vendredi 16 juillet 2004

Le Nom de la Rose

(The Name of the Rose - 1986 - Réalisé par J-J. Annaud) ***** Edition Collector (2 DVD)

Au 14e siècle dans le nord de l'Italie, une abbaye austère perdue dans les montagnes. Un moine Franciscain assisté de son novice vont faire face à une série de morts inexpliquées dans la petite communauté religieuse.

Une passionnante enquête doublée d'une reconstitution méticuleuse d'une époque terrible. On apprécie également le message politique du film (et du livre dont il est tiré), mettant en scène les pitoyables errances religieuses de ces années : les luttes entre les différents courants religieux, l'asservissement des paysans face à la richesse écœurante de certains ecclésiastiques, l'inquisition qui terrorise la population. Tous les acteurs incarnent à la perfection leur rôle, à commencer bien sûr par un Sean Connery totalement crédible suivi par un Christian Slater alors débutant. Sa rencontre "physique" avec la jeune paysanne reste gravée dans la mémoire de beaucoup d'ados, en tout cas dans la mienne ;-)
Mais il ne faut pas oublier tout le reste du casting. Les moines de l'abbaye bénédictine, emmenés par le strict Michael Lonsdale, sont tous géniaux. Mention spéciale au stupéfiant Ron Perlman pour son rôle de bossu complètement barré, à tel point que la première fois que j'ai vu ce film j'ai cru qu'il était réellement handicapé ! Jean-Jacques Annaud réussi sa reconstitution de bout en bout, plaçant nombres d'allusions tout au long du film pour brouiller les pistes ou délivrer un message fort. Les motivations du, ou des, meurtrier(s) ont une portée philosophique qui trouve encore un écho aujourd'hui. C'est à ma connaissance le seul thriller médiéval réussi au cinéma, une rareté !

vendredi 9 juillet 2004

Sympathy for Mr Vengeance

(Boksuneun naui geot - 2002 - Réalisé par P. Chan-Wook) ** (2 disques)

Ryu, jeune sourd-muet, travaille dur à l'usine. Il doit gagner suffisamment d'argent afin de payer la greffe de reins dont a besoin sa soeur. Il décide de contacter des trafiquants d'organes.

Dans un contexte social éprouvant, le film montre des personnages que leur idée fixe pousse vers une inévitable fin tragique. La première partie raconte le drame qui va mener par la suite deux hommes à se venger l'un de l'autre. Mais le réalisateur parsème son histoire d'enlèvement tournant mal d'une multitude de séquences très violentes dont certaines ne semblent pas avoir de justification. Suicide au cutteur, torture à l'électricité, cannibalisme... c'est un peu too much pour donner une crédibilité au récit.
Et puis il y a ce final un peu simpliste qui ne me satisfait pas. Cependant l'habillage général de "Sympathy" est une grande réussite, couleurs et mise en scène sont très travaillées. Le réalisateur joue à merveille avec le handicap de son héros (contrastes sonores). Il y a aussi un gros effort salutaire pour s'éloigner du style habituel des films de gangsters asiatiques (plus posé, plus actuel). De plus le thème politique semble inédit pour un film coréen. Bref, ce "Sympathy for Mr Vengeance" montre une bonne maîtrise formelle de Park Chan-wook, il lui reste sans doute à soigner davantage le fond.