon dans la ville des Elfes (j'ai dû diminuer la difficulté dans les options de gameplay ;-p ). La puissance des personnages lorsqu'ils atteignent les niveaux 15+ est phénoménale (guerriers super balaises, sorts destructeurs, etc), à tel point que le combat final est "relativement" aisé si vous avez monté vos persos correctement et savez utiliser leurs compétences ! L'équipement disponible frise l'overdose à tel point qu'il vous faudra faire des choix drastiques (pas de banque dans BG !). Tout simplement le meilleur de sa catégorie pour l'année 2000/2001, sachant que Baldur's Gate est le dernier représentant d'un genre graphique appelé à disparaitre : la 3D isométrique. Les prochains jeux attendus en JdR solos (Morrowind par exemple) seront full-3D. Merci Bioware et Interplay, et vivement l'add-on BG2 !

dimanche 8 octobre 2000

Dirty Mind (1980)

Dans notre série "Chroniquons un album de Prince 20 ans après sa sortie", voici venu le temps de...





Dirty Mind (1980)

Dirty Mind
When you were Mine
Do it all Night
Gotta broken Heart Again
Uptown
Head
Sister
Partyup


La tête dans le cul.
Voici donc le salace album qui a imposé tout l'imaginaire sexuel de Prince. Dès le premier titre, le fameux "Dirty Mind" justement, Prince ne fait pas dans la dentelle et annonce clairement la couleur : il ne pense qu'à ça et le dit haut et fort ("It doesn't matter where we are, who's around, I wanna lay you down"). 
Ce manifeste pour obsédé monomaniaque est décliné tout au long de l'album, avec un premier degré assez désarmant. Prince ne fait point dans l'art de la métaphore, dans "Do it all night" (beau programme) il drague une inconnue en lui promettant de lui procurer de la joie (ha !), dans "Sister" c'est sa "sœur", terme ambigu en anglais, qui l'initie aux plaisirs interdits alors qu'il n'a que 16 ans ("My sister never made love to anyone else but me, She's the reason for my sexuality"), dans "Head" Prince déclame une ode joyeuse à la pipe, procurée par une vierge en passe de se marier ("morning, noon and night, i'll give you head") ! 
Bref, c'est la fête du slip à tous les étages. 

L'album bénéficie, à juste titre, d'une réputation sulfureuse. Il faut dire qu'en pleine ère Reagan (le père), l'Amérique puritaine de 1980 ne fait pas vraiment un triomphe aux thèmes abordés : du cul, du cul, du cul, et un parfum d'inceste aussi. La pochette de l'album est censurée chez certains disquaires et les passages en radio se font rares.
Pourtant, musicalement cet album est celui dans lequel Prince mêle son sens inné de la mélodie à une production plus libérée, plus inspirée. Après avoir posé les fondations dans ses deux albums précédents, il est temps de construire la baraque ! Le Funk Princier bourgeonne, avec ses nappes de synthés typés 70's, ses guitares et sa rythmique qui s'emballent. 
C'est particulièrement flagrant dans les nerveux "Partyup" (un manifeste anti-guerre car "We don't wanna fight no more!") et "Uptown" (où Prince fait découvrir à une fille la vie des quartiers chics), petits bijoux hybrides Dance-Rock, et le superbe "When you were mine", graine de Hit avec son refrain catchy parlant d'un homme quitté mais toujours amoureux. 

Evidemment il n'est toujours pas question de se torturer les méninges sur des questions métaphysiques. Vu le titre de l'album, on s'en doutait. Notre Prince en string n'est là que pour relater ses conquêtes amoureuses, faire la fête, et assouvir ses envies (qui se situent principalement au niveau du bassin). 
Dirty Mind, album méconnu en dehors du cercle des fans, est pourtant celui où l'artiste fait éclore son personnage, le libère des contraintes marketing en insistant lourdement sur le Sexe (à l'encontre de ses managers de l'époque, la maison Warner Bros). Il prend de l'assurance en assumant son coté pervers en rut, quittant la naïveté gentillette de ses anciennes bluettes. Son style musical s'affine, se tonifie, entre Pop-Rock et Dance-Funk. Sans être encore tout à fait unique on perçoit déjà une marque de fabrique.
Le groupe qui l'accompagne, composé de musicien(ne)s de tous les horizons, affiche une volonté de métissage. C'est d'ailleurs Lisa Coleman, et sa future complice Wendy Melvoin, qui accompagneront Prince au sommet des Charts lors des cinq années suivantes.