Fun 7/10
Technique 7/10
Style RPG
Editeur / Langue Konami / USA (Import)
Infos 1 joueur / Memory Card 135 Ko
Le petit millésime de 2002...
Il faut bien l'avouer, la PS2 est bien mal lotie coté RPG pour le moment (avant la déferlante annoncée aux USA pour 2003, notamment Squaresoft avec FFX-2, Unlimited SaGa et Xenosaga et Enix avec Star Ocean III et Dragon Quest VIII). Mis à part Final Fantasy X en début d'année et quelques ersatz peu convaincants, rien de sérieux à se mettre sous le dent pour l'amateur de Jeux de Rôle nippons sur la console de Sony. On peut imaginer que c'est en partie dû au temps de développement plus long pour un RPG que pour un simple jeu d'action. Heureusement certains éditeurs pensent quand même à nous pour cette période de fête, Konami en particulier avec le 3e épisode de sa célèbre série Suikoden. Après avoir bien établi le titre sur PS1 avec deux opus (le premier m'avait bien plu à l'époque, le second m'était passé sous le nez pour cause de jeux plus costauds à la même période), les auteurs ont choisi de continuer la saga sous la puissance de feu de la PlayStation seconde génération, et je vous propose donc un test de la version USA de ce jeu.
Arrêtons-nous quelques instants sur le scénario du jeu, qui comme à l'accoutumé nous propose de suivre les bouleversements politiques et militaires d'un pays d'heroic-fantasy de type médiéval. Avec le 3e opus nous nous penchons sur la région de "Grassland", 15 ans après les faits relatés dans Suikoden II. Ce territoire, où cohabitent plus ou moins pacifiquement 6 clans (des humains, des lézards, des canards, hmm hmm...), est coincé entre l'empire d'Harmonia et une nation de marchands nommée Zexen. Le système nommé un peu pompeusement "Trinity Sight System" va permettre au joueur de suivre la même aventure suivant trois points de vue différents, en passant de l'un à l'autre comme bon vous semble à la fin de chaque chapitre.
On pourra donc contrôler les réactions de Chris, la jeune chef des Chevaliers de Zexen, de Geddoe, un mercenaire d'Harmonian, et d'Hugo, enfant des tribus des plaines des Grasslands, face aux événements dramatiques qui vont secouer ce monde tourmenté par l'honneur, la trahison et la passion (on se croirait dans "Les feux de l'amour ;-). Un joueur un peu pressé pourra enchaîner tous les chapitres d'un unique personnage et arriver à la fin du jeu mais n'aura alors qu'une vision partielle du scénario. Il lui manquera certaines explications cruciales et surtout il ne pourra pas recruter les 108 héros qui ont fait la réputation du jeu auprès des fans et faire vivre le château, vénérable institution de la dynastie des Suikoden.
108 persos !
La mythologie chinoise nous apprend qu'il existe 108 "étoiles de la destinée", soit 36 héros provenant du ciel et 72 de la terre. Suikoden reprend à son compte cette légende et le joueur un peu hardcore mettra un point d'honneur à récupérer tous ses personnages au fil des explorations et des conversations. Le concept du "château" est lui aussi de retour, puisque chacun des "héros" trouvera sa place dans le magnifique castel que vous acquérrez après une dizaine d'heures de jeu. Et si certaines "étoiles" joindront votre cause sans poser de questions, d'autres devront être "achetées" ou vous poseront leurs conditions pour vous accompagner ! Cela donnera lieu à quelques mini-jeux sympatoches ;-)
D'ailleurs la gestion du château fera l'objet d'un récit entier au sein du "Trinity Sight System", ajoutant un 4ème personnage, Thomas, dont vous pourrez suivre les pérégrinations dans sa quête de nouvelles "étoiles" héroïques pour compléter son manoir. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprise puisqu'il existe encore 2 emplacements "libres" dans le TSS indiquant que 2 autres persos deviendront disponibles dans l'aventure. Sachant que chaque chapitre occupe plusieurs heures (de 2 à 5 suivant vos envies d'exploration) et qu'il doit exister 5 chapitres en tout, on arrive à environ 20 heures par personnage, ce qui fait largement plus de 100 heures de jeu en tout !
C'est la principale force (ou faiblesse) de ce Suikoden III, puisque cette abondance de personnages, croisé avec un scénario découpé en une multitude de points de vue, fait que le joueur aura intérêt à suivre de près l'histoire s'il ne veut pas être largué. Il arrive souvent d'ailleurs qu'au début d'un nouveau chapitre je sois quelque peu désorienté et tourne un peu en rond avant de retrouver le fil de l'histoire. D'autant plus que contrairement à d'autres éditeurs comme Squaresoft, le chemin n'est pas balisé avec des gros panneaux indicateurs style "Suite de l'Aventure par ici" ;-) Parfois il faudra parler à LA bonne personne dans LA bonne ville (ou simplement dormir !) pour enclencher les événements qui feront avancer le scénario, et le joueur un peu distrait pourra perdre une bonne heure à chercher en vain.
La carte du monde vous permet de vous déplacer de village en village, sur des chemins pré-établis (pas question de vous balader où vous voulez, même principe que dans FFX). C'est dans les villages et les châteaux que vous ferez progresser l'aventure, mais aussi et surtout que vous ferez vos emplettes. Les éternelles Tavernes et autres "Inns" vous permettront de gagner un repos bien mérité (et de sauvegarder au passage), les boutiques vous vendront objets de soins, équipements et Runes magiques, les forgerons amélioreront vos armes et les "négociants" donneront une bonne occasion aux commerciaux en herbe d'exercer leur talent (acheter des biens à bas prix dans une ville pour les revendre le double à l'autre bout de la carte).
Les points de compétence durement acquis lors des combats pourront être dépensé dans les Centres d'entraînement pour améliorer vos personnages. Il existe 3 grands types de Compétences : Physiques (attaque et défense), Magiques et Support. Chaque perso aura plus ou moins d'affinité avec telle ou telle compétence suivant son métier (un archer sera évidemment plus doué dans la compétence "Sharpshoot", dégâts à longue distance, que dans "Parry", parer un coup). Ces compétences seront notées de E (nul) à A (excellent) et vous devrez dépenser plus ou moins de points suivant votre affinité pour augmenter votre niveau.
Duels, Combats et Wargames
Les combats ont fait l'objet d'un traitement particulier, et il faut dire que les choix effectués par les auteurs me laisse un peu perplexe. Il existe 3 type d'affrontements : le combat "classique" avec d'un coté votre groupe pouvant contenir jusqu'à 6 persos et de l'autre la troupe ennemie, le Duel, qui comme son nom l'indique oppose 2 combattants, et la Bataille entre armées, une sorte de wargame très simplifié. Dans les combats normaux, s'activant aléatoirement lorsque vous vous déplacez entre les villes, vos persos fonctionnent par paire, au tour par tour.
Une paire de combattants ne pourra en aucun cas utiliser ses objets de soins sur une autre paire ! De même lorsque vous choisissez un sort ou une attaque spéciale pour un des persos d'une paire, son compagnon est condamné à effectuer une attaque physique de base. Voila de bien étranges limitations non ?! Comme dans les Suikoden précédents, il vous sera possible d'associer 2 ou plusieurs combattants pour réaliser une attaque groupée dévastatrice. Les Sorts sont accessibles grâce aux compétences magiques et aux Runes. En achetant des Runes classées selon les traditionnels éléments (Feu, Eau, etc.) et en les associant à vos persos, ceux-ci pourront suivant leur niveau de compétence utiliser la magie en combat. Attention cependant car les sorts puissants peuvent prendre plusieurs tours pour être exécutés, ce qui bloque le perso pendant ce temps.
Les Duels font penser à une partie de pierre-papier-ciseaux : vous avez en effet le choix entre attaque, défense ou botte secrète, mais sans savoir ce que prépare l'adversaire. Bref, c'est gentil. Terminons par le wargame allégé. Ici vous pourrez déplacer vos troupes sur une carte, avec une partie stratégique simplifiée. L'intérêt est malheureusement assez limité puisque mise à part la possibilité de mettre des troupes en soutien et d'utiliser les compétences de support, les tactiques d'attaques propres aux wargames sont quasi-inexistantes. Enfin la bonne nouvelle est que la présence de ses modes de combat variés casse un peu la monotonie du sempiternel leveling-boss-trésor.
Une réalisation technique "old shool"
Il faut bien l'avouer, Konami ne bénéficie sans doute pas de graphistes et de programmeurs du niveau de Square ou d'Enix. Et ça se voit... Techniquement parlant Suikoden III se situe dans la bonne moyenne, mais de nombreux détails nous prouvent que le chemin reste long pour atteindre le standard établi par Final Fantasy X en début d'année. Les personnages et les décors sont en 3D intégrale, mais bien moins détaillée que dans FFX, et c'est particulièrement vrai pour les visages et les effets spéciaux en combat. Heureusement, PlayStation 2 oblige dirais-je, le nombre démesuré de persos n'entraîne pas de confusion chez le joueur : tout est suffisamment clair sur l'écran pour qu'on s'y retrouve et les différentes tribus sont facilement reconnaissable.
Cependant, pas de séquences en synthèse qui arrachent les yeux.
La cinématique d'intro est une japanimation (que seuls les amateurs sauront apprécier je pense ;-) et ensuite toutes les scènes non-jouables se déroulent avec le moteur 3D du jeu. Coté sonore ce n'est pas mieux, aucun dialogue parlé (dommage de ne pas profiter du passage au DVD pour ajouter des voix Mr Konami) et des musiques gentillettes niveau PS1. On pourra trouver une excuse aux auteurs en se disant que la quantité est au moins au rendez-vous ;-)
Un autre point important du jeu est le parti pris des auteurs de ne mettre aucun tutorial dans le jeu. Seules quelques annotations succinctes viendront aider le joueur débutant qui sera assurément un peu perdu lors des premières heures de jeu. Plus que jamais une lecture attentive de la doc est nécessaire; surtout pour comprendre le mécanisme des Runes et des affinités dans les compétences.
Mon impression sur Suikoden III est mitigée. D'un coté je me dis que c'est le seul jeu valable dans la catégorie RPG pour cette fin d'année 2002 (avec peut-être Wild Arms 3), je me dis aussi que c'est un jeu profond qui s'apprécie sur le long terme (avec un scénario compliqué et donc une durée de vie plus que conséquente). D'un autre coté je reste perplexe devant certains choix dans les systèmes de combat et surtout la qualité graphique tout juste à la moyenne. Mais finalement c'est quand même un jeu à recommander aux amateurs de RPG, avec suffisamment d'exploration, de bonus, de quêtes secondaires, d'aventure et d'action pour s'occuper jusqu'à l'arrivée des mastodontes dans quelques mois...
Jeu fini :
Pas de problème, Suikoden III rempli parfaitement son rôle de RPG old school ! Avec plus de 60 heures de jeu et encore une vingtaine de persos cachés, Konami m'en a donné pour mon argent ;-) Il faudra un petit temps d'adaptation, comme je l'avais dit dans le test, pour s'habituer au système de Magie (avec les runes associées) et de Compétences, le point clé pour vaincre les gros boss. Le secret réside dans la formation de groupes équilibrés (et avec 108 persos au compteur, on peut dire que tout le monde trouvera ses favoris). Le découpage de l'histoire en 3 points de vue différents (ce qui donne 3 histoires parallèles lors des 4 premiers chapitres du jeu) est finalement tout à fait supportable, même si parfois en loupant une réplique d'un perso on peut errer sans savoir ce qui déclenchera la suite du scénario ! Des bonus semblent apparaitre si on arrive à collecter plus de 104 persos, je pense qu'il est bon de faire un effort pour les trouver et donc j'y retourne de suite ;-)
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