lundi 29 décembre 2014

Playlist Pink Floyd




Playlist on SPOTIFY

Sheep  (Animals - 1977)
Money  (The Dark Side of the Moon - 1973)
Sum  (The Endless River - 2014)
Skins  (The Endless River - 2014)
The Dogs of War  (A momentary lapse of reason - 1987)
Brain Damage  (The Dark Side of the Moon - 1973)
Eclipse  (The Dark Side of the Moon - 1973)
Wish you were here  (Wish you were here - 1975)
Shine on you crazy diamond, Part Two  (Wish you were here - 1975)
Summer '68  (Atom Heart Mother - 1970)
Have a cigar  (Wish you were here - 1975)
The Nile song ("More" soundtrack - 1969)
The happiest day of our lives  (The Wall - 1979)
Another brick in the wall, Part 2  (The Wall - 1979)
High Hopes  (The Division Bell - 1994)

mardi 23 décembre 2014

Une étude sereine de la timeline Terminator


La sortie prochaine au cinéma d'un nouvel épisode de la saga Terminator, toute salopée, est l'occasion de réviser dans quel merdier on est. A force d'envoyer dans le passé toutes sortes de cyborgs et de Kyle Reese, de triturer le Destin et de reprogrammer des Schwarzy, difficile aujourd'hui d'avoir une vision chronologique claire des événements.
Et tout cela devrait se compliquer encore plus d'ici quelques mois, avec l'arrivée sur nos écrans de Terminator Genisys qui semble vouloir revisiter l'oeuvre de fond en comble.

Il nous semblait donc opportun, voire capital, voire pourquoi-pas-on-se-fait-chier-en-ce-moment, de faire le point et tenter, foufou que nous sommes, d'établir un document de référence comme nous l'avions fait pour Matrix, poil à la Terminatrix. C'est ce précieux rapport que vous vous apprêtez à dévorer.

Comme d'hab les lignes qui suivent contiennent un max de SPOILERS concernant les films Terminator, Terminator 2: Judgment Day, Terminator 3: Rise of the Machines et Terminator Salvation.


lundi 22 décembre 2014

Coffret Ghostbusters I et II

Les Ghostbusters balancent la sauce.

(Ghostbusters - 1984 - Réalisés par I. Reitman) *****

Une équipe de spécialistes du paranormal se fait lourder par l'université qui la finançait. Les trois pseudo-scientifiques ont alors l'idée de proposer leurs services de chasseurs de fantômes à la population. Ça tombe bien, les habitants de New-York font face à des phénomènes surnaturels de plus en plus inquiétants, en particulier la charmante Dana Barrett dont le frigo paraît hanté.

Peu de comédies ont aussi bien réussi l'amalgame avec le genre Fantastique sans tomber dans la parodie. Et cet honnête scénario n'aurait certainement pas atteint son statut Culte sans son casting idéal, les interprètes chaussant leurs rôles à la perfection. On trouve les archétypes de Nerds lorsque ce mot était loin d'être tendance, Egon le génie introverti, Raymond le gentil naïf, Peter Venkman l'escroc dragueur, les trois acteurs jouent en osmose et en équilibre entre premier et second degré, une recette idéale qui renforce l'humour des situations et des dialogues. Cette complicité se retrouve aussi dans les rôles de Sigourney Weaver et Rick Moranis, alias Dana et Louis. Les deux parviennent à rendre crédibles leur personnage pourtant sérieusement azimutés : elle voit des apparitions dans son frigidaire et finit par se fait posséder, lui fait face à une créature démoniaque puis discute avec un cheval.
Le coté Fantastique est assuré par des effets spéciaux vraiment bien foutus pour l'époque, avec des séquences de "captures" spectaculaires et des idées saugrenues comme Slimer le fantôme glouton et bien évidemment le final avec un monstre inoubliable. Ghostbusters est un classique du genre, au même titre que la trilogie Retour vers le futur ou le premier Men in Black.


(Ghostbusters II - 1989 - Réalisés par I. Reitman) **

Cinq ans après le premier épisode les Ghostbusters vaquent à de piètres occupations en attendant leur procès pour destruction suite à leur combat contre Gozer dans New-York. Raymond et Winston animent des goûters pour enfants, Venkman fait un show TV pitoyable sur le surnaturel. Bientôt Dana les appelle à nouveau à l'aide après que le landau de son bébé ait eu un comportement étrange.

Le syndrome de la suite décevante a encore frappé. Bâtie sur un scénario plus faible que l'original, cette fois-ci le casting ne peut rien faire pour sauver le film. La faute à des personnages dont on avait déjà fait le tour en 1984 et un ennemi vraiment trop sérieux pour une comédie, auquel il manque le subtil décalage qui avait si bien fonctionné dans le N°1. Malgré un démarrage très astucieux où l'on assiste à la déchéance comique des héros, l'histoire s'enlise et se perd parfois dans des séquences hors- sujet rajoutées pour avoir le quota d'effets spéciaux (le train fantôme, la baignoire possédée) et des passages obligés pour justifier le casting : Sigourney Weaver cantonnée à jouer la maman victime, Louis reconverti en avocat juste pour quelques scènes, dommage.
Le message du film est gnangnan, le mal est vaincu par la positive-attitude, à mille lieux de l'humour gentiment anticonformiste qui foisonnait dans le premier opus. On perd aussi beaucoup des dialogues ping-pong de l'équipe, qui créaient la complicité avec le Spectateur en se chambrant continuellement. Même l'affrontement final, en forme de copier-coller de Ghostbusters I, apparaît comme raté en comparaison. On profite tout de même du savoir-faire de Bill Muray, qui n'est jamais aussi bon que lorsqu'il commente le bordel ambiant d'un air désabusé.

lundi 17 novembre 2014

Le Hobbit : La désolation de Smaug

"Tu cherches de la monnaie, petit ?"

(The Hobbit: The Desolation of Smaug - 2013 - Réalisé par P. Jackson) *** Version longue

Tentant d'échapper aux Orcs lancés à leurs trousses, Bilbo et la compagnie des 13 Nains trouvent refuge chez le redoutable Beorn, de la race des Changeurs de Peau. Ce dernier accepte de les aider en leur fournissant les montures qui leur permettront d'échapper à leurs poursuivants pour rejoindre Erebor, la Montagne Solitaire abritant la cité perdue des Nains.

La Désolation de Smaug souffre du même syndrome que son prédécesseur : un rythme trop étiré et des situations déjà vues 10 ans avant dans la trilogie originale. Dans le premier épisode Peter Jackson nous ressortait les Trolls et les aigles géants du Seigneur des Anneaux, ici ce sont les araignées et le retour de l'Elfe Legolas, accompagné de sa copie féminine Tauriel. Cet épisode 2 est toutefois meilleur. Au moins cette fois-ci on nous épargne les chansonnettes ! On assiste à la (re)naissance de Sauron et, surtout, le groupe des Nains et de Bilbo affronte seul les multiples dangers sans l'aide du tout puissant Gandalf. La dernière partie, le choc de l'opposition face au Dragon Smaug, est évidemment le meilleur moment du film. Une magnifique création comme l'était Gollum, un "personnage" de synthèse très crédible et dont la présence en impose méchamment. On n'en dira pas autant de l'acteur incarnant Bilbo, Martin Freeman. Sa performance minimaliste en Hobbit ne convient pas dans cette production épique, surtout comparée à un certain Frodon. Complétement effacé, il a toujours un air de second degré dans son jeu, genre "je ne crois pas à vos petites histoires de contes pour enfants". Il est pour moi l'une des causes du semi-échec des deux premiers épisodes du Hobbit, l'autre étant bien sûr la volonté de faire une trilogie là où deux films auraient été amplement suffisant.

dimanche 26 octobre 2014

Fargo

South Park : A la recherche de Kenny.

(1996 - Réalisé par J. et E. Coen) ***** Edition Collector 2014

En proie à des problèmes d'argent, Jerry à l'idée saugrenue d'engager deux malfrats pour organiser le faux kidnapping de sa femme. Il compte faire payer la rançon à son beau-père, homme d'affaires richissime, pour se renflouer.

Une des comédies noires les plus brillantes, Fargo prend à contre-pied tous les clichés du thriller pour distiller son humour grinçant. Déjà on se fait avoir par le message introductif, "Ceci est tiré d'une histoire vraie", qui nous pousse à gober toutes les invraisemblances de cet enlèvement bidon qui tourne au massacre. Une fois conditionné, on accepte cette policière campagnarde et enceinte presqu'à terme, ces deux gangsters totalement hallucinés, cette mécanique infaillible qui va broyer le brave Jerry, par ailleurs petit escroc et loser patenté, malmené par un beau père autoritaire qui ne cache rien de son dégoût pour lui. Le meilleur du film est ce mélange hilarant de dialogues piquants et de comique de situation, sur un faux rythme prenant toujours le spectateur par surprise. La capture de la femme de Jerry, par exemple, est simultanément un gag et un drame, ce qui est probablement un des effets les plus difficile à produire au cinéma. C'est le décalage entre les scènes terribles vécues par les protagonistes et le ridicule de leur agissement vu d'un oeil externe qui donne ce coté unique à Fargo. La qualité des acteurs est l'autre grande réussite du film, des premiers rôles jusqu'aux 3e couteaux, ils sont tous parfaits. Mention spéciale à l'ancien camarade de classe de Marge, la flic enceinte, pour sa discussion surréaliste. Les Coen sont définitivement les spécialistes de ce style réclamant une grande finesse dans le dosage (A serious man, Burn after reading, etc).

mardi 21 octobre 2014

Art Official Age - PLECTRUMELECTRUM (2014)

Dans notre série "J'y crois pas, Prince a sorti deux albums le mois dernier !", voici venu le temps de...




Art Official Age (2014)


Art Official Cage
Clouds
Breakdown
The Gold Standard
U Know
Breakfast can Wait
This could Be Us
What it feels like
Affirmation I and II
Way Back Home
FunkNRoll
Time
Affirmation III


Sérénité.
Jouer avec les nerfs de ses fans est un procédé coutumier chez Prince. On ne compte plus les projets restés derrière les portes closes du "Vault" et les annonces montagnesques accouchant d'une souris. Après avoir lentement fait monter la mayonnaise pendant près d'un an et demi en teasant jusqu'à plus soif son album Rock réalisé en collaboration avec son nouveau groupe 3rdEyeGirl, puis après s'être rabiboché avec sa maison de disques historique Warner pour annoncer la sortie d'un "Purple Rain" remastérisé, Prince a dégainé son ultime surprise de 2014 : un nouvel album solo.
Pas trop tôt, quatre ans qu'on poireautait !

Art Official Age est une petite révolution en soi puisque c'est la première production solo de l'artiste où on ne retrouve pas le fameux "Produced, Arranged, Composed and Performed by Prince". Signe que Mister Nelson a finalement compris, après 35 ans de carrière, qu'il devait laisser les manettes à plus jeune pour gagner en modernité. Qu'on ne se trompe pas cependant, même si la co-production est créditée à Joshua Welton et 3rdEyeGirl, A-O-A reste d'abord et avant tout un album de Prince, qui est l'auteur de tous les titres.


La preuve est que lorsqu'il se laisse trop aller vers le jeunisme, cela donne le boursouflé "Art Official Cage", titre d'introduction façon Eurodance, truc imbitable tentant vainement d'imiter Lady Gaga. On frémit à l'idée que le reste de la bouteille soit du même tonneau, fort heureusement on comprend rapidement qu'il s'agit d'une erreur de casting dans un album à l'ADN essentiellement composé de Ballades R&B contemporaines. 

La majorité des chansons est parsemée de cette rythmique cool, un chouia nonchalante, s'évadant parfois vers l'ambiant planante. Les textes enjoignent l'auditoire à savoir prendre son temps pour apprécier les choses simples, telles qu'un baiser dans le cou de sa dulcinée ("You should never underestimate the power of a kiss on the neck, when she doesn't expect" in Clouds), paresser tranquillement avec elle ("I need some time to rest, I need some time with you" in Time) et pourquoi pas lui mettre un p'tit coup vite fait avant de partir au boulot ("The only thing that I've been hoping for is before you go to work babe, we get it on" in Breakfast can wait). Sacré Prince, on ne se refait pas.

Le noyau est donc nappé de R&B Soul paisible autour duquel gravite quelques électrons libres comme "Breakdown", "The Gold Standard" et "Funknroll". Le projet est une réussite, après les brouillons constitués par MPLSound et 20ten on a vraiment le sentiment d'un projet abouti et tenu sur la longueur avec un son plus "actuel". La raison, on l'a dit, est que Prince a délégué un peu de la production. Mais aussi (surtout !) qu'il a laissé mûrir son inspiration pendant plusieurs années, fait rare chez lui. 

La pochette de Art Official Age le montre devant un ciel bleu dont les nuages sont quatre vinyles flous. En y regardant de plus près, l'amateur éclairé distingue le disque "Purple Rain". Le message, alors qu'on fête les 30 ans de ce monument ? Laissez le passé là où il est, profitez donc de mon actualité pendant que je suis vivant.

Avec "Clouds", "Breakfast can wait" et "Time", Prince prouve qu'il sait toujours enfanter des titres modernes, aux airs qui restent accrochés aux tympans et aux rythmes prenant le contrôle de vos pieds. Dans "Clouds" le commentaire sur notre ère connectée est désabusé, listant les malheurs du Faux et du Virtuel ("When life's a stage, in this brand new age / How do we engage? / Bullying just for fun / No wonder there's so many guns"). Pour y échapper Prince s'imagine dans 45 ans dans un "endroit où le temps n'a plus cours, sain et sauf". Mais avant de rejoindre l'au-delà, il compte bien profiter des plaisirs terrestres. 

"Breakfast can wait" prend une tournure nettement sexuelle lorsqu'il implore sa bien-aimée de s'occuper de sa gaule matinale : "Can't stop even if the police come / You can't leave a black man in this state / Prince is in charge now", une vraie chaudasse sa Majesté. 

Il remet ça dans "Time", duo narrant le petit jeu romantico-pervers entre une jeune femme et lui, Fatigué d'être le chat ou la souris, le morceau se termine sur une supplique pour en finir avec cette solitude qui le poursuit de "party full of drunken fools" en "dirty hotel room" : "I think I need you to be my girl / travel with me around the world". Construit comme des vagues successives de nappes synthétiques, entêtantes à force de revenir à l'infini, le titre semble générer une dynamique comme un mouvement perpétuel.


Les deux chansons les plus intrigantes et réussies de l'album sont les slows ambiant "U Know" et "Way back home". Basé sur une mécanique rythmique ultra efficace enduite d'accords au piano et de sonorités électro-groovantes, la première chope immédiatement l'auditoire. Repompée d'un vieux sample jadis donné à une protégée, "U Know" contient un texte cryptique. 

En surface on se trouve en présence d'une bizarrerie, l'obsession d'un homme pour un précieux "trésor", sans qu'on sache de qui ou de quoi il s'agit. En filigrane la chanson aborde les relations contractuelles conflictuelles de Prince avec Warner Bros, la maison de disques avec laquelle il vient de renouer des liens après 20 ans de bisbilles. L'auteur y raconte son départ et son retour dans le giron du mastodonte, employant pléthore de métaphores pour éviter les poursuites judiciaires. C'est le combat de sa vie d'artiste, faire reconnaître les droits des auteurs, compositeurs et interprètes face aux comptables et aux commerciaux des Majors. 
Beaucoup moins politique, mais flottant dans une atmosphère similaire, "Way Back Home" et son épilogue "Affirmation III" replonge dans un mysticisme bien connu chez notre homme. Même habillage électro-cool captivant, rappelant cette fois le bruit d'un cœur en échographie, comme une naissance à venir. Partant d'un constat amère ("I never wanted a typical life / scripted role, huh...trophy wife"), Prince sait que son passage sur Terre n'est qu'une étape avant de revenir à sa source : lui-même. Ainsi il décrit la vie terrestre comme la séparation du corps et de l'esprit, non seulement par rapport aux autres, mais aussi à soi. La vie éternelle qu'il défend ardemment depuis des lustres trouve son explication dans les dernières lignes de l'album : "Remember there really is only one destination and that place is U, All of it, everything, is U". La thérapie est terminée, c'est 60 Euros, merci et à bientôt.

Les deux derniers titres à retenir notre attention sont des productions typiquement Princières. "Breakdown", chanson de rupture, pare à l'essentiel. Voix de tête haute qui fini en cris, piano solo rejoint en douce par toute l'orchestration, rythmique comme une boule d'angoisse dans la poitrine. C'est du lourd, la séance de spiritisme convoque "Condition of the Heart" et "The Beautiful Ones", fantômes savoureux, c'est vous dire la puissance.

L'implosif "FunkNRoll" revient à la party-song traditionnelle, celle sans laquelle un album de Prince n'en serait pas vraiment un. Une tension intrinsèque parcoure les premières minutes, construite sur un rythme binaire répétitif en crescendo, jaillissant lors d'un final qu'on ne se lasse pas d'attendre. Sempiternelle question : qu'est-ce qui est le meilleur dans la jouissance, l'orgasme ou les minutes qui le précède ? Réponse avec FunkNRoll : on ne saura jamais. Repassons-nous donc le morceau une centième fois, histoire de revérifier.

Prince reste et restera à tout jamais un mystère, une terre de contraste ;- ) Capable d'enchaîner les prods les plus tiédasses pendant des années, semblant se désintéresser d'une l'industrie musicale vaincue par le numérique, le voila qui resurgit, serein, avec deux projets Studio bétons.
A la fois tuteur et élève il est revigoré par les 3rdEyeGirl, sang neuf enrichissant Art Official Age et coup de sang énergisant PlectrumElectrum, l'album Rock qu'on attendait depuis longtemps. Et pour les éternel(le)s scrogneugneus(es), il reste toujours le remaster de Purple Rain.







PLECTRUMELECTRUM (2014)

WOW
PRETZELBODYLOGIC
AINTTURNINROUND
PLECTRUMELECTRUM
WHITECAPS
FIXURLIFEUP
BOYTROUBLE
STOPTHISTRAIN
ANOTHERLOVE 
TICTACTOE
MARZ
FUNKNROLL


Pygmalion et ses 3 Galatée.
De mémoire de fans on n'avait jamais vu ça. Quatre ans sans sortir un album, une douloureuse première pour Prince dans une carrière débutée en 1978. Après le gentil "20ten" en 2010, prolongement en roue libre du "MPLSound" de 2009, l'Artiste a épuisé son stock de titres nostalgiques replâtrés. Il tient toujours le haut de l'affiche en Live mais il est dans l'impasse coté Studio. 
Un jour il jure que l'Internet et son Youtube ne sont qu'une passade, le lendemain il peste contre la lourdeur de l'industrie musicale "traditionnelle" incapable de suivre l'instantanéité du Web. Bref, Papy Nelson débraye du carafon, mais on est habitué.

Le bout du tunnel apparaît fin 2012 lorsque l'homme dégaine une de ses pirouettes dont il est friand. Débarquent trois donzelles, fraîches comme la rosée du matin, unies sous le mystérieux nom de groupe "3rd Eye Girl". Les fans de mauvaise augure prédisent aux inconnues une destinée semblable aux autres créatures jonchant le long parcours professionnel du Pygmalion de Minneapolis : vidées de leur mojo par le Prince Vampire.
Mais au cours de l'année qui suit on constate que les forces en présence s'équilibrent, en concert le "Power Trio" revitalise méchamment le vioque, l'arrache à ses gimmicks pour qu'il se réinvente encore. Une résurrection, une de plus, spécialité de notre Roger. "PlectrumElectrum" est l'aboutissement de ce renouveau Rock.

WOW, premier titre de l'album, confirme les faits sous la forme d'une confession. Oui, Prince s'est mangé une claque aux cotés de Hannah, Donna et Ida ("I don't know what came over me // It's starting all over again"). Il nous le fait savoir en reprenant cette chanson qu'il avait composée pour une autre, Liv Warfield, donnée quelques mois auparavant sous le nom "The Unexpected". La version PlectrumElectrum est moins caressante, annonçant clairement le projet. Elle se termine sur un éclat brillamment démonstratif qui fait décoller la navette, direction le firmament. 
Après cette prise d'élan prometteuse, petit ogre a faim de Rock pur. Le plat est servi saignant et sans garniture avec les trois titres suivants, "PRETZELBODYLOGIC", "AINTTURNINROUND" et "PLECTRUMELECTRUM". C'est le quart d'heure électrique qu'on espérait plus chez le Funkster. Ce bonheur évident de mettre les doigts dans la prise, besoin récurrent depuis "Bambi" jusqu'à "Dreamer", en passant par "Electric Chair" et "Zannalee". Jalonnés de solos de 6-Cordes comme des fusillades de Six-Coups, ces trois morceaux humbles et limpides replacent les envolées survoltées au cœur du sujet.
Même si la voix d'Hannah Welton-Ford est un peu forcée sur AINTTURNINROUND, le plaisir candide qu'on ressent à l'écoute fait passer la pilule. Prince fait plus que s'inspirer du trio féminin qu'il a réunit autour de lui. Le groupe participe activement à la création, les "3rdEyeGirl" sont créditées à l'écriture de tous les titres, allant jusqu'à intégrer ses propres compositions musicales comme c'est le cas de la solide instru PLECTRUMELECTRUM de Donna Grantis.

Les thèmes abordés sont assez éloignés des traditionnels prêches et chansons d'amour. "PRETZELBODYLOGIC" conte la vie d'un groupe en tournée, passée sur les tarmacs d'aéroports, constamment en décalage horaire, jouant sur un double-sens pas toujours subtil ("Cutie-pie driver said, Get inside! / Another limousine about 2 get load", vous la sentez, l'allusion graveleuse ?). "AINTTURNINROUND" est un message de motivation personnelle, résumé par le couplet "Maybe the hand UR looking 4 is at the end of your arms". On déniche d'autres éruptions guitaristiques disséminées dans le reste de la galette. L'excellent "FIXURLIFEUP", qui fut avec "Screwdriver" l'un des titres diffusés largement avant la sortie de l'album, reprend une thématique identique à "AINTTURNINROUND" : "Don't worry about what the crowd does / Just worry 'bout being good at what u love".

ANOTHERLOVE, plus calme mais véritable perle de l'album, a la trempe d'un Classique Princier. Avec ses faux airs de ballade tranquillou, l'examen des paroles indique que nous sommes en présence d'une ode torturée à la "I hate U", l'implacable rupture jouée façon tragédie Grecque, "Je ne t'aime plus, moi aussi" agonisant dans un solo volcanique. Déjà entendu ? pour sûr ! Mais c'est une des spécialités du Maestro, ne boudons pas notre satisfaction. 
Seul MARZ provoque la frustration dans sa version studio. Vu la durée du titre (1'48), on imagine que c'est une volonté du pervers pépère, qui se régale de son vilain tour lorsqu'il défouraillera la version Live de ce teaser Punk en forme de coitus interruptus. 
Fort heureusement il est suivi de la reprise Rock de "FUNKNROLL", titre présent sur l'autre album "Art Official Age". Plus joyeuse que l'original, cette version Jump Jump! limite Rockabilly nous transmet sa patate, sa banane et sa pêche (ne reste plus qu'à trouver deux fruits et légumes et vous êtes paré pour la journée). Manière de conclure l'album de la meilleur façon qui soit, sur un sourire.

Entre ces vigoureux déballages, quelques respirations bienvenues viennent aérer une atmosphère chargée d'électricité. Le sympathique BOYTROUBLE (étonnant boulot sur le flow) et la petite perle STOPTHISTRAIN permettent de reprendre notre souffle, avant de se retrouver pris dans les filets de leur mélodie innocente mais entêtante. 
Les plus marquantes des ballades restent WHITECAPS et TICTACTOE, anecdotiques lors des premiers rendez-vous, dont le charme agit rétroactivement pour qu'on ait envie d'y revenir, encore et encore, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'on en est tombé amoureux. La séparation d'un couple, ou plus généralement la disparition d'un être cher, les "whitecaps" du titre sont les ondes formées sur l'eau comme le souvenir d'un événement douloureux qui va lentement s'atténuer, si le vent ne s'en mêle pas. 
L'énigmatique TICTACTOE aborde le même sujet mais nécessite un décodage. On penche pour notre part à un petit règlement de compte avec son ex Mayte. Pourquoi remuer ses souvenirs de 15 ans d'age ? Le temps qui passe n'est qu'un concept pour Mister Nelson. Plusieurs allusions dans les paroles mènent à Mayte Garcia, avec qui Prince a carrément annulé son mariage. Sous l'apparente guimauve mélodique se cache donc une gentille vacherie.

PlectrumElectrum est le cadeau qu'on n'attendait plus de Prince. C'est pratiquement un sans-faute, du jamais vu dans un album Princier depuis "The Rainbow Children" de 2001. Le Plectrum étant le nom savant du médiator, servant à gratter les cordes des instruments de musique, et l'Electrum un alliage d'Or et d'Argent, on voit clairement le message des auteurs. 
Cette démangeaison de la gratte est un missile ciblé au plexus, l'ossature basiquement Rock rafraîchi par sa simplicité d'accès, chez un artiste qui a quelquefois tendance à alourdir ses compositions. Il décontenancera certainement les admirateurs et trices du versant R&B de l'artiste. Ceux-là devront s'abreuver à l'autre fontaine, "Art Official Age", d'une approche plus complexe et moderne. Pour les autres, les aficionados de Fender, PRS et autres Hohner qui rongeaient leur frein depuis 30 ans, orphelin(e)s éploré(e)s de "Let's go crazy", vous pouvez sortir les déambulateurs et les sonotones, vous êtes servi !

jeudi 16 octobre 2014

Coffret Twin Peaks : Intégrale Prestige

Qui a tué Laura Palmer ?
Coffret Twin Peaks : Intégrale Prestige - La Série TV + Le Film "Fire walk with me" (10 Blu-Ray) (2014)

Twin Peak, l'intégrale de la série télé (1990-1991, 2 saisons/30 épisodes, Créée par M. Frost et D. Lynch)
Bonus : "Une tranche de Lynch", Nouvelles scènes coupées de la série, Bêtisier, "Retour à Twin Peaks", "Guide des extérieurs", "Les archives de Glastonbury", "Cartes postales des acteurs", Interview des acteurs et de l'équipe, "Des secrets venus d'ailleurs : la création de Twin Peaks", "Northwest Passage" : création du pilote, "Freshly Squeezed" : création de la saison 1, "Where We're From" : création de la musique, "Into the night" : création de la saison 2, Galeries Photos.

Twin Peaks - Fire walk with me (1992 - Réalisé par D. Lynch)
Bonus : "Les pièce manquantes du dossier" (scènes coupées ou alternatives du film), Interviews autour du film tirées des archives, "Entre deux mondes", "Voyage à travers le temps : souvenirs des 7 derniers jours de Laura Palmer", "Réflexions sur le phénomène Twin Peaks", Bandes Annonces, Galerie Photos,  "Atmosphère".


lundi 25 août 2014

Mais finalement, ça raconte quoi Matrix ? (Episode 3)

Matrix Revolutions

Aux quelques courageux lecteurs et téméraires lectrices parvenus jusqu'ici, j'adresse mes sincères remerciements. Le souffle court et les yeux rougis par l'émotion et la tartine de textes qu'il a fallu se fader, nous allons ensemble aborder valeureusement l'épilogue de notre décorticage obsessionnel de la trilogie Matrix.

Onze ans après sa sortie au cinoche, il était temps.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, du verbe et du complément, rappelons-nous comment nous sommes arrivé aux portes de l'épisode 3.
Au fil de la narration nous avons déterminé deux niveaux de lectures du scénario.

Au premier degré la symbolique religieuse de l'oeuvre montre le combat du Sauveur, Néo l'élu unique, contre les puissances du mal, les Machines, leurs Sentinelles et leurs Agents. L'Oracle prédit sa destinée, la réalisation de la prophétie qui doit mettre fin à la guerre et libérer l'humanité. Dans sa quête Néo et ses disciples doivent non seulement affronter les Machines, mais également les sbires d'un exilé, le Merovingian, et Smith, ancien Agent que Néo a libéré des Machines. Ce dernier apparaît comme la parfaite antithèse du héros, Néo représentant la figure du Christ, unique, et Smith l'Antéchrist, multiple.
Mais le retour de l'élu à la Source de la Matrice, censé accomplir la prophétie, dévoile une bien cruelle désillusion. Il s'agit d'une manipulation des Machines. La fin de l'épisode 2 montre que la prophétie devra se réaliser dans le monde réel : l'élu y découvre ses pouvoirs surnaturels en ressuscitant Trinity et en stoppant les Sentinelles par la seule force de sa volonté.

En suivant une analyse cartésienne, nous savons déjà que les deux mondes présentés sont virtuels, l'un situé dans le présent, l'autre dans le futur. Cette approche, déjà validée par la résurrection de Néo à la fin de Matrix, est confirmée dans Reloaded par trois événements survenant dans le monde soit disant "réel" : le programme Smith s'incarne dans un humain, Trinity ressuscite et Néo stoppe les Sentinelles par un miracle. Ceci ne peut s'expliquer rationnellement, à moins de considérer que la réalité s'échappe sans cesse, n'existe pas sinon à un "niveau" inatteignable pour les protagonistes du film.

Les indices laissés tout au long de l'épisode 2 donnent une pléthore de clés pour comprendre les rôles de chacun des protagonistes.  Qu'ils soient d'une simulation ou d'une autre, tous sont des programmes remplissant leur fonction :
Néo est la 6e incarnation d'une "anomalie système" nécessaire aux Machines pour conserver le contrôle. Il est aidé par Trinity, l'Esprit Sain dans la foi Chrétienne (sa muse qui l'inspire) et par Morpheus, Dieu Grec des Songes Prophétiques (qui lui prédit sa destinée).
La Némésis du héros est Smith, son exact opposé. Là où Néo connaît sa Destinée, Smith est à la recherche perpétuelle de sa raison d'exister. Cette dualité Néo/Smith rappelle le Yin et le Yang de la philosophie Chinoise (oppositions complémentaires du Yang, le positif, et du Yin, le négatif). Elle permet de résoudre l'équation à priori insoluble des Machines pour équilibrer le Système : une seule entité présente dans deux corps distincts.

Le Conseiller Hamann, qui tire son patronyme d'un philosophe Allemand du 18e siècle, est le personnage donnant le plus d'indices sur la possibilité d'une "vraie" réalité au delà des Matrices du présent et du futur. Il insiste sur la causalité, le rapport d'une cause à son effet, poussant le Héros à se questionner sur le "pourquoi" et pas sur le "comment".

L'autre personnage faisant moult références à la Causalité est le Merovingian, ce "trafiquant d'informations" comme il se présente, Il s'agit d'une version précédente de l'Oracle dans la Matrice, qui aurait dû être effacée lors d'une mise à jour. Mais le Merovingian est parvenu à éviter la suppression, faisant de lui le premier programme exilé persistant dans les "limbes" informatiques.
L'Oracle est un "logiciel" au sens strict car il ne s'agit finalement que d'un Observateur d'événements comme on en trouve dans tous les systèmes d'exploitation des ordinateurs. Ce type de programmes consigne chaque événement ayant lieu dans le système, c'est cette immense source d'information qui lui donne une telle connaissance des Matrices, en consultant les Journaux (logs) de tout ce qui est arrivé et en étant alerté à la moindre modification.
Avant que le Merovingian soit remplacé par l'Oracle actuelle, il disposait d'un autre programme chargé d'étudier la "psyché" humaine pour tenter d'en comprendre le comportement. Ce programme est Persephone, celle qui a choisi de suivre le Merovingian dans l’exile mais qui accepte de le trahir en échange d'un baiser avec Néo, reprenant donc sa fonction d'analyse de "l'intellect" humain.

L'Architecte représente la "conscience" des Machines au sein de la Matrice du présent, créatrice des diverses simulations de réalités. A ce titre il se décrit comme le père de cette matrice, son développeur, Persephone en étant la mère car elle a trouvé une solution acceptable au contrôle de l'Humanité, qui échappait jusqu'alors aux Machines. Le raisonnement mathématique des Machines ne pouvait appréhender le manque de logique du comportement humain. Grâce à son étude des sentiments humains Persephone a permis à l'Architecte de déduire qu'il fallait laisser un petit nombre d'individus "s'échapper" de la Matrice du présent.
Soit, dans une version "spirituelle" de l'histoire, se libérer dans le monde réel ou, dans une version "cartésienne", accéder à la Matrice du futur qui n'est qu'un monde virtuel de plus.


Conçu comme la suite directe à "Reloaded", "Revolutions" indique dans son titre une des clés principales pour comprendre son propos. Dans Reloaded, "Recharger" en français, on apprenait que non seulement la Matrice avait été relancée à maintes reprises par les Machines, mais également Zion, la ville des humains libérés, détruite puis repeuplée déjà cinq fois avant les événements de Matrix.
"Revolutions", qui signifie à la fois "changement de système politique et social par la violence" et "mouvement d'un objet autour d'un axe central, le ramenant au même point périodiquement", est un message clair de la part des auteurs, les Wachowski. C'est ce que nous allons découvrir dans cette dernière partie, notre examen minutieux de ce 3e épisode.

Attention ! Gros SPOILERS qui tâchent !


"Where some see coincidence I see consequence. Where others see chance, I see cost." - Merovingian

dimanche 17 août 2014

Mais finalement, ça raconte quoi Matrix ? (Episode 2)

Matrix Reloaded
Vous qui avez survécu à notre prolixe analyse du premier film, bienvenue dans la suite de cette exploration détaillée de la trilogie "Matrix".
Et bravo pour votre ténacité !

Avec l'épisode II de la saga les choses se complexifient singulièrement. Intrigue largement plus élaborée, pléthore de nouveaux personnages, informations capitales dévoilées par des dialogues apparemment anodins, le/la spectateur/trice doit s'accrocher ! Fort heureusement, nous sommes là pour éplucher et décoder chacune des séquences de "Reloaded".
Commençons d'ailleurs par ce titre. Reload signifie "Recharger", soit en informatique "relancer un programme". Allusion directe à la Matrice elle-même, ce programme simulant la réalité, dont on sait que plusieurs versions différentes ont existé et qu'il a fallu "recharger" à chaque fois. Le terme est également un indice sur les révélations stupéfiantes qui vont être faites dans ce film par l'Architecte, obligeant à une relecture totale de l'oeuvre.

Avant de plonger dans "Matrix Reloaded", voici un bref rappel des événements du film précédent.

Récapitulatif de l'épisode 1 : deux visions d'une même histoire.

L'analyse "mystique" du scénario, une vision au premier degré, est aidée par les patronymes des héros qui définissent clairement leur fonction au sein de l'histoire.
Néo : Terme signifiant "Nouveau". Par anagramme on obtient "One", soit l'élu en Français.
Morpheus (Morphée en français) : Dieu Grec des songes, divinité des rêves prophétiques.
Trinity (Trinité) : Dans la foi Chrétienne, la Trinité représente l'unicité de Dieu en trois personnes : Père, Fils et Saint-Esprit.
Dans Matrix nous avons Néo le Père ("celui qui est éternel"), Morpheus le Fils ("la parole de Dieu") et Trinity l'Esprit Saint ("le souffle de Dieu qui inspire les prophètes"). Morpheus "réveille" Néo et lui prédit son destin. Néo, inspiré par sa muse Trinity, va ressusciter sous une forme nouvelle pour le salut de l'humanité. La fin de l'épisode montre que l'élu est prêt à accomplir sa mission : la libération des humains.

Il existe une deuxième version de l'histoire, une analyse "logique" du premier opus. Cependant elle ne peut se faire qu'au regard de "Matrix Reloaded" et "Matrix Revolutions". Ces suites contiennent toutes les clés pour comprendre certains événements inexplicables rationnellement et valident donc un niveau de lecture différent de l'approche purement "spirituelle" de l'oeuvre.
Dans ce raisonnement cartésien, deux univers nous sont présentés. Le premier est une simulation de la réalité, la Matrice, maintenue par des Machines pour asservir l'humanité. Le second est le monde réel dans un futur dévasté par la guerre entre les humains "libérés" et les Machines. Chacun des deux univers recèle un danger mortel pour les humains. Dans le monde réel des Sentinelles mécaniques les traquent inlassablement pour les éliminer physiquement. Dans la Matrice des Agents, des programmes informatiques spécialisés, peuvent tuer leur alter-ego virtuel, provoquant la mort du connecté.

Mais lors de la conclusion de "Matrix" ce système logique est mis à mal : Néo meurt, tué par l'Agent Smith alors qu'il tentait de fuir la Matrice. C'est Trinity qui le ressuscite dans le monde réel, en lui donnant un baiser. Cette renaissance ne peut s'expliquer rationnellement, par conséquent la "réalité" présentée n'est qu'un leurre. Dès lors on peut redéfinir les deux univers du film comme tous les deux factices : une "Matrice du présent" qui simule le monde tel qu'il est en 1999 et une "Matrice du futur", située des centaines d'années plus tard, monde virtuel dans lequel certains humains se croient "libérés" et luttent contre les Machines.
Le baiser donné par Trinity est un simple transfert de données d'une Matrice à l'autre, permettant au "programme" Néo de passer en version 2.0 pour manipuler à sa guise la virtualité. C'est ainsi qu'à la fin du premier "Matrix" Néo parvient à vaincre les Agents en s'affranchissant des règles de la "Matrice du présent". Et, comme nous allons le voir dans l'étude de "Matrix Reloaded", il va également contourner certaines lois physiques de la "Matrice du futur", prouvant ainsi son irréalité.


L'étude qui suit contient une quantité astronomique de SPOILERS, cela va sans dire.
Mais on vous le dit quand même.

"You haven't figured that out? Still using all the muscles except the one that matters." - Smith

jeudi 7 août 2014

Mais finalement, ça raconte quoi Matrix ? (Episode 1)

Matrix
Une récente conversation avec un ex-ami m'a conduit à penser qu'il y a trois sujets à ne pas aborder avec ses potes : la politique, la religion et la trilogie Matrix.
Plus de dix ans après sa conclusion, la série de films des Wachowsky reste une des sources d'empoignades Geeks les plus prolifiques. Certains n'y voient qu'une enfilade de séquences d'action sous un salmigondis philosophique indigeste, d'autres un obscur Livre du Culte pour Serial-killers de la génération Y, d'autres encore un vibrant brûlot anti-système (mais ceux-là confondent sans doute avec "Avatar").

La raison de ces multiples interprétations vient de la façon dont la trilogie a été élaborée par les auteurs.

Elle peut être vue au premier degré, avec une forte symbolique mystique :
Le premier film est d'un abord relativement facile. Il met en scène un jeune homme qui va découvrir une vérité : le monde dans lequel il vit est fictif, programmé par des machines pour dominer l'espèce humaine, utilisée comme simple ressource énergétique. De là il développe des capacités hors du commun et accepte sa condition de héros en se libérant du joug virtuel, avec l'aide d'autres "croyants". Il mourra et ressuscitera pour montrer la voie à l'humanité.

Dans le second épisode les choses se compliquent. Le héros doit trouver dans la Matrice la solution pour éliminer la menace d'une attaque d'envergure des machines contre Zion, la ville souterraine où sont réfugiés les "vrais" humains. Les pouvoirs que le héros a développé dans la virtualité se manifestent dans le monde réel, faisant de lui un être surnaturel, l'ultime et unique recours de la race humaine. Mais lors de la conclusion on apprend que l'existence même du héros est une création des machines, un "mal nécessaire" pour mieux contrôler l'humanité et la maintenir dans l'illusion !

Dans le troisième volet, tandis que l'assaut des machines fait rage dans le monde réel, l'élu va prendre la pleine mesure de sa destinée et donner sa vie pour vaincre une menace commune aux deux camps, le programme Smith devenu incontrôlable dans la Matrice. Ce sacrifice Christique permet l'instauration de la paix entre Humains et Machines et le début de la libération des esprits emprisonnés dans un univers factice.

Cette vision "spirituelle" de Matrix, bien que parfaitement acceptable, laisse un goût d'inachevé aux yeux des cartésiens.
Le foisonnement des personnages, leurs discours inutilement alambiqués (en apparence), les indices répétés à maintes reprises prouvant que rien n'est réel, tout cela montre une volonté à délivrer un autre message. Derrière l'esthétique hyper sophistiquée et les séquences d'action monumentales, on devine un commentaire différent, appuyé sur une mécanique d'une précision qui confine à la maniaquerie. Tout cela dans le but unique de déconstruire notre notion de réalité.

C'est ce que nous allons tenter de décrypter dans l'analyse qui suit, avec évidemment un maximum de SPOILERS sur les trois épisodes The Matrix, Matrix Reloaded et Matrix Revolutions.
Commençons donc notre exploration du mythe Matrixien par le début, l'épisode fondateur, Matrix.

"Buckle your seatbelt Dorothy, 'cause Kansas is going bye-bye!" - Cypher


mercredi 9 juillet 2014

L'armée des ténèbres (Evil Dead 3)

"This is my BOOMstick!"

(Evil Dead 3: Army of Darkness - 1992 - Réalisé par S. Raimi) **** (3 versions - 2012)

Suite directe des événements du second épisode, où Ash se retrouvait happé dans une dimension inconnue et disparaissait, on découvre que le héros guignard est en vérité propulsé dans le passé, en l'an 1300. Pris pour un ennemi il est capturé par les soldats de Lord Arthur. Son chatiment est terrible : il est jeté dans un puit où sévit une redoutable créature.

Ce 3e épisode bascule définitivement dans la comédie cartoon, dès le premier affrontement d'Ash avec le démon du puit. Puis le scénario part crescendo dans le délire, jusqu'aux scènes dans le Moulin et l'arrivée de l'armée des Morts, paroxystiques. Toujours poursuivi par l'Esprit Malin, Ash va encore une fois subir une tripotée de coups et blessures en tout genre pour notre plus grand bonheur, jusqu'à se dédoubler lui-même pour affronter son jumeau maléfique. Le dernier tiers du film, le grand combat entre les deux armées, souffre d'un manque de moyens évident. On ne peut qu'exploser de rire en voyant les marionnettes-squelettes s'agiter vainement devant des figurants aussi crédibles en soldats du moyen-âge que ma grand-mère sur une planche de surf. Cela ajoute encore au coté "fait maison" du projet, qui se conclut, au choix, par un retour au bercail ou une nouvelle fuite en avant (fin alternative).

mercredi 26 mars 2014

Comment éviter la branlée contre les Boss de Lightning Returns - Final Fantasy XIII

ou "Les astuces de Papy Lagoule pour survivre jusqu'au 13e jour"




Bien que Square-Enix fasse tout pour dézinguer sa licence favorite depuis son passage sur PS3, ses fans les plus dévoués lui restent fidèles, coûte que coûte. Les errements scénaristiques du premier, confinés dans un long corridor de gameplay, les bordéliques allers-retours spatio-temporels du second, agrémentés de Quick-Time Events bien pénibles, et pour finir la limite de temps imposé sur toute la durée de vie de ce Lightning Returns, accompagnée d'une réalisation graphique qui commence à dater... 

Non, vraiment, il faut une volonté d'acier pour continuer à suivre cette grande saga du JRPG qui symbolise à elle toute seule le déclin d'un genre.

Mais, me direz-vous, pourquoi tu nous gonfles les genoux avec ton mini-guide, si ton jeu est si pourri ?

Déjà, tu me tutoies pas, pov' n00b.
Ensuite, je donne des conseils si je veux.
Enfin, un "Final Fantasy" reste un Final Fantasy même s'il ne survit que sur sa légende. Alors un peu de respect. Si vous n'aimez pas, retournez sur votre Candy Crush et faites pas chier les grandes personnes.


jeudi 20 mars 2014

Comment bien gérer sa 1000e mort dans Dark Souls II

ou "Les combines de Tonton Lagoule pour tenter de progresser dans ce putain de jeu"




Vous vous sentez seul(e) ? Vous n'avez pas d'ami(e)s ? Vous recherchez désespérément l'âme sœur ?


Vous vous êtes trompé de site, assurément.

Relisez le titre et continuez si vous êtes toujours intéressé.

jeudi 6 mars 2014

Coffret "Conan le Barbare - Conan le Destructeur"

Conard The Barbant.

(Conan The Barbarian - 1982 - Réalisé par J. Milius) *****

En des temps immémoriaux, le jeune Conan vit paisiblement avec sa mère et son père forgeron. Mais bientôt un mystérieux Clan attaque son village et massacre tous les adultes. Les enfants sont revendus comme esclaves. Ainsi débute la longue quête vengeresse du Cimmérien.

Pour celles et ceux qui, comme moi, ont découvert Conan en VHS puis l'on revu au fil des diffusions TV pourries, la version Blu-Ray est un choc visuel. C'est particulièrement vrai lors du premier acte, l'attaque du village d'enfance du héros. Une longue séquence sans dialogue, entièrement basée sur la puissance des images et de la musique épique, où le réalisateur pose tous les codes du genre Heroic-Fantasy défini par la saga littéraire de Robert Howard, en donnant aux fans ce qu'ils sont venus chercher. Schwarzy trouve là son premier grand rôle, parfaitement adapté à son titre de "Mister Olympia" aux capacités d'acteur limitées. Un choix pertinent, comme avec Terminator deux ans plus tard, d'incarner une entité surhumaine quasi-muette, qui imprime la pellicule par sa simple présence physique.
Conan le Barbare bénéficie également d'un incroyable Bad Guy nommé Doom, joué par James "voix de Dark Vador" Earl Jones. Depuis l'intro, où il exécute froidement la mère de Conan sous les yeux de son fils, il impose une incroyable intensité sans en faire des caisses. Tout comme les sidekicks de Conan, eux aussi parfaits. Subotai le voleur et Valeria la valkyrie sont des compagnons de route crédibles, qui donnent du relief à un personnage principal dont le seul but est de venger la mort de ses parents. Il faut d'autant en profiter que cela se gâtera fortement avec la suite des aventures du Barbare, le risible "Conan le Destructeur".



(Conan The Destroyer - 1984 - Réalisé par R. Fleischer) **

Conan et son ami le voleur Malak sont recherchés par les gardes de la Reine Taramis. Elle leur propose un marché que ne peut refuser le Cimmérien : ressusciter sa bien aimée Valeria. Pour cela le Barbare devra escorter la nièce de la Reine, Jehnna, seule habilitée à toucher un joyau extraordinaire, la Corne de Dagoth.

Voici le film qui a flingué la franchise "Conan" pour 30 ans. Réalisé par un bras cassé pas du tout intéressé par son sujet, avec une équipe de branquignoles, cette série B sans budget ne peut s'apprécier qu'au 3e degré. Une fois en mode "foutage de gueule", on peut se poiler devant les seconds rôles ridicules (mention spéciale au voleur, complètement à la ramasse, dont toutes les punchlines font un bide), les effets spéciaux minables (la tronche des monstres, faut le voir pour le croire !) et l'histoire directement pompée d'un scénario pour Donjons & Dragons. Du naufrage ne surnage que Grace Jones, parfaite en sauvageonne mutique qui en impose. Même Schwarzy, en s'essayant aux dialogues de plus d'une ligne, fait de la peine. On préfère donc en rire. Pauvre Conan...

jeudi 27 février 2014

Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension

Dans le Tour Bus des Cavaliers

(The Adventures of Buckaroo Banzai Across the 8th Dimension - 1984 - Réalisé par W.D. Richter) **

Le Chirurgien-Aventurier-Scientifique-Chanteur Buckaroo Banzaï révolutionne la physique moderne en parvenant à traverser la matière. Les Lectroïdes Rouges de la Planète 10 veulent s'emparer de cette invention, mais fort heureusement Buckaroo et sa célèbre troupe des "Hong Kong Cavaliers" font face aux Aliens.

Buckaroo Banzaï est le type de film culte qu'il vaut mieux ne jamais revoir. J'en avais gardé un souvenir confus mais agréable après l'avoir vu, adolescent, à sa sortie en 1984. Un OVNI dans lequel un Dandy mi-Geek mi-Rockstar accompagné d'une joyeuse bande d'allumés super-cool sauvaient le monde d'une invasion d'hommes-cafards qui s'appelaient tous John.
Trente ans après 
(putain ! 30 ans !), je constate que le scénario bordélique masque difficilement le manque de rythme et de cohésion de cette tentative de création de héros récurrent pour le cinoche. Buckaroo Banzaï souffre du syndrome de l'overdose de bons ingrédients mal accommodés, avec une histoire génialement décalée sur le papier qui fait un flop une fois portée à l'écran. La faute à Peter "Robocop" Weller dont le Buckaroo manque cruellement de charisme et à des personnages secondaires dépourvus de développement. Quel dommage de voir John Lightgow, Christopher Lloyd ou Jeff Goldblum en roue libre, sans biscuits pour défendre leur caractère. La faute surtout au réalisateur qui peine à assembler toutes les pièces de son puzzle et manque de moyens pour assouvir ses ambitions.


vendredi 31 janvier 2014

Playlist Depeche Mode (2Ks)


Playlist on SPOTIFY

Suffer Well   (Playing the Angel - 2005)
Barrel of a gun   (Ultra - 1997)
Heaven  (Delta Machine - 2013)
Dream on   (Exciter - 2001)
Perfect   (Sounds of the Universe - 2009)
Should Be Higher   (Delta Machine - 2013)
Home   (Ultra - 1997)
The Dead of Night   (Exciter - 2001)
Precious   (Playing the Angel - 2005)
Corrupt   (Sounds of the Universe - 2009)
I am you  (Exciter - 2001)
It's no good   (Ultra - 1997)
Sweetest condition   (Exciter - 2001)
Welcome To My World   (Delta Machine - 2013)
Angel  (Delta Machine - 2013)
The Sinner in Me   (Playing the Angel - 2005)
Insight   (Ultra - 1997)

dimanche 12 janvier 2014

Coffret "La naissance de Charlot" The Mutual Comedies 1916-1917



Coffret mk2 (2013) **** :
Charlot chef de rayon (The Floorwalker) – Charlot pompier (The Fireman) – Charlot musicien (The Vagabond) – Charlot rentre tard (One A.M.) – Charlot et le comte (The Count) – Charlot usurier (The Pawnshop) – Charlot machiniste (Behind The Screen) – Charlot patine (The Rink) – Charlot policeman (Easy Street) – Charlot fait une cure (The Cure) – L’émigrant (The Immigrant) – Charlot s’évade (The Adventurer) – Chaplin inconnu (Unknown Chaplin) - Chaplin’s Goliath –- Little Tich - The Musical Marvel.

Après avoir fait ses armes au Studio Keystone, Charlie Chaplin signe un contrat mirobolant chez Mutual. Durant deux années il va affiner son personnage de Charlot, pas tout à fait vagabond mais déjà icônique, avec 12 moyen-métrages. Du burlesque le plus basique à l'ébauche des films plus ambitieux à venir Chaplin prend le contrôle total de sa production cinématographique.

Les comédies "Keystone" de Mister Chaplin doivent se voir comme un témoignage de l'évolution du personnage emblématique de Charlot. Ca débute par des pochades pataudes, tartes à la crème et coups de pieds aux culs, créées en quelques jours par une équipe qui devait fournir un court-métrage par semaine au studio. Rapidement Charles Chaplin prend ses marques, établit des relations avec les seconds rôles : les jeunes premières qu'il subit ou qu'il emballe et son méchant favori le géant Eric Campbell. Cela lui permet d'évoluer vers des situations plus écrites et des gags plus subtils. Tout cela laisse entrevoir le génie des films futurs, notamment "The Vagabond", "The Immigrant" et "Easy Street", qui peuvent être vus comme des embryons de "The Circus", "City Lights" et "The Kid".

samedi 4 janvier 2014

Qui veut la peau de Roger Rabbit ?

Man vs Toon, seul face à Roger.

(Who framed Roger Rabbit - 1988 - Réalisé par R. Zemeckis) ****

Roger Rabbit est une Star de ciné dans l'amérique des années 40. Une vedette un peu particulière : c'est un toon. un personnage de dessin animé. Son producteur humain, responsable des Studios "Maroon Cartoon", engage le détective privé Eddy Valiant pour faire suivre la femme de Roger, la torride toon Jessica, soupçonnée d'adultère.

L'apparition de dessins animés dans des décors réels n'est pas nouvelle, ni même l'intéraction entre toons et humains. En revanche ce qui est fabuleux dans Roger Rabbit, c'est le souci du détail avec lequel les auteurs ont abordé cette comédie. Tout est là : l'ambiance Film Noir années 40 reconsitutée minutieusement, le détective privé très "premier degré" qui nous rejoue "China Town" version déjantée et ce déluge de référence aux Looney Tunes et Merrie Melodies originaux de notre enfance (je parle aux plus de 40 ans élevés au "Tex Avery"). cela donne quelques scènes savoureuses lorsque des héros Warner Bros affrontent ceux de Disney (Daffy versus Donald) ou que la pin-up des années 30 Betty Boop observe sa rivale des 80's. On s'amuse a identifier les apparitions de guest-stars (Droopy, Sam le Pirate et toute la clique). Le rythme est idéalement dosé, entre les cavalcades frénétiques du lapin Roger et l'enquête au tempo old school de Valiant, rendant le film plaisant pour les petits et les grands enfants.