Atlus
Genre : Aventure-Puzzle érotico-horrifique !
Verdict: 4/5
Si vous avez manqué le début
Vincent Brooks est en pleine crise de la trentaine, ce moment particulier où l'homme-ado doit choisir entre sa vie de patachon et un déluge de responsabilités. Sa girlfriend Katherine parle de façon étrange, avec des mots comme "engagement", "mariage", "bébé", l'ami Vinc' flippe sa race. Même ses potes de beuverie ne le rassurent pas et pour couronner le Roi des Cons, Vincent fait des cauchemars absurdes dans lesquels il est affublé de cornes de bouc et doit escalader des blocs à toute vitesse pour échapper à une menace indicible.
Un soir notre brave couillon noit ses angoisses dans l'alcool. Le lendemain il se réveille au coté d'une inconnue tout droit sortie d'un fantasme de Japanime. Elle s'appelle Catherine, elle est très amoureuse, et le Vincent il est pas dans la merde...
Poursuivi par le Démon du Fantasme |
On attendait beaucoup du Studio auteur de Shin Megami Tensei: Persona, l'une des séries RPG les plus originales sur les anciennes Playstations. Avec leur première production "new-gen" on n'est pas déçu, Catherine se place les doigts dans le Blu-ray dans le peloton de tête des jeux vidéo les plus singuliers de ses dernières années. Le thème du jeu franchement inaccoutumé, son mélange des genres iconoclaste, le choix de faire une narration distanciée, tout dans Catherine respire l'audace et l'innovation.
Le jeu aborde des sujets rarement traités sérieusement dans l'univers vidéoludique : la fidélité amoureuse et le passage à l'âge de raison. Certains jeux comme Heavy Rain se sont addressé aux joueurs matures précédemment, mais en singeant les codes du cinéma. Catherine opère différemment en basant son gameplay sur une pure mécanique vidéoludique, un Action-Puzzle très nerveux qui rompt avec l'autre versant du jeu, une aventure toute en dialogue et en cinématique.
Tout commence par une émission télévisuelle, "Golden Playhouse" (Théâtre d'Or). La présentatrice Trisha vous invite à suivre le quotidien d'un dénommé Vincent Brooks, une manière de mettre en scène un ersatz de réalité comme le font les programmes télé du même nom. On assiste donc aux tribulations du gars, ses discussions avec sa petite amie Katherine qui partage sa vie depuis 5 ans, ses soirées au Pub avec ses meilleurs amis, sa rencontre avec Catherine la Bombasse et surtout ses nuits agitées de cauchemars saugrenus.
Le dilemne ronge Vincent depuis que sa fiancée lui met la pression, il termine systématiquement ses cauchemars dans un confessionnal où un mystérieux interlocuteur retourne le couteau du désir sexuel dans la plaie de la fidélité en lui posant des questions métaphysiques. Le mariage est-il le début ou la fin de la vie ? Vous considérez-vous comme un pervers ? Quelle est votre idée du Paradis, un beau paysage ou n'importe quel endroit où il y a de la bière ?
Dans ses rêves maudits Vinc', coiffé d'une curieuse paire de cornes, se retrouve en caleçon au pied d'une tour composée de centaines de cubes qu'il doit manipuler pour atteindre le sommet. Guidé par la voix du tourment il apprend à tirer et pousser les blocs, les contourner, les escalader, utiliser leurs différentes fonctions, tout cela le plus rapidement possible car les étages inférieurs s'effondrent régulièrement pour disparaître dans le néant. Une fois franchie la porte de sortie, notre homme se réveille. S'il échoue, c'est la mort. *glups*
Le principe d'alternance entre scènes de la vie courante dans la journée et séquences d'action nocturnes était déjà une des marques de fabrique de la série Persona. A l'instar de ce dernier le jeu se découpe en phases récurrentes : Le cauchemar, le réveil, la soirée au Pub avant le retour au bercail. A vous de répondre aux coups de fil insistants de votre bergère, aux SMS salaces de votre amante, aux discussions comico-philosophiques de vos amis, aux appels à l'aide des clients du Bar et aux remarques de la serveuse et du patron. Tout cela est entrecoupé de cinématiques en Animé déroulant le scénario, car Vincent n'est pas le seul à subir la "malédiction du tricheur". Une série de morts violentes touche tous les mâles ayant trompé leur moitié ! Et notre sympathique queutard devra aussi jongler entre Katherine et Catherine en faisant tout pour qu'aucune des deux ne connaisse l’existence de l'autre, avec Portes qui claquent et Cocue dans le Placard comme dans une pièce de Boulevard.
Les auteurs explorent leur concept jusqu'au bout : les multiples dénouements possibles vont du plus "moral", je vous laisse deviner lequel, au plus libertaire. Un compteur "Karmique" oscillant entre Rouge (Catherine) et Bleu (Katherine) sanctionne chacun de vos choix, sachant qu'il ne faut pas espérer pouvoir gagner sur les deux "tableaux", si j'ose dire, puisque le joueur sans cesse hésitant obtiendra le final le plus chaotique. Evidemment le complétiste compulsif mettra un point d'honneur à retenter l'aventure encore et encore pour voir où des choix différents le mènent.
La partie Puzzle-Action offre un challenge de taille, même lors d'une partie en mode "normal". Il faut déjà se battre contre le temps limité, les blocs piégés (ou destructibles, immobiles, glissants, etc), les autres moutons perdus qui vous poussent dans le vide; Mais encore contre des Boss prenant des formes terrifiantes (des visions déformées des troubles qui habitent le héros) et balançant des coups spéciaux pour vous déséquilibrer et vous faire perdre du temps, quand ce n'est pas simplement vous écrabouiller comme une mierda, Mama mia !
Les auteurs ont inclu plusieurs options permettant au fana de prolonger ce plaisir coupable. Rejouer chaque niveau pour obtenir la médaille d'or afin de débloquer l'accès à d'autres Tours Babel avec classement Online, mais aussi vaincre le jeu d'arcade Rapunzel accessible depuis le Bar, basé sur le même principe d'escalade mais insistant plus sur le coté énigme, avec un nombre de déplacements de blocs limité.
Au final les auteurs de Catherine peuvent se féliciter d'avoir créé un jeu hors-norme, qui offre du bon vieux puzzle-game et qui questionne l'être humain derrière le joueur. L'idée d'opposer une "vraie" femme à un fantasme sur pattes peut paraître misogyne au départ. D'un coté la "working-woman" active, socialement et financièrement autonome, avec un projet d'avenir. De l'autre une créature irréelle, répondant à tous les clichés macho en vigueur, une Barbie docile et insatiable niveau cul, prête à avaler n'importe quoi (je parle des mensonges, bande de dégueulasses). C'est pourquoi les auteurs usent du stratagème de l'émission de télé pour créer une distance. On n'incarne pas directement Vincent, on le suit dans une représentation fausse, fabriquée comme tous les programmes de télé-réalité le sont, avec des acteurs unidimensionnels réduits à un rôle unique censé faire réfléchir le voyeur, -pardon- le spectateur.
Certes ce sujet atypique empêchera une partie des Gamers de l'apprécier. Et après ? Il existe bien du cinéma d'auteur réservé à une frange de la population, Catherine est un jeu réservé à quelques niches spécifiques du Jeu Vidéo : les amateurs d'Animés matures, les Hardcore Gamers à la recherche d'un challenge à leur hauteur, les blasés qui croient avoir tout vu, les curieux de tout (qui joueront en mode facile). Avec en prime, si vous êtes en couple ou en passe de l'être, une remise en cause de votre propre mode de vie.
La Team de Vinc' au complet |
A retenir:
- Concept unique pour un jeu d'Aventure
- La partie Puzzle "Tetris Humain", nerveuse et addictive.
A Jeter:
- Mélange déroutant de scènes tantôt réalistes, tantôt burlesques.
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