mercredi 26 juillet 2023

FINAL GIRL (Jeu de société)

 

Final Girl - Van Ryder Games

Final Girl se base sur l'archétype de la Dernière Survivante, bien connu des amateurs de films de série B ou Z. Entrée en force dans les Slashers des 70's, notamment avec Massacre à la tronçonneuse, puis développée dans Halloween et consorts, cette notion donne à une femme le rôle de protagoniste principale qui, contrairement aux stéréotypes, n'est pas une victime face à la menace. Elle l'affronte et triomphe sans l'aide d'un Chevalier servant. Ce rôle culmine avec les personnages d'Ellen Ripley (Alien) et de Sarah Connor (Terminator).
 
Il est parfois des concepts tellement évidents qu'on se demande pourquoi personne n'y avait pensé avant. Avec Final Girl, on se doute que d'autres ont tenté de créer un jeu de plateau basé sur des Slashers. Il en existe même sûrement de très bons. Mais le coup de génie des auteurs Evan Derrick et A. J. Porfirio est d'avoir su concevoir un système qui peut s'adapter à tous les styles de films de genres, qu'ils soient d'horreur ou paranormaux, avec des monstres terrifiants ou des psychopathes patibulaires, en mode gore brutal ou thriller psychologique subtil. 
Et pour renforcer la thématique, on ne peut y jouer qu'en solo. Parce que pour affronter l'ignoble salopard lors du final, il ne peut en rester qu'une.

La boite de base donne accès au matériel commun à toutes les histoires : manuel des règles, plateau Joueur, cartes d'actions génériques, jetons, meeples et six dés écarlates. Pour moins de 20€ c'est donné, me direz-vous, mais il y a un hic... Vous avez le magnétoscope, il vous manque la cassette VHS du film !

Pour lire la suite, soyez sympas, rembobinez.
 
 
Tout a l'air trop tranquille dans la Station 2891...

Ce n'est pas un hasard si les extensions de Final Girl sont proposées dans des boitiers rappelant les bonnes vieilles VHS. Chacune propose une thématique unique, basée sur un film ou un genre particulier, avec son lieu, son maniaque et ses héroïnes emblématiques. La colonie de vacances Happy Trails et Hans le Boucher sont un hommage à Vendredi 13, Cauchemar sur Maple Lane, avec son quartier résidentiel et son Dr Fright planqué dans la chaufferie, parodie la série des Freddy, etc. 
Grâce à une astucieuse technique, chaque boite se déplie pour fournir deux plateaux, l'un représentant la carte des lieux et l'autre le méchant avec ses capacités spécifiques. On trouve aussi tout le matériel nécessaire au fonctionnement des deux éléments : cartes de Mise en place, Objets, Evénements, Terreurs, Pouvoirs, ainsi que jetons et marqueurs dédiés. Deux héroïnes uniques sont fournies, avec leurs propres facultés personnelles et, en guise de cadeau bonus, un objet spécial qui ne sera débloqué que si vous parvenez à gagner une partie avec cette femme fatale.
 
Le jeu utilise des cartes pour réaliser chaque action de votre survivante (se déplacer, fouiller, attaquer, se soigner). Lorsque vous jouer une carte vous devez lancer un nombre de dés égal au niveau de votre piste Horreur (entre 1 et 3) pour déterminer votre niveau de succès. Un résultat de 1 ou 2 sur un dé est un échec, 5 ou 6 un succès. Avec un 3 ou 4, on peut forcer un succès en défaussant deux cartes de sa main. C'est la mécanique centrale du jeu, qui fait donc appel à la chance. 
Heureusement plusieurs options permettent de mitiger cela, par exemple en parvenant à diminuer le niveau Horreur on lance plus de dés. Certaines actions transforment les 3 et 4 en succès automatique pendant un tour ou permettent de relancer ses dés. Et surtout, vous devez gérer votre main intelligemment, par exemple en gardant toujours 2 cartes en main avant de réaliser une action critique afin d'augmenter vos probabilités de réussite.

L'autre composant à bien gérer est le temps. Chaque action vous fait dépenser ou gagner du Temps, avec un crédit de 6 Temps au début de chaque tour. Parfaitement intégré dans le thème, ce paramètre est crucial car il permet d'accéder aux actions évoluées, celles qui coûtent du Temps pour les prendre en main. En effet les actions les plus basiques, comme Marcher ou faire une Attaque faible, sont "gratuites" : vous les récupérerez sans dépenser de Temps si elles étaient en défausse avant le début de votre tour. Mais les actions intéressantes, comme Courir, Parer ou Fouiller, coûtent 1 ou plusieurs unités Temps. 
Toute la stratégie consiste à gérer sa main de façon à effectuer les actions essentielles tout en gardant du Temps pour en acquérir d'autres, sachant que les cartes que vous jouez ne seront plus disponibles au tour suivant. 

Bienvenue à la Colo, son lac, son feu de camp et son Killer !

Votre but n'est pas seulement de vaincre le bad guy de l'histoire. Il faut aussi s'occuper des victimes potentielles qui sont disséminées dans les différents espaces du lieu et en sauver le plus possible. Chaque frêle victime délivrée donne un petit boost à la Final Girl et après un certain quota secouru, notre héroïne passe en mode Ultimate avec à la clé une capacité qui déchire.
Certains espaces contiennent des objets divers (armes, soins, etc.) qui peuvent s'avérer cruciaux dans les moments critiques, d'autres sont des sorties par lesquelles les victimes s'échappent si vous les y amenez. Et comme dans tout bon film d'horreur du samedi soir, elles paniquent et courent n'importe où si le tueur se manifeste près d'elles ;-)

Le Killer, parlons-en (enfin !). Un film d'action n'est réussi que si le méchant est mémorable. Il bénéficie de tout un arsenal pour décimer la population et vous faire la misère. Son action de base est en général de se déplacer vers les victimes les plus proches et de les assassiner s'il parvient à rejoindre leur espace. Mais à mesure que le compteur de morts augmente, le barjo meurtrier gagne en puissance. 
Chaque tour lui offre aussi une carte Terreur, avec divers effets supplémentaires (en général, de nouvelles catastrophes pour vous). Certains sont en rapport avec le lieu, d'autres en lien avec les capacités du Killer. On a même droit à des Pouvoirs Maléfiques qui renforcent encore davantage l'antagoniste.
Et quand il a épuisé toutes les turpitudes imaginables (paquet Terreur vide), le Killer sort sa carte Finale pour tenter de vous achever avec une capacité surnaturelle, comme dans le dernier quart d'heure d'un bon vieux Slasher des familles.

L'excellente idée du jeu est de coller au thème de chaque extension en incluant un maximum de références cinématographiques dans les décors, les situations, les objets et les personnages. Des cartes Evénement offrent de géniales parodies de grands Classiques du genre, avec par exemple des victimes spéciales et des accessoires directement issus des films pastichés, ou débloquent de nouveaux effets positifs ou négatifs dans certains espaces spécifiques.

Même si le jeu est uniquement Solo, on peut quand même le partager à plusieurs en faisant participer tout le monde à la prise de décision. Le côté aléatoire des jets de dés pourra rebuter les fins tacticiens mais c'est justement l'imprévu qui pimente le fun. Les situations comiques ou dramatiques sont surprenantes et on peut se faire son propre film dans sa tête au fil des retournements de situation, des coups de bol incroyables ou de l'accumulation de poisse pour les protagonistes.
Une fois qu'on maitrise les subtilités, il est possible de mélanger Lieux et Killers des différentes extensions pour augmenter ou diminuer la difficulté et obtenir des cross-over improbables (que se passe-t-il si on lâche un Alien dans la Maison de Poltergeist ?).

Il arrive qu'une combinaison de malus et d'échecs aux dés coupe court à la partie, qui se termine en 10 minutes après un massacre de masse. Mais comme la mise en place est relativement rapide, on y retourne immédiatement. Les extensions de la première saison restent très abordables, sans trop de règles supplémentaires. Avec la Saison 2, les choses se compliquent mais les films traités (The Thing, Alien, entre autres) en valent la chandelle. Et vu le succès du jeu, une nouvelle saison va sûrement débarquer.
Le concept des extensions focalisées sur un genre et une mécanique permet de ne choisir que les thèmes qui vous plaisent. Le potentiel de rejouabilité est cependant un peu faible, une fois qu'on est parvenu a vaincre un Boss avec tous les objets et mécaniques d'un lieu. Mais ça représente déjà pas mal de parties et d'heures de poilade ou de frissons !
 
 
Aides de jeu et vidéos de parties Solo : http://tonio.lagoule.free.fr/homepage_plateau.html

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