dimanche 14 octobre 2001

Controversy (1981)

Dans notre série "Chroniquons un album de Prince 20 ans après sa sortie", voici venu le temps de...


Controversy (1981)

Controversy
Sexuality
Do me, Baby
Private Joy
Ronnie, Talk to Russia
Let's Work
Annie Christian
Jack U Off



Face B.
Dans cette suite directe de "Dirty Mind" Prince continue de creuser son sillon libertin, tout en politisant timidement son propos.
Coté cul il persiste dans la veine romantico-perverse avec l'un de ses slow les plus torrides, "Do me Baby", où on l'entend gémir à s'en dévisser la glotte devant l'élue de son cœur. Mieux, il dédie une chanson entière à popol, "Private Joy", dans laquelle il rend hommage à son "petit ange", son "jouet personnel", son "orgasmatron". Le ton primesautier du titre ferait presque oublier son contenu graveleux.
Et pour finir en apothéose érotique, "Jack U Off" est un hymne joyeux qui dresse une liste de tous les lieux où Prince pourra masturber madame : au cinoche, au resto, dans la bagnole de maman, ce garçon serviable dispose d'un doigté expert ! 

Aux cotés de ses titres qui confirment ce qu'on avait appris avec l'album précédent, on déguste le single "Controversy", électro-Funk ultra efficace qui devient la carte de visite du personnage ("Am I black or white ? Am I straight or gay ?"). Il se place au coté de "Let's Work" comme emblème du style à présent bien défini de l'artiste, un croisement unique de toutes ses influences Rock, Funk et même Pop, absorbée par le jeune Nelson dans son enfance. Et même si les textes commencent à tourner en rond ("I'd love to turn you on, I'd work you all night long", il radote l'ami Maniaco), les compositions, elles, gagnent encore en savoir-faire. 

L'autre titre notable est "Sexuality", qui contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser n'est pas une nouvelle supplique à la débauche mais un surprenant appel à la révolution ! Et oui, Prince commence à lever les yeux de son nombril et de ce qu'il y a juste en dessous. Le message reste touchant de naïveté, oublions nos différences en nous mettant à poil, mais c'est sa première incursion dans le réel. 
Il lorgne du coté de la new-wave avec l'autre titre "sérieux" de l'album, "Annie Christian", dans lequel il aborde plusieurs sujets d'actualité très dramatiques de l'époque : le meurtre de John Lennon, un Serial Killer ayant tué plus de vingt enfants et ados noirs à Atlanta et une affaire de corruption d'élus américains (l'affaire de l'ABSCAM). Dans une ambiance glaciale de sons synthétiques, Prince y dépeint une société ultra violente et raciste sous un vernis religieux.
Cette chanson est le contre-pied parfait de "Ronnie talk to Russia", nettement moins convaincante musicalement parlant, qui répète en boucle un message d'une importance capitale : que le Président des USA cause à celui de l'URSS avant que ça pète ! Waow, ça c'est de l'analyse politique ! 

Conclusion d'une trilogie commencée avec les albums "Prince" et "Dirty Mind", "Controversy" est aussi la dernière production qui "sonne" 70's (en 1981, il était temps !). Prince y cultive son image de jeune obsédé mais se rhabille sur la pochette, ajoutant une dimension plus réfléchie dans les thèmes abordés, histoire d'être pris au sérieux. Et surtout il muscle encore ses compositions, acquiert une maîtrise qui lui permet d'imposer définitivement son style. Bref, il est prêt pour la gloire.

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