(Satan's Triangle - 1975 - Réalisé par S. Roley) ***
Des gardes-côtes de Miami sont appelés pour secourir un voilier perdu en mer, en plein milieu du sinistre triangle des Bermudes. Lorsque leur hélico parvient sur place les sauveteurs découvrent une rescapée effrayée et plusieurs morts dont un prêtre pendu au grand mât, la tête en bas.
Imaginez : vous avez 9 ans et passez un dimanche trop paisible chez votre grand-tante. Désœuvré, vous allumez la télé qui n'a que 3 chaînes car vous êtes en 1979. Et vous tombez sur une histoire de possession démoniaque avec des cadavres partout dont un qui flotte en l'air et des gens perturbés qui passent leur temps à sourire de façon super-malsaine. Bonne nuit les petits !
Voila comment un petit téléfilm américain plutôt anecdotique est devenu le cauchemar d'une génération de gamins, en une diffusion sur TF1 un dimanche en fin d'après-midi. On imagine que les censeurs de l'époque ont juste pris soin de vérifier qu'il n'y avait personne à poil et aucune goutte de sang : contrat rempli, OK pour le visa "Tout public". Oh je sais, on va me dire que cette production télé n’effraierait pas même une classe de maternelle de nos jours et que ses effets spéciaux sont risibles (passer l'image en noir et blanc pour simuler les éclairs, par exemple). Et pourtant le charme vénéneux de cette madeleine de Proust maudite fonctionne encore sur celles et ceux qui l'ont vécue en Live, il y a 35 ans de cela.
Sa durée courte (1h10) évite les longueurs et la structure du scénario est bien vue : la découverte du carnage par les deux sauveteurs, le long flashback lorsque la seule rescapée (Kim Novak, oui, celle des Hitchcock) décrit ce qu'elle a vécu puis le faux dénouement où le garde-côte cartésien explique rationnellement comme de banals accidents tous les faits qui semblaient jusqu'alors surnaturels. Ouf, on va pouvoir dormir tranquille.
C'est là que Satan's Triangle referme sur vous son intrigue implacable par un twist qui vous glace le sang (enfin, si vous avez moins de 10 ans). Le Diable existe et il ressemble à n'importe qui. Il prendra votre âme ou votre vie, qui que vous soyez. *Glups*.
Sympa pour un téléfilm du dimanche, non ?