samedi 28 décembre 2024

Deadpool & Wolverine

Ils reviennent pour sauver Marvel

(2024 - Réalisé par S. Levy) ***
Continuant à abuser des voyages temporels depuis son aventure précédente, Deadpool cherche à tout prix à reconstituer les Avengers originels des Comics. Mais après une ultime déconvenue, il décide finalement de reprendre son identité de Wade Wilson pour essayer de vivre normalement.
 
Dans un contexte de "Superheros fatigue" avec une suite de semi-réussites et de flops-complets dilués dans un océan de Séries, le fameux Cinematic Universe peinait à renouveler sa formule depuis son final époustouflant en 2019. Perdu dans les limbes des droits commerciaux entre les studios Fox et Disney, le trublion Deadpool était sans doute le seul à pouvoir sauver les meubles. Encore fallait-il que le producteur démiurge Kevin Feige autorise Ryan Reynolds à foutre le boxon et dire des gros mots. Dès que Hugh "Wolverine" Jackman a dit oui au projet, le porte-monnaie de Mickey s'est mis en mode open bar !
L'autre coup de génie du film est d'adresser la façon dont Deadpool, ex-propriété de la Fox pour le Cinoche, peut intégrer l'univers ultra polissé des Avengers façon Marvel. Dans les deux films précédents, Ryan Reynolds n'a cessé de se moquer du côté très manichéen et formulatique de toutes ces franchises. Et le voilà aujourd'hui obligé de les rejoindre. Évidemment il le fait avec son style décapant, en essayant d'abord de littéralement déterrer le cadavre de Logan dans sa tombe. Comme il ne peut pas toucher aux Stars les plus sacrées (et les plus chères) que sont Iron Man, Black Panther ou Captain America, qu'il ne peut marcher sur les plates bandes de ceux qui sont déjà en mode "déconne" (Thor, Guardians of the Galaxy) et qu'il doit laisser tranquille ceux qui s'en tirent bien tout seuls (Spiderman, Dr Strange) ou qui doivent se faire rapidement oublier (Eternals, The Marvels), il ne reste a priori plus grand monde de dispo ! 
 
Plutôt que de racler le fond du panier, les auteurs font ce qu'ils maîtrisent le mieux : une pluie de références plus ou moins obscures. Qui se souvient que Chris "Captain America" Evans joua dans une des innombrables versions des 4 Fantastiques ? Ou que Wesley Snipes incarna Blade et Jennifer Garner fût Electra ? Ce Deadpool 3 est un bel hommage à la petite décennie située entre la fin des "Batman" guignolesques de Joel Schumacher (1997) et le début de la trilogie adulée de Christopher Nolan (2005), avant que le raz-de-marée Marvelien ne finisse par tout engloutir (Iron Man et consorts, à partir de 2008). C'est durant ces quelques années que les X-Men prirent le leadership et renflouèrent les caisses de la Fox, avec les mutants du Professeur Xavier versus ceux de Magneto (qui inspirèrent sûrement la concurrence...) 
Deadpool & Wolverine navigue donc entre clins d'œil aux aficionados de cette époque déjà lointaine, y compris les purs et durs lisant les Comics originaux. On pense notamment à la séquence de la recherche du "bon" Wolverine et à la bataille finale dans laquelle une armée de variantes de Deadpool affronte les deux lascars, deux passages qui raviront les connaisseurs puisque fidèlement reproduites depuis les BD. 
Mais, revers de la médaille, cette avalanche de réfs est soutenue par un scénario à base d'univers parallèles qui paraît bien artificiel et difficile à suivre, surtout en comparaison avec les deux premiers opus et leurs intrigues tenant sur un post-it. Peut-être un moyen de moquer en douce le bordélique multivers des Avengers qui permet tout et n'importe quoi ? Heureusement que le duo fonctionne parfaitement et que Hugh Jackman réussi l'exploit de jouer son rôle de clown blanc face à l'auguste, en gardant intacte l'aura du personnage malgré les vannes qui fusent.
La tonalité générale respecte aussi le décalage du personnage principal, qui se prend pour le "Marvel Jesus" et qui, pour le coup, pourrait bien avoir raison et ressusciter la trop longue saga MCU qui commence à saouler tout le monde ! En tout cas, Deadpool entre dans la catégorie des (très) rares trilogies réussies au cinéma.
 

dimanche 10 novembre 2024

Destination Finale - L'intégrale

Prêt pour le grand 8 ?

Destination Finale (Final Destination - 2000 - Réalisé par J. Wong) ***
Des lycéens se préparent à prendre l'avion pour Paris, pour un voyage scolaire. Mais une fois à bord, Alex a une terrible prémonition où il voit l'appareil exploser en vol.

Destination Finale 2 (Final Destination 2 - 2003 - Réalisé par  D. R. Ellis) ***
Des potes roulent en direction d'un week-end de détente. Mais dans le trafic dense sur la route, Kimberly a une épouvantable prémonition où elle voit un gigantesque carambolage.
 
Destination Finale 3 (Final Destination 3 - 2006 - Réalisé par J. Wong) ****
Des copains passent la soirée dans un parc d'attractions. Mais au moment où ils prennent place dans le grand 8, Wendy a une effrayante prémonition où elle voit les wagons dérailler.
 
Destination Finale 4 (The Final Destination - 2009 - Réalisé par  D. R. Ellis) *
Des amis assistent à une course de voitures sur circuit. Mais tandis que les bolides passent devant eux, Nick a une sinistre prémonition où il voit un accident qui ravage leur tribune.
 
Destination Finale 5 (Final Destination 5 - 2011 - Réalisé par S. Quale) ***
Des collègues se rendent à un séminaire de travail. Mais alors que leur car traverse un grand pont suspendu, Sam a une horrible prémonition où il voit la structure s'effondrer. 
 
La recette d'un Slasher/Splatter réussi repose sur un bon casting, des morts inventives et un méchant mémorable. Destination Finale propose justement le bad guy ultime, la mort ! Et pour ne pas encombrer le cerveau des spectateurs, la formule reste la même tout au long de la saga : on ne peut échapper à son destin. Si vous ne succombez pas selon les plans établis par la grande faucheuse, elle trouvera toujours un moyen de vous zigouiller plus tard, dans un accident imprévisible. C'est tout l'intérêt (et, soyons honnête, le seul) de cette série de 5 films : découvrir quel enchaînement de circonstances va mener à la mort brutale de chacun des personnages. 
Le premier quart d'heure est toujours dédié à la "vision" du héros ou de l'héroïne. L'occasion de mettre en scène une catastrophe spectaculaire qui dévaste tout le casting ! Et à chaque fois, notre protagoniste se réveille et va sauver un petit groupe de chanceux juste avant le cataclysme. On prend ensuite un peu de temps pour découvrir les stéréotypes incarnés : le mec/la nana à la cool, le/la rebelle qui refuse d'y croire, l'intello expliquant le scénar à intervalle régulier, le/la fragile qui pète les plombs, etc. Mais rapidement le karma reprend ses droits et le massacre continue. 
 
Dès le premier DF, la mise en scène de chaque "accident" est un régal avec notamment le gars qui parvient à se pendre dans sa baignoire sans le faire exprès et la prof seule chez elle qui va finir poignardée avant de faire exploser sa baraque !
A partir de là, c'est l'escalade ;-) On monte en pression dès l'épisode 2 avec par exemple le gagnant du loto qui va échapper un long moment à sa destinée ou le pauvre garçon chez le dentiste qui fini en Panini Fromage. Le point culminant est atteint avec le 3e opus. La maitrise est parfaite, les acteurs et actrices excellents et les effets spéciaux succulents (pas encore entièrement en synthèse, nous sommes en 2006). Outre l'intro mortelle dans le grand 8 (dans tous les sens du terme), les incroyables séquences des cabines de bronzage, sur le titre Love Rollercoaster des Ohio Players, ou dans l'entrepôt de bricolage sont des purs bijoux de tension et de fun mêlés. Avec en prime une dénouement qui semble vouloir conclure définitivement la saga.
Ça se gâte malheureusement avec DF 4, très bâclé avec lors de sa sortie en salle un gimmick 3D bien énervant (tous les 20 ans, l'industrie essaye de nous refourguer cette techno), une intrigue vraiment trop basique et pire, des morts sans originalités ! Bref, une arnaque de producteurs uniquement destinée à traire la vache en capitalisant sur la franchise. 
Par bonheur le dernier film redresse la barre. Même si le début laisse craindre le pire avec des caricatures de caractères au-delà du risible, les auteurs retrouvent ce qui fait le sel de la chose. Un bon rythme (pas frénétique mais pas poussif non plus) et des séquences de morts sévèrement gores tantôt poilantes (le gros lourd au salon de massage), tantôt glaçantes (la fille dans la salle d'opération). L'histoire s'autorise même un petit pied-de-nez à la formule de la série lors de la confrontation finale et un twist plutôt malin dans l'épilogue.

vendredi 11 octobre 2024

Playlist Cinéma

Un voyage à travers une sélection de films

Playlist on SPOTIFY

Hello Marylin (V. Cosma - Un éléphant ça trompe énormément)
Rio ne répond plus (L. Bource - OSS 117 : Rio ne répond plus)
The Wild Horde (E. Morricone - Mon nom est personne)
Générique (P. Bachelet - Coup de tête)
Suspirium (T. Yorke - Suspiria 2018)
Dream is collapsing (H. Zimmer - Inception)
Main Title (D. Davis - Matrix Reloaded)
Burly Brawl (D. Davis/Juno Reactor - Matrix Reloaded)

Dance of the Dream Man (A. Badalamenti - Twin Peaks: Fire walk with me)
North by Northwest Overture (B. Herrmann - North by Northwest)
Theme from Superman (J. Williams - Superman)
Mexican Paradise (C. Bolling - Le Magnifique)
Gonna Fly Now (B. Conti - Rocky III)
Main Titles (Vangelis - Blade Runner)
Carol Anne's Theme (J. Goldsmith - Poltergeist)
Prelude (B. Herrmann - Psycho)
End Title (J. Goldsmith - Alien)
Debris (S. Price - Gravity)
Brothers in Arms (Junkie XL - Mad Max: Fury Road)
Speak softly Love (N. Rota - The Godfather Part II)
Dueling Banjos (E. Weissberg/S. Mandell - Deliverance)
Sirba (V. Cosma - Le Grand Blond avec une Chaussure Noire)
Ne nous fâchons pas (B. Gérard - Ne nous fâchons pas)
Le Père Noël est une ordure (V. Cosma - Le Père Noël est une ordure)
Soul Bossa Nova (Q. Jones - Austin Powers)


jeudi 10 octobre 2024

Furiosa - Une Saga Mad Max

Les 3 acteurs principaux : Chris Hemsworth, son faux nez et Anya Taylor-Joy
 
(2024 - Réalisé par G. Miller) ***
Des années après l'apocalypse, dans une des rares oasis préservées d'Australie survit le clan des Vuvalini. Un jour, la toute jeune Furiosa se fait enlever par des pillards à la solde du Seigneur de Guerre Dementus.
 
Ce "préquel" était-il absolument nécessaire ? Bien sûr que non. George Miller a-t-il eu raison de le faire quand même ? Bien sûr que oui. 
Sachant qu'il ne pouvait nous refaire le coup de Fury Road, notre homme bifurque comme à chaque fois avec sa saga quarantenaire. Cette fois-ci il place son récit dans un contexte d'origin story, un genre casse-gueule qui peut mener à la catastrophe (La Menace Fantôme) ou au chef d’œuvre (Incassable). Furiosa prend donc les commandes, comme c'était déjà le cas dans l'épisode de 2015. Et de Mad Max il n'est plus du tout question, remplacé un moment par un ersatz mutique nommé Jack.
Dans la pure tradition du genre, notre héroïne est déjà invincible dans sa jeunesse et le film s'attache à décrire tout ce qui va la mener là où elle doit se trouver lorsque débutera Fury Road. Avec seulement 4 ou 5 lignes de dialogues durant toute son aventure Furiosa ne s'exprime quasiment que par son regard, un tic que l'on retrouve chez beaucoup de réalisateurs lorsqu'ils filment le visage félin très cinégénique de l'actrice Anya Taylor-Joy. On se demande d'ailleurs si ce n'est pas un discret coup de canif à la morale pro-féministe du film où pratiquement tous les mâles sont bavards, difformes et psychotiques, y compris Chris Hemsworth dont l'appendice nasal lui vole la vedette à chaque gros plan, et dont les héroïnes sont belles mais ferment leur gueule ;-)
Les fans de l'épisode précédent retrouveront quelques courses-poursuites grandiloquentes, sans atteindre son niveau inégalable et avec une petite perte de qualité dans certains effets spéciaux. Les amateurs/trices de mondes post-apo se délecteront de la découverte de lieux mythiques tels que Pétroville ou le Moulin à Balles. Les mordu(e)s de la saga en apprendront plus sur la galerie de personnages peuplant cet univers infini. Quant à celles et ceux qui veulent connaître le destin de ce bon vieux Max Rockatansky, attendez la suite ?

dimanche 22 septembre 2024

Jeux de plateau : Saison 2023/2024 (Hybris, Frostpunk, Voidfall, Tiny Epic Dungeons, Hoplomachus, Imperium, Inventions, Wyrmspan)


Voidfall, champion du TOC !
     
Bienvenue ! 
Avec ce billet, qui sera je l'espère un rendez-vous annuel, nous inaugurons le récap' 2023/2024 de mes découvertes de jeux de plateau plus ou moins "experts". Ce bilan va prendre la forme d'une brève présentation de chaque jeu et d'un commentaire perso sur le rythme d'une partie (le flow, baby !). Il sera accompagné d'une notation "TOC", Taux d'Occupation du Cerveau, indiquant le niveau de complexité. 
Tous ces jeux sont présentés et joués en Solo sur ma chaîne Youtube Tonio Lagoule
Notez que j'achète toujours mes jeux (pas d'envois gratuits d'éditeurs), la plupart en version Française, les exceptions sont signalées.

La liste :
Hybris Disordered Cosmos
Frostpunk
Voidfall
Tiny Epic Dungeons
Hoplomachus Victorum
Imperium - Légendes
Inventions: Evolution of ideas
Wyrmspan

jeudi 8 août 2024

Dune - Deuxième Partie

La Force est avec lui

(2024 - Dune: Part two. Réalisé par D. Villeneuve) ****
C'est le temps de la revanche pour Paul Atréides, laissé pour mort par les Harkonnen dans les déserts d'Arrakis. Mais un grand défi attend le futur Muad'Dib : gagner la confiance des Fremen, en particulier celle de la belle Chani.
 
Comme attendu, les enjeux deviennent sérieux dans cette seconde partie de la saga. Le décor est planté, les protagonistes connus, on délaisse un peu le mysticisme contemplatif de l'épisode précédent pour une plongée plus concrète dans l'action. Le temps est compté pour nos héros qui doivent affronter de nouvelles menaces, avec un Harkonnen particulièrement bestial et l'intervention de l'Empereur en personne, tout en faisant face à leurs nombreux soucis personnels ! Entre la manipulation sournoise du Gene Besserit, la tension au sein des Fremen, une grossesse surprise et les tourments physiques et psychologiques des protagonistes dans une nature décidément très hostile, les révélations successives donnent au film une cadence plus soutenue sans que le réalisateur perde sa maitrise de l'image et du son.
Entre l'intime et l'ample, on retrouve le faux rythme du style Villeneuve qui divise toujours le public. Certains s'agacent des tics du réalisateur, ses lubies visuelles qui font par exemple soudainement basculer l'action dans un noir et blanc vibrant (l'arène Harkonnen) ou ses choix scénaristiques radicaux dans un roman probablement trop dense pour tout inclure. Mais ce parti pris est justement ce qui rend l’œuvre unique, une signature rendant hommage à la saga de Frank Herbert sans céder aux astuces des productions Hollywoodiennes à la mode. Une façon d'essayer de traverser l'épreuve du temps. On verra avec l'épisode 3 si cette version cinématographique de Dune est promise à un destin fabuleux, atteindre le statut de légende tragique à l'instar de son héros.

mardi 28 mai 2024

Oppenheimer

How can I save my little boy...

(2023 - Réalisé par C. Nolan) ****

L'histoire du directeur du Projet Manhattan, Robert Oppenheimer, en charge de créer la bombe atomique avec son équipe. Dans cette course à l'armement en pleine seconde guerre mondiale, on suit les implications philosophiques et les intrigues politiques qui vont poursuivre le scientifique dans les années suivant les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki.

Tirée du livre "American Prometheus", cette biographie se focalise évidemment sur l'événement central de la vie du célèbre physicien, la création de la première arme de destruction massive. Mais c'est aussi l'occasion pour le réalisateur d'en traiter les conséquences. Comme on s'y attend avec le Sir Nolan, ce n'est pas un biopic Hollywoodien classique auquel on a droit. En mélangeant les époques, le réalisateur parvient à gérer intelligemment la pléthore d'événements, d'obscurs protagonistes et de figures historiques qui ont jalonné la vie d'Oppenheimer. On se focalise sur trois périodes, son ascension dans les années 30, son travail sur la bombe parasité par ses sympathies Communistes supposées et son audition en 54 pour maintenir son habilitation de sécurité nationale.
On aborde ainsi toutes les facettes de cet homme, génie scientifique fuyant le nazisme, 
mari cédant à l'adultère, diplomate devant s'accommoder avec les fortes personnalités qu'il dirige et les embrouilles de ses supérieurs militaires et politiques. Plutôt que de tenter une explication technique et de s'appesantir sur des tableaux rempli de formules mathématiques imbitables, Nolan fait passer la complexité scientifique de l'élaboration de la bombe à travers de courtes et spectaculaires séquences presque abstraites, comme si nous étions au cœur des atomes et de la pensée.
Le grand débat sur le film concerne bien sûr la destruction des villes Japonaises en Août 1945 : fallait-il montrer l'horreur ? Comment fictionnaliser ce Mal absolu qui, selon certains, aura finalement épargné plus de vies qu'il n'aura fait de victimes ? Les auteurs ont préféré s'abstenir, mais la séquence du "test" est suffisamment explicite pour en démontrer les ravages et les "visions" du personnage principal font passer le message de manière plus subtile. De plus, Oppenheimer n'est pas un film sur la guerre. Une large partie est d'ailleurs consacrée aux tribulations juridiques de notre homme, pris entre ses auditions aux allures de procès hypocrite et son besoin égocentrique de reconnaissance publique. Pas simple à mettre en scène, il fallait un cinéaste et des auteurs à la hauteur de leur sujet. Contrat rempli !