vendredi 25 juin 2004

Purple Rain (1984)

Dans notre série "Chroniquons un album de Prince 20 ans après sa sortie", voici venu le temps de...




Purple Rain (1984)
Let's go Crazy
Take me with U
The Beautiful Ones
Computer Blue
Darling Nikki
When Doves Cry
I would Die 4 U
Baby I'm a Star
Purple Rain



Le choc Rock.
1984 est incontestablement l'Année Prince. Sa frénésie créative lui fait déjà composer des albums entiers pour d'autres groupes qu'il contrôle sous pseudonymes : Sheila E, The Time, Vanity 6, The Family. Mais cela n'est pas assez pour le bouillonnant pygmalion. 
Accompagné de son groupe qu'il nomme "The Revolution", Prince entreprend un projet de film musical. Remaniant un scénario qu'on lui a proposé, il écrit sa légende, celle du Kid de Minneapolis, Rock-Star faisant face à ses problèmes sentimentaux, familiaux et professionnels. Dans "Purple Rain" il n'est pas question de bacchanales en coulisse, ni de dope dans les chambres d'hôtel, mais plutôt de compétition acharnée pour être le number one sur scène, tout en gérant les amours contrariées et un père violent. 

Le film et sa B.O. sont indissociables, d'abord parce chaque titre est intégré in extenso et raconte une histoire. Musicalement c'est à la fois une synthèse de tout ce qu'à construit l'artiste jusqu'alors et une réinvention complète de son oeuvre, puisqu'il s'ouvre totalement au mainstream en produisant un album 100% Rock, plus à même de satisfaire le grand public. 

S'ouvrant sur un orgue cathédralien avec la voix céleste du Prêcheur Nelson, l'éternel "Let's go crazy" annonce clairement la couleur. Mêlant sa science de la rythmique Funky aux solos de guitares Rock extatiques façon Guitar Hero, Prince n'est plus de cet univers. Se recentrant sur l'efficace il renonce aux longues plages instrumentale qu'il privilégiait dans sa précédente production, "1999". Cela donne l'énergique "Baby I'm A Star", qui nous dépeint un Prince à l'ego sur-dimensionné (en doutait-on ?), en auto-pilote vers la gloire mondiale ("I don't want to stop, 'til I reach the top"). 
Les compositions gagnent en précision, plus courtes donc, et surtout les structures sont denses, se focalisent sur l'essentiel, les harmonies se font plus complexes. Prince franchit clairement un nouveau palier avec cet album, sans doute influencé par les personnalités qui l'entoure, Wendy et Lisa, Matt Fink, Brown Mark et Bobby Z, musiciens hors-pair qui forment "The Revolution".

Le reste du monde découvre l'artiste avec "When Doves Cry", titre studio hallucinant dans lequel toutes les structures classiques sont décalées : pas de ligne de basse, rythmique hypnotique hyper-travaillée, sonorités inédites (ah! cette voix de rasoir en intro !). En avoir fait un Hit planétaire est déjà un exploit. Notre homme se questionne sur sa relation amoureuse compliquée, dans une supplique torturée où il cherche les raisons psychologiques à l'échec de sa romance avec sa dulcinée : est-ce à cause d'un père trop exigeant et d'une mère toujours insatisfaite ? 
Il n'abandonne pas ses pulsions et choque de nouveau l'Amérique avec le titre puissamment sexuel "Darling Nikki", qui se masturbe avec des magazines et qui arrive a laisser Monsieur tout pantois après une nuit en sa compagnie ("I can't tell u what she did 2 me, But my body will never be the same"), quel exploit ! La chaude Nikki est l'apothéose de cinq années de compos lubriques et représente son aboutissement ultime en la matière. Musicalement, Prince ne proposera plus rien d'aussi brutalement dépravé par la suite (pour les paroles, rassurez-vous il fera encore pire ;-).
Le dantesque "Computer Blue", couronnement électro-rock après des années d'expérimentations réussies (de "Annie Christian" à "Automatic"), s'ouvre sur un dialogue illuminé entre Wendy (Guitariste) et Lisa (Clavier) : "Is the water warm enough ? Shall we begin ?". S'ensuit un déferlement où la fureur du Kid explose dans sa poursuite d'un amour fuyant toujours ("where is my love life? where has it gone?"). Malheureusement le titre est tronqué sur l'album, afin d'y glisser en dernière minute le slow gentillet "Take me with U". Nos amis pirates auront tôt fait de mettre à disposition la vraie version de "Computer Blue", étalant sa rage sur douze minutes (et on attend toujours aujourd'hui son hypothétique sortie officielle). La version longue étoffe grandement les paroles, un Prince ravagé émotionnellement s'adresse à son père et recherche "l'aube" dans la nuit, perdu dans des dédales nommés "Peur", "Luxure" ou "Douleur".

Les ballades aussi bénéficient d'une sophistication innovante. "The beautiful Ones", dans laquelle Prince cesse d'être ce dragueur arrogant pour se mettre à genou devant sa promise hésitante, et le mystique "I would die 4 U" où il polit son personnage androgyne en figure Christique ("I'm not a woman, I'm not a man, I'm something that you'll never understand", on est bien avancé). 
Et puis il y a "Purple Rain", devenu depuis le cantique quasi-obligatoire de tous ses concerts, LE classique romantique avec sa partie instrumentale étirée d'une longue plainte qui fond sur un lit de violons. Il résume la thématique générale de l'album, la rupture sentimentale. Dans cette conclusion il "dépose les armes" et souhaite rester ami avec son ex : "I never wanted 2 be your week-end lover, I only wanted 2 be some kind of friend". 

Il souffle un esprit winner 80's euphorique sur toute la production Purple-esque, Prince est l'artiste le plus excitant de l'année, il devient l'attraction centrale du public et des médias. Cet album est évidemment son plus gros carton commercial, encore aujourd'hui il ne l'a jamais égalé en terme de ventes, et marque un tournant dans sa carrière en l'installant comme Star internationale. 
Et pourtant, ce n'est que le début...

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