mardi 30 novembre 2004

Cocorico!

(Spectacle - 2002) *****

Attention référence ! Ce show Dieudonnesque est un Classique du genre, du temps où l'artiste incarnait des personnages et n'était pas une caricature de lui-même. L'époque heureuse où ses talents d'écriture et de jeu d'acteur ne masquait pas un combat nauséabond. Quand on pouvait rire avec Dieudo.

Cocorico! revient à une forme de One-man plus classique, par rapport au spectacle précédent, Pardon Judas, qui ciblait principalement la Religion. Ici plusieurs thèmes sont abordés dans un format traditionnel de sketchs sans véritable relation entre eux, si ce n'est de caricaturer une certaine idée de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité. 
Depuis ces débuts, Dieudo est un chroniqueur de l'esprit hexagonal engoncé dans ses certitudes et ses contradictions. En raciste outrancier ("mon fils, épouser une négresse ? j'aurais préféré qu'il meure dans un accident"), en journaliste pédant ("On doit SIMPLIFIER l'information"), en gendarme ancien de la guerre d'Algérie dépassé par les violences des "quartiers", en instit désabusée dépassée par ses maternels "turbulents", en avocat véreux, en petite frappe admirative de la malhonnêteté de certains Politiques ("Chirac ? C'est un exemple pour nous"), l'artiste mène une charge impitoyable mais salutaire. Détendez-vous, c'est pour rire.

dimanche 28 novembre 2004

EVERQUEST II

Fun 9/10
Technique 9/10
Style MMORPG
Infos Sony Online Entertainment
Minimum Pentium IV 2 Ghz ou AMD Athlon 2500+
Multijoueurs uniquement (Version USA)
Testé sur : AMD Athlon 2500+XP / 1024 Mo DDR Ram / Radeon 9800 Pro (128 Mo) / Chipset NForce2 / Windows XP


Le retour de la grande aventure

Jetez votre téléphone portable, annulez vos rendez-vous pour les années qui viennent, faites un stock de boîtes de ravioli : revoilà EverQuest. C'est le retour du Roi des jeux de Rôle Online en ce mois de novembre 2004, et cela signe l'arrêt de la vie sociale de centaines de milliers de joueurs addict ;-) Après avoir participé pendant un mois au beta-test de ce jeu je dois dire que j'étais déjà conquis avant même d'avoir créé un perso sur les serveurs officiels.
EverQuest fut mon premier MMORPG au printemps 2000, à l'époque préhistorique oà l'ADSL n'existait pas et oà les processeurs des PC n'avaient pas encore franchi la barre du Gigahertz. Il resta pour moi une expérience ludique incroyable pendant plus de deux ans. Les jeux suivants du même style (Dark Age of Camelot, Anarchy Online, Star Wars Galaxies), même s'ils possédaient chacun leurs atouts, ne parvinrent jamais à capturer ce feeling si particulier qui entourait EQ. Aujourd'hui le second épisode sort enfin après quatre années de développement, quasiment simultanément avec l'autre maousse mammouth des RPG Online de cette fin 2004, j'ai nommé World of Warcraft.

EverQuest II tient sur pas moins de 2 DVD. Cela est en partie dû au fait que les auteurs ont choisi d'innover en proposant des dialogues parlés pour une large majorité des personnages non-joueurs (NPC) que vous rencontrerez. Plus de 130 heures de voix enregistrées, ca fait du méga-octets ! Signalons au passage que j'ai décidé de me procurer la version américaine du jeu afin de bénéficier des voix et des textes en V.O. (la traduction française étant toujours plus ou moins approximative ou pire, occasionnant des retards de mise à jour ou des bugs). Un fois l'installation effectuée on n'échappe évidemment pas au premier patch de la mort, histoire de se mettre tout de suite dans le bain. L'amateur écrase ici une petite larme en repensant à sa première fois sur EQ1, du temps oà un patch de 10 Mo prenait une heure par Modem 56k ;-)

Mais vient rapidement le moment tant attendu par le fan transi : la création de son petit avatar à soi, son alter-ego virtuel. La prise en main est extrêmement simplifiée, seuls la race et l'apparence du personnage sont choisis au départ. Ceci sans doute pour ne point effrayer le débutant (notre ami le "newbie"). Il existe 16 races, réparties entre les deux pôles "Good" et "Evil". Il faut dire que le monde de Norrath a bien changé depuis le premier épisode (qui je le rappelle fonctionne toujours en parallèle à ce nouvel univers). On se situe dans le même univers mais des centaines d'années après EQ1.
Deux villes se sont développées et représentent chacune un style de jeu basé sur l'alignement moral de votre personnage. D'un coté Qeynos, la cité du bien, avec ses larges avenues propettes et ses chevaliers droits comme la justice. De l'autre Freeport, la ville du mal, ses ruelles sombres et puantes, ses Dark Elves qui vous insulte. Choisis ton camp camarade. Les Ogres, Iksars (hommes-lézards) et autres Trolls sont invariablement du coté des méchants. Les Elfes, Nains ou Halflings se dirigeront à coup sûr vers Qeynos. Les autres races, dont deux totalement nouvelles (Ratonga, alias Hommes-rats, et Frogloks, alias Hommes-grenouilles !), auront en général le choix entre la Loi ou le Chaos. Outre l'apparence physique de l'avatar, ceci influe grandement sur vos statistiques de départ.
Il est fortement conseillé au petits jeunos de se plonger dans la doc dès cet instant afin d'en bien comprendre toute la portée. Un Barbare fera un piètre Mage, de même qu'un Haut Elfe sera bien faible en corps à corps. Il faut donc choisir sa race en ayant déjà une vague idée du métier qu'on voudra exercer. Si vous avez toujours un doute, prenez un Humain, ils sont moyens en tout !
Les options de customisations graphiques pour votre apparence sont très complètes, en particulier le visage. Mon seul reproche concerne le design des cheveux (un point toujours délicat pour les moteurs graphiques). On a plus l'impression de porter une perruque en plâtre mais espérons que cela s'améliorera avec le temps (et les nouvelles cartes d'ATI et de NVidia en 2005). En tout cas le choix artistique des auteurs est clair : réalisme et petits détails qui tuent (finesse du visage, monocle, tatouage, etc).
Passé le choix du serveur (4 personnages par compte sur chaque serveur), nous voila propulsé dans l'autre monde...

Bienvenue chez les réfugiés

Le tutorial se situe sur un bateau vous menant vers l'île des réfugiés. Le débutant y apprendra les rudiments de l'interface (déplacements, inventaire, quêtes, combats). On se prend une bonne grosse baffe au niveau graphique, pour peu qu'on ait une carte vieille de moins de deux ans (du genre Radeon 9800 ou mieux) et suffisamment de RAM (512 mini, 1 Go conseillé). Les personnages sont hyper détaillés, avec des textures fines et colorées, et les décors très fournis. La mer est sublimement reproduite, au niveau de ce qu'on a pu voir dans des FPS solo comme Far Cry, c'est dire ! Et puis le premier choc passé on se prend une autre droite en pleine tronche puisque le capitaine du navire s'adresse à vous en parlant. Une révolution dans le monde des RPG Online ! Ca cause à tout va ;-) Ce n'est qu'une fois arrivé sur les rivages de l'île des débutants que vous devrez effectuer le choix qui orientera toute votre future carrière : la sélection d'un archétype.

Comme dans tous les RPG Online récents (dans un souci de facilité d'accès) les auteurs proposent un choix de seulement 4 classes : Fighter pour celles et ceux qui aiment aller au contact en combat, Mage pour les aficionados de la magie offensive, Priest pour tous les docteurs en herbe et enfin Scout pour les fanas d'infiltration et d'exploration. Dès votre arrivée sur l'île aux enfants vous serez pris en main et découvrirez alors le système de quêtes. Les missions deviennent le corps central de votre activité dans EverQuest II. Dès que vous discutez avec un NPC vous avez une chance d'obtenir une mission. On en découvre aussi en lisant des bouquins. Du simple aller-retour en ville pour découvrir un quartier à la quête de longue haleine impliquant le massacre de nombreux innocents ;-), les demandes des perso non-joueurs sont nombreuses et variées.
On trouve des quêtes "Prestige" (objets spéciaux), "Access" (nouvelles zones accessibles), "Collection" (ramasser par exemple des papillons dans le monde entier ;-), etc. Bref, fini l'abattage de monstre à la chaîne sans autre raison que la montée de niveau. On gagne souvent de l'équipement pour son perso en plus de l'expérience et de l'argent, sympa non ? Un journal permet d'accumuler 50 quêtes en cours, il est classé selon le type et l'endroit oà vous avez obtenu chaque mission.
D'autres types de quêtes appelées "Hallmark" permettent d'acquérir un statut particulier ou de progresser dans sa classe de personnage. Ainsi avant de pouvoir parcourir le vaste monde vous devrez remplir les conditions nécessaires pour devenir Citoyen de votre ville. Au niveau 10 il vous faudra vous spécialiser dans la branche que vous aurez choisi en effectuant une mission en solo. Le Mage devra par exemple choisir entre Sorcerer (dégats directs), Enchanter (contrôle des ennemis) ou Summoner (Invocation de Familiers). On pourra affiner définitivement son style de jeu en faisant un dernier choix au niveau 20 (Necromancer ou Conjurer pour le Summoner par exemple) par la grâce d'une nouvelle mission spéciale.

Les petits "plus" de tonton EQ2

EQ1 le papy sorti il y a 5 ans souffrait de quelques handicaps dû à sa qualité d'ancêtre. Par exemple un groupe pouvait squatter un lieu pendant des heures ("Camping") et se faire piquer par un autre groupe l'ennemi attendu ("Kill Steal"). Ou encore un personnage de haut niveau pouvait tuer à l'infini un ennemi très inférieur à lui pour récupérer un objet précis ("Farming"). EverQuest II résout ces problèmes de belle manière : une fois un combat commencé il est "verrouillé" pour vous et votre groupe. Personne d'autre ne peut intervenir sur vos personnages ni sur les ennemis qu'ils combattent. En cas de danger vous pouvez faire un "Yell" pour obtenir de l'aide mais dans ce cas aucun points d'XP ni aucune autre récompense ne seront distribués.

De même en vous attaquant à des monstres de bas niveau vous ne gagnerez aucun objet. Des zones "instanciées" font leur apparition. Il s'agit de donjon dans lesquels vous (et votre groupe) êtes seul. Pas de risque de se faire griller par une autre équipe donc ;-) Enfin les fameux "downtime" (pause entre les combats pour regagner son énergie) sont drastiquement réduits pour le plus grand bonheur des acharnés. Les groupes sont toujours limités a 6 joueurs maxi, avec la possibilité de créer des "raid-parties" de plusieurs groupes en cas d'attaque d'envergure. On a vu ce que des groupes de 20 personnes pouvaient donner dans d'autres jeux (au hasard SW Galaxies, une cata en la matière). La gestion d'EQ2 par rôle est à sens la meilleure qui soit pour la catégorie RPG : chacun trouve ses marques et doit assurer sa partie pour que l'équipe survive.
Les combats sont nerveux et chaque classe dispose d'un nombre de coups spéciaux à activer (attaques, défenses, sorts). Le concept des "Heroic Oportunities" donne l'occasion d'enchaîner plusieurs coups dans un ordre précis afin de déclencher un bonus spécial (dégâts supplémentaire, soin, et j'en passe). Le meilleur est que les "H.O." fonctionnent aussi en groupe ! Lorsque la roue HO apparaît c'est à vous d'être attentif et de taper juste.

Les déplacements gagnent eux aussi en souplesse puisqu'il n'est plus nécessaire d'attendre 10 minutes qu'un bateau veuille bien apparaître pour vous amener à l'autre bout du continent. A présent c'est instantané ! Le jeu conserve son système unique de "zones". Entre chaque quartier on a droit un un court écran de chargement, ce qui est bien pratique pour échapper à ses poursuivants puisque eux ne peuvent changer de zone ! C'est certes un mauvais point pour l'immersion du joueur mais cela sauve bien des fois d'une mort certaine et permet une variété des décors plus importante (changement des textures). Les zones représentants plusieurs dizaines de kilomètres carré disposent en outre d'un système de transport par griffon : la classe ;-).
Pour personnaliser son personnage le joueur devra sélectionner à certains niveaux des capacités supplémentaires suivant sa race et sa classe (augmenter les caractéristiques, obtenir des coups ou sorts spéciaux, choisir une compétence). Ceci permet de différencier les styles de jeu au sein d'une même classe. On obtient même des titres honorifiques ("Hunter" pour 500 ennemis d'une même race abattus par exemple).

Un appartement vous est attribué lorsque vous arrivez en ville. Pour le moment assez gadget cette maison ne permet pas de stocker d'équipement supplémentaire (seule la banque le fait) et s'avère très limité au niveau décoration. Gageons que tout cela évoluera avec les futures extension. Actuellement seuls les Artisans y trouveront un intérêt quelconque...

La plus grande entreprise de France : l'Artisanat

A l'instar des nouveaux RPG Online sortis en 2003/2004 EverQuest II se devait de proposer un système d'Artisanat qui tienne la route. C'est chose faite grâce à la possibilité d'entamer une carrière parallèle d'Artisan fonctionnant sur le même principe que celle d'aventurier. En achetant des livres de "recettes" on peut apprendre à fabriquer des objets aussi divers que des sorts, des armes, des armures, du mobilier, des potions, de la nourriture, etc. Le système de création d'objet est original et évite les pénible séances de "Grinding" vue dans d'autres jeux (fabriquer 1000 fois de suite le même objet pour progresser en Artisanat, n'est-ce pas SW Galaxies ? ;-). Tout repose sur la qualité de vos ingrédients et sur vos compétences d'artisanat à activer. Quatre Niveaux de qualité sont disponibles, de médiocre à parfait. Pendant le processus de création d'un objet des événements surviennent et vous devez réagir en sélectionnant la bonne compétence. Si vous êtes trop long à réagir, la sanction est immédiate : dégâts physiques et perte de qualité pour l'objet.
Comme pour les combats des "coups spéciaux" sont activable lors de la fabrication. Cerise sur le gateau et bonheur total pour votre santé mentale, une tentative de création ratée ne vous fera pas perdre tous vos ingrédients. Ouf ;-) On note aussi que les différentes professions ont chacune besoin des objets construits par leurs homologues. Ainsi jusqu'au niveau 10 on évolue relativement rapidement pour peu qu'on s'investisse pour récolter des ressources. Aux niveaux 10 et 20 vous devrez vous spécialiser dans une branche en continuant à acheter les livres correpondants (Craftsman, Outfitter ou Scholar).

Il faut dire que les attaques des combattants et les sorts des mages et prêtres sont classés selon leur puissance. A chaque niveau un personnage gagne automatiquement son nouveau coup ou sort, mais à son efficacité la plus faible (Apprentice I). Les marchants vendent les versions Apprentice II. Les Artisans peuvent fabriquer les Apprentice III. Enfin on trouve sur les cadavres des adversaires les puissances supérieures : Adept (de I à III) puis Master (très rare). Le grand marché est accessible par l'intermédiaire des "brokers", des personnages non-joueur qui listent les objets mis en vente par les joueurs depuis leur maison. L'économie de Norrath devrait être un peu plus vivante d'ici quelques semaines quand tous les commerciaux se seront installé.
La mort est sanctionnée par une "dette d'expérience". C'est-à-dire que pendant un certain nombre de combat il lui faudra plus de points d'XP pour progresser dans son niveau. Cette dette peut être grandement réduite si le joueur retourne sur le lieu de son décès pour récupérer une "shard", présenté sous la forme d'un fantôme du personnage. La dette d'XP est aussi partagée par tous les membres d'un groupe en cas de mort d'un perso, ceci afin de motiver les joueurs à faire attention à leur partenaires. Dernier point négatif, votre équipement subit une dégradation à chaque fois que vous mourez, et vous devez passer chez le "Mender" de votre quartier pour le réparer sous peine de ne plus pouvoir l'utiliser.

C'est parti pour 2 ans de folie

J'éprouve la même sensation devant ce second épisode que lorsque j'ai découvert le premier EverQuest. Un univers extrémement vaste et une progression permanente mais qui devient de plus en plus lente à partir du niveau 20. Le système de combat et de gestion du personnage est bien pensé et, chose rare dans les Jeux de Rôle Online, relativement stable et équilibré dès sa sortie. Rappelons d'ailleurs que seuls les points de Vie et de Pouvoir (Magie) évoluent au fur et à mesure de vorte progression. Le reste des attributs (Intelligence, Force, etc) ne change que par l'intermédiaire de votre équipement. Les auteurs ont judicieusement imposé un niveau minimum au personnage pour porter les objets, ce qui évite de voir se ballader des "twink", ses personnages de bas niveau équipés comme des niveaux 50 ;-)
Le PvP (combats entre joueur) est réduit à sa plus simple expression dans EQ2. Les auteurs annoncent clairement que leur système de jeu est centré sur le PvE (Joueur contre Environnement) et tout l'équilibre repose sur cela. Mettre en place et gérer du PvP dans un MMORPG demande une grande maîtrise qu'aucun jeu actuel n'a encore résolu. Les joueurs un peu nerveux pourront toujours résoudre leur querelle avec un bon vieux duel ;-)

La bonne nouvelle est que l'équipe de Sony a su capitaliser son savoir acquis sur EQ1 tout en observant la concurrence qui s'est développées au fil des années. Les erreurs du passé ont servi à créer un jeu grandiose, solide dans sa forme et sur le fond. Graphiquement et au niveau sonore, on peut dire que EQ2 en jette ! Les animations et les effets spéciaux en combat sont eux aussi remarquables : on voit des gerbes d'étincelles dans tous les sens, les combattants effectuent des mouvements réalistes, les sorciers font trembler le sol avec leurs éclairs. Les armures rutillent, les épées scintillent, Magnifique ;-) Le joueur à toujours quelque chose à faire, une quête en cours, un donjon à visiter, des objets à fabriquer, une guilde à aider... Clairemement le jeu le plus aboutit dans son genre, EverQuest II est bien parti pour régner de nombreuses années.

mardi 16 novembre 2004

Dieudonné Tout Seul - Le Divorce de Patrick

(2 Spectacles - 2004) ***** (Pack 2 DVD)

Tout seul (1997) : dans une petite bourgade un certain Michel a perpétué une tuerie sauvage. Des journalistes enquêtent sur ce fait divers. A travers les témoignages de ses amis, collègues et personnalités du canton, on découvre l'histoire de cet homme.

Le tout premier spectacle de Dieudo en solo s'éloigne complètement des shows qu'il interprétait en tandem avec Elie. Dieudonné quitte le non-sens et le second degré décousu du duo en structurant son one-man-show autour d'un fil conducteur. La galerie de personnage est magnifique, et dès cette année 1997 l'auteur pose les bases de ce qui deviendra rapidement sa marque de fabrique unique : une suite de portraits féroces d'une certaine mentalité franchouillarde. Encore un peu timide dans son exploration de l'inconscient collectif national, la plupart des personnages ne sont pas poussé au bout de la caricature comme dans les spectacles suivants (Pardon Judas!, Cocorico!, Le Divorce de Patrick). Et qu'on ne se méprenne pas sur le sens du mot "caricature", on n'a pas affaire ici à un gentillet chansonnier ;-) . La plupart des archétypes qui seront ensuite repris (et, soyons honnête, améliorés) dans les autres shows de Dieudo sont déjà présents dans "Tout seul" : le curé, l'africain, le présentateur télé, le jeune de banlieue, le collabo. Ce satané Dieudonné arrive même à nous faire presque peur lorsqu'il interprète un drogué plus vrai que nature, traversé de spasmes.
Le seul point faible du spectacle vient des passages musicaux qui malgré la qualité des textes s'intègrent mal dans cet inventaire radical de la société française. Mais déjà avec ce premier plongeon dans le grand bain Dieudo parvient à nous faire rire de tout en appuyant là où ça fait mal, avec un talent d'acteur indéniable. Qu'il chausse ses gros sabots pour nous livrer un joueur de boules français grande gueule ou qu'il dépeigne ce petit esprit collabo qui murmure ces propos nauséeux, Dieudo est à l'aise sur les deux tableaux. Chapeau Bas !

Le Divorce de Patrick (2003) : Alors qu'il s'apprête à rendre hommage à un obscur poète lors d'un festival perdu au fin fond du trou du cul du monde, Dieudonné reçoit un coup de fil de son ami Patrick. Ce dernier est au bout du rouleau suite à son divorce.

Après s'être attaqué à la religion (Pardon Judas!), à la politique et aux médias (Cocorico! Son meilleur spectacle selon moi), Dieudonné enchaîne avec une charge musclée sur les rapports hommes/femmes dans ce spectacle de 2003. On retrouve avec plaisir certains des personnages récurrents : la maîtresse d'école, le curé, l'africain, le médecin. Mais Dieudo s'investit beaucoup plus en intervenant directement, même s'il se cache toujours derrière un masque d'exagération. Il nous livre ses pensées sur son éternel combat contre le fanatisme religieux et chronique l'état du monde en cette année de guerre en Iraq. 
L'évocation de cet ami Patrick donne lieu à des sketchs très drôles et très violents : depuis la première rencontre du couple jusqu'à son affrontement par enfant interposé, en passant par la naissance du petit Francis lors de la coupe du monde du foot. Le style comique de Dieudonné va au-delà de l'humour noir qui fonctionne souvent sur des provocations gratuites ou des cibles faciles. L'humoriste est parfois obligé de "sortir" du contexte pour commenter l'incommensurable connerie qu'il met en scène, pour laisser respirer le public ("Attendez, c'est un personnage ! Si vous croyez que c'est facile de jouer un type aussi con !").
Assurément l'un des derniers exemplaires de comique politique encore en activité en France, le style Dieudo dénonce, derrière la façade de la déconne. Le fabuleux sketch sur le Mollah Jean-Christophe,  où il imagine la dernière réunion des terroristes du 11 septembre, est un modèle du genre à montrer dans toutes les écoles de One-Man-Show. On est loin de l'humour niais ou bien gras qu'on nous sert aujourd'hui dans les médias. Et puis Dieudo ajoute toujours la petite touche de second degré salvateur qui sauve tout. Une leçon de vie, et en plus on se poile vraiment.

lundi 15 novembre 2004

Message à caractère informatif

(TV : 2004) *** (2 DVD)

Détournements de films d'entreprises des années 70 ou 80, les "Messages à Caractère Informatif" sont des extraits de vrais sketchs vantant les mérites de sociétés américaines ou européennes. Les auteurs ont remonté et doublé ses séquences pour en faire des parodies de l'esprit "winner" qui soufflait à l'époque.

Canal+ continue d'éditer les programmes qui firent la gloire de son émission phare des 90's, Nulle Part Ailleurs. Il faut bien sûr avoir vécu dans le monde du travail pour apprécier les sketchs de ces "Messages". Donc ami étudiant ou jeune chômeur, pas la peine d'essayer de saisir toutes les subtilités de ces sketchs. Au menu donc, cravates marrons, coupes de cheveux 80's et vrais salariés jouant mal devant la caméra. Les auteurs arrivent en général à trouver un angle particulier pour chaque extrait et partent dans des délires improbables.
Seul le faux bêtisier est complètement raté. Le reste est vraiment poilant, surtout que l'interface du DVD recrée entièrement celle de notre cultissime Minitel. Souvenirs, souvenirs.

samedi 6 novembre 2004

Purple Rain

(2-Disc Special Edition : 20th Anniversary) (1984 - Réalisé par A. Magnoli) *****

La vie du Kid, jeune artiste tentant de percer dans le monde du Rock au début des 80's. Ses problèmes professionnels (son groupe, ses rivaux) et personnels (ses amours, ses parents) sont autant d'étapes qu'il lui faudra franchir pour mûrir.

Étant depuis l'album Purple Rain un fan inconditionnel de Prince, vous comprendrez aisément qu'il m'est difficile d'être impartial concernant ce film. D'autant plus que l'action laisse une large place aux performances "Live", chaque chanson de l'album trouvant un écho dans l'histoire du film. Alors si Prince occasionne chez vous une poussée d'urticaire, inutile de vous forcer. Vous passerez cependant à coté d'un excellent "documentaire" sur la scène musicale de Minneapolis au début des 80's, melting pot bouillonnant mêlant adroitement Funk et Rock. Les Looks sont pas possible : peintures pailletées sur la tronche, chemises à jabot, coiffures improbables avec 15 tonnes de gel. Mais dites-vous bien les jeunes que c'était la mode à l'époque ;-)
Cette plongée au coeur de la vie d'un groupe de Rock tranche résolument avec les clichés laissés par ses prédécesseurs : ici pas de drogues, pas d'orgies lubriques. On se focalise sur la compétition avec les artistes concurrents (le groupe The Time, avec l'excellent Morris Day) et les tensions au sein du groupe "Revolution". Prince semble avoir mis beaucoup de détails personnels dans le film, ses rapports conflictuels avec son père donnent des moments dramatiques intenses et prouvent qu'il sait jouer la comédie. Purple Rain marque donc la décennie comme le meilleur représentant du genre "Film Musical", au même titre que l'album s'impose comme un incontournable de la catégorie "Rock".