(2024 - Réalisé par S. Levy) ****
Continuant à abuser des voyages temporels depuis son aventure précédente, Deadpool cherche à tout prix à reconstituer les Avengers originels des Comics. Mais après une ultime déconvenue, il décide finalement de reprendre son identité de Wade Wilson pour essayer de vivre normalement.
Dans un contexte de "Superheros fatigue" avec une suite de semi-réussites et de flops-complets dilués dans un océan de Séries, le fameux Cinematic Universe peinait à renouveler sa formule depuis son final époustouflant en 2019. Noyé dans les limbes des droits commerciaux entre les studios Fox et Disney, le trublion Deadpool était sans doute le seul à pouvoir sauver les meubles. Encore fallait-il que le producteur démiurge Kevin Feige autorise Ryan Reynolds à foutre le boxon et dire des gros mots. Dès que Hugh "Wolverine" Jackman a dit oui au projet, le porte-monnaie de Mickey s'est mis en mode open bar !
L'autre coup de génie du film est d'adresser la façon dont Deadpool, ex-propriété de la Fox pour le Cinoche, peut intégrer l'univers ultra polissé des Avengers façon Marvel. Dans les deux films précédents, Ryan Reynolds n'a cessé de se moquer du côté très manichéen et formulatique de toutes ces franchises. Et le voilà aujourd'hui obligé de les rejoindre. Évidemment il le fait avec son style décapant, en essayant d'abord de littéralement déterrer le cadavre de Logan dans sa tombe. Comme il ne peut pas toucher aux Stars les plus sacrées (et les plus chères) que sont Iron Man, Black Panther ou Captain America, qu'il ne peut marcher sur les plates bandes de ceux qui sont déjà en mode "déconne" (Thor, Guardians of the Galaxy) et qu'il doit laisser tranquille ceux qui s'en tire bien tout seuls (Spiderman, Dr Strange) ou qui doivent se faire rapidement oublier (Eternals, The Marvels), il ne reste a priori plus grand monde de dispo !
Plutôt que de racler le fond du panier, les auteurs font ce qu'ils maîtrisent le mieux : une pluie de références plus ou moins obscures. Qui se souvient que Chris "Captain America" Evans joua dans
une des innombrables versions des 4 Fantastiques ? Ou que Wesley Snipes incarna Blade et Jennifer
Garner fût Electra ? Ce Deadpool 3 est un bel hommage à la petite décennie située entre la fin des "Batman" guignolesques de Joel Schumacher (1997) et le début de la trilogie adulée de Christopher Nolan (2005), avant que le raz-de-marée Marvelien ne finisse par tout engloutir (Iron Man et consorts, à partir de 2008). C'est durant ces quelques années que les X-Men prirent le leadership et renflouèrent les caisses de la Fox, avec les mutants du Professeur Xavier versus ceux de Magneto (qui inspirèrent sûrement la concurrence...)
Deadpool & Wolverine navigue donc entre clins d'œil aux aficionados, y compris les purs et durs lisant les Comics originaux. On pense notamment à la séquence de la recherche du "bon" Wolverine et à la bataille finale dans laquelle une armée de variantes de Deadpool affronte les deux lascars, deux passages qui raviront les connaisseurs puisque fidèlement reproduites depuis les BD.
Mais, revers de la médaille, cette avalanche de réfs est soutenue par un scénario à base d'univers parallèles qui paraît bien artificiel et difficile à suivre, surtout en comparaison avec les deux premiers opus et leurs intrigues tenant sur un post-it. Peut-être un moyen de moquer en douce le bordélique multivers des Avengers qui permet tout et n'importe quoi ? Heureusement que le duo fonctionne parfaitement et que Hugh Jackman réussi l'exploit de jouer son rôle de clown blanc face à l'auguste, en gardant intacte l'aura du personnage malgré les vannes qui fusent.
La tonalité générale respecte aussi le décalage du personnage principal, qui se prend pour le "Marvel Jesus" et qui, pour le coup, pourrait bien avoir raison et ressusciter la trop longue saga MCU qui commence à saouler tout le monde !
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