samedi 29 novembre 2008

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal


(Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull - 2008 - Réalisé par S. Spielberg) **

Fin des années 50, dans une base militaire située dans le désert du Nevada. Indiana Jones et son pote George sont amenés de force par des agents soviétiques dans le fameux hangar où sont stockés tous les secrets du gouvernement. La redoutable Colonel Irina Spalko est à la recherche d'un mystérieux sarcophage.

Le retour d'Indy après 20 années d'hibernation avait de quoi faire saliver celles et ceux qui étaient ados lors de ses trois premières aventures. Revoir Harrison Ford, acteur mythique, chausser son légendaire chapeau et claquer du fouet, dirigé par tonton Spielberg comme au bon vieux temps, on s'en pourlêchait les babines ! Hélas, le syndrome "Star Wars Episode 1" plombe un peu les retrouvailles: malgré de bonnes idées et des séquences d'action bien tournées on reste sur notre faim. Indy n'a plus vraiment la nonchalence qu'on admirait jadis, et le reste du casting fait pâle figure si on excepte la géniale Cate Blanchett en fantasme Russe période "guerre froide". Les nouveautés paraissent fades (le fiston d'Indy est une caricature) et le retour de Marion (Karen Allen) manque singulièrement de punch si on le compare au personnage grandiose qu'elle fut il y a un quart de siècle. Quelques références sympa traînent ça et là, mais rien qui ne déclenche un enthousiasme débridé.
Le scénario de ce 4e épisode est sans doute la plus grosse problématique du film. On sait aujourd'hui que les premières versions du script remontent au début des 90's, et qu'il fut remanié d'années en années au fil des sorties des autres blockbusters et des exigences de Lucas et Spielberg. Il y a bien tout ce qu'on attend d'une série estampillée Indy (énigmes à résoudre, exploration exotique, courses effrénées) mais le film est sans recul par rapport à son sujet et le second degré a quasiment disparu (sauf avec le coup du frigo et quelques brefs éclats lors des poursuites). Le pire étant la conclusion médiocre digne d'un épisode TV des X-Files.

vendredi 14 novembre 2008

La Cité de la peur, Une comédie familiale


(1994 - Réalisé par A. Berberian) ***** Edition Collector 2 DVD Remasterisée 2008

"Red is dead", film de série Z, bénéficie d'une publicité inattendue en plein festival de Cannes, un meurtre sauvage copiant ceux du Serial Killer du nanard endeuille la Croisette. L'attachée de presse Odile Deray est aux anges, elle ne pouvait espérer meilleure promotion. Elle organise la venue de la vedette du film, aussi crétin que dans son rôle à l'écran, et lui flanque un garde du corps un peu aux fraises.

Le premier (et unique) film de Les Nuls est une vraie réussite de comédie nouvelle vague, se démarquant de la grosse rigolade "à la française" par le prolongement de l'univers Nul venu de Canal+. Le trio Nuls est au top dans des rôles en adéquation avec leurs personnages qu'on croisait sur petit écran. Des acteurs impeccables viennent donner du relief à l'ensemble, M. Darmon reste irrésistible en commissaire Bialès roi de la frime, surtout lorsqu'il se trimbale dans un string sur lequel on peut lire "y'a du tonus dans mes pruneaux". Valérie Lemercier en veuve pas triste fait aussi plusieurs apparitions pas piquées des hannetons (oui, cette expression ne veut rien dire). Et puis, évidemment, Sam Karmann en Emile le "Sirieule Kila" (le quoi ?!).
Humour Z-A-Z, dialogues cultes, parodies de Hits US, délires plus ou moins cachés dans des scènes qu'on revoit avec jubilation (pour ma part, la séquence du restaurant entre Odile et Bialès reste mon plus grand fou-rire en salle), La Cité de la Peur fait office de référence dans un genre qui réclame un second degré subtil, une certaine complicité avec le spectateur. C'est justement la spécialité de Les Nuls.

mardi 4 novembre 2008

Pi

(1997 - Réalisé par D. Aronofsky) **

Un mathématicien met au point un ordinateur capable de synthétiser la clé ultime de la connaissance. Plusieurs individus se montrent très intéressés par cette découverte primordiale sur le plan philosophique, mais aussi financier.

La forme très abrupte et le fil parfois dur à suivre font de ce film une expérience assez désagréable. C'est ce qu'on appelle une œuvre sans concession, qui met parfois nos sens à rude épreuve avec son noir et blanc asséché, ses démonstrations mathématiques absconses, ses bizarreries sonores et ses références Kabbalistiques de haut vol. Mais l'homme qui nous donnera plus tard "Requiem for a dream" applique déjà un style reconnaissable, impose un rythme personnel, même si le prix à payer pour le spectateur est un mal de crâne identique à celui du héros du film.

dimanche 2 novembre 2008

The Truth (1998)

Dans notre série "Et si on écoutait du Prince en acoustique ?", voici venu le temps de...


CRYSTAL BALL: THE TRUTH (1998)

The Truth
Don't play me
Circle of Amour
3rd Eye
Dionne
Man in a uniform
Animal kingdom
The other side of the pillow
Fascination
One of your tears
Comeback
Welcome 2 the Dawn (Acoustic)


L'album acoustique.
Prince succombe à la mode de l'album acoustique en 1998. Il profite de la sortie de sa compilation "Crystal Ball", recueil de tous les titres qu'il a autorisé à s'évader de son Vault, pour y adjoindre "The Truth", 12 chansons majoritairement composées à la guitare acoustique. Evidemment ce projet Princier n'est pas un traditionnel Best Of de Hits tous nus mais des titres inédits spécialement écrits pour l'occasion intégrant parfaitement le concept.
Cela donne un album folk et blues se focalisant sur les mélodies, obligeant les auditeurs à se concentrer sur cette voix indéfinissable à laquelle nous sommes habitués depuis 20 ans mais que nous oublions parfois face à la virtuosité du gars lorsqu'il aligne les démonstrations de solos de guitare électrique et empile les harmonies complexes dans ses compositions. Cela permet aussi de redécouvrir la qualité de parolier du bonhomme, rarement soulignée dans son oeuvre.
Comme notre homme est espiègle il change les règles au fil des chansons, rajoutant parfois des percutions, voire de discrètes incursions d'autres instruments ou effets vocaux. Mais pour l'essentiel il s'en tient à la promesse de départ : sa voix seule, soulignée par une guitare sèche.

"The Truth" abordent des thématiques habituelles chez Prince, une part importante est accordée à l'amour sous des formes tour à tour romantiques et bien sûr sexuelles. Des Ballades caliente comme "The Other side of the Pillow" dans lequel il se sent tel Clyde avec Bonny ("Bad as Bonny when she ran with Barrow (Clyde), When U kiss me, feels like I'm committing a crime") ou dans "Circle of Amour" où il narre les après-midis chauds de quatre lycéennes -ou peut-être même collégiennes- lorsqu'elles sèchent l'école pour s'adonner aux plaisirs saphiques ("4 hands in the place where the feet connect, Gang of 4, Circle of sex, In the vicious race 2 maturity, They're almost phased from ecstasy"). 
La dose de lyrics osées ne s'arrête pas là. Dans la série des amours contrariées Prince livre quelques témoignages tragi-comiques sur une relation piteuse dans "One of your tears" ("Did U get the tape I sent U? I thought it be better in a song, Better than the used condom U sent me, Baby that was wrong") et sur certaines pratiques originales dans "Man in a Uniform" ("She said 2night I want your violent tongue 2 swallow my stench and be loyal 2 me, She'll never be free, Until U do me like a man in a uniform").

"Comeback" est peut-être un des titres les plus personnels jamais sorti par Prince, en ce sens que les paroles peuvent être interprétées comme un hommage à son bébé décédé quelques jours après sa naissance, en 1996. Prenant la forme d'une courte ballade mélancolique, l'artiste évoque le souvenir d'un être disparu ("Walking up the stairs, Just the afternoon, Sweet wind blew, Not a moment 2 soon, I cry when I realized, That sweet wind was U"). Prince a probablement considéré cette épreuve comme un signe divin, un test de sa Foi face à une douleur qu'on imagine incommensurable. Lorsqu'une personne pense que sa vie est gouvernée par une entité omnipotente, la seule interprétation possible d'un tel drame est limpide : un message clair lui interdisant d'avoir une descendance et la certitude de le revoir dans l'au-delà ("If U ever lose someone dear 2 U, Never say the words their gone, They'll come back").

Dans un versant plus "sociétal", notre Prince quarantenaire assume sa maturité dans "Don't play me", rappelant qui est le Boss ("I've been to the mountain top and it aint what U say, Don't play me, Don't play me, I'm the wrong color and I play guitar, My only competition is, well, me in the past"). Faut pas le chercher, le vieux kid. Il est croyant ("Ultimately the only one That can save U is U, Your God is inside", dans "3rd Eye"), Végétalien ("We're all members of the animal kingdom, Leave your brothers and sisters in the sea", dans "Animal Kingdom") et tout va très bien pour lui, merci, contrairement à l'état global du monde ("The dream U keep dreaming, is better than the life U lead", dans "Fascination").

Tout est résumé dans les titres d'ouverture et de clôture de l'album. Dans la chanson "The Truth" l'auteur nous questionne sur nos paroles et de nos actes, sur notre besoin perpétuel de réponses à des interrogations mystiques insolubles ("What If time's only reason Was to give us all somethin' 2 fear?"). Dans la conclusion "Welcome 2 the Dawn", il nous livre son interprétation, religieuse évidemment, que notre vie sur Terre n'est qu'un passage dont l'issue ne dépend que de notre honnêteté et notre responsabilité ("Every pieces a puzzle and every name a clue, Every charge U make is karma, So be careful what U do").