jeudi 29 août 2013

Dragon's Crown

Pause détente à la taverne, avant le massacre.

Atlus / Vanillaware
Genre : Beat'em all RPG
Verdict: 3/5


Si vous avez manqué le début

Alors que tous les regards sont fixés sur le championnat d'Ultimate Fighting opposant la X-Box One à la PS4 (début de la boucherie en novembre prochain), il ne faut pas oublier que la génération actuelle de consoles est toujours là. Face aux esbroufes graphiques de cinématiques masquant un gameplay navrant, devant les gadgets "Kinectiques" inutiles, bidules tactiles imprécis et autres options "sociales" futiles, certains jeux nous rappellent que dans "Jeu Vidéo", il y a "Jeu". Et pas "film vaguement interactif" ou "passe-temps pour s'occuper les doigts aux chiottes".
Dragon's Crown se pose en madeleine proustienne pour nous faire revivre un temps que les moins de 20 balais ne savent pas apprécier. Du temps où on empoignait son Stick pour corriger les canailles, mater les malandrins et savater les saligauds dans des Beat'em all aux noms évocateurs : Kung-Fu Master, Double Dragon, Golden Axe.
Dragon's Crown est donc un hommage a ce genre oublié. Une madeleine, oui, mais gonflées aux amphét', avec supplément Pectoraux-Cuisses-Nib'. Ça déborde des armures, ça ondule lourdement dans les décolletés,  les nains sont plus larges que hauts et les donzelles plus habillées pour le salon de l'érotisme que pour le champ de bataille. De l'Heroic-Fantasy pur jus où le mot Fantasy prend tout son sens. Il ne s'excuse même pas d'être ouvertement sexiste, puisque son second degré artistique n'est qu'une vision délicieusement outrancière des graphismes 2D de naguère.


Dans Beat'em all, il y a Beat.

En détail

Dragon's Crown est donc un bon vieux Beat'em all des familles. Mais les fripounets de Vanillaware, déjà responsables de quelques perles comme Grim Grimoire ou Odin Sphere sur la génération précédente de Playstations, ont vu plus ample. On conserve l'ambiance inimitable du studio, comblant de joie les amateurs (et teuses) de graphismes "à l'ancienne", ouvragé pixel par pixel, mais le système de jeu est enrichi d'une bonne dose de RPG et d'une section "Online" résolument moderne.
Les décors, le Chara design, les artworks qui déroulent le scénario, et même l'interface, tout respire l'hommage permanent au bitmap d'antan et au dessin "fait main". On retrouve même les montures a chevaucher, comme dans Golden Axe ! Ça foisonne de détails, sur PS3 et grand écran les zooms et les animations donnent une vie singulière aux "tableaux" des artistes. Une intense régalade pour les yeux. Et un festival pour les oreilles, puisque la bande Son accompagnant vos exploits ressort clairons et trompettes, dans des symphonies qui nous font oublier le 8-bits synthétique d'hier.

Coté gameplay les personnages disposent d'une palette de coups plus étendue que le trio poings-pieds-lancer de leurs ancêtres. Parmi les 6 archétypes qui nous sont proposés, on distingue deux types d'approche de l'ennemi : une bourrine au corps-à-corps et l'autre bourrine à distance. Un bouton pour attaquer, l'autre pour sauter, un 3e pour esquiver, le dernier pour le coup spécial, c'est sûr, on n'est pas dans un STR. Cela se complique un peu une fois qu'on maîtrise les dash et autres slide, mais globalement la prise en main reste basique de chez basique (*).
Plus sérieusement, chacune des 6 "Classes" de Personnage dispose d'atouts et de faiblesses, de coups spéciaux, de compétences et d'équipements particuliers. Ils ont même des caractéristiques (Points de vie, Force, Intelligence et toute la smala) et un niveau d'expérience. Le Guerrier, l'Amazone et le Nain, adeptes du combat (très) rapproché, ont des aptitudes et des armes de maravage de contact. La Sorcière, l'Elfe et le Mage privilégient l'annihilation à distance, à coups de sorts ou de flèches.

Votre équipe peut comporter jusqu'à 4 attaquants, plus deux compagnons permanents : un brave voleur, qui vous ouvre les malles et les portes closes, et une ch'tite fée qui vous indique patiemment les trésors cachés et la sortie du niveau. Au début du jeu les 3 personnages supplémentaires sont entièrement contrôlés par la console, mais rapidement l'option Online vous permettra de faire intervenir de vrais joueurs, supposés moins cons qu'une I.A. (hypothèse difficile à vérifier dans un jeu comme Dragon's Crown, dans lequel le pilonnage intensif des boutons fait office de stratégie d'attaque pour 90% des joueurs).
Il est heureusement possible de désactiver cette possibilité d'intervention humaine extérieure dans votre partie, surtout que vous ne contrôlez pas qui s'incruste (pas de liste d'amis, ni de partie privée). Les pros se passeront d'aide en jouant purement solo, tranquillos (*).

Même si le jeu n'offre "que" neuf environnements différents (forêt, souterrain, palace, château...), il existe une foultitude de choses à faire, rallongeant d'autant la durée de vie. Chaque niveau offre deux parcours menant à des Boss différents. Et quels Boss ! Magnifiques et retords, ils sont le piment du jeu. Si la piétaille est assez rapidement éliminée avec les coups de base, les Boss demandent une attention de tous les instants avec leurs coups de fourbes, leurs points faibles bien planqués, ou encore l'utilisation de runes ou d'éléments du décor. Coté bestiaire on oscille entre références intemporelles au genre Heroic (Médusa, Minotaure et -quelle surprise !-, Dragon) et délires inattendus, notamment l'intervention d'une créature ultra mortelle échappée d'un film des Monty Python !
Chaque niveau est court mais rempli ras la gueule de bonus à fouiner, mécanismes à déclencher, runes à activer, trésors à faire apparaître, pièges à éviter... Une note globale s'affiche d'ailleurs à la fin de chaque traversée, résumant votre performance en terme de découvertes, ramassage d'argent et destroyage (*) de monstres.
Il est alors possible de continuer l'aventure (enchaîner un nouveau niveau) ou rentrer sagement à la ville pour faire ses emplettes et réparer son équipement (qui passe de mode aussi vite qu'un smartphone dernier cri). L'occasion aussi d'identifier les objets amassé, puisque les armes, amulettes et autres ceinturons procurent une myriade de bonus en tout genre : dégâts accrus, protections contre les éléments, caractéristiques augmentées, etc... le tout est de savoir si le prix de l'identification en vaut la chandelle.
La ville permet également de ressusciter les ossements trouvés lors de vos pérégrinations, compagnons que vous pourrez ensuite embaucher à la taverne du coin. Dernier point notable, la Guilde vous permettra de sélectionner des missions secondaires, histoire de leveler en grindant du gold (si vous n'avez pas compris cette phrase, consultez votre spécialiste en MMO). La plupart de ces quêtes consiste à tuer des types d'ennemis spécifiques, mais certaines sont plus complexes.

Une fois la partie "solo" terminée (comptez une douzaine d'heures), de nouvelles options de difficulté apparaissent (avec une nouvelle "vraie" fin à découvrir), ainsi qu'une arène pour la castagne entre joueurs (anecdotique) et l'infernal "Labyrinth of Chaos". C'est là que les masos hardcoreux (pléonasme) vont véritablement prendre leur pied (et leur raclée). 100 nouveaux niveaux d'un donjon digne du marquis de Sade. J'en vois déjà qui mouillent la moquette. Bande de pervers.
Dragon's Crown n'est évidemment pas un jeu grand public. Il joue fortement sur l'aspect nostalgique des vieux gamers et vieilles gameuses, son aspect répétitif et sa durée de vie somme toute limitée, si on le compare à un vrai Action-RPG, en fait un jeu de niche. Mais quel panard (*) ! Et quel panache ! Retrouver cette atmosphère de salle d'arcade, avec ce coté old school méchamment stylé et simultanément cette touche de modernité "multijoueur" bienvenue, ça mérite bien une petite larmichette d'émotion. Si en plus les auteurs rajoutent une couche de politiquement incorrect et une certaine prise de distance avec ce genre habituellement si sérieux, ne reste plus qu'à applaudir des deux mains (*).

(*) : ces expressions vous sont offertes par les années 80.

Ce soir dans "Vis ma vie" : Hypertrophie musculaire et nanisme cérébral.

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