mercredi 19 août 2015

Interstellar

"C'est encore loin, la Terre ?"

(2014 - Réalisé par C. Nolan) ***

Dans un futur proche, la population de la Terre fait face à son extinction. La famine mondiale menace, obligeant l'humanité à cultiver les rares plantes qui peuvent encore l'être. Les gouvernements se contentent de gérer le chaos ambiant, sans perspective d'avenir. Ancien pilote de la NASA, Joseph Cooper survit comme tout le monde, reconverti en fermier dans le Ranch familial. Des phénomènes inexplicables surviennent dans la chambre de sa fille de 10 ans, Murphy.

On ne pourra pas reprocher à Christopher Nolan son manque d'ambition. A l'instar de Kubrick et son "2001 A Space Odyssey" il nous livre une réflexion intéressante sur le devenir de l'Humanité, avec le même sens de la maniaquerie du détail et une vision embrassant plein de thèmes universels. Mais là où le chef d’œuvre Kubrickien versait dans l'éthéré métaphorique, suscitant pléthores d'interprétations possibles de ses messages comme beaucoup des films du génie, Nolan lui, reste dans le concret et délivre une réponse sans ambiguïté. Si la race humaine est née sur Terre rien ne dit qu'elle devra s'y éteindre. Nous avons épuisé les ressources naturelles et déréglé son équilibre à un point tel qu'aucune autre solution n'est envisageable, il faut reprendre notre rôle d'explorateurs comme à l'aube de l'Humanité.
Plutôt que de faire dans le film catastrophe genre "Le jour d'après" Interstellar s'attache à décrire les pionniers qui vont sacrifier leur vie pour nous sauver, sans en faire pour autant des Héros Hollywoodiens, certains doutent pendant que d'autres manigancent pour sauver leur peau. Toujours obsédés par l'exactitude scientifique, les auteurs (Christopher et son frangin) s'attaquent à du lourd, théorie sur les trous noirs et relativité temporelle où le temps et l'amour deviennent des dimensions. C'est clair, on n'est pas chez Marvel. Cela donne d'excellentes trouvailles, comme ces robots TARS et CASE qui sont les plus originaux qu'on ait vu au cinoche depuis des années. Cela produit aussi des longueurs sur les 2h45 du film et un coup de théâtre un peu foireux (le Plan A / Plan B du vieux professeur Brand) qui déçoit de la part de l'homme qui nous a donné Memento, une trilogie Batman impeccable et Inception. Cependant on aurait tord de faire la fine bouche, en cette période où la S-F est squattée par des Super-héros en mode surenchère pyrotechnique qui s'auto-rebootent chaque année. Prendre un peu de hauteur et de sérieux, c'est une des spécialités du père Nolan. De ce coté le contrat est rempli.

lundi 10 août 2015

Une étude enflammée de la timeline de Terminator Genisys


"Et vous avez payé pour voir ça ?!"

Après avoir joué avec nos nerfs au fil des teasers et des bandes annonces dévoilant toujours plus de surprise sur prise (big up Marcel Béliveau), Terminator Genisys est finalement sorti du bois. Impatients de voir ce qui était arrivé à leur Terminou préféré, les fans se sont précipités pour découvrir si Genisys était le digne héritier des deux productions estampillées James Cameron ou l'infâme rejeton des médiocres épisodes suivants, réalisés par mon beau-frère.
Si on veut rester positif, disons que le résultat est une bonne tranche de rigolade. Le tout est de savoir si on rit du film parce qu'il est drôle ou parce qu'il fait pitié.

Accrochez-vous aux accoudoirs, nous allons tenter de vous guider dans le mille-feuille qui sert d'histoire à Genisys. Et accessoirement relever la multitude de portenawak que vous n'avez pas eu le temps d'analyser puisque ce blockbuster vous balance une scène d'action toutes les cinq minutes pour être sûr que votre cerveau reste anesthésié.

En avant Guingamp, ça va SPOILER méchamment.


samedi 1 août 2015

1941

Les bidasses en folie.

(1979 - Réalisé par S. Spielberg) ***

Décembre 1941. Suite à l'attaque surprise sur Pearl Harbor l'Amérique vit dans la paranoïa de l'ennemi Japonais. Le sous-marin du Commandant Akiro arrive justement sur les côtes de Los Angeles. Son objectif : détruire Hollywood.

En 1979 le père Spielberg a déjà deux immenses succès (Jaws et Close Encounters), il aborde donc son 4e film les mains libres et le porte-monnaie des producteurs est en mode open-bar. Après l'Horreur et le Fantastique il s'attaque à la Comédie grand public et voit grand. Très grand. Trop. Son "1941" est un mille-feuille constitué d'un empilement de petites histoires comiques sur un thème très douloureux pour les USA, le désastre National de Pearl Harbor (dont les conséquences furent l'entrée en guerre puis l'ultime usage de la bombe atomique en 45, pas vraiment fendard l'histoire). Avec le recul on se demande même comment Steven Spielberg et ses scénaristes ont pu concevoir de se moquer ainsi des valeurs sacrées de l'Amérique : l'Armée et la Famille. Inconsciente jeunesse ou gros melon d'un cinéaste déjà consacré ? un peu des deux, sans doute.
Ça commence pourtant génialement bien. Une auto-référence à l'intro des "Dents de la mer", avec la même nageuse solitaire -et nue- qui se fait "surprendre" par le sous-marin Jap. Mais par la suite les différents segments narrant cette crise de folie collective face à un ennemi invisible (tiré d'une anecdote réelle de l'époque) sont trop disparates pour garder une cohérence d'ensemble. Nous avons au menu : un Capitaine dont le seul but est de culbuter une nymphomane qui ne prend son pied que dans un avion en vol, un Général tentant de calmer l'hystérie ambiante qui finit par aller voir "Dumbo" au cinéma, un brave citoyen dont la maison est réquisitionnée par l'Armée pour surveiller la côte et qui conseille à sa fille de soutenir l'effort de guerre en couchant avec les soldats, le pilote Wild Bill (John Belushi en roues libres) qui canarde tout ce qui bouge depuis son coucou, trois réservistes dont une marionnette qui parle toute seule, bloqués dans une grande roue... Le tout entrecoupé de numéros de danses, de bagarres générales et d'effets pyrotechniques cartoonesques. Bref, ça part en vrille, même si on voit bien où Mister Steven voulait aller avec cette production. Imposer un humour transgressif ciblant la société Américaine tout en rendant hommage aux comédies musicales et aux films de genre de son enfance, en offrant au passage à quelques acteurs l'occasion de "faire leur numéro". Pour garder le rythme et équilibrer le tout il aurait fallu sacrifier certaines intrigues secondaires pour ramener la durée du film aux 90 mns réglementaires pour une comédie réussie.