lundi 30 avril 2018

Street Trash

Street Trash, tirez la chasse !
(1987 - Réalisé par J. Muro) ***

Dans un quartier mal famé de New-York, squatté par une bande de clochards, le patron d'un magasin d'alcool découvre dans sa cave une caisse d'un mystérieux breuvage. Bientôt les bouteilles de "Viper" commencent à circuler, avec des effets dévastateurs.

Dans la famille "Gore" on avait eu le réalisme Italien des 70's, Cannibal Holocaust et consort, le documentaire morbide genre "Faces of death" ou encore le style Splatter/Slasher façon "Vendredi 13". Street Trash, avec son cousin "Bad Taste" de Peter Jackson (oui, celui du Seigneur des anneaux) sorti la même année, est la version "Comics" du genre. 
L'histoire suit une bande d'affreux, sales et (presque tous) méchants. Qu'ils soient à la rue, mafieux ou policiers, tous sont psychopathes à des degrés variés et la plupart connaissent des destins peu enviables. Street Trash est un portrait des laissés-pour-compte d'Amérique du nord qu'Hollywood se garde bien de montrer sur grand écran, à l'époque du triomphe des héros idéologiques Stallone et Schwarzy de la décennie Reagan (respectivement Cobra / Rambo / Rocky et Conan / Commando / Predator dans les 80's) 
Mais plutôt que de verser dans le drame sérieux, les auteurs préfèrent basculer dans le grand-guignol. On va donc suivre les aventures de plusieurs personnages dont l'activité principale consiste à glander dans une casse Auto et survivre dans un monde en décrépitude physique et morale. La consommation d'une nouvelle boisson mortelle va accélérer leur déclin et déclencher une enquête de police. Tout cela filmé à la manière d'un Evil Dead (caméra Steadicam planant dans le décor) avec des échappées vers les Classiques du film de genre, lorsque les miséreux surgissent dans la décharge par une nuit bleutée comme les morts-vivants de Romero, ou lorsque Bronson trône dans son dépotoir comme un anti-héros post-apocalyptique évadé de Mad Max.
Avec un nom qui veut dire littéralement "Ordures de rue", on ne peut s'attendre à une réflexion subtile et délicate. Et pourtant, passés les moments gores où les corps se liquéfient en matières acidulées suite à l'absorption du maudit liquide, par delà les séquences faites pour choquer le bourgeois (dégueulis, pipi, lancer de bite coupée, viol en groupe), Street Trash nous parle en particulier d'un vétéran du Vietnam que la guerre a rendu fou et d'un flic qui pratique une justice expéditive pas meilleure que les dégénérés qu'il traque. Soit une petite touche politique dans un joyeux foutoir de série B du samedi soir, tellement énorme qu'on ne peut qu'en rigoler. 

samedi 28 avril 2018

Star Wars VIII: Les derniers Jedi

(Star Wars VIII: The Last Jedi - 2017 - Réalisé par R. Johnson) **

The Last Haircut

Il y a pas très longtemps,
dans une galaxie proche, très très proche...
La franchise Star Wars a conquis une nouvelle génération.
Grâce aux jouets BB8, les dollars ruissellent sur les actionnaires.
Cependant un cruel dilemme taraude les Sombres Seigneurs Sith de Disney :
Doivent-ils continuer à photocopier la Trilogie Classique ou risquer d'écrire un scénar ?


Après avoir résumé l'entière Trilogie Classique en un seul épisode (voir notre billet sur l'épisode VII), on se demandait ce qu'il adviendrait de la suite de Star Wars VII : Un Nouvel Espoir Le Réveil de la Force.

Papy Mickey allait-il continuer sur sa lancée en poursuivant son remoot (remake+reboot) ?
Verrait-on le fantôme de Dark Vador former son jeune disciple Kylo Ren dans un marais insalubre ?
Rey et Finn tomberaient-ils amoureux pour finir cruellement séparés, sur un dialogue poignant ("I love you", "I know") ?
Super-Luke affronterait-il Suprême-Snoke pour lui trancher la main lorsque ce dernier lui annoncerait "Luke, je suis ton grand-père" ?
La Générale Leia sacrifierait-elle sa vie pour sauver la Résistance ?
Yoda et Obi-Wan feraient-ils un bref coucou depuis l'au-delà ?
R2D2 et BB8 proposeraient-ils à C3PO un plan à trois ?

En avant le spoil !

Finalement l'épisode de 2017 nous a bien eus. Il est l'exact opposé de son prédécesseur et s'amuse à broyer tous les codes de la saga. Là où l'épisode précédent tentait de réconcilier tout le monde autour d'un rassurant retour aux sources, agissant comme une remise à zéro pour repartir sur les bases de la trilogie originelle, "Les Derniers Jedi" prend un malin plaisir à casser le mythe, prouvant que les pontes de Disney ne savent pas vraiment quoi faire avec cette encombrante saga, à part gagner des milliards de dollars. Ils tentent d'insérer le culte Starwarien dans une formule de série annuelle, à l'instar des mastodontes du 21e siècle, Marvel et ses innombrables héros qui squattent les écrans à un rythme effréné (20 films en 10 ans !). Mais l'univers Star Wars est-il suffisamment étoffé pour le supporter ?

Le but de l'épisode VIII est donc de casser les codes. C'est ce que font toutes les scènes d'introduction des personnages : Poe Dameron se fout du discours grandiloquent de méchant typique du général Hux, Finn est découvert errant dans sa combinaison pleine de fuites d'eau, Kylo Ren est humilié par Snoke et, de rage, en pète son casque noir symbolique, Luke balance avec désinvolture son sabre-laser ramené par Rey. Plus tard le fantôme de Yoda détruit volontairement les archives Jedi sacrées. Le message est clair : YOLO, tout n'est que foutaise.

Les actions des Héros sont toutes vouées à l'échec. La mission de Finn, Rose et BB8 au casino se conclu par la mise au cachot du trio sans qu'ils aient pu contacter le hackeur. Ils s'enfuient grâce à l'aide d'un brigand minable, DJ, qui finira par les trahir pour de l'argent et les empêchera ainsi de mener à bien leur projet pour sauver les derniers résistants poursuivis par Hux.
Rey n'obtient pas la formation Jedi qu'elle espérait de la part de Luke, elle échoue à convaincre Kylo de changer de camp et elle apprend que ses parents étaient des gens ordinaires sans pouvoirs particuliers. Poe trahi sa chef, l'amirale Holdo, en la mettant aux arrêts alors qu'elle avait un plan secret pour sauver la Résistance. Ce faisant le petit groupe subit de lourdes pertes humaines, en plus du sacrifice de tous les bombardiers au début du film suite au refus de Poe d'obéir aux ordres de Leia. Holdo n'aura pas d'autre choix que de jeter son vaisseau sur ses poursuivants, ajoutant une mort de plus au tableau de chasse macabre de Poe.
On apprend que Luke, pendant la formation Jedi du jeune Kylo Ren, a voulu tuer son disciple car il sentait son coté obscur. Son échec a alors renforcé Kylo dans sa décision de joindre Snoke. Luke est à présent persuadé que perpétuer la lutte entre Jedi et Siths est la cause des conflits, à cause de la notion de Balance universelle qui est la nature même de la Force, cet équilibre liant toute chose.
Et en parlant de Snoke, il disparaît sans qu'on ait eu la moindre explication sur ses origines, ses motivations et surtout son manque de clairvoyance face à son disciple qui le tranche en deux par surprise. C'est la bérézina pour les Siths !
Lors du conflit final, les derniers survivants de la résistance se regroupent dans leur bunker. Le Général Hux et Kylo mènent une impressionnante armada de Walkers et de Tie-Fighters pour les éliminer définitivement. Tandis que Rey et Chewie se battent dans le ciel, Finn, Poe et Rose décident d'une contre-attaque au sol, ils se lancent dans un assaut désespéré à l'aide de vieux Speeders. Dans un geste sacrificiel Finn va se jeter sur le canon géant qui va pulvériser le bunker. Mais là encore c'est un fiasco puisque Rose l'en empêche en se blessant gravement au passage !

Ce rapide résumé prouve que ce Star Wars est plus proche de la seconde trilogie que de la première, ce qui n'est pas un compliment. On sauve tout de même le jeu intense des deux acteurs principaux, Rey et Kylo, qui mettent toute leur hargne et leur conviction pour rendre crédible leur relation conflictuelle et passionnée.
Reste quelques bonnes séquences d'action, une touche d'humour sacrilège bienvenue (comme ce plan furtif où un fer à repasser est filmé comme un vaisseau spatial !) et la conclusion de l'arc narratif d'un des personnages les plus emblématiques de la saga, Mister Luke Skywalker soi-même. Il tire sa révérence de belle manière en appliquant à la lettre le crédo du film : on apprend plus de ses échecs que de ses victoires. Mais cela ne suffit pas à faire des "Derniers Jedi" une bonne cuvée Star Wars. Son intérêt est de créer un suspens malsain concernant sa suite : comment les auteurs vont-ils recoller les morceaux du puzzle et écrire une conclusion crédible à cette 3e trilogie ?


Epilogue
Comme nous l'avions fait il y a deux ans, voici pour conclure quelques prédictions personnelles concernant l'épisode IX de 2019 :

- Retour sur la planète Jakku pour Rey, accompagnée de Finn, pour trouver sa véritable origine.
- Poe et Rose affrontent le traître DJ.
- Un flashback raconté par Maz Kanata montre l'origine de Snoke.
- Chewbacca se sacrifie avec le Millennium Falcon pour sauver la Résistance.
- Destruction de l'endroit où Leia s'est retirée, sur ordre de Hux.
- Kylo tue Hux.
- Le fantôme de Leia aide Rey lors de son affrontement final contre Kylo.