Fun 8/10
Technique 10/10
Style RPG-Action S-F
Editeur / Langue Level-5 - SEA / Import USA
Infos 1 DVD (double couche) / 1 Player / Memory Card 130 Kb / Analog Control / Vibration Function
Y'en a un peu plus, je vous l'met quand même ?
La vie est cruelle (et les gens cruaux). On relève à peine la tête, la silhouette voûtée sous le poids du devoir accompli mais un large sourire aux lèvres par la joie d'avoir fini les excellents RPG version US du dernier trimestre 2006, et voila que le studio Level 5 nous assène un nouvel uppercut sous la forme d'une super-production hollywoodienne façon Saga stellaire. Pour les amateurs (et trices) qui comptaient tourner la page Jeux de Rôle de mamie PS2 et foncer vers la new-gen, vous pouvez encore patienter quelques mois.
Il faut dire qu'on l'aura attendu, ce Rogue Galaxy, Roro pour les intimes. Sorti en décembre 2005 dans sa version originale japonaise, ce Space-opera aura fait couler des hectolitres de bave aux fans un peu gavés par les histoires médiévales servies par 99% des autres productions du genre sur PS2. Un peu de S-F dans ce monde de trolls, voila qui s'avère rafraîchissant. On surveille donc l'arrivée US de RG depuis un an (et un mois, 21 jours, 8 heures et 42 secondes), au fil des annonces de date de sortie repoussée, et entre temps moult bijoux rôlistiques ont pointé le bout de leur DVD sur Play2. Alors, Rogue Galaxy est-il à la hauteur de nos attentes ? Permettez-moi de créer un léger suspens en répondant ceci : cela dépend de vos attentes.
Les mécaniques de jeu rappellent les précédents hits de la société Level 5, Dark Cloud et consorts, mélanges d'Action-RPG et d'Aventure-Action, mais penchent cette fois-ci nettement vers le RPG. "Rogue" est-il vraiment un RPG ? C'est toute la polémique qui agite le petit cercle très fermé des experts auto-proclamés es-RolePlayingGame. Laissons donc ces maîtres de la tempête masturbatoire dans un verre d'eau tiède, et jouissons ensemble de cette excellente production calibrée pour le grand spectacle pyrotechnique.
Vous allez gérer un groupe de trois personnages simultanément, à choisir parmi une brochette de huit joyeux drilles. Chacun d'entre eux est défini par quelques caractéristiques : HP, Action, Attaque, Défense, Expérience, et basta. Plus une palanquée de compétences à apprendre par un astucieux système d'association d'objets. Le système de combat est très dynamique, trop se plaindront certains, franchement arcade. Il est clair que pour les aficionados de JdR "traditionnels", le peu de place accordée aux options stratégiques habituelles est définitivement rédhibitoire. Les ennemis vous tombent sur le dos sans crier gare, on ne les voit pas errer dans le décor. La plupart du temps on se contente de pilonner frénétiquement le bouton d'attaque en balançant régulièrement un coup spécial. Mais si cela suffit pour nettoyer le menu fretin, il en va tout autrement de certains adversaires spéciaux et des Boss.
Rogue Galaxy compense son coté "jeu de baston" par plusieurs astuces. Tout d'abord le jeu est très fluide, les combats se déroulent directement dans les lieux explorés (comme dans FF12 ou Kingdom Hearts), sans écran de chargement intermédiaire. Ceci permet d'utiliser les éléments du décor pour les balancer à la tronche des monstres, occasionnant pas mal de dégâts à distance, augmentés par l'emploi d'armes à feu, d'arcs, ou carrément de lance-missiles ! Mieux, on peut déclencher les compétences de chaque perso comme bon nous semble, dans la limite de ses points d'action dispo, et ainsi s'adapter au type de dommages auxquels les ennemis sont sensibles (feu, électricité, etc). Pour gérer vos compagnons, seuls quatre ordres de groupe sont activables : Attaque libre, tous sur la même cible, autonome, en retrait. Evidemment cela fait pitié face aux Gambits de FF12 (10 ordres par persos, entièrement personnalisables), mais dans RG des instructions peuvent être données à la volée avec les boutons L1/L2 pour utiliser les objets de soins ou les compétences de ses camarades, et on vous laisse bien sûr l'option de contrôler manuellement chaque protagoniste.
Certains adversaires restent quasiment indestructibles tant que vous ne trouvez pas leur point faible, par exemple leur sauter dessus pour les étourdir, ou les paralyser à coups de lasers à rayon glacial. Encore plus retors, les Boss vous donnent de sévères corrections si vous n'exploitez pas leurs talons d'achille dans l'ordre adéquat : les affaiblir en trouvant leurs points sensibles, puis se blinder de boosts en attaque et leur fracasser la cramouille durant les quelques secondes où ils sont fragiles. Rincer, Répéter. La difficulté de ses affrontements est assez élevée, en raison du manque d'indications pour localiser les faiblesses de ses Patrons, mais quelle satisfaction quand on franchit le cap.
La folle histoire de l'espace
Rogue Galaxy propose un scénario fortement inspiré des classiques du cinéma S-F, l'incontournable Star Wars en tête. Le jeune héros Luke Skywalker, pardon, Jaster Rogue, rêve d'évasion et d'aventures aux confins de la galaxie. Mais il reste coincé sur Rosa, petite planète désertique inhospitalière de seconde zone, occupée par les troupes de l'Empire, pardon, de Longardia. Evidemment notre Jaster a un petit souci avec son passé, abandonné bébé au pied d'une église, il fut recueillit et élevé par le prêtre local. Et comme de bien entendu, une série d'événements incroyablement surprenants va survenir, à base de quiproquos cocasses et de rencontres improbables, pour mener le jeune Rogue vers son destin.
La troupe qui entoure Jaster vaut son pesant de pop-corn sucré-salé : Zegram le pirate de l'espace à la cool-attitude, Kisala la fille du Chef, forcément sympa et fraîche comme le printemps, Lilika la sauvageonne, forcément court-vêtue mais redoutable combattante, Steve et Simon, respectivement Robot navigateur et Rat humanoïde masqué spécialiste en explosifs. Après une dizaine d'heures de jeu vous serez rejoint par un Hacker avec une tronche de poisson et un soldat à tête de bull-dog... Bref, la galerie habituelle des cinglés made-in-RPG. Tout ce petit monde partira à la recherche d'un des plus grands trésors de l'Humanité, non pas la paix et l'Amour universel, mais plutôt la monnaie et la vie éternelle (c'est plus terre-à-terre mais plus réaliste, avouez-le). En croisant des personnages hauts en couleur : ne soyez pas étonné de croiser un chat parlant, accessoirement commandant de bord de votre navire spatial, ou une hôtesse d'accueil particulièrement énervante, possédant son fan-club dévoué.
L'équipe de Level 5 utilise son moteur graphique habituel à base de cell-shading et de 3D, poussé dans ses derniers retranchements. Le rendu des personnages est un régal, dans un style purement manga, avec un luxe de détails dans les habillements et les animations. On est très heureux de constater qu'un changement d'équipement est visible même en mode exploration, contrairement à d'autres titres récents exploitant le cell-shading comme Dragon Quest VIII. Cela fait partie des petits détails qui plaisent immédiatement à l'amateur.
Les décors sont riches, avec une profondeur de champ plus que correcte. Et surtout aucun écran de chargement ne vient interrompre vos pérégrinations, y compris lorsque vous pénétrez un bâtiment dans une ville ou changez de niveau dans un donjon, ou que vous déclenchez une attaque spéciale en combat. Ceux qui ont subit les pénibles écrans d'attente de FF12 me comprennent ;-) Même si les endroits peuplés sont moins denses que dans le dernier "Final Fantasy" en date, Rogue Galaxy est un tour de force technique sur une console fêtant sa 7e année d'existence.
Et que dire des scènes en imagerie de synthèse ? Mélangeant animé et 3D, elles sont d'une beauté et d'une netteté rarement vue sur PS2, arrivant au niveau -voire surpassant- les indétrônables amis de chez Square Enix. Le style graphique Manga futuriste est vraiment original, et le rythme de ses séquences est toujours pêchu. Les auteurs ont soigné chaque paramètre, animation faciale, mouvement des corps, effets spéciaux et environnements vastes et fouillés, pour donner du relief à leurs paysages et leurs personnages, y compris dans les cinématiques faites avec le moteur du jeu. En trois mots : MA-GNI-FIQUE !
Tous les dialogues importants sont bien sûr parlés, les voix anglaises sont très typiques de ce qu'on peut entendre dans les productions Ciné de Pixar par exemple : voix grave à la Mickey Rourke pour Zegram, accent de Lord Anglais -à la C3PO- pour le robot Steve, etc. Chose amusante, vos coéquipiers ne cesse de faire des commentaires pendant que vous arpentez les lieux à la recherche de votre prochain objectif, s'extasiant sur la forêt luxuriante dans la jungle, s'émerveillant des cultures diverses croisées dans les Mégapoles, ou plus simplement se plaignant lorsque vous partez dans la mauvaise direction. Cela ajoute de la crédibilité aux caractères. La musique soutient l'ambiance générale, tantôt magistrale dans les moments spectaculaires, tantôt discrète dans les phases d'infiltration, rien de très révolutionnaire à ce niveau mais du travail bien fait.
Lancer de nains et Crapaud Bac +10
Les combats sont très arcade, sans temps mort sauf lorsque vous parcourez votre inventaire ou la liste des compétences. Un bouton est attribué au saut, pratique pour éviter les coups ou bondir sur les ennemis, et deux autres boutons respectivement pour l'attaque corps-à-corps et distante. Car chaque personnage maîtrise deux armes distinctes, différentes suivant son background. Jester est un épéiste accompli et dégaine son colt laser à l'occasion, Lilika travaille à la machette et à l'arc, l'ami Simon sort l'artillerie lourde avec lance-roquettes et matraque électrique assortie, etc. En s'approchant des ennemis on peut les saisir, comme certains éléments du décor, pour les balancer sur leurs comparses ! Cette technique à part entière s'avère indispensable pour faire le ménage face à des groupes de monstres trop compact, qui regroupent parfois une dizaine d'individus. Au besoin on abusera de la position de "garde" (R1) pour se protéger et recharger sa jauge d'action.
Pour découvrir les capacités de vos persos il faut collecter le maximum d'objets : dans les coffres lors de vos explorations, chez les marchands, sur les ennemis, en papotant avec les autochtones. On doit ensuite placer des items spécifiques sur une grille nommée "Revelation", propre à chaque héros, pour qu'il apprenne la compétence correspondante. Pratiquement tous les objets sont utilisables, y compris ceux de soins qui encombrent généralement nos inventaires d'aventuriers. Les "Revelations" sont classées selon leur genre : coups spéciaux à déclencher manuellement (ajoutant des dégâts élémentaires, ou même à aire d'effet), booster temporairement ses caractéristiques en attaque ou défense, meilleure protection permanente contre certains éléments, etc. Des cases spécifiques sur les grilles "Revelation", les "Burning strike", permettent d'activer en combat un enchaînement de coups en appuyant sur les bons boutons du pad selon un timing précis. Avec à la clé la petite cinématique qui va bien, et des dommages massifs sur la pauvre cible innocente. Cependant le perso devra avoir préalablement collecté suffisamment de gemmes bleutées s'échappant des adversaires vaincus.
Les premières heures de jeu sont un peu frustrantes au niveau des batailles. On peut perdre un combat en dix secondes sans rien comprendre à ce qui nous arrive, simplement parce qu'on est tombé sur un groupe trop balaise et qu'on n'a plus d'objets de soins. Certains coffres piégés vous font la misère lorsqu'en surgissent des monstres hyper costauds, anéantissant vos héros en quelques morsures, à quelques mètres d'un point de sauvegarde. Arrrgggl ! Heureusement on prend le pli assez rapidement, on sauvegarde fréquemment sur les bornes prévues à cet effet, et on n'hésite pas à prendre la fuite lorsqu'un troupeau trop imposant d'ennemis se présente à nous. Parfois des "Challenges" vous incitent à rester dans la bataille, ils apparaissent sous la forme d'objectifs variés (vaincre sans prendre de dégats, ou dans un temps limité) avec quelques bonus à la clé.
Coté équipement la gestion est limitée avec quatre emplacements seulement (deux armes, une armure, un accessoire). Mais on peut recycler ses vieilles armes, une fois recrutée la sympathique grenouille Toady, spécialisée dans la "synthétisation" d'équipement. Cet espèce de Kermit-la-bricole possède le don fabuleux de mâcher épées, shurikens et autres pistolets lasers pour en ressortir de nouvelles armes scintillantes. Le principe est de mixer deux armes de même type pour en obtenir une plus puissante. Au préalable il faudra avoir utilisé l'équipement en combat, le temps que vous maîtrisiez parfaitement son fonctionnement. Symbolisé par diverses jauges d'expérience (puissance, types de dégâts élémentaires, etc), une arme va ainsi évoluer au fil de son utilisation, jusqu'à parvenir à son efficacité maximale, pour pouvoir être ensuite ingurgitée par Toady. Ne cherchez pas, nos amis nippons sont de grands malades ;-)
Industriel Braconnier
Le temps de développement extrêmement long de la version US a permis aux auteurs d'ajuster quelques imperfections et d'ajouter une bonne dose d'extras par rapport à l'original japonais. Plus de contrôle en combat, plus d'équipement dispo, plus de dialogues parlés, animations et compression d'images améliorées, mini-jeux plus intéressants et même carrément une nouvelle planète à explorer en guise de quête annexe.
Vous pourrez participer au Tournoi intergalactique de bataille d'insectes -vous avez bien lu-, le fameux Insectron. Oui, il semble que dans le futur nous serons tous passionnés par les Fight Clubs de Doriphores. Pour cela il vous faudra partir à la chasse aux "cloportes" sur les différentes planètes que vous visiterez, muni de votre besace pour capturer les petits êtres frêles sans défense, comme un vulgaire braconnier. Viendra ensuite une phase pendant laquelle vous devrez trouver la compagne idéale à votre protégé, et tenter des croisements (en clair: copulations) dans le but d'obtenir l'insecte le plus puissant possible. Et enfin vous accompagnerez votre challenger dans une arène prenant la forme d'un échiquier, pour des duels sanglants et stratégiques au tour par tour. Il faudra monter les échelons de la renommée jusqu'à affronter et vaincre les meilleurs dresseurs de l'univers. Idem pour votre statut de Chasseur de Monstres, plus votre tableau de chasse sera complet, plus vous grimperez dans le classement des meilleurs "Hunters" et serez reconnu et respecté. Cela motive le joueur à revisiter des lieux connus et à se renseigner sur les proies rapportant le plus de "Hunter Points" (les "Quarries") pour compléter sa liste de cibles à abattre, et atteindre ainsi le Top of the Pop.
Autre véritable jeu dans le jeu, après une dizaine d'heures de jeu on hérite d'une véritable usine de fabrication d'objets. Au programme, conception de la chaîne de production de A à Z. C'est-à-dire recherche des plans de montage, achat de la matière première, placement des différentes machines-outils (dans l'ordre correct), et phase d'assemblage respectant un timing ultra-précis. Original et intéressant, une fois qu'on en a pigé toutes les subtilités, et surtout indispensable pour découvrir les items et équipements les plus rares, et donc les plus efficaces et redoutables.
L'ensemble du jeu est très fluide, sans coupures narratives trop longues ni donjons exagérément allongés. L'ergonomie générale des menus est plutôt bonne, même si un changement d'équipement requiert un poil trop de manipulations.
Parfois un objet particulier sera nécessaire pour franchir des obstacles classiques des RPG (portes fermées, passages bloqués). Un gros point d'interrogation, le "Thinking Circle", identifie clairement les endroits où ces actions devront être faites. Les points de sauvegarde servent aussi de zones de téléportation, et leur nombre élevés dans les villes et villages que vous traversez permet de se déplacer très facilement. Une mini radar s'affiche en temps réel, et indique la direction du prochain objectif pour les plus pressés.
Par sa technique sans failles, son rythme soutenu, sa bonne humeur et ses bonnes idées de jouabilité, Rogue Galaxy fait partie des meilleurs RPG PS2. Et vu sa date de sortie US (on ne sait pas encore précisément quand il sortira en Europe) il se pourrait même que ce soit le tout dernier RPG digne de ce nom sur une console en toute fin de vie. C'est donc, en quelque sorte, le dernier éclat d'un magnifique feu d'artifices Rôlistique auquel nous avons pu assister depuis une année sur la vieille Play. Il faudra encore attendre des mois (des années ?) pour que les 360 et autres PS3 nous offrent autant de délices, on se doit donc de savourer longuement et tranquillement ce dessert en provenance du studio Level-5. Miam, *Burps*, 'scusez-moi ;-)
Jeu fini:
Il faudra compter près de 60 heures de jeu pour admirer le final de Rogue Galaxy. Avant tout jeu d'exploration, RG fait la part belle à la découverte d'environnements et à la montée de niveaux de ses persos, au détriment d'une histoire prétexte et de caractères peu développés. Si les combats sont âpres lors de la première moitié du jeu, tout devient (trop) facile par la suite, par l'emploi des attaques spéciales qui dévastent d'un coup tous vos ennemis. Mais le plaisir des quêtes annexes (chasse aux Boss cachés, compléter les tableaux de "Revelation", vaincre l'Insectron, trouver tous les mix d'armes et les costumes, ainsi que les ingrédients pour l'Usine) fait de Rogue Galaxy le jeu idéal pour les amateurs du genre. Sûrement plus de 100 heures de jeu si vous vous attaquez au donjon supplémentaire de 100 niveaux qui s'ouvre une fois la partie finie. Celles et ceux qui recherchant une histoire forte seront probablement déçus et énervés par le nombre et la taille des donjons à visiter, mais tous resteront séduit par le souci du détail apporté aux graphismes et par les possibilités immenses offertes par le gameplay général du jeu.
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