samedi 28 décembre 2024

Deadpool & Wolverine

Ils reviennent pour sauver Marvel

(2024 - Réalisé par S. Levy) ***
Continuant à abuser des voyages temporels depuis son aventure précédente, Deadpool cherche à tout prix à reconstituer les Avengers originels des Comics. Mais après une ultime déconvenue, il décide finalement de reprendre son identité de Wade Wilson pour essayer de vivre normalement.
 
Dans un contexte de "Superheros fatigue" avec une suite de semi-réussites et de flops-complets dilués dans un océan de Séries, le fameux Cinematic Universe peinait à renouveler sa formule depuis son final époustouflant en 2019. Perdu dans les limbes des droits commerciaux entre les studios Fox et Disney, le trublion Deadpool était sans doute le seul à pouvoir sauver les meubles. Encore fallait-il que le producteur démiurge Kevin Feige autorise Ryan Reynolds à foutre le boxon et dire des gros mots. Dès que Hugh "Wolverine" Jackman a dit oui au projet, le porte-monnaie de Mickey s'est mis en mode open bar !
L'autre coup de génie du film est d'adresser la façon dont Deadpool, ex-propriété de la Fox pour le Cinoche, peut intégrer l'univers ultra polissé des Avengers façon Marvel. Dans les deux films précédents, Ryan Reynolds n'a cessé de se moquer du côté très manichéen et formulatique de toutes ces franchises. Et le voilà aujourd'hui obligé de les rejoindre. Évidemment il le fait avec son style décapant, en essayant d'abord de littéralement déterrer le cadavre de Logan dans sa tombe. Comme il ne peut pas toucher aux Stars les plus sacrées (et les plus chères) que sont Iron Man, Black Panther ou Captain America, qu'il ne peut marcher sur les plates bandes de ceux qui sont déjà en mode "déconne" (Thor, Guardians of the Galaxy) et qu'il doit laisser tranquille ceux qui s'en tirent bien tout seuls (Spiderman, Dr Strange) ou qui doivent se faire rapidement oublier (Eternals, The Marvels), il ne reste a priori plus grand monde de dispo ! 
 
Plutôt que de racler le fond du panier, les auteurs font ce qu'ils maîtrisent le mieux : une pluie de références plus ou moins obscures. Qui se souvient que Chris "Captain America" Evans joua dans une des innombrables versions des 4 Fantastiques ? Ou que Wesley Snipes incarna Blade et Jennifer Garner fût Electra ? Ce Deadpool 3 est un bel hommage à la petite décennie située entre la fin des "Batman" guignolesques de Joel Schumacher (1997) et le début de la trilogie adulée de Christopher Nolan (2005), avant que le raz-de-marée Marvelien ne finisse par tout engloutir (Iron Man et consorts, à partir de 2008). C'est durant ces quelques années que les X-Men prirent le leadership et renflouèrent les caisses de la Fox, avec les mutants du Professeur Xavier versus ceux de Magneto (qui inspirèrent sûrement la concurrence...) 
Deadpool & Wolverine navigue donc entre clins d'œil aux aficionados de cette époque déjà lointaine, y compris les purs et durs lisant les Comics originaux. On pense notamment à la séquence de la recherche du "bon" Wolverine et à la bataille finale dans laquelle une armée de variantes de Deadpool affronte les deux lascars, deux passages qui raviront les connaisseurs puisque fidèlement reproduites depuis les BD. 
Mais, revers de la médaille, cette avalanche de réfs est soutenue par un scénario à base d'univers parallèles qui paraît bien artificiel et difficile à suivre, surtout en comparaison avec les deux premiers opus et leurs intrigues tenant sur un post-it. Peut-être un moyen de moquer en douce le bordélique multivers des Avengers qui permet tout et n'importe quoi ? Heureusement que le duo fonctionne parfaitement et que Hugh Jackman réussi l'exploit de jouer son rôle de clown blanc face à l'auguste, en gardant intacte l'aura du personnage malgré les vannes qui fusent.
La tonalité générale respecte aussi le décalage du personnage principal, qui se prend pour le "Marvel Jesus" et qui, pour le coup, pourrait bien avoir raison et ressusciter la trop longue saga MCU qui commence à saouler tout le monde ! En tout cas, Deadpool entre dans la catégorie des (très) rares trilogies réussies au cinéma.
 

dimanche 10 novembre 2024

Destination Finale - L'intégrale

Prêt pour le grand 8 ?

Destination Finale (Final Destination - 2000 - Réalisé par J. Wong) ***
Des lycéens se préparent à prendre l'avion pour Paris, pour un voyage scolaire. Mais une fois à bord, Alex a une terrible prémonition où il voit l'appareil exploser en vol.

Destination Finale 2 (Final Destination 2 - 2003 - Réalisé par  D. R. Ellis) ***
Des potes roulent en direction d'un week-end de détente. Mais dans le trafic dense sur la route, Kimberly a une épouvantable prémonition où elle voit un gigantesque carambolage.
 
Destination Finale 3 (Final Destination 3 - 2006 - Réalisé par J. Wong) ****
Des copains passent la soirée dans un parc d'attractions. Mais au moment où ils prennent place dans le grand 8, Wendy a une effrayante prémonition où elle voit les wagons dérailler.
 
Destination Finale 4 (The Final Destination - 2009 - Réalisé par  D. R. Ellis) *
Des amis assistent à une course de voitures sur circuit. Mais tandis que les bolides passent devant eux, Nick a une sinistre prémonition où il voit un accident qui ravage leur tribune.
 
Destination Finale 5 (Final Destination 5 - 2011 - Réalisé par S. Quale) ***
Des collègues se rendent à un séminaire de travail. Mais alors que leur car traverse un grand pont suspendu, Sam a une horrible prémonition où il voit la structure s'effondrer. 
 
La recette d'un Slasher/Splatter réussi repose sur un bon casting, des morts inventives et un méchant mémorable. Destination Finale propose justement le bad guy ultime, la mort ! Et pour ne pas encombrer le cerveau des spectateurs, la formule reste la même tout au long de la saga : on ne peut échapper à son destin. Si vous ne succombez pas selon les plans établis par la grande faucheuse, elle trouvera toujours un moyen de vous zigouiller plus tard, dans un accident imprévisible. C'est tout l'intérêt (et, soyons honnête, le seul) de cette série de 5 films : découvrir quel enchaînement de circonstances va mener à la mort brutale de chacun des personnages. 
Le premier quart d'heure est toujours dédié à la "vision" du héros ou de l'héroïne. L'occasion de mettre en scène une catastrophe spectaculaire qui dévaste tout le casting ! Et à chaque fois, notre protagoniste se réveille et va sauver un petit groupe de chanceux juste avant le cataclysme. On prend ensuite un peu de temps pour découvrir les stéréotypes incarnés : le mec/la nana à la cool, le/la rebelle qui refuse d'y croire, l'intello expliquant le scénar à intervalle régulier, le/la fragile qui pète les plombs, etc. Mais rapidement le karma reprend ses droits et le massacre continue. 
 
Dès le premier DF, la mise en scène de chaque "accident" est un régal avec notamment le gars qui parvient à se pendre dans sa baignoire sans le faire exprès et la prof seule chez elle qui va finir poignardée avant de faire exploser sa baraque !
A partir de là, c'est l'escalade ;-) On monte en pression dès l'épisode 2 avec par exemple le gagnant du loto qui va échapper un long moment à sa destinée ou le pauvre garçon chez le dentiste qui fini en Panini Fromage. Le point culminant est atteint avec le 3e opus. La maitrise est parfaite, les acteurs et actrices excellents et les effets spéciaux succulents (pas encore entièrement en synthèse, nous sommes en 2006). Outre l'intro mortelle dans le grand 8 (dans tous les sens du terme), les incroyables séquences des cabines de bronzage, sur le titre Love Rollercoaster des Ohio Players, ou dans l'entrepôt de bricolage sont des purs bijoux de tension et de fun mêlés. Avec en prime une dénouement qui semble vouloir conclure définitivement la saga.
Ça se gâte malheureusement avec DF 4, très bâclé avec lors de sa sortie en salle un gimmick 3D bien énervant (tous les 20 ans, l'industrie essaye de nous refourguer cette techno), une intrigue vraiment trop basique et pire, des morts sans originalités ! Bref, une arnaque de producteurs uniquement destinée à traire la vache en capitalisant sur la franchise. 
Par bonheur le dernier film redresse la barre. Même si le début laisse craindre le pire avec des caricatures de caractères au-delà du risible, les auteurs retrouvent ce qui fait le sel de la chose. Un bon rythme (pas frénétique mais pas poussif non plus) et des séquences de morts sévèrement gores tantôt poilantes (le gros lourd au salon de massage), tantôt glaçantes (la fille dans la salle d'opération). L'histoire s'autorise même un petit pied-de-nez à la formule de la série lors de la confrontation finale et un twist plutôt malin dans l'épilogue.

vendredi 11 octobre 2024

Playlist Cinéma

Un voyage à travers une sélection de films

Playlist on SPOTIFY

Hello Marylin (V. Cosma - Un éléphant ça trompe énormément)
Rio ne répond plus (L. Bource - OSS 117 : Rio ne répond plus)
The Wild Horde (E. Morricone - Mon nom est personne)
Générique (P. Bachelet - Coup de tête)
Suspirium (T. Yorke - Suspiria 2018)
Dream is collapsing (H. Zimmer - Inception)
Main Title (D. Davis - Matrix Reloaded)
Burly Brawl (D. Davis/Juno Reactor - Matrix Reloaded)

Dance of the Dream Man (A. Badalamenti - Twin Peaks: Fire walk with me)
North by Northwest Overture (B. Herrmann - North by Northwest)
Theme from Superman (J. Williams - Superman)
Mexican Paradise (C. Bolling - Le Magnifique)
Gonna Fly Now (B. Conti - Rocky III)
Main Titles (Vangelis - Blade Runner)
Carol Anne's Theme (J. Goldsmith - Poltergeist)
Prelude (B. Herrmann - Psycho)
End Title (J. Goldsmith - Alien)
Debris (S. Price - Gravity)
Brothers in Arms (Junkie XL - Mad Max: Fury Road)
Speak softly Love (N. Rota - The Godfather Part II)
Dueling Banjos (E. Weissberg/S. Mandell - Deliverance)
Sirba (V. Cosma - Le Grand Blond avec une Chaussure Noire)
Ne nous fâchons pas (B. Gérard - Ne nous fâchons pas)
Le Père Noël est une ordure (V. Cosma - Le Père Noël est une ordure)
Soul Bossa Nova (Q. Jones - Austin Powers)


jeudi 10 octobre 2024

Furiosa - Une Saga Mad Max

Les 3 acteurs principaux : Chris Hemsworth, son faux nez et Anya Taylor-Joy
 
(2024 - Réalisé par G. Miller) ***
Des années après l'apocalypse, dans une des rares oasis préservées d'Australie survit le clan des Vuvalini. Un jour, la toute jeune Furiosa se fait enlever par des pillards à la solde du Seigneur de Guerre Dementus.
 
Ce "préquel" était-il absolument nécessaire ? Bien sûr que non. George Miller a-t-il eu raison de le faire quand même ? Bien sûr que oui. 
Sachant qu'il ne pouvait nous refaire le coup de Fury Road, notre homme bifurque comme à chaque fois avec sa saga quarantenaire. Cette fois-ci il place son récit dans un contexte d'origin story, un genre casse-gueule qui peut mener à la catastrophe (La Menace Fantôme) ou au chef d’œuvre (Incassable). Furiosa prend donc les commandes, comme c'était déjà le cas dans l'épisode de 2015. Et de Mad Max il n'est plus du tout question, remplacé un moment par un ersatz mutique nommé Jack.
Dans la pure tradition du genre, notre héroïne est déjà invincible dans sa jeunesse et le film s'attache à décrire tout ce qui va la mener là où elle doit se trouver lorsque débutera Fury Road. Avec seulement 4 ou 5 lignes de dialogues durant toute son aventure Furiosa ne s'exprime quasiment que par son regard, un tic que l'on retrouve chez beaucoup de réalisateurs lorsqu'ils filment le visage félin très cinégénique de l'actrice Anya Taylor-Joy. On se demande d'ailleurs si ce n'est pas un discret coup de canif à la morale pro-féministe du film où pratiquement tous les mâles sont bavards, difformes et psychotiques, y compris Chris Hemsworth dont l'appendice nasal lui vole la vedette à chaque gros plan, et dont les héroïnes sont belles mais ferment leur gueule ;-)
Les fans de l'épisode précédent retrouveront quelques courses-poursuites grandiloquentes, sans atteindre son niveau inégalable et avec une petite perte de qualité dans certains effets spéciaux. Les amateurs/trices de mondes post-apo se délecteront de la découverte de lieux mythiques tels que Pétroville ou le Moulin à Balles. Les mordu(e)s de la saga en apprendront plus sur la galerie de personnages peuplant cet univers infini. Quant à celles et ceux qui veulent connaître le destin de ce bon vieux Max Rockatansky, attendez la suite ?

dimanche 22 septembre 2024

Jeux de plateau : Saison 2023/2024 (Hybris, Frostpunk, Voidfall, Tiny Epic Dungeons, Hoplomachus, Imperium, Inventions, Wyrmspan)


Voidfall, champion du TOC !
     
Bienvenue ! 
Avec ce billet, qui sera je l'espère un rendez-vous annuel, nous inaugurons le récap' 2023/2024 de mes découvertes de jeux de plateau plus ou moins "experts". Ce bilan va prendre la forme d'une brève présentation de chaque jeu et d'un commentaire perso sur le rythme d'une partie (le flow, baby !). Il sera accompagné d'une notation "TOC", Taux d'Occupation du Cerveau, indiquant le niveau de complexité. 
Tous ces jeux sont présentés et joués en Solo sur ma chaîne Youtube Tonio Lagoule
Notez que j'achète toujours mes jeux (pas d'envois gratuits d'éditeurs), la plupart en version Française, les exceptions sont signalées.

La liste :
Hybris Disordered Cosmos
Frostpunk
Voidfall
Tiny Epic Dungeons
Hoplomachus Victorum
Imperium - Légendes
Inventions: Evolution of ideas
Wyrmspan

jeudi 8 août 2024

Dune - Deuxième Partie

La Force est avec lui

(2024 - Dune: Part two. Réalisé par D. Villeneuve) ****
C'est le temps de la revanche pour Paul Atréides, laissé pour mort par les Harkonnen dans les déserts d'Arrakis. Mais un grand défi attend le futur Muad'Dib : gagner la confiance des Fremen, en particulier celle de la belle Chani.
 
Comme attendu, les enjeux deviennent sérieux dans cette seconde partie de la saga. Le décor est planté, les protagonistes connus, on délaisse un peu le mysticisme contemplatif de l'épisode précédent pour une plongée plus concrète dans l'action. Le temps est compté pour nos héros qui doivent affronter de nouvelles menaces, avec un Harkonnen particulièrement bestial et l'intervention de l'Empereur en personne, tout en faisant face à leurs nombreux soucis personnels ! Entre la manipulation sournoise du Gene Besserit, la tension au sein des Fremen, une grossesse surprise et les tourments physiques et psychologiques des protagonistes dans une nature décidément très hostile, les révélations successives donnent au film une cadence plus soutenue sans que le réalisateur perde sa maitrise de l'image et du son.
Entre l'intime et l'ample, on retrouve le faux rythme du style Villeneuve qui divise toujours le public. Certains s'agacent des tics du réalisateur, ses lubies visuelles qui font par exemple soudainement basculer l'action dans un noir et blanc vibrant (l'arène Harkonnen) ou ses choix scénaristiques radicaux dans un roman probablement trop dense pour tout inclure. Mais ce parti pris est justement ce qui rend l’œuvre unique, une signature rendant hommage à la saga de Frank Herbert sans céder aux astuces des productions Hollywoodiennes à la mode. Une façon d'essayer de traverser l'épreuve du temps. On verra avec l'épisode 3 si cette version cinématographique de Dune est promise à un destin fabuleux, atteindre le statut de légende tragique à l'instar de son héros.

mardi 28 mai 2024

Oppenheimer

How can I save my little boy...

(2023 - Réalisé par C. Nolan) ****

L'histoire du directeur du Projet Manhattan, Robert Oppenheimer, en charge de créer la bombe atomique avec son équipe. Dans cette course à l'armement en pleine seconde guerre mondiale, on suit les implications philosophiques et les intrigues politiques qui vont poursuivre le scientifique dans les années suivant les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki.

Tirée du livre "American Prometheus", cette biographie se focalise évidemment sur l'événement central de la vie du célèbre physicien, la création de la première arme de destruction massive. Mais c'est aussi l'occasion pour le réalisateur d'en traiter les conséquences. Comme on s'y attend avec le Sir Nolan, ce n'est pas un biopic Hollywoodien classique auquel on a droit. En mélangeant les époques, le réalisateur parvient à gérer intelligemment la pléthore d'événements, d'obscurs protagonistes et de figures historiques qui ont jalonné la vie d'Oppenheimer. On se focalise sur trois périodes, son ascension dans les années 30, son travail sur la bombe parasité par ses sympathies Communistes supposées et son audition en 54 pour maintenir son habilitation de sécurité nationale.
On aborde ainsi toutes les facettes de cet homme, génie scientifique fuyant le nazisme, 
mari cédant à l'adultère, diplomate devant s'accommoder avec les fortes personnalités qu'il dirige et les embrouilles de ses supérieurs militaires et politiques. Plutôt que de tenter une explication technique et de s'appesantir sur des tableaux rempli de formules mathématiques imbitables, Nolan fait passer la complexité scientifique de l'élaboration de la bombe à travers de courtes et spectaculaires séquences presque abstraites, comme si nous étions au cœur des atomes et de la pensée.
Le grand débat sur le film concerne bien sûr la destruction des villes Japonaises en Août 1945 : fallait-il montrer l'horreur ? Comment fictionnaliser ce Mal absolu qui, selon certains, aura finalement épargné plus de vies qu'il n'aura fait de victimes ? Les auteurs ont préféré s'abstenir, mais la séquence du "test" est suffisamment explicite pour en démontrer les ravages et les "visions" du personnage principal font passer le message de manière plus subtile. De plus, Oppenheimer n'est pas un film sur la guerre. Une large partie est d'ailleurs consacrée aux tribulations juridiques de notre homme, pris entre ses auditions aux allures de procès hypocrite et son besoin égocentrique de reconnaissance publique. Pas simple à mettre en scène, il fallait un cinéaste et des auteurs à la hauteur de leur sujet. Contrat rempli !

jeudi 7 septembre 2023

Playlist Sons 90's

Playlist on SPOTIFY

Black Hole Sun   (Soundgarden, 1994)
Buena   (Morphine, 1993)
What is love?   (Deee-lite, 1990)
Common people   (Pulp, 1995)
Silver Groover   (F.F.F., 1993)
Narayan   (The Prodigy, 1997)

California Love   (2Pac, 1998)

Supersonic   (Oasis, 1994)
Park Life   (Blur, 1994)
In Bloom   (Nirvana, 1991)
Got 'til it's gone   (Janet Jackson, 1997)
Do me good   (Dag, 1994)

California   (Mylène Farmer, 1995)

Killing in the name of   (Rage against the machine, 1992)
Bittersweet Symphony   (The Verve, 1997)

Pure morning   (Placebo, 1998)

Revolution 909   (Daft Punk, 1997)

 

mardi 5 septembre 2023

Doctor Strange in the Multiverse of Madness

C'est le bordel multivers dans le cabinet du Docteur

(2022 - Réalisé par S. Raimi) ***
Tandis qu'il assiste au mariage de son ex Christine, Stephen Strange doit sauver des griffes d'un monstre une jeune femme nommée America. Le Docteur a justement rêvé d'elle la nuit d'avant.
 
Cet épisode post-Infinity War est sans doute celui qui encapsule le mieux la difficulté pour les pontes de Marvel à prolonger le succès de la trop longue saga des Avengers. Comment se renouveler ? Qui pour remplacer les icônes ? Que raconter qui n'ait pas déjà été dit ? En s'appuyant sur le concept du multivers, déjà expérimenté avec Spiderman, on comprend que plus rien n'a d'importance. Tous les personnages existent en un nombre infini de versions, tous les univers sont possibles. Aucune mort, aucune victoire et aucun échec ne sont définitifs, tout est sans conséquence (ce qui, en y réfléchissant, était déjà le cas avec les voyages temporels du final d'Endgame). C'est d'autant plus le cas avec le Dr Strange, déjà expert en manipulation de la réalité et maître du temps. 
Avec Sam Raimi aux commandes (Evil Dead, Spiderman 2002/2007), on est assuré que ce "Multiverse of Madness" bénéficie d'un rythme soutenu, d'inventivité et d'images spectaculaires. Le film fonctionne plutôt bien au premier degré, tribulations sympathiques avec leur lot de clin d'œil aux spectateurs avertis (Bruce Campbell d'Evil Dead fait un caméo et le Professeur Xavier passe faire coucou). 
Côté scénario, on ne peut s'empêcher de lire un sous-texte politique. Scarlet Witch poursuit la jeune America Chavez, jeune femme hispanique dotée du pouvoir de changer d'univers. Elle espère trouver le monde où existent ses deux enfants pour vivre sa vie de Wanda, simple mère de famille comblée. On assiste donc à un combat entre une méchante sorcière capable de tordre la réalité pour tromper son monde (dont le désir le plus ardent est d'être mère au foyer) et un duo de héros experts en "changement d'univers". 
Le film étant sorti deux ans après la fin de la gouvernance Trump aux USA, on voit le lien entre l'ex-président, troll d'extrême-droite spécialiste de la fake news et populiste prêt à toutes les impostures, face au camp Démocrate et son désir de changer la société. Strange doit littéralement sauver l'Amérique (l'héroïne s'appelle America et elle fût élevée par deux mères !) face à une ennemie menteuse qui créé des fausses réalités. Pour appuyer un peu plus le message pas super subtil, l'aventure emmène nos protagonistes sur une terre alternative protégée par les Illuminati, groupe composé entre autre d'une version féminine de Captain America et d'une Captain Marvel noire. Rappelons que les Illuminati sont une des plus fameuses théories complotistes de l'Histoire, servant de matrice aux cinglés de tout poil. Pas sûr que le public traditionnel du MCU soit intéressé par ses thématiques et pas sûr non plus que les militants politiques purs et durs soient passionnés par un énième épisode de super-héros au cinéma.

vendredi 4 août 2023

Ready Player One

Même en 2045 on aura toujours l'air con avec un casque VR

(2018 - Réalisé par S. Spielberg) ***
Dans un futur proche les gens passent leur temps dans l'Oasis, monumental univers virtuel ludique. C'est le cas du jeune Wade Watts, alias Parzival, à la recherche des 3 Clés donnant accès à une fabuleuse récompense.
 
Apparemment le livre était déjà un hommage constant à la culture Pop Étasunienne, le film de tonton Steven l'est aussi. Des références les plus "grand public" aux plus hardcores (Buckaroo Banzaï, Atari 2600, Chucky...), chaque personnage en arrière plan, chaque poster sur un mur, chaque jouet sur une étagère, chaque citation dans un dialogue fait appel à la nostalgie de celles et ceux qui furent ados entre les années 80 et 2010. Et encore, Spielberg a dû limiter les mentions de ses propres films, parait-il trop nombreuses dans le bouquin, pour éviter de s'autoparodier constamment ! 
Passé le plaisir coupable de choper toutes les réfs et la frustration d'en louper douze à la minute, que reste-t-il ? Des séquences "action" essentiellement virtuelles reliées entre elles par une basique histoire de chasse au trésor (résoudre l'énigme, affronter le danger, prendre l'objet, recommencer). Bref, de la quête standard de jeu vidéo. Les courses de bagnoles et les affrontements massifs ressemblent furieusement à des cinématiques ultra chiadées, malgré le fait que tout a été incarné et capturé à partir des vrais acteurs.
Ce n'est que lorsqu'il s'éloigne des poncifs que le réalisateur nous intéresse, par exemple dans le night-club (enchaînement parfait Blue Monday/Staying Alive ;-) ou avec la recréation maniaque de l'hôtel de The Shining (scène qui n'est même pas dans le livre, nous dit-on dans les suppléments du Blu-Ray). Une production qui est un mix entre les Indy et Tintin, déjà Made in Spielberg, avec un petit goût de Goonies (aussi produit par le Boss) et rehaussée par des mouvements de caméra très dynamiques et une frénésie de péripéties qui masquent la maigreur du scénario et des personnages.

mercredi 26 juillet 2023

FINAL GIRL (Jeu de société)

 

Final Girl - Van Ryder Games

Final Girl se base sur l'archétype de la Dernière Survivante, bien connu des amateurs de films de série B ou Z. Entrée en force dans les Slashers des 70's, notamment avec Massacre à la tronçonneuse, puis développée dans Halloween et consorts, cette notion donne à une femme le rôle de protagoniste principale qui, contrairement aux stéréotypes, n'est pas une victime face à la menace. Elle l'affronte et triomphe sans l'aide d'un Chevalier servant. Ce rôle culmine avec les personnages d'Ellen Ripley (Alien) et de Sarah Connor (Terminator).
 
Il est parfois des concepts tellement évidents qu'on se demande pourquoi personne n'y avait pensé avant. Avec Final Girl, on se doute que d'autres ont tenté de créer un jeu de plateau basé sur des Slashers. Il en existe même sûrement de très bons. Mais le coup de génie des auteurs Evan Derrick et A. J. Porfirio est d'avoir su concevoir un système qui peut s'adapter à tous les styles de films de genres, qu'ils soient d'horreur ou paranormaux, avec des monstres terrifiants ou des psychopathes patibulaires, en mode gore brutal ou thriller psychologique subtil. 
Et pour renforcer la thématique, on ne peut y jouer qu'en solo. Parce que pour affronter l'ignoble salopard lors du final, il ne peut en rester qu'une.

La boite de base donne accès au matériel commun à toutes les histoires : manuel des règles, plateau Joueur, cartes d'actions génériques, jetons, meeples et six dés écarlates. Pour moins de 20€ c'est donné, me direz-vous, mais il y a un hic... Vous avez le magnétoscope, il vous manque la cassette VHS du film !

Pour lire la suite, soyez sympas, rembobinez.
 

mardi 31 janvier 2023

Chromosome 3

Une progéniture turbulente

(The Brood - 1979 - Réalisé par D. Cronenberg) ****

Frank Carveth, père divorcé, vient chercher sa fille de 5 ans qui a passé un week-end avec sa mère traitée pour ses troubles psychologiques dans un institut spécialisé. Il assiste à une session publique où le Dr Raglan fait une démonstration de sa méthode de soin peu orthodoxe. De retour à la maison, Frank constate que son enfant a le dos couvert de traces de coups.

Il y a des films que ma génération n'a pu découvrir qu'à la télé, car nous étions trop jeunes au moment de leurs sorties en salles : Alien, L'Exorciste, Massacre à la tronçonneuse... Chromosome 3 fut un traumatisme aussi puissant pour moi que les chefs-d’œuvre cités, lors de mon premier visionnage à la téloche, jeune ado. Ses petits monstres au visage anguleux, surgissant dans les endroits intimes ou familiers (dans la cuisine, sous le lit, à l'école !) et d'une sauvagerie inouïe, sont une des créations les plus marquantes dans le genre.
David Cronenberg atteint ici la maitrise de son histoire et de sa mise en scène, après des débuts prometteurs mais fauchés (Frissons, Rage).
Le film fonctionne en tant que pure production horrifique et traite aussi un sujet grave. Le supplément d'âme vient des interprètes et d'un scénario plutôt gonflé, aux multiples niveaux de lecture. La mère maltraitante est sublimement incarnée par l'actrice Samantha Eggar, en quelques séquences elle fait exister ce rôle exalté qui aurait pu facilement basculer dans le ridicule. La révélation finale grandiloquente est un choc esthétique et moral très malaisant. Le père est à la fois victime et combatif, reflet de ce qu'à véritablement enduré Cronenberg lors de son divorce mouvementé. Il vit le cauchemar de tout parent, savoir son enfant en danger sans pouvoir agir légalement. On peut y trouver un écho moderne, où la haine virtuelle anonyme des réseaux sociaux peut s'acharner sur un individu et finir par se concrétiser dans le réel, sans contrôle légal.
A ce casting parfait s'ajoutent des sous-textes qui vont au-delà du simple film d'épouvante. L'auteur voulait montrer son expérience d'une séparation qui se passe mal, en donnant le mauvais rôle à la mère plutôt qu'au père. Le fiel de cette femme paumée trouve malgré tout une explication et cette douleur incontrôlable sera sans doute transmise à sa descendance, à la vue du dernier plan du film. On peut y voir aussi une critique des sociétés occidentales des années 70, promptes à fonder de nouveaux dogmes basés sur des "sciences" balbutiantes. Le Docteur Raglan,
sous le regard perçant d'Oliver Reed, est la personnification de ces apprentis-sorciers appliquant des méthodes douteuses sur des cobayes à leur merci, avec des résultats catastrophiques.
Le mélange des genres, entre drame familial, film Fantastique,
body horror âpre et thriller psychologique, est la signature de la "patte" Cronenberg avec ses thèmes de prédilection obsessionnels. Cette histoire très personnelle permet au cinéaste d'assoir le style qui va l'imposer comme un artiste unique pour les décennies qui suivront.

samedi 3 décembre 2022

On se calme et on respire par le nez, un Guide SPIRIT ISLAND pour les novices

 
par l'Esprit serviable "Aspirant Calfeutré Bienfaiteur Des Arpettes"
 
Vous contemplez votre plateau de Spirit Island, le regard perdu dans la multitude de petites figurines blanches qui se sont accumulées tour après tour sur votre île. Le prochain ravage provoquera votre perte, une fois de plus. Submergé par les envahisseurs et la désolation, vous écumez le web à la recherche d'une solution (vidéos how to play, forums d'aides, sites de rencontres). 

Qui vous sauvera sur ce Titanic ? Qui sera le Jack de votre Rose ?

Plus qu'une bouée de sauvetage, vous avez besoin d'apprendre à nager dans les eaux peu tranquilles entourant votre île. Et surtout, comprendre ce qui se trame derrière ce jeu en apparence si simple. 


Pour reprendre vos Esprits, cliquez sur la suite.

jeudi 28 juillet 2022

The Batman

 
"Qui a pété ?"

(2022 - The Batman - Réalisé par M. Reeves) ***
Un justicier solitaire, se faisant appeler Batman, fait régner la terreur parmi la pègre de Gotham. Mais en pleine période d'élection, le mystérieux "Riddler" assassine le maire.
 
Encore une fournée "Batman", comme tous les quatre ans. Rien de nouveau, on perpétue la lignée lancée par Christopher Nolan en 2005, à savoir une version ultra-réaliste et hyper-déprimante de notre héros à grosse voix. Ce nouveau film de près de 3 heures est d'ailleurs une sorte de condensé de la trilogie Nolanienne, en moins efficace. On y retrouve le même arc narratif pour Bruce Wayne, figure sombre du "vigilante" façon fantasme d’extrême-droite, un riche citoyen qui se fait justice lui-même et lutte contre son trauma d'enfance, dans une ville corrompue jusqu'à la moelle. On essaie d'imiter la folle performance de Heath "Joker" Ledger dans Dark Knight, avec un Paul Dano qui joue son Riddler comme son rôle dans "There will be blood". On pioche également dans la thématique de Dark Knight Rises (aussi reprise dans le Joker de 2019), avec un message de complotisme généralisé des élites contre le peuple et un méchant qui soulève une troupe de laissés-pour-compte pour affronter le système dominant. Tout baigne dans le manichéisme le plus élémentaire, dans une ambiance quasi-permanente de nuit poisseuse et de décors délabrés sous une morne pluie.
Le scénario sauve les meubles, c'est le point fort de cet épisode. On nous épargne une énième séquence sur la mort des parents Wayne et la "fausse" vie de milliardaire de Bruce, pour plonger directement au cœur du sujet dès le début du film. Batman est déjà une figure connue et redoutée des criminels, ses activités "officielles" de milliardaire ne sont pas montrées. En tant que justicier masqué il va être la cible de plus en plus évidente d'un psychopathe qui va patiemment mener notre héros à douter, au cours d'une enquête où les convictions des uns et des autres s'écroulent. La performance de Robert Pattinson, encore plus "mâchoires serrées" que Christian Bale chez Nolan, aide à faire passer la pilule d'une production trop étirée en durée.
Le reste du casting est un sans faute qui soutient cette lourde démonstration de dépression générale, de Catwoman au Pingouin en passant par Falcone, chacun jouant une note unique mais parfaitement tenue.

jeudi 23 juin 2022

Matrix Resurrections

L'élu unique est plusieurs.
 
(2021 - The Matrix Resurrections - Réalisé par L. Wachowski) ***
En explorant dans l'ancienne Matrice la fameuse séquence où Trinity affronte des agents dans un hôtel, la jeune Bugs découvre un moyen de réveiller Neo pour le sortir de sa prison virtuelle. Ce dernier est en effet amnésique, vivant sa vie sous son identité de Thomas Anderson, programmeur vedette d'une grande trilogie de jeux vidéo appelée... Matrix !

Les lois du commerce étant ce qu'elles sont, ce n'était qu'une question de temps pour qu'un remoot (remake/reboot) de Matrix surgisse. Lana Wachowski et la Star Keanu Reeves sont parvenus à repousser l'échéance le plus loin possible, mais un nouvel épisode était... inévitable (That's the sound of inevitability, comme disait l'agent Smith), il fallait ressusciter les morts pour régurgiter la même rengaine. Que faire alors, lorsqu'on a déjà tout dit dans sa trilogie mais qu'on ne veut pas l'abandonner ? Œuvre "Meta" par excellence, voilà donc l'occasion de faire un commentaire sur ce qui s'est passé depuis Matrix Revolution dans l'industrie des blockbusters États-uniens (contrôlés par Marvel/Disney depuis 15 ans).
L'auteure abandonne malheureusement ses ambitions en terme de mise en scène. Planqués derrière une histoire qui dédouble l'élu en deux entités féminin/masculin, on ne retrouve pas les combats chorégraphiés étourdissants d'il y a 20 ans, le "bullet time" ayant été plagié jusqu'à la nausée. Notre Néo est bien fatigué, son reflet dans le miroir montre un vieux type chauve, une manière de transgresser la figure Disneyienne de Superhéros synthétiques et asexués. Il traverse le film en état d'hébétude permanente, son rôle consistant à comprendre qu'il n'est rien sans Trinity et d'aller la secourir dans le monde "réel" afin qu'elle accomplisse sa destinée (exactement l'inverse de la trilogie). Bref, on sent bien que cette revisite n'est qu'un prétexte.
Le scénario est une mise en abyme torturée : Néo est retourné a son état initial dans le monde virtuel, il est Thomas Anderson et avale une pilule bleue chaque matin ! On se délecte de quelques séquences de réunions "brainstorming" bien cyniques où les commerciaux de Warner Bros préparent l'épisode IV de leur franchise (ce qui doit correspondre parfaitement à ce qu'à dû endurer Miss Wachowski pour ce film). Trinity a tout oublié, elle aussi, elle est une mère de famille qui fréquente le même café que notre pauvre héros (quel hasard !).
On s'amuse à repérer le retour des figures connues de la saga : Morpheus (sa pilule rouge et son dojo d'entrainement), l'Agent Smith alias le Boss, l'Architecte réincarné en psy d'Anderson, Niobe qui poireaute depuis 60 ans dans le "vrai" monde, Sati l'enfant indienne rencontrée dans Matrix Révolutions... Tous sont en mode auto-référence, dans des versions plus ou moins parodiques. Les tropismes d'un produit cinématographique moderne de consommation de masse sont moqués : personnages unidimensionnels (il faut voir le Mérovingien gueuler qu'il reviendra se venger dans le prochain film), affrontements manichéens, prédominance des images de synthèse, intrigue faussement alambiquée. 
Et au service de quoi ? Le fil ténu sur lequel marche les scénaristes les oblige a chercher constamment un équilibre qui ne satisfait pas grand monde au final. Osciller entre les messages méta-philosophiques, la nostalgie, les commentaires sur l’œuvre dans son époque et les money-shots grand spectacle, ça provoque quelques satisfactions pour le spectateur réceptif mais confirme un sentiment de superficialité. Ce qui, comme je le disais en intro, est sans doute ce que voulait raconter ce Matrix Résurrections. 22 années ont passé depuis l'épisode fondateur, l'heure n'est plus à la critique du "système" et au choix entre réalité et illusion : les pilules rouges ou bleues ont depuis été assimilées politiquement. Le discours du film se déplace donc vers l'importance de faire sens pour retrouver ce qui compte au final, la sincérité d'une autrice qui veut nous parler d'une histoire simple et vraie : l'Amour éternel entre deux êtres humains.