mardi 10 décembre 2002

KINGDOM HEARTS

Fun 8/10
Technique 7/10
Style Action-RPG
Editeur / Langue Squaresoft-Disney Interactive / Europe
Infos 1 joueur / Memory Card 132 Ko / Compatible contrôle analogique et fonction de vibration



Les Mondes Parallèles

Squaresoft s'alliant avec Disney pour faire un jeu ?! les puristes des deux camps n'auraient certainement jamais oser imaginer une telle hérésie ! Et pourtant c'est bien ce qui nous arrive avec le déjà célèbre "Kingdom Hearts". Et si on y réfléchit quelques instants, on peut trouver des points communs entre les deux univers... Même mondes manichéens (avec des méchants et des gentils clairement identifiés dès le début, même si Squaresoft arrive parfois à brouiller un peu les pistes), même graphismes colorés et enfantins (américain d'un coté, japanime de l'autre, culture oblige) et même succès mondial (si on ne garde que les dessins animés pour Disney et que les jeux pour Square ;-). Ces Mondes parallèles étaient finalement bien destinés à ce rencontrer un jour ou l'autre, et fort heureusement c'est Square qui se charge de réaliser la chose, sous la forme d'un Action-RPG.
Pour les éternels largués du bulbe, ce mix bizarre entre jeu d'action et Jeu de rôle est un genre classique chez nos amis japonais (il me semble que le célèbre Zelda en est le plus parfait exemple). On a par conséquent à faire à un jeu d'action-exploration pure avec des pincées de RPG pour rendre le challenge un peu plus coriace pour les vétérans. Nous rentrerons dans les détails techniques un peu plus tard, voyons d'abord l'univers que nous propose les auteurs.
Coté scénario, nous partons à la découverte du (très) jeune Sora, héros squaresoftien typique avec ses traditionnels problèmes de cerveau et de cauchemars terrifiants (ah, il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi la mémoire fait toujours défaut aux personnages made in Square ? ;-). Il vit avec ses parents sur une petite île perdue, accompagné de ses amis Kaïri et Riku qui comme lui ont un jour "échoué" sur l'île sans savoir pourquoi... Et l'habitué des jeux Square reconnaîtra au passage une vieille connaissance parmi les habitants de l'île : Wakka, le pro du blitzball dans Final Fantasy X, en version "enfant" ;-) Que fait-il là ? C'est ici que le fin limier a la puce à l'oreille ! Nous sommes encore dans une histoire de mondes parallèles, astuce simpliste mais efficace qui permettra par la suite aux auteurs de faire cohabiter les persos Disney et Square.
Un soir d'orage, Sora découvre qu'il possède un don particulier : celui de maîtriser la Keyblade, sorte d'épée magique en forme de clé, qui permet de combattre et accessoirement de voyager. Comme par hasard d'horribles fantômes (appelés les Sans-cœur dans la version française, argh !) surgissent la même nuit sur l'île... Et comme par hasard une porte mystérieuse apparaît à ce moment ;-) Hop ! mettons la Keyblade dans la serrure et voyons où cela nous mène...

Pendant ce temps, au royaume de Mickey

... la transition est assez lourde, mais c'est ici que nous retrouvons les héros de Disney, Donald et Dingo en tête ;-) Car le royaume est en crise, imaginez un peu, le Roi Mickey a disparu ! Maîtrisant toutes les subtilités du voyage inter-dimensionnel, le Canard énervé et le grand Chien simplet prennent les commandes de leur vaisseau et partent à la recherche d'une personne possédant l'outil qui leur permettra de retrouver la Souris à la voix crispante. Voila comment Sora tombera nez à truffe (ou nez à bec ;-) avec Dingo et Donald dans la ville de Traverse, pour s'aider mutuellement dans leurs quêtes (se débarrasser des Sans-cœur et trouver Mickey). Le joueur ira de surprise en surprise en rencontrant toutes les stars made in Square en version "rajeunie" et bien sûr tous les héros des studios Disney.

Au programme durant les premières heures de jeu : Squall de Final Fantasy 8 et Tifa et Youffie de FF7 coté japonais, Alice (au pays des merveilles) et Tarzan (au pays des gorilles) coté américain... et ce n'est que le début. Tou(te)s les grand(e)s méchant(e)s de Disney répondent présent (Maléfique, la sorcière de Blanche-neige, le sultan Jafa, etc), et vous devrez les affronter en tant que Boss de fin de niveau !
Chaque perso jouable a droit à sa fiche de caractéristique avec les 2 attributs de base que sont les points de vie et de magie, et chaque ennemi tué rapporte, en plus du fric et des soins, quelques points d'expérience qui permettront de gagner des niveaux. Vos 3 persos deviendront ainsi de plus en plus balaises au fue et à mesure de votre progression. La partie Jeu de Rôle est complétée par une série de Compétences propres à chaque personnage que le joueur pourra lui attribuer suivant les points de compétence disponibles (ces derniers augmentent avec le niveau). Ces Compétences vont de la simple roulade à l'attaque spéciale en passant par l'affichage des Points de Vie de l'ennemi. Jeu d'action oblige, tout ce déroule en temps réel dans un décor entièrement en 3D, avec une vue par défaut en 1ère personne (vue subjective dispo seulement à l'arrêt !).
Le joueur dirigera toujours un seul perso parmi une équipe de 3 maximum, les déplacements et actions des 2 autres étant géré par l'intelligence artificielle selon vos instructions (attaque physique ou magique, fréquence d'utilisation des compétences, etc.). Le perso principal peut naturellement courir et sauter dans tous les sens et aussi effectuer jusqu'à 4 actions de base : attaque, magie, objet et examiner/ouvrir/attraper (suivant le cas). Suivant les persos composant votre équipe vous aurez même accès à des attaques combinées.

Note pour Squaresoft : virer le caméraman ;-)

Pour un jeu d'action, Kingdom Hearts bénéficie d'une réalisation technique très soignée... sauf sur un point particulier. Comme d'habitude avec la majorité des productions PS2, la 3D est assez riche (décors fouillés) et le design des persos est impeccable (avec une note spéciale sur les visages et les expressions). Le seul hic vient du système de gestion de la caméra, totalement manuel ! On aurait vraiment aimé un caméra dynamique suivant le perso principal et s'adaptant aux obstacles du décor. Malheureusement c'est le joueur qui devra constamment utiliser les bouton L2/R2 pour faire tourner la caméra (ou les 2 pour recentrer sur la vue de derrière !).
Les programmeurs ont ajouté une option de ciblage automatique en combat (R1) mais vous perdrez votre cible si vous vous éloignez trop ! Bref, il faudra un certain temps d'adaptation au joueur pour maîtriser cette maudite caméra, et les premiers "gros" combats (avec une dizaine d'adversaire à la fois) seront réellement confus. Par contre les bruitages et en particulier les voix des personnages collent bien, les fanas des versions françaises des productions Disney reconnaîtrons sans peine leurs héro(ïne)s favorit(e)s dans les séquences cinématiques entièrement réalisée avec le moteur 3D du jeu.

Enfin, pour les amateurs d'images de synthèse made in Square, la déception sera grande tant la place qui leur est accordée est mince. Ils pourront se consoler avec les Invocations à la Final Fantasy, toujours aussi impressionnantes à voir, avec par exemple Simba le lion qui viendra un cours instant vous prêter main forte en combat (même si en invoquant Bambi on se sent moins over-puissant qu'avec Bahamut, n'est-ce pas ?! ;-).
Passé la surprise de la découverte, on s'aperçoit que le jeu est basé sur un principe simple : explorer un monde Disney avec ses héros et bad guys associés et réaliser la (les) mission(s) donnée(s) par le gentil (sauver les gorilles avec Tarzan, trouver des preuves pour sauver Alice de la guillotine de la Reine...). Le but final pour chaque monde étant de tuer le Boss et d'activer l'accès au monde suivant. Les voyages entre monde se font à bord du vaisseau "Gumni" de Donald et Dingo, avec une séquence tellement minable qu'elle en devient kitch ;-)) Imaginez une sorte de shoot'em up en 3D, très lent, mal réalisé, dans lequel vous devez tirer sur des vaisseaux ennemis asthmatiques pour récupérer des bonus qui vous permettront d'améliorer votre navette... une mauvaise idée assurément. Peut-être les enfants en bas âge y trouveront un quelconque intérêt ?

Avant tout pour les amoureux des dessins animés Disney

Pour ceux qui comme moi sont peu sensibles aux univers gentillets de Disney, la pilule est tout de même difficile à avaler. Certes on pourra faire le même reproche à Square concernant ses scénarios de jeu, mais au moins cet éditeur sait faire des jeux aux mécaniques simples mais assez profondes pour intéresser les joueurs âgés. Le problème avec Kingdom Hearts est que la cible est clairement un public jeune, et par conséquent on est loin d'un Action-RPG complexe comme on pouvait l'espérer de Squaresoft. Ne vous méprenez pas cependant, le lot de mini-quêtes à faire en dehors de l'aventure principale est plus élevé que la moyenne.
De nombreux bonus plus ou moins cachés sont présents dans les mondes pour offrir un petit challenge aux hardcore gamers. Le concept du "Trio", par exemple, force le joueur a revenir dans les lieux déjà visités pour activer des salles secrètes ou des bonus d'argent en plaçant 3 persos particuliers sur des signes inscrits sur le sol. Chaque personnage dispose d'une arme spécifique améliorable au fil de l'aventure (qui a dit Armes cachées ? ;-) et le joueur pourra lui attribuer 2 accessoires supplémentaires pour "booster" ses caractéristiques. Il est même possible de fabriquer des objets (avec nos amis les Moogles dans la ville de Traverse) en ramassant des matériaux spéciaux et en les "synthétisant". Mais ce n'est certainement pas avec ses petits jeux d'exploration que vous vous ferez des noeuds au cerveau ;-)

En définitive Kingdom Hearts est un jeu hybride (j'ai pas dit bâtard ;-) qui satisfera principalement celles et ceux adorant les cartoons du vieux Mickey. C'est déjà une bonne chose, mais cela n'en fait pas un grand jeu malheureusement. D'autres ont prouvé qu'on pouvait dans ce genre faire des merveilles (j'ai déjà cité Zelda ? ;-), Squaresoft a simplement produit un agréable passe-temps. Les auteurs sont visiblement plus à l'aise dans le registre moins grand public des purs jeux de rôles japonais. Pour finir sur une note positive, il faut quand même signaler que ce style de jeu reste rare sur PS2 (devant la déferlante de jeux de sport et de baston en cette période de fêtes) et que mis à part le petit problème de gestion de caméra, la réalisation technique est vraiment au dessus de la moyenne. Donc pour conclure Kingdom Hearts reste une bonne surprise pour cette fin d'année 2002.



Jeu fini :
Même si les derniers combats s'avèrent assez difficiles Kingdom Hearts est plutôt d'un accès facile et le challenge offert est très complet. Comptez un peu plus de 30 heures pour en venir à bout. Des passages gonflants sont malheureusement présents, le pire restant l'espèce de shoot'em up complètement raté (lent, lourd, d'un intérêt très limité). Les combats offrent un gameplay vraiment bourrin (il suffit de maîtriser les sorts de Bouclier et de Soin et d"avoir un stock d'objets de régénération de MP puis de foncer dans le tas) mais le plaisir de l"exploration et la recherche des bonus cachés restent présents. KH reste tout de même trop limité au niveau RPG. La beauté des persos Square et Disney, le plaisir qu'on a à visiter les univers des dessins animés font quand même de KH un bon jeu pour les fans des 2 bords, mais ne cherchez pas le chef d'oeuvre.

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