dimanche 8 octobre 2000

Dirty Mind (1980)

Dans notre série "Chroniquons un album de Prince 20 ans après sa sortie", voici venu le temps de...





Dirty Mind (1980)

Dirty Mind
When you were Mine
Do it all Night
Gotta broken Heart Again
Uptown
Head
Sister
Partyup


La tête dans le cul.
Voici donc le salace album qui a imposé tout l'imaginaire sexuel de Prince. Dès le premier titre, le fameux "Dirty Mind" justement, Prince ne fait pas dans la dentelle et annonce clairement la couleur : il ne pense qu'à ça et le dit haut et fort ("It doesn't matter where we are, who's around, I wanna lay you down"). 
Ce manifeste pour obsédé monomaniaque est décliné tout au long de l'album, avec un premier degré assez désarmant. Prince ne fait point dans l'art de la métaphore, dans "Do it all night" (beau programme) il drague une inconnue en lui promettant de lui procurer de la joie (ha !), dans "Sister" c'est sa "sœur", terme ambigu en anglais, qui l'initie aux plaisirs interdits alors qu'il n'a que 16 ans ("My sister never made love to anyone else but me, She's the reason for my sexuality"), dans "Head" Prince déclame une ode joyeuse à la pipe, procurée par une vierge en passe de se marier ("morning, noon and night, i'll give you head") ! 
Bref, c'est la fête du slip à tous les étages. 

L'album bénéficie, à juste titre, d'une réputation sulfureuse. Il faut dire qu'en pleine ère Reagan (le père), l'Amérique puritaine de 1980 ne fait pas vraiment un triomphe aux thèmes abordés : du cul, du cul, du cul, et un parfum d'inceste aussi. La pochette de l'album est censurée chez certains disquaires et les passages en radio se font rares.
Pourtant, musicalement cet album est celui dans lequel Prince mêle son sens inné de la mélodie à une production plus libérée, plus inspirée. Après avoir posé les fondations dans ses deux albums précédents, il est temps de construire la baraque ! Le Funk Princier bourgeonne, avec ses nappes de synthés typés 70's, ses guitares et sa rythmique qui s'emballent. 
C'est particulièrement flagrant dans les nerveux "Partyup" (un manifeste anti-guerre car "We don't wanna fight no more!") et "Uptown" (où Prince fait découvrir à une fille la vie des quartiers chics), petits bijoux hybrides Dance-Rock, et le superbe "When you were mine", graine de Hit avec son refrain catchy parlant d'un homme quitté mais toujours amoureux. 

Evidemment il n'est toujours pas question de se torturer les méninges sur des questions métaphysiques. Vu le titre de l'album, on s'en doutait. Notre Prince en string n'est là que pour relater ses conquêtes amoureuses, faire la fête, et assouvir ses envies (qui se situent principalement au niveau du bassin). 
Dirty Mind, album méconnu en dehors du cercle des fans, est pourtant celui où l'artiste fait éclore son personnage, le libère des contraintes marketing en insistant lourdement sur le Sexe (à l'encontre de ses managers de l'époque, la maison Warner Bros). Il prend de l'assurance en assumant son coté pervers en rut, quittant la naïveté gentillette de ses anciennes bluettes. Son style musical s'affine, se tonifie, entre Pop-Rock et Dance-Funk. Sans être encore tout à fait unique on perçoit déjà une marque de fabrique.
Le groupe qui l'accompagne, composé de musicien(ne)s de tous les horizons, affiche une volonté de métissage. C'est d'ailleurs Lisa Coleman, et sa future complice Wendy Melvoin, qui accompagneront Prince au sommet des Charts lors des cinq années suivantes.

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