mardi 7 décembre 2021

Kaamelott - Premier Volet

Ne m'appelez pas Sire.
 
(2021 - Réalisé par A. Astier) ***
En 484 le royaume de Logres est dirigé par l'intraitable Lancelot, aidé de mercenaires Saxons. Le despote pourchasse les derniers chevaliers de la table ronde, au premier rang desquels Arthur, disparu depuis dix ans.

Je ne doute pas de la maitrise d'Alexandre Astier concernant une saga dont il est le géniteur et le principal artisan depuis 15 ans. Au fil des six saisons de Kaamelott on a vu évoluer son savoir-faire et on a apprécié son ambition et son intransigeance pour garder son cap coûte que coûte, faisant passer le format très court et purement comique des débuts à des épisodes de comédie dramatique en moyen-métrages lors de la saison finale. Mais -après une intro comme ça, il faut un "mais"- je ne suis pas entièrement satisfait de ce premier volet. 
L'arc narratif qui va servir de structure à cette trilogie en devenir s'articule sans doute comme cela : le retour d'Arthur, ses combats contre les forces adverses pour reconquérir et conserver son trône et la conclusion de sa quête pour trouver le Graal, qui devrait être à la fois un achèvement personnel et plus globalement une élévation spirituelle des peuples du monde. 
En partant dix ans après les faits racontés dans la dernière saison, ce premier volet doit simultanément présenter la situation actuelle et introduire les innombrables personnages aux néophytes, tout en établissant où ils en sont depuis tant d'années pour celles et ceux connaissant la série. Il doit aussi faire avancer une intrigue comportant quelques nouvelles têtes tout en résolvant les interrogations laissées en suspens depuis 2010. Voilà une tâche ardue !
 
L'auteur s'en sort sur certains points, ce qui est déjà une prouesse en soi, surtout qu'il est à la fois l'acteur principal, le scénariste et réalisateur du film et le compositeur de la B.O. Il n'a pas lésiné sur les moyens pour proposer un grand spectacle avec des paysages et des décors luxuriants, jusqu'à l'excès pour les costumes carnavalesques des Burgondes ou l'armure-carcan un peu trop métaphorique de Lancelot, par exemple. Concernant les caractères, pour la plupart ils souffrent malheureusement d'un côté unidimensionnel, faute de temps pour les affiner vu la quantité de personnages à assimiler en deux heures. Beaucoup jouent leur note unique sur le mode "fan service", avec les répliques classiques piochées parmi les dizaines d'heures de la série.
Mister Astier pose les bases de Kaamelott au cinéma, des fondations sans surprises majeures mais qui trouvent quand même le temps de prendre connaissance des forces en présence, d'explorer un trauma de jeunesse d'Arthur et de lui permettre (enfin) de se rapprocher de Guenièvre. On espère que le prochain épisode sera aussi ample dans sa réalisation mais plus épique dans son scénario, qu'il utilisera notamment les puissances occultes dévoilées à la toute fin de ce premier volet.