mercredi 22 février 2006

GRANDIA III

Fun 7/10
Technique 9/10
Style Jeu de Rôle
Editeur / Langue Square Enix / Import USA
Infos 2 DVD / 1 Player / Memory Card 85 Kb / Digital & Analog Control



Yuki in the Sky (with diamonds ?)

Le jeune Yuki n'a pas de chance dans la vie. Non seulement il a un prénom de chien mais en plus ses exploits de pilote d'avion sont loin d'égaler ceux de son idole, l'incroyable Schmidt. Cela empêche pas notre jeune ado de persévérer, son unique obsession est de construire un aéroplane pour quitter son village d'Anfog coincé sur une petite île perdue au milieu de nulle part. Son désir le plus ardent est de parcourir le vaste monde, et non pas de trouver du biactole et une petite copine comme la plupart de ses camarades. Ah ! merveilleux idéalisme japonais ;-) Lorsque le jour fatidique du décollage arrive notre trublion se heurte rapidement aux dures lois de la réalité : celle de l'apesanteur qui fait plonger dangereusement son coucou vers le sol et celle de la famille puisque sa mère s'est glissé subrepticement à l'arrière du cockpit pour surveiller son bambin ! Est-ce le hasard ou le destin, toujours est-il qu'en évitant de justesse le crash fatal Yuki et sa maman Miranda sauve involontairement la prêtresse Alfina des griffes de ses poursuivants. Mais pourquoi ? pour qui ? il était où le gentil p'tit youki ? ;-)

Voila donc comment débute ce Grandia III. On notera que pour une fois on ne nous fait pas le coup de l'amnésique en quête de son passé mais plutôt d'un garçon partant à l'aventure, tourné vers le futur et les autres, voila qui est rafraîchissant. Grandia est une saga que je ne connaissais que vaguement, l'ayant approché quelques heures lors d'un épisode sorti sur PS1 il y a 5 ou 6 ans, j'avais bien vite abandonné l'affaire car il y avait moult jeux autrement plus passionnants à l'époque sur la petite Playstation. Aujourd'hui le troisième numéro sur PS2 sonne le début de la longue charge en provenance des USA des RPG de la mort pour cette année bénie de 2006.
C'est le studio Game Arts qui a développé le jeu sous l'égide de Square Enix, gage de qualité s'il en est. Dès l'introduction en images de synthèse, on sent que l'ambition des auteurs est grande, une épopée rythmée nous attend sur pas moins de deux DVD.
G3 est d'abord un choc visuel, puisque les graphismes entièrement en 3D sont de toute beauté. Personnages colorés et assez détaillés (sauf les visages, les productions purement "Square" gardant toujours un brin d'avance dans ce domaine) et décors plein d'animations sympatoches (feuilles des arbres qui virevoltent, jeux de lumière entre nuages et soleil). On passe un peu de temps à admirer les alentours en faisant tourner la caméra à 360°, tel un Claude Lelouche amateur. Les bruitages et les voix anglaises sont d'un niveau correct, notons que les scènes cinématiques ne sont pas sous-titrées et qu'aucune option ne l'autorise. La musique quant à elle varie de l'agréable au légèrement crispant, sauf pour celles et ceux qui supportent le style japonais (pop et ballades mielleuses).

Le vif du sujet

C'est bien joli tout ça, mais quid de la gestion des personnages et du système de combat ? Grandia III allie de fort belle manière des éléments classiques du genre à quelques audaces innovantes, le tout enrobé sur le champ de bataille d'un aspect visuel magnifique et d'une action pêchue. Commençons par détailler les caractéristiques des personnages. Comme tout héros de RPG qui se respecte chaque perso se voit doté de jauges de Points de Santé, de Magie et une plus mystérieuse de Skill. D'autres critères basiques viennent définir chaque intervenant : Attaque, Défense, Initiative, Mouvement, etc. Tout cela déterminera la puissance de feu, la rapidité ou encore la protection innée des persos, complété par l'équipement composé de six emplacements (arme, armure, chaussures et un accessoire, plus le Skill Book et le Mana Egg, nous y reviendrons).
Lors des déplacements en zone hostile (hors des villes et campements) on peut visualiser les ennemis dans les décors, empêchant ainsi les combats aléatoires souvent pénibles. Les auteurs nous donnent même la possibilité d'utiliser une arme pour étourdir ces adversaires errants. On peut les affaiblir avant le combat ou simplement les éviter ! Voila une nouvelle qu'elle est bonne ;-) Un fois l'affrontement enclenché on bascule en mode "fight" par un traditionnel écran de chargement.

G3 opte pour le système "tour par tour", mais grandement dynamisé. Vos persos et leurs opposants prennent place physiquement sur le champ de bataille et leurs icônes se positionnent dans une file d'attente symbolisée par un cercle (le IP Gauge). Chacun reste immobile tant que la progression sur le cercle n'atteint pas le point de "commande" (COM), là où le choix d'une action s'effectue. Une fois la sélection effectuée reste encore à attendre d'arriver au point "d'action" (ACT), c'est à ce moment seulement que le combattant agira.
Rien de bien révolutionnaire me direz-vous ? Tout le sel des combats vient en fait de la possibilité de contrecarrer les attaques ennemies entre le COM et l'ACT. Plusieurs options s'offrent à vous : une attaque basique (combo) ou une critique permettant d'annuler l'action en cours de la cible, un "special move" dévastateur, lancer un sort magique, utiliser un objet ou se mettre en défense. Il faut bien regarder le positionnement des unités en présence et évaluer le temps que chacun mettra à agir. Le délai d'exécution peut aussi vous être fatal suivant votre position par rapport à votre cible, s'il vous faut traverser tout le terrain pour frapper un ennemi il y a de grandes chances que vous soyez interrompu en route par un malandrin qui traînait par là.
La jauge de Skill Points (SP) se remplie à chaque action basique. Vos héros gagnent des attaques spéciales au fur et à mesure des combats, et plus vous utiliserez ces dernières plus leur vitesse d'exécution sera augmentée. Ces "Special Moves" coûtent des SP mais sont les éléments les plus stratégiques lors des combats contre les Boss puisque bien souvent ils permettront, grâce à leur exécution immédiate, d'annuler une attaque qui vous serait autrement fatale. L'autre intérêt de réaliser des "Critical" ou des "Special Moves" vient des enchaînements entre persos, lorsque l'ennemi décolle sous l'effet d'un coup puissant vous pouvez faire des "chains" avec vos combattants disponibles et ainsi multiplier les dégâts. Cela donne aussi l'occasion d'admirer les superbes séquences d'attaque, génialement scénarisées, avec le nom du coup envahissant l'écran et des messages du style "Aerial Finish !" ou "Excellent !". Evidemment les ennemis font de même ;-) Si on ajoute à cela que certains "Special" et Sorts ont une aire d'effet (ligne droite, sphère, ou carrément toute la zone) on comprend que les combats sont aussi amusants et spectaculaires que stratégiques.

Un Oeuf et un bouquin dans la poche.

Outre l'équipement vous avez la possibilité de trouver dans les coffres (ou d'acheter dans les boutiques) vos sorts magiques. Rien de bien original concernant la magie puisqu'on retrouve les sorts offensifs classés selon les sempiternels quatre éléments naturels (Eau, Feu, Terre, Air), les modifications de status (poison, paralysie, etc) et les sorts de soin et de protection. Cependant des objets spéciaux, les "Mana Eggs", peuvent être équipés et augmenter l'efficacité de votre magie. Limité à un par héros, ces Oeufs de Mana peuvent aussi servir à découvrir de nouveaux sorts. En effet grâce à l'option "Extract" présente dans les boutiques on peut se débarrasser de ses Eggs en trop, un peu plus tard dans l'aventure on pourra même fusionner deux Oeufs pour des magies toujours plus délirantes.

Coté compétences on doit aussi les acheter dans les échoppes, à l'instar des sorts. On retrouve des classiques du genre comme "Counter" donnant une chance de contre-attaque, "Quick" qui accélère l'utilisation d'objets, ou une multitude de skills augmentant les dégâts sur un type d'ennemi particulier. Des "Skill Books" peuvent être attribués, comme pour les "Mana Eggs" ils sont limités à un par perso. Ces livres augmentent l'efficacité des compétences, elles aussi classées par type comme les sorts. La même possibilité d'extraire des skills par l'option "Extract" dans les magasins offre de nouvelles compétences.
A noter que chaque personnage dispose d'un niveau dans les trois capacités principales qui sont la Magie, les Compétences et les attaques Spéciales, niveau qui augmente selon la fréquence d'utilisation. Après une dizaine d'heures de jeu chaque perso va ainsi se spécialiser et pourra s'équiper des Sorts et Compétences de haut niveau. La quête principale de l'aventure vous amène à collecter les orbes mythiques des Dragons, artefacts qui seront utilisables en combat avec des effets proprement dantesques (ne vous attendez pas cependant aux invocations style Final Fantasy).
Les auteurs utilisent intelligemment le thème du voyage. Après la mise en place du scénario (pas de surprises sur ce plan : trahison, amour, gloire et beauté), on peut piloter un de ses fameux engins volants. C'est une nouvelle claque graphique puisqu'on survole une superbe carte, très détaillée, pour se diriger vers sa prochaine destination ou revisiter des lieux connus. Malheureusement pour le moment (15 heures de jeu) aucune surprise ne vient égayer l'amateur d'exploration, pas de missions optionnelles, on est clairement pas dans la folie d'un Dragon Quest VIII (mais peut-être cela viendra-t-il sur le second DVD ?).

Le premier d'une longue série...

Après un gentil "Wild ARMs 4" et un "Tales of Legendia" bien bourrin en début d'année 2006, Grandia III annonce en ce mois de février le véritable départ d'une série qu'on espère longue : celle des RPG excellents sur PS2 ! Je l'ai dit les différents aspects techniques du jeu sont parfaitement maîtrisés : système de combat vraiment prenant, graphismes 3D chatoyants, belles cinématiques (en synthèse ou avec le moteur 3D du jeu). Seules la linéarité du scénario et quelques personnalités un peu clichées viennent mettre un bémol à ce tableau idyllique. Notre héros Yuki est le prototype du gars sympa qu'on croise partout dans les RPG japonais, toujours prêt à donner sa chemise à un SDF ;-) On est aussi bien servi coté gente féminine, avec dans le rôle de la fillette innocente dotée de pouvoirs incommensurables la mignonnette Alfina, et dans celui de la femme fatale la redoutable Dahna, alias "Miss Poumonée 2006".

Signe des temps les auteurs ont inclus quelques aides pour les néophytes en matière de RPG. Cela devient une habitude depuis quelques mois, sans doute pour conquérir le grand public. Lors de l'exploration des environnements un radar indique les issues de sortie et vous disposez d'un genre de scanner qui dévoile la position de tous les éléments utilisables (coffres, obstacles destructibles, zones franchissables par saut). En combat vous pouvez activer les "conseils stratégiques", le jeu vous indiquera alors la meilleure action possible suivant la configuration du combat en cours. Heureusement pour les vieux de la vieille ce réglage peut être modifié, augmentant ainsi la difficulté en forçant le joueur à bien suivre les mouvements et action en préparation chez l'adversaire. Dernière aide et non des moindres, les points de sauvegarde sont nombreux et offrent la plupart du temps la possibilité d'un soin total et gratos (points de santé et magie restaurés).
Fort heureusement le jeu reste bien rythmé, alternant scènes explicatives suffisamment courtes pour ne pas endormir le joueur et séquences d'exploration. La durée de vie ne semble pas extraordinaire, à titre d'exemple je commence le second DVD après seulement 15h30 de jeu effectif. Pour le moment le seul mini-jeu que j'ai croisé est un ersatz de Casino dans lequel on peut jouer à un croisement de jeu de cartes et de dès, pas vraiment passionnant je l'avoue. Grandia III propose un solide système de combat et un univers enchanteur, c'est la base de tout bon jeu de rôle et cela le place bien sûr en tête de la production RPG 2006, pour le moment...



Jeu fini:
La seconde partie de l'aventure, à partir du 2e DVD, n'offre pratiquement qu'une suite d'exploration de donjons. C'est donc la déception coté scénario, puisque les auteurs se perdent dans un classicisme et une sensiblerie bien terne (comme 99% des productions nippones en vérité). Contrairement à Dragon Quest VIII qui faisait oublier son histoire basique par un design de folie et un univers immense et vivant, içi quasiment aucune quête annexe ne vient donner envie d'explorer le monde, pourtant reproduit avec un souci du détail rarement vu sur PS2. Pourquoi les auteurs se sont-ils fait autant chier à créer une carte du monde aussi complète si on ne peut explorer que les endroits déjà visités, sans surprises ?! On reste sur notre faim, ce n'est pas l'unique jeu de hasard proposé et les mini-missions d'enquêtes malheureusement baclées qui occuperont le joueur. Mais Grandia III est tout de même sauvé par son extraordinaire système de combat, obligeant le joueur à privilégier l'astuce et la technique contre le bourrinage et le levellage intensif. Il faudra trouver soi-même les bonnes fusions de magie et les extractions de Skills adéquates, et surtout les déclencher aux moments adéquates pour vaincre les boss, qui pour le coup offre un challenge vraiment élevé. Fini en 40 heures, ce Grandia me laisse perplexe, ses combats sont intenses et superbement réalisés, son monde est magnifique, mais les auteurs nous laissent à sa porte. Vivement une suite !

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