(2004 - Réalisé par A. Jaoui) **** (2 DVD)
Lolita Cassard a la vingtaine mélancolique coté cœur et coté corps. Elle cherche aussi désespérément l'attention de son père, écrivain à succès. Un de ses rares bonheur vient de ses cours de chant avec une prof qu'elle admire.
Bien qu'il se situe pour moi un brin en deça du "Goût des autres", film précédent du tandem, "Comme une image" offre pourtant une étude des caractères encore plus subtile. Disons que ce qu'on gagne en profondeur on le perd en drôlerie. La galerie de portraits fait se croiser deux couples et leurs amis, d'un coté l'écrivain connu vivant avec une femme qui pourrait être sa fille, de l'autre la prof de chant et son mari en quête d'un premier succès littéraire. Au milieu se situe Lolita, génialement jouée par Marilou Berry. Depuis la première séquence du taxi jusqu'à son émouvante performance vocale dans l'église (bon, en fait elle est doublée mais on y crois ;-), le personnage est dense et complexe. On la voit tour à tour s'effacer ou s'imposer, confiante ou manquant d'assurance. Les scènes comiques (essayage d'une robe : "je sais même pas si je rentre dans la cabine") alternent avec les séquences terribles (le père qui s'en va en plein milieu de sa représentation). Les autres protagonistes sont au diapason.
On craint au début que JP Bacri ne reprenne son éternel rôle de ronchon grande gueule mais fort heureusement le personnage d'étienne Cassard bascule dans quelquechose de plus fort vers le milieu du film. "Comme une image" nous renvoie à nos petits arrangements avec notre conscience, notre nombrilisme parfois caché par un altruisme de facade, notre mépris pour la différence. Tout cela est ancré tellement profondément dans notre société occidentale que rien ne peut y changer. On pourrait croire d'ailleurs que c'est le message du film, puisqu'aucun des personnages n'évoluent réellement lors de la conclusion, chacun ayant des arguments valables pour justifier sa position. Aucun sauf justement Lolita.