Square Enix
Genre : JRPG
Verdict: 3/5
(0=Inconnu, 1=Connaissance, 2=Collègue, 3=Camarade, 4=Meilleur ami, 5=Fuck-friend)
(0=Inconnu, 1=Connaissance, 2=Collègue, 3=Camarade, 4=Meilleur ami, 5=Fuck-friend)
Si vous avez manqué le début
Pour préparer son futur mariage un prince doit partir à la rencontre de sa fiancée qui vit dans le royaume d'à côté. Accompagné de trois acolytes, un garde du corps, un cuistot intello et un blondinet, il va devoir survivre avec pour seules ressources 1 euro par jour et une bagnole à $500.000.
Non, ce n'est pas le nouveau "Pékin Express" à la télé : c'est l'intro du dernier Final Fantasy.
Combat contre les chiens d'la casse. |
En détail
Dans un désert aride, quatre types en costards poussent une grosse bagnole en panne. Voila comment débute ce Final Fantasy XV.
Le symbole, qu'il soit voulu ou pas par ses créateurs, en dit long sur l'état de cette série JRPG mythique. Une licence qui ressemble à un barnum que le studio Square Enix doit continuer à produire, coûte que coûte, monopolisant des centaines de personnes pendant des années, engloutissant des fortunes en projets sans cesse repoussés et remaniés. Une énorme machinerie qu'il faut trimbaler dans un environnement où les bons JRPG, passés de mode, ont disparu.
Ce véhicule maousse au point mort dans un paysage vide, c'est une marque vedette devenue encombrante depuis le succès critique très mitigé des trois épisodes FF solos sur PS3, XIII dit "Le Couloir", XIII-2 dit "Fan-Service" et Lightning Returns XIII dit "Fonds de tiroir".
Les producteurs ont conçu FF XV comme le bilan d'une franchise qui dure depuis bientôt 30 ans. Comme à chaque fois ils ont conservé les fondamentaux, un nouvel univers incluant quelques emblèmes immuables (Cid, Chocobos, Invocations, etc) et une histoire basée sur une confrontation du Bien contre le Mal.
Mais ce N° 15 va plus loin dans l'auto-référence. Il reprend le mode "Action" en Combat du 13, le "monde ouvert" du 12, les Fermes de Chocobos du 7, le système "Sphérier" du 10 et celui d’absorption de magie du 8. Il emprunte également des arcs narratifs de ses prédécesseurs : le Prince Noctis devra reconquérir son trône comme la Princesse Garnet dans FF 9. Son royaume est protégé par un cristal magique comme ceux qu'on trouve dans FF 5. Avec l'aide de ses trois compagnons le Prince forme un quatuor qui rappelle les quatre Guerriers de Lumière de... Final Fantasy I !
La boucle est bouclée, c'est une synthèse en forme d'hommage constant qui va jusqu'à briser le 4e mur : ses personnages chantonnent des thèmes musicaux célèbres de la saga et on peut leur faire écouter les B.O. d'autres épisodes pendant qu'ils voyagent. Trop meta, frérot.
Il y a deux manières d'aborder ce Final cuvée 2016.
Suivre aveuglément le scénario principal et finir le jeu en 25 heures. On sera alors frustré par son histoire abrupte. Car contrairement à l'accoutumée dans la série, le scénario apparaît bâclé, probablement à cause d'un script trituré pendant les dix années de sa gestation douloureuse. Des Royaumes en guerre, du sacrifice personnel pour le bien du plus grand nombre, le coup du héros écrasé par le poids du devoir et de l'honneur, c'est la routine au pays Square Enix. Mais si l'on se contente d’enchaîner les objectifs des missions principales, fonçant de marqueurs en marqueurs sur la carte, on subira une intrigue sommaire pas franchement passionnante.
Final Fantasy XV est un RPG vraiment Made In Japan qui s'accroche au genre qu'il a contribué à créer : son univers et ses enjeux sont somptueusement mis en image mais hors du jeu sous la forme d'un film complet (Kingsglaive, proposé dans la version Deluxe du jeu). Pour le gameplay les auteurs ont greffé un monde ouvert à visiter librement et arrosé le tout de quêtes FedEx moisies comme seuls les Japonais osent encore en faire (coucou Star Ocean V !).
Les rageux en concluront rapidement que le jeu est une mierda et partiront haïr une autre victime. Un verdict sans appel qui les fera passer à coté d'excellents moments.
L'arbre des Compétences, croisement du Sphérier de FF X et du Cristarium de FF XIII |
Ce FF à la mode "Open World" ne se déguste pas comme Witcher 3, dont les quêtes secondaires brillamment écrites enrichissent une histoire déjà passionnante. Ce n'est pas non plus du Dark Souls, où c'est au gamer de découvrir sa civilisation et sa mythologie profonde en décortiquant chaque indice qu'il/elle découvre. Pas plus un Dragon Age ou un Elder Scrolls, dont le folklore foisonnant doit être assimilé au travers de centaines de descriptifs et de dialogues à rallonge.
Ici le concept original est de plaquer l'intrigue sur un Road-movie 100% Mâles. On suit donc les pérégrinations de nos quatre potes, errants à bord de leur bolide à la recherche de solutions pour sauver le Royaume en péril et accessoirement le mariage du Prince, également compromis depuis l'invasion des troupes adverses. Une trame simplette qui n'est qu'un prétexte.
Derrière la Grande Histoire se cache le thème de l'amitié, puisque tout est fait dans le jeu pour suivre la vie quotidienne du groupe. Que ce soit à bord de la Regalia (l'auto servant de véhicule principal), lors des pauses "Camping" ou à dos de Chocobo, les quatre amis ne cessent de discuter, se vanner et commenter les événements. Bref, ils vivent.
Le meilleur des dialogues se déroule lors de l'exploration des donjons, assurément l'une des grandes réussites du jeu. Très inspiré par l'excellent RPG Dragon's Dogma sur PS3, l'ambiance claustro est rendue d'une façon exceptionnelle. Les personnages progressent prudemment à la lumière des lampes-torches, parlant nerveusement entre eux pour se rassurer. Le joueur ressent le frisson de l'inconnu à chaque détour, c'est du grand art. Que ce soit dans les profondeur d'une mine, au cœur d'une forêt étouffante ou en escaladant une montagne on aura toujours droit à un commentaire acerbe du costaud Gladiolus, un conseil avisé du rationnel Ignis ou une anecdote poilante du barré Prompto, agrémenté de la pondération toute Royale de Noctis.
La complicité se noue aussi lors des séances de camping dans la pampa, Ignis se chargeant de préparer un succulent repas tandis qu'on sélectionne les photos prises automatiquement dans la journée par Prompto. On peut ainsi constituer un album personnalisé de son aventure, gardant les rencontres inattendues, les actions de combats spectaculaires et les paysages enchanteurs.
Comme d'hab dans un FF une large portion du jeu est dédiée aux conneries. Aller à la pêche, faire la Chasse aux monstres, améliorer son véhicule, collectionner les armes "Royales", le but est toujours de gagner du niveau, engranger du cash et devenir le meilleur dans chaque discipline. Il ne faut pas subir les missions secondaires comme des corvées, plutôt comme des incitations à visiter la vastitude et se laisser charmer par le style graphique splendide et la multitude de petites touches qui rendent le jeu attachant. Surtout que contrairement à la plupart des jeux "Bac à sable", les déplacements en voiture sont strictement encadrés : impossible de faire le fou fou sur la route pour écraser des personnes âgées ou des bébés en poussettes. N'espérez pas non plus être poursuivi par l'armée pour excès de vitesse, la Regalia suit les rails invisibles des routes sans jamais dépasser le 90 Km/h réglementaire (... du moins lors des premières dizaines d'heures de jeu, héhé).
Le but est donc de trouver le juste équilibre entre les innombrables activités annexes et l'avancée du scénario principal, découpé en chapitres dont certains d'une durée très courte. Ceci implique par conséquent de jauger constamment le niveau de son groupe car à trop leveler on se retrouve devant des ennemis trop faibles et inversement une exploration débridée nous amène dans des zones contenant des adversaires nous surclassant allègrement.
Les combats dynamiques demandent un certain apprentissage, surtout pour celles et ceux encore accrochés au tour-par-tour pépère du temps jadis de naguère. Déjà, vous ne contrôlez que Noctis, les trois autres bonshommes sont autonomes pendant la bataille. Le principe du Fight est limpide comme une émission d'Hanouna : un bouton pour l'attaque, un pour l'esquive et un pour se mettre des nouilles dans le slip.
Pouf pouf, je recommence.
On maintient un bouton pour enchaîner les attaques standards, un autre pour passer en mode esquive/parade, tout cela tant qu'on a suffisamment d'Endurance. Bien sûr, comme on n'est pas dans un Beat'em all des années 80, il existe une foule de possibilités supplémentaires. Notre héros peut déclencher des Warps qui le téléporte lui et son arme équipée directement sur un ennemi ou un élément de décor (essentiel pour bourriner puis s'évader). Il doit se positionner correctement (backstab powa!) et surtout switcher savamment entre ses quatre attaques (Armes ou Magies) pour titiller le point faible de son opposant. En effet certains sont sensibles à un type d'arme particulier (épée 2 mains, Lance, Dagues, Pistolets, etc), d'autres aux dégâts élémentaires (Feu, Foudre, Glace et... Perdu, y'a pas Terre !).
A ce propos la magie est moins présente que dans les précédents épisodes. Ici on doit d'abord, hors combat, "pomper" une source d'éléments pour en faire un stock. Ceci permet de préparer un sort en attribuant tout ou partie de son stock selon la puissance voulue, associé éventuellement à d'autres objets pour ajouter un effet particulier. Par exemple avec 50 Stocks "Feu" et une Potion de soin on obtient 3 Sorts Feu de puissance 50 qui redonnent des points de vie au lanceur.
Les compagnons de Noctis ne restent pas les bras croisés, oh que nenni ! Ils se démènent comme des beaux diables sur le champ de bataille et, pour peu qu'on ait acheté les Compétences adéquates, peuvent déclencher des attaques pulvérisantes ou protéger leur patron. Au besoin Noctis peut à tout moment (*) ouvrir le Menu Objets pour soigner ses domestiques.
(*) : sauf transmutation en grenouille.
Si malgré tout vous éprouvez encore quelques difficultés face à certains Boss récalcitrants, une bonne petite invocation de Dieu devrait faire l'affaire. Problème : Ramuh et autre Shiva n'interviennent que selon leur bon vouloir, en général quand vous chiez grave dans la semoule. Bah ouais, c'est des Dieux quand même.
Enfin, pour les cas les plus désespérés dont je fais partie, les gentils auteurs ont prévu l'option ultime : le mode "Stratégique", euphémisme pour signifier un mode "Branque dont le cerveau ne peut opérer en temps réel et qui a donc besoin d'une auto-pause en plein combat pour pouvoir cibler calmement les stremons". Il faut dire que certains espaces étroits engendrent une légère confusion lors d'un pugilat massif (en clair : c'est le bordel quand on fight dans un couloir, à cause de la caméra).
La progression des personnages est concrétisée par leurs Niveau et Compétences. Le premier donne évidemment des bonus en points de vie, en attaque, en défense physique ou magique, et tutti-quanti. L'expérience est cumulée jusqu'à ce que les protagonistes se reposent puis assimilée à ce moment. Les secondes sont sélectionnées par le joueur dans la grille d'Ascension, un arbre de compétences actives et passives dans lequel on dépense ses points acquis en combat ou ailleurs.
A ce sujet il est conseillé d'acquérir assez tôt les compétences qui vous redonnent des points de Comp' lors de vos activités régulières : camper, conduire ou chevaucher sont très fréquents alors pourquoi pas gagner du PC en même temps !
Cette nouvelle mouture de l'épopée Final Fantasy est l'exact opposé de son prédécesseur en Solo, FF XIII. Là où ce dernier proposait une narration complexe au prix d'une liberté de déplacement très limitée, le XV ouvre ses territoires dès le début de l'aventure en sacrifiant son intrigue qui ressemble à un gros Emmental dans sa seconde partie (pleine de trous). Si vous privilégiez une bonne histoire, mieux vaut donc passer sur cet épisode et refaire plutôt le IV ou VI (ou attendre le remake de FF VII en 2017).
Si par contre vous attachez plus d'importance à l'exploration d'un monde et souhaitez un condensé de tous les systèmes de jeu d'une saga trentenaire marquante du Jeu Vidéo, ce Final "pour les fans et les nouveaux venus", dixit la phrase d'accroche, vous réconciliera avec le genre JRPG.
Mode "Conduite Automatique avec Boutique en ligne", bientôt dispo dans votre Clio. |
♫ I want to ride my Chocobo all day,
♩♪ I wanna see them run,
♬ I wanna run and play!
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