lundi 26 septembre 2005

The Gold Experience (1995)

Dans notre série "Mais que faisait Prince il y a 10 ans ?", voici venu le temps de...



The Gold Experience (1995)

P. Control
Endorphinmachine
Shhh
We March
The Most Beautiful Girl in the World
Dolphin
Now
319
Shy
Billy Jack Bitch
I Hate U
Gold


Pépites et Gravats.
The Gold Experience porte bien son nom, on y ressent l'excitation du chercheur d'or : parfois on tombe sur de pures pépites, parfois sur des caillasses sans intérêt. Comme beaucoup des albums produit par Prince dans les 90's, TGE propose son lot de déceptions et de valeurs sûres, avec un effet "Montagnes Russes" sur l'auditeur averti.
Replaçons-nous dans le contexte. Nous sommes en pleine guerre comme Warner Bros, la Maison de Disques qui détient les droits d'édition des albums Princiers et à qui l'artiste doit encore contractuellement fournir des biscuits pour remplir ses galettes. Ces déboires juridiques n'empêchent pas O(+>, entité au nom imprononçable créée pour se libérer du joug Warnerien, de suivre une carrière parallèle à coups de Live et d'apparitions télévisées. 

Dès 1993 il balance un single nommé "The Most Beautiful Girl in the World", slow doucereux qui devient un Hit planétaire sans apparaître dans aucune des productions officielles de Warner (le triple-CD Best Of "The Hits - The B-Sides" et l'album "Come" de 1994). O(+> pousse la blague jusqu'à sortir deux autres albums sous le nom de son groupe, N.P.G., tandis qu'il bataille pour imposer "The Gold Experience" auprès de Warner. 
Nous voila donc en Septembre 1995, après un accouchement de près de deux ans l'album pousse enfin son premier cri dans les bacs.

Les titres puissamment Rock sont à l'honneur. "Endorphinmachine" replace la guitare électrique conquérante et la puissance vocale au centre de toutes les attentions. Le titre se termine sur cette annonce en espagnol : "Prince esta muerto" (Prince est mort !). "Now" signe le retour de la party song en mode vénère, avec un message aussi basique qu'efficace ("This about the freaks doing everything they wanna do, now!"). 
3 19 part dans le trip Cyber survolté. Les sonorités sèches, faites de courts samples gonflés de testostérone, accompagnent une guest du nom d'Ophélie Winter à qui O(+ promet une chaude soirée ("Lock the door and kill the phone, My camera, U and me alone").
Dans un style R and B stylé New Jack, "P. Control" et "Billy Jack Bitch" sont un peu moins convaincants. Compositions répétitives et textes pas franchement captivants. Dans le premier on a droit à une fable sur le Pussy Control, qu'on traduira pudiquement par "Le combat pour la reconnaissance des droits des Femmes" (en fait, ça veut dire "Le pouvoir de la Chatte" ; -). Le second est un règlement de compte avec une vraie journaliste américaine allumant l'artiste à longueur de papiers, qui nous laisse un peu à l'écart par son coté embrouille mesquine.

Les trois meilleurs morceaux de l'album sont des ballades. Le fabuleux "Shhh" est un retour aux fondamentaux, où le maître-chanteur détaille minutieusement la performance charnelle qu'il va délivrer à sa promise avec pour seule contrainte, de taille, de se retenir de hurler de plaisir ("I don't want nobody else 2 hear the sounds, This love is a private affair"). Dans "Shy" O(+ chronique une rencontre avec une affabuleuse sexy, peut-être membre d'un gang. Le style cool de la structure musicale dénote avec le contenu plutôt hard du texte ("A friend of mine, he got killed and in retaliation I shot the boy twice in the head, No regrets, no sorrow - I'm goin' back 2morrow 2 make sure he's dead").
Un des slows les plus accomplis de Prince couronne "The Gold Experience". Avec "I Hate U" l'auteur combine son art consommé de la mélodie voluptueuse avec des paroles outrageusement torturées ("I hate U cause I love U but I can't love U cause I hate U"). Ici il nous fait la complète, on a même droit à une séquence dans un tribunal où la chérie fautive est jugée pour avoir brisé le cœur du plaignant ! Tellement too much, mais tellement bon ; -).

L'album se referme sur "Gold", envolée philosophico-mystique nous invitant à méditer un certain nombre de sentences sur le sens de la vie ("What's the use of bein' young if U ain't gonna get old? / All that glitters ain't gold"). Cette conclusion sied à merveille une production très riche dans son ensemble, si l'on s'abstient de considérer les titres oubliables ("We march" et "Dolphin") et les facilités New Jack Swing, déjà citées.

Comme pour l'album "Love Symbol" de 1992, "The Gold Experience" n'a plus la singularité inimitable des œuvres Princières des 80's. Il faut se faire une raison, l'époque n'est plus à la révolution. Mais l'artiste est là, il continue d'absorber les tendances musicales de son temps. Son combat pour libérer la création préfigure les batailles des années 2000 dans l'industrie du Disque.

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