mercredi 13 février 2013

Ni no Kuni : La vengeance de la Sorcière Céleste

Ton Cosplay de Superman est loupé, gamin

Level-5 / Ghibli
Genre : RPG Jap comme on en fait plus
Verdict: 5/5


Si vous avez manqué le début

Le jeune Oliver, insouciant et plein de vie comme le sont tous les garçons de son age, va être confronté à l'horreur ultime : la mort de sa mère bien-aimée. Du coup, il se chope un -50 en Moral, le mioche. En chialant toutes les larmes de son corps, Oliver va réveiller une fée au gros pif piercé et au caractère bien trempé, qui l’entraîne alors dans son monde magique. Objectif : sauver la défunte reum et devenir le Héros au Coeur Pur.
Non, ce n'est pas le résumé du prochain film déprimant de chez Pixar, c'est le nouveau RPG des studios Level-5 !



Une Carte aussi belle que Megan Fox avant sa chirurgie

En détail

"C'est autour des vieilles soupes qu'on trouve les meilleurs pots." Cette phrase, ma grand-mère me la sortait souvent. Faut dire qu'elle débrayait sec du carafon, mémé. Jamais pu biter un broc de ce qu'elle bavait. Mais aujourd'hui, tout ébaubi devant Ni no Kuni, cette mystérieuse maxime de mère-grand prend soudainement tout son sens. Big up mamie !
Car la production Level 5-Ghibli est un retour aux sources du JRPG, un hymne à l'évidente tranquillité d'antan, une oasis de beauté et de plénitude dans ce monde vidéo-ludique devenu trop speed. Les cyniques et les blasés sont priés de laisser leur humeur de chien au vestiaire, on entre dans Kuni comme on pénètre une cathédrale : en silence, à pas feutré. Et on retire sa casquette, s'pèce de bouffon.

Le jeu réuni tous les poncifs du RPG Japonais. Le jeune orphelin aux pouvoirs insoupçonnés, le monde magique peuplé de Pokémons, les jeux de mots foireux sur les patronymes, l’enchaînement attendu Ville-Donjon-Boss,  la bonne vieille carte du monde pour se déplacer, les combats avec le menu Attaque-Magie-Objet, le "leveling" intensif, la fabrication d'objets bien pépère, les éléments Feu-Glace-Air-Camembert... un véritable inventaire en règle du Jeu de Rôle Nippon millénaire. Ne manque plus que la fillette mystérieuse aux cheveux mauves et le mentor bourru-mais-sympa-quand-même...
Ah si, ils sont là aussi, eux.
Mais vous savez quoi ? ça marche ! Une alchimie réussie grâce à un dosage habile et de subtils décalages dans les mécanismes de jeu, que nous nous faisons fort de vous narrer par devers soi (j'emploi des expressions à la con si je veux).
Les combats s'effectuent en semi-temps réel, c'est-à-dire qu'ils se mettent en pause uniquement lorsque vous contrôlez un personnage humain et parcourez la liste des choix (Attaquer, Défendre, Invoquer un familier, Magie, Objet). Une fois votre sélection validée, ou lorsque vous dirigez un familier, vos ennemis et vos acolytes se déplacent et effectuent leurs actions en temps réel. Et c'est de là que provient tout le stress des affrontements, puisque le joueur doit gérer une foultitude de paramètres à la fois : se déplacer librement sur l'aire de combat et sélectionner une action avec le bon timing (pour contrer une attaque ennemie, par exemple), tout en gardant un oeil sur l'état de santé de vos coéquipiers (qui, comme toutes les I.A. de RPG, font portenawak) et en surveillant les coups spéciaux préparés par les adversaires.
Vos familiers, au nombre de trois maximum par personnage, représentent votre meilleure source de dégâts. Chacun d'eux est spécialisé soit dans un type d'attaque (physique ou magique), soit dans le soutien (soin ou altération des caractéristiques).Il faudra jongler entre votre trio de "pets" et votre perso, car les durées d'invocation sont limitées dans le temps et vos familiers n'ont pas de points de vie, ni de magie. Ils "utilisent" ceux de leur maître !
En réussissant des actions bien coordonnées, comme bloquer ou attaquer au bon moment, des orbes apparaissent sur le terrain, vous permettant de récupérer points de vie ou de magie, ou avec de la chance, lancer une attaque spéciale dévastatrice. C'est l'un des points essentiels des combats, car les sorts coûtent chers et les points de vie fondent à vitesse grand V.
Il faut donc chouchouter vos familiers comme s'ils étaient vos propres enfants : les bourrer de sucreries pour qu'ils renforcent leurs caractéristiques, les faire combattre souvent pour qu'ils prennent du galon et gagnent des compétences, faire tourner votre cheptel et sélectionner vos brebis par affinité afin de pouvoir faire face à toutes les situations, les équiper correctement avec ceinture et bretelles pour qu'ils affrontent le monde extérieur en toute sérénité. Vous aurez alors la joie de les voir évoluer, comme des Pokémons, pour passer à un stade supérieur, avec poils au menton ou soutif bonnet A. Ça grandit vite, à cet âge là.

Pour aider l'apprenti magicien que vous êtes, un grimoire fait office de guide référent. Mais attention ! Ce n'est pas une simple base de données mise en menus. Il s'agit d'un vrai bouquin stylé comme un grimoire, scanné page par page, avec des illustrations à l'ancienne proprement admirables. On s'y plonge avec délice pour examiner les cartes du monde, lire un conte pour résoudre une énigme (et oui !), retrouver une info sur les milliers de Familiers, équipements, objets, Sorts magiques ou ingrédients pour l'alchimie. Ou tout simplement on feuillette ce recueil sans but précis, regrettant simplement de ne pas en avoir eu un comme ça quand on était petit. Ce grimoire, c'est une ode à notre enfance de Gamers !

L'aventure de Ni no Kuni, sous une apparente banalité, cache quelques trouvailles rafraîchissantes. Déjà le rythme, on l'a dit, se calque sur un Animé traditionnel des Studios Ghibli : on prend le temps de découvrir chaque personnage, on joue la carte de l'émerveillement placide plutôt que de la surenchère pyrotechnique, on construit un univers cohérent truffé de caractères simples et iconoclastes. Le tout est assaisonné d'un musique orchestrale du plus bel effet, soulignant l'aspect "Classique" de cette production.
Les quêtes vont des trucidages de monstres par paquet de 10 archi rabachés aux missions "Fed Ex" réclamant de porter un message ou un objet entre villes lointaines. Mouais.
Plus surprenant, la collecte de "sentiments" fait partie intégrante du scénario principal et englobe la philosophie générale du jeu. Il s'agit de rechercher des personnes ayant une "émotion" en excès, par exemple la bonté, l'enthousiasme ou la tempérance, pour transmettre ce sentiment qui fait défaut à un autre être humain. Ainsi un individu au "coeur brisé" retrouvera instantanément sa joie de vivre. C'est beau, la vie en Animé.
Car il ne faut pas perdre de vue qu'Oliver, le héros, doit résoudre in fine son drame personnel : la mort de sa mère. Le jeune garçon s'est-il inventé un univers parallèle pour surmonter sa douleur ? Cette fée Lumi, avec sa lanterne au bout du nez, est-ce la lumière qui le guide dans ses sombres pensées ? Le mode de fonctionnement du scénario est déjà une réponse, puisqu'on nous impose des aller-retour entre le monde de la dure réalité où Oliver est orphelin, et le monde magique dans lequel il est le "héros au coeur pur" qui doit triompher d'une puissante sorcière. Chaque personne d'un monde trouve son alter ego dans l'autre, et en résolvant les problèmes de l'un on sauve son double. Et Oliver, où est son âme soeur ?

Level-5 nous a déjà sorti des Classiques par le passé, ne serait-ce que Rogue Galaxy ou Dragon Quest VIII. Allié à Ghibli le studio tient l'un des meilleurs JRPG de la PS3, ce qui n'est pas un exploit en soi, vu la maigre quantité de Hits de ce genre sur la old-gen de Sony.
Les créateurs de Ni no Kuni apportent un supplément d'âme, une touche d'élégance bienvenue. Certes il n'y a rien de vraiment révolutionnaire dans la conception du jeu, Animé et Cell-shading ont déjà été vu ailleurs, mais le soin apporté à l'ensemble de la production et son coté "hommage au old school" permanent réchauffent le coeur de l'amateur d'un genre qu'on croyait perdu sur PS3. Un jeu dans lequel on adore se perdre et se prendre une tannée lorsqu'on s'aventure un peu trop loin face à des ennemis trop puissants pour nous. Un jeu qui nous fait poiler lorsque les sidekicks balancent des réflexions insolentes. Un jeu qu'on savoure tranquillement, à la fraîche, décontracté du gland (ou du clit). Bref, un jeu intemporel.


20.000 dégâts sous les mers

A retenir :
- Graphismes, musiques et animations orgasmatiques, made in Ghibli.
- Combats semi-temps réel bien pêchus.
- Grimoire in-game qu'on aimerait posséder en livre de chevet (note pour les possesseurs de l'édition Collector : je vous hais).

A Jeter :
- Tous les poncifs scénaristiques du JRPG réunis en un seul jeu.

Extrait du Grimoire du Magicien


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