mercredi 30 novembre 2011

Akira


(1988 - Réalisé par Katsuhiro Ohtomo) ****

Neo-Tokyo, 2019. Dans la cité ravagée 30 ans plus tôt par une bombe atomique, les gangs de motocyclistes s'affrontent. Ils se heurtent bientôt aux forces militaires, ainsi qu'à trois mystérieux enfants.

L'un des plus fameux Animé ayant dépassé le cercle des amateurs éclairés, Akira réuni toutes les obsessions Nippones sur l'état actuel et le devenir de l'Humanité, en empruntant des thèmes de toutes les cultures pour délivrer un message universel. La qualité de l'animation, la maturité des personnages, le rythme jamais pris en défaut, voila autant de raisons pour encenser le film. Si on y ajoute les séquences cultes (la poursuite en moto, les jouets monstrueux, le combat final) et une musique inoubliable, Akira trouve sa place dans le rayon chef d’œuvre.

dimanche 20 novembre 2011

The Rainbow Children (2001)

Dans notre série "Mais que faisait Prince il y a 10 ans", voici venu le temps de...




The Rainbow Children (2001)

Rainbow Children
Muse to the Pharoah
Digital Garden
The Work Pt 1
Everywhere
The Sensual Everafter
Mellow
1+1+1=3
Deconstruction
Wedding Feast
She loves me 4 me
Family Name
The Everlasting Now
Last December


Retour aux sources.
Après une douloureuse tentative de come-back bien foirée (l'album "Rave Un2 the Joy Fantastic" en 1999), il était temps pour O(+ de reprendre sa véritable identité, dans tous les sens du terme. Revoilà donc Prince, arborant à nouveau son patronyme originel, débarrassé des sons de chambre froide, qui aborde le 21e siècle avec ce qu'il sait faire de mieux : un concept-album qui nous emmène loin. 
Coté inspiration il embarque dans ses bagages les trois Rois Mages, Hendrix, Santana et Miles Davis, pour les invoquer tour à tour au fil des instrumentaux et des solos. Une harmonie Jazz imprègne tout l'album, donnant à l'ensemble une atmosphère chaleureuse qu'on avait plus entendu depuis des années dans les productions Studio de l'artiste.
The Rainbow Children forme un tout cohérent, une épopée qu'il est nécessaire d'écouter dans son intégralité, comme "Lovesexy" en son temps. La voix du narrateur, Prince en low pitch, conte à la manière d'une légende biblique la naissance d'une nouvelle nation, celles des "Rainbow Children". Les textes s'articulent autour d'une fable spirituelle, un récit homérique qui amalgame histoire personnelle et Grand Dessein du Divin.

Dès le premier titre on est immergé dans cette moiteur cool, saxophones et guitares électriques qui courent sur une composition Soft-Jazz, un charme inné où tout coule de source. On s'aperçoit que les personnages mis en scène dans les textes trouvent tous un écho dans la vie de Prince. "The Wise One", c'est lui, évidemment. Et son ex-femme, Mayte, est celle qui succombe : "As prophesied, the Wise One and his woman were tempted by the Resistor. He, knowing full well the Wise One's love 4 God, assimilated the woman first and only." Voila donc la faute originelle, une "tentation" indéfinie à laquelle Mayte n'a pu résister et qui fut la cause de son départ (divorce en 1999). 

Muse to the Pharoah offre un tempo décontracté auquel il est difficile de ne pas s'abandonner. La rythmique easy accompagne une swing mélodie, les paroles célèbrent l'avènement d'une nouvelle inspiratrice (ou impératrice ?), la future de Prince. 
Mais bientôt cet idéal est bousculé par une force négative, les Bannis sont de retour. Dans "Digital Garden", sorte d'interlude délivré comme dans une bande originale de film, rafales guitaristiques à l'appui, voila les bienheureux Wise One et sa promise cernés dans leur palais. Les Bannis saccagent le monde et répandent le mensonge, ils demandent réparation pour leur temps passé auprès du Wise One. Il est intéressant de noter que Prince fait référence aux médias, qu'il affuble des sobriquets moqueurs "whosepapers", "hellavisions" et "scagazines", comme faisant partie des Bannis diffusant la tromperie. Magnanime, le Sage les absout, les Bannis retournent à MendaCity (littéralement "La Cité de la Calomnie"). 

Vient l'heure de la reconstruction. Dans "The Work", titre Funky à souhait, notre Sage s’emploie à diffuser la bonne parole, en clair le sermon, à chacun. "This work is not an easy task, But this is the work we must do 4 Revelation 2 come 2 pass", voila donc le loup sorti du bois. Il s'agit bien d'un prêche façon Témoins de Jéhovah, auquel Prince vient justement d'adhérer par l'entremise de Larry Graham, autre célèbre musicien depuis longtemps adepte. Mais pour l'amateur de musique, le projet est sauvé par la qualité de composition et ce ton inédit qu'on n'avait pas encore entendu chez l'artiste. Un croisement accompli entre Jazz-Rock et rythmiques tendance Sud-Américaines.

La Félicité est proche, Prince chante sa joie et son amour retrouvé dans "Everywhere" et "The Sensual Everafter" ("Without God it wasn't there, Now I feel it Everywhere", "2 all his good brothers the Wise One spoke highly of his Muse"). Le premier titre, Gospelien dans l'âme, est une sorte de une ballade exaltée. Il est suivi d'un instrumental sous influence, très abouti.

Dans "Mellow" l'auteur revient au doux groove irrésistible, avec un idée beaucoup plus précise de ses intentions ("Can I sing 2 u while u bring urself 2 joy? I'll go slow at first, while u quench ur thirst, Wet circles round the toy, While u bring urself 2 joy"). On se croirait revenu au bon vieux temps lubrique de "Dirty Mind". 
Impression confirmée par le titre suivant, le génial "1+1+1=3" où l'amateur reconnaît une vieille amie, la guitare version "high pitch" du vénérable "Erotic City", Grand Classique Nelsonien. Le retour aux fondamentaux est définitivement là, nous sommes à la source du MPLS Funk, authentifiée par la voix Camillesque. C'est le retour des Bannis, qui tentent un dernier raid sur le château. Heureusement, la science Funkesque du Wise One les repousse.

La victoire est fêtée dans "Deconstruction", superbe instrumental dans la lignée de "Sensual Everafter", et "Wedding Feast", petit entracte comique célébrant le mariage du Sage et de sa Muse, devenue Reine. 
On passe sur la ballade manquée "She Loves me 4 me", nouvelle déclaration enfiévrée à sa récente conquête où Prince nous fait une poussée de parano ("This one I can tell all my secrets 2, I don't have 2 make her swear she would never tell anywho"), pour arriver devant un client sérieux. "Family Name" s'ouvre par une longue introduction où s'associent concept New Age (les Annales Akashiques, ésotérisme basé sur la philosophie Indienne) et démonstration politique rhétorique. Le narrateur dissèque le processus menant à la prise de conscience d'une minorité supposée, lorsqu'elle se découvre des similitudes avec d'autres pour devenir majoritaire. 

Par la suite le titre, sous l'apparente innocence d'une chanson Pop-Rock, dénonce les changements de patronymes imposés aux esclaves noirs et fustige les faux représentants de Dieu sur Terre ("Preacher, preacher, is it true? That Jesus wants me 2 give my money 2 the likes of u?"). Une pratique courante dans l'argumentaire des Témoins de Jéhovah, qui rejette toutes les autres religions, nouvelle preuve indiscutable que les références de l'artiste y sont piochées. Autre exemple : "Devil, devil what u know? U been here since 1914, but now u got 2 go". Selon le mouvement 1914 est la date du début de la destruction de la Terre par Satan.
Les arguments sont ambigus, Prince ne cite que des noms Juifs dans ses exemples (Rosembloom, Pearlman, Goldstruck), puis il conclut par la retransmission du fameux message de Martin Luther King, "I have a dream". Curieuse ambiance.

Moins équivoque, et tout aussi réussi sur le plan strictement musical, "The Everlasting Now" accélère le rythme pour un autre sermon pêchu, plus ouvert ("Share the truth, preach the good news, Don't let nobody bring u down"). 
L'album se conclu sur "Last december", où l'on retrouve les envolées Gospel entendues précédemment, sur des paroles synthétisant le message global du Wise One. "When the truth arrives, Will u b lost on the other side?", toujours sous ascendant des Jéhovah qui croient que 144 000 fidèles seront sauvés et monterons au Paradis, le reste de la population restant sur Terre lors du Jugement dernier. 

The Rainbow Children symbolise la résurrection de Prince, après une série d’évènements personnels douloureux (mort de son bébé en 1996, divorce en 1999). On peut faire abstraction de son message hautement religieux pour n'en garder que l'essentiel : sa musique. Cette grandiose fresque constitue le meilleur de Prince, sa renaissance artistique, et reste un des rares albums Studio de la période 1998-2008 totalement réussi.

samedi 19 novembre 2011

Avatar


(2009- Réalisé par J. Cameron) *** Edition Collector Version Longue

Dans le futur, un Marines devenu paraplégique se voit offrir une mission peu commune : remplacer son frère jumeau décédé, pour une expérience extraordinaire. Il part pour la planète Pandora où des scientifiques sont parvenus à créer des Avatars, des créatures ressemblant aux autochtones, les Na'vi, contrôlées par des humains.

Comme à son habitude le père Cameron ne tricote pas de la dentelle de calais, avec Avatar il rechausse ses sabots taille 52 (les mêmes que pour Titanic) et nous balance à la gueule son aventure entièrement constituée de money-shots. La machinerie maousse-costaud ne s’embarrasse pas du superflu. Non, ce n'est pas une étude fine du caractère humain; ce n'est pas non plus un habile thriller qui va jouer avec nos nerfs. Avatar c'est du divertissement grand spectacle à grande échelle, un pavé bigger-than-life où il est imprudent d'analyser les messages philosophico-écolo hyper-basiques, car on va alors se prendre le choux pour rien. 
Non, il faut calmement goûter à l'étalage jouissif d'une imagerie clinquante, une explosion de couleurs flashy d'un défilé de monstrosaures échappés d'une peinture hyperréaliste. Laisser se dérouler tranquillement un scénario dont on connait déjà le moindre soubresaut, et se bercer de la démarche chaloupée de Neytiri la Na'Vi, fantasme de sauvageonne bleutée si proche et pourtant si virtuel. Avatar est un voyage où la destination importe peu, inutile d'emporter ses valises.

mardi 1 novembre 2011

Monty Python - Almost the truth (The Lawyer's cut)


(TV - 2009) ****

Retour sur la carrière d'une des plus fabuleuses troupes Comique du 20e siècle, les Monty Python : Eric Idle, John Cleese, Graham Chapman, Terry Jones, Michael Palin et Terry Gilliam. Les images d'archives et les témoignages permettent de cerner les auteurs du Flying Circus et des grands films humoristiques des années 70-80.

Comme à leur habitude les Monty évitent d'être pesants lorsqu'on leur demande de ressasser leurs souvenirs. Mais les sujets qui fâchent sont quand même abordés de front : la fin de la série TV sans Cleese, les tensions lors des tournages des films, les problèmes d'alcool de Graham, etc. On regrette d'ailleurs que l'impayable hommage des Python à leur collègue décédé n'ait été inclus dans ces DVD (question de droits, évidemment). On y voit la troupe apporter l'urne funéraire de Chapman durant un plateau TV, prétexte à un des gags les plus énormes de l'Histoire Télévisuelle. Le documentaire retrace de belle manière l’œuvre Pythonesque, où comment six garçons dans le vent ont révolutionné l'Humour moderne.