lundi 6 octobre 2025

Beetlejuice Beetlejuice

Un enterrement de première classe

(2024 - Réalisé par T. Burton) **
 
Près de 40 ans après les événements du premier film, Lydia est devenue la présentatrice vedette d'un talk show sur les phénomènes paranormaux. Possédant toujours son don de voir les morts, elle est très troublée lorsqu'elle aperçoit furtivement dans le public une vieille connaissance : Beetlejuice ! Et ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle...
 
Tout le fan service est au rendez-vous : les principaux acteurs sont là, le modèle réduit de la ville attend sagement dans son grenier, le monde des morts est toujours aussi bureaucratique, les vers géants sont toujours aussi mortels et vous aurez droit à une nouvelle possession de groupe menant à une comédie musicale (mais pas sur la chanson Day-O de Harry Belafonte). Tim Burton y greffe quelques idées un peu rentrées au chausse-pieds, comme ce "Soul Train" trop décalé pour être vraiment cool ou cette ex-femme de Beetlejuice faisant office de bad girl principale très banale et complètement anecdotique. Ce qui intéresse vraiment le réalisateur, c'est de raconter les traumas de trois générations de femmes, Delia la belle-mère, Lydia la mère et Astrid la fille. La première est toujours aussi perchée et égocentrique, la seconde se bat contre la malédiction de son don surnaturel, la défiance de sa fille et la manipulation de son mari, la troisième est frappée par la mort de son père et cherche l'amour. Et Beetlejuice dans tout ça ? il veut la même chose qu'il y a 40 ans : se marier pour revenir dans le monde des vivants. L'effet Nostalgie fonctionne grâce à l'abattage de Michael Keaton et à la fragilité émouvante de Winona Ryder mais est-ce suffisant pour surpasser l'original ? 
 

jeudi 2 octobre 2025

The Substance

Miroir, mon beau miroir...

(2024 - Réalisé par C. Fargeat) ****
Elisabeth Sparkle, star d'un show TV d'aérobic, apprend son licenciement le jour de ses 50 ans. Elle tente une solution radicale : s'injecter une mystérieuse substance sensée créer une version rajeunie d'elle-même. 
 
On pourrait résumer ce film comme un "Dr Jekyll et M. Hyde" version féministe gore. Mais ce serait oublier tout ce qu'il est par ailleurs. Une attaque frontale de beaucoup de sujets de société contemporains et une déclaration d'amour au cinéma bis plutôt gonflée, emballés dans un humour qui sauve pas mal de partis pris esthétiques et scénaristiques à priori casse-gueules. Réussir à faire se côtoyer des thèmes comme la misogynie et le culte de la jeunesse avec le style body-horror le plus extrême et les séries Z façon "Toxic Avenger", c'est l'exploit de Coralie Fargeat. Bénéficiant d'un casting étasunien trois étoiles et d'un script qui repousse sans cesse les limites du bon goût pour notre plus grand plaisir, la réalisatrice s'autorise toutes les audaces : l'objectivation des corps féminins avec du "female gaze" très prononcé, un filmage hyper-stylisé qui accentue le côté grotesque de sa fable, et un grand final jusqu'au-boutiste inespéré !