Fun 8/10
Technique 7/10
Style RPG Futuriste
Editeur / Langue Namco - Monolith Software / Import USA
Infos 2 DVD / 1 joueur / Carte mémoire 34 Kb / Digital & Analog Control / Vibration Fonction
Warum ?
Achtung baby ! Voilà l'épisode II de Xenosaga, suite directe du premier opus, le RPG Futuristo-Métaphysico-Nippon. Après le "Pouvoir de la volonté" (sous-titre allemand de XS1), voici venu "Au-delà du Bien et du Mal". Une phrase à apprendre tous les deux ans dans la langue de Richard Wagner, le rythme me convient ;-) On le sait l'ambition des auteurs de la série Xenosaga est de réaliser une grande fresque épique s'étalant sur six chapitres. Ceci impliquera probablement un changement de plateforme, vu le rythme de sortie (prochains épisodes sur PlayStation 3 ?).
Nous avions quitté la scientifique Shion et ses cyber-gonzesses Kos-Mos et Momo il y a deux ans dans un état de nerf indescriptible. L'univers était envahi par les terrifiants Gnosis, fantomatiques extra-terrestres belliqueux semblants échappés de Final Fantasy Le Film. Le Zohar, mystérieux artefact tout droit sorti de "2001 : l'odyssée de l'espace", demeurait l'ultime solution au conflit. La guerre était totale, le suspens à son comble, la tension insoutenable… Bon j'en fais un peu trop, mais les bons RPG étant toujours si rares sur PS2, on est bien obligé de faire avec ce qu'on a.
Même s'il n'est pas possible de reprendre ses personnages du jeu précédent (trop puissants bien sûr), Monolith Software récompense les joueurs du N°1 avec quelques bonus. Quelques points de compétence supplémentaires et des costumes inédits si vous démarrez une nouvelle partie depuis une sauvegarde de l'épisode I. C'est toujours ça de pris et ça aide pas mal au démarrage. Passé la longue intro cinématique les premières heures de jeu se focalisent sur Junior et Momo, le gamin issu de manipulations génétiques et la fillette Realian (robot imitant l'humain). Par la suite on retrouve avec plaisir le reste de la fine équipe, Ziggy le cyborg mélancolique, Chaos le mystérieux killer de Gnosis, Kos-Mos la Terminatrice et Shion Uzuki, le personnage central de XS1 et seul être 100% humain de l'équipe. Son frère rejoint d'ailleurs le groupe en début d'aventure. On en apprend plus sur l'enfance de Junior, alias N° 666, alias Rubedo (quand je vous disais que le scénar était compliqué !). De nombreux flashbacks coupe l'action et permettent d'en savoir plus, sachez cependant que si vous n'avez pas joué à Xenosaga I vous serez complètement paumé. On part aussi à la recherche d'informations vitales sur le Zohar cachées dans la mémoire de MOMO (Multiple Observative Mimetic Organicus). Damned, j'en ai déjà mal au crâne !
L'évolution graphique est très sensible entre "Der Wille zur macht" et "Jenseits von gut und bose". La 3D a été améliorée en ce qui concerne les personnages "ingame". Ils apparaissent plus réalistes, plus "occidentaux" pourrait-on dire. Concernant les décors c'est un peu moins visible, mais l'ensemble est moins carré me semble-t-il. Ceci se ressent aussi dans les séquences en images de synthèse, très nombreuses dans les premières heures. Même si elles sont globalement plus "léchées" elles n'atteignent cependant toujours pas le top niveau en la matière sur PS2 (mais peut-on lutter contre l'armada de développeurs de Square Enix ?). Coté design général je note aussi le look génial des Mechs (robots géants superbes !) contrasté par une certaine fadeur dans les couleurs (c'est vrai que les RPG Jap nous habitue aux coloris flashy). Ces quelques améliorations cosmétiques bienvenues masquent en vérité un remaniement en profondeur des différents systèmes de jeu.
Rien ne change, tout se transforme
Le principe du jeu reste inchangé. Exploration, combats, cinématiques. On se ballade dans des décors dont certains éléments peuvent être détruits pour faire apparaître des objets ou des portes cachées, on discute avec les passants pour faire avancer l'histoire. Les personnages sont définis par les caractéristiques de base du RPG. La Force et la Vitalité pour l'attaque et la défense physique, L'Ether Attack et l'Ether Defense pour la magie, la Dextérité et l'Evasion pour les chances de toucher et d'éviter une attaque, et enfin l'Agilité qui détermine la rapidité du personnage. Coté équipement on est réduit au minimum syndical : on attribut seulement un "costume" à chaque perso, le reste est géré par les "Skills".
Ce second chapitre permet aux auteurs de reprendre complètement la gestion des compétences. Le système de combat est lui aussi sensiblement modifié. Après chaque affrontement vos personnages gagnent des "Skill Points" et des "Class Points" contre les Boss, en plus des points d'expérience pour grimper en niveau. Les Class Pts s'acquiert donc plus difficilement et sont indispensables pour se spécialiser dans une catégorie de Techniques d'attaque ou de défense (Equip Skills), dans les sorts magiques (Ether Skills) ou simplement pour augmenter ses caractéristiques (Learned Skills). Par exemple pour accéder au premier sort de soin (Medica) il faudra dépenser 300 Class Pts en "Class A" (il existe huit classes) puis acheter "l'Ether Skill" Medica pour 200 Skill Pts (quatre Skills par Classe). Une fois une classe maîtrisée, c'est-à-dire toutes les skills de cette classe apprises par un perso, on accède à un niveau supérieur avec huit nouvelles classes possédant chacune quatre Skills inédites. Sachant qu'il y a quatre niveaux à masteriser, il y a pléthore de Skills pour vous amuser !
La nouveauté est que tous les personnages peuvent apprendre n'importe quelle compétence ou sort, du moment qu'ils ont suffisamment de points pour les acheter. Pas de chemin d'apprentissage prédéfini ? Attention à ne pas dépenser vos points durement acquis n'importe comment. L'astuce qui tue est qu'il faut bien étudier les caractéristiques de base des persos afin de voir dans quelle discipline chacun sera plus efficace ! Et oui, derrière l'apparente liberté totale de choix se cache en fait une gestion rigoureuse de ses petits champions. Ziggy est par exemple particulièrement balaise en Force, alors que Momo l'est en Ether. Quelles compétences allez-vous donc leur attribuer ? Le choix est vaste vu la quantité de skills disponibles, dont certaines sont cachées (à débloquer lors des quêtes annexes, nous y reviendront).
Les batailles sont optimisées : les auteurs introduisent un concept de zone d'attaque et modifient les conditions de "Boost". Les ennemis sont visibles à l'écran, le joueur sait donc quand il va entrer en mode "fight". Les combats se déroulent au tour par tour. Vos trois personnages ainsi que leurs opposants prennent chacun leur place dans une file d'attente suivant leur Agilité puis obtiennent une liste d'actions lorsque leur tour vient. Trois boutons du Pad sont dédiés aux attaques physiques selon la zone visée, haute, moyenne ou basse (nommée simplement A, B ou C. pas vraiment inspiré les auteurs). Un personnage ne pouvant en règle générale effectuer que deux attaques par tour, il faudra combiner ses coups (AA, BB, AB, BA, C ? ;-). Chaque type d'adversaire possède un point faible qu'il vous faudra découvrir en mixant différentes zones d'attaques. Le but étant en définitive de réaliser un coup critique ("Break") qui vulnérabilise l'ennemi pendant un tour. Le dernier bouton du Pad fait apparaître un menu permettant d'utiliser un objet, de lancer un sort Ether ou de réaliser une combo avec un camarade (Duo en attaque physique ou en Sort).
Le "Boost" d'un personnage permet de le placer directement en tête de la file d'attente, quelque soit sa position précédente. Une jauge se remplie à chaque action et stock un "Boost" une fois pleine (trois maximum). Ainsi lorsqu'un ennemi sera vulnérable (suite à un "Break" par exemple), on pourra immédiatement lui asséner un coup dévastateur en boostant les coéquipiers. Au final cela donne des combats nerveux et assez tactiques, il faut savoir patienter pour accumuler ses "Boosts" et les placer au bon moment, d'autant plus qu'il est nécessaire d'anticiper ceux des adversaires ! Ajoutons à cela des effets aléatoires qui changent à chaque tour au sein d'un combat (Dégats des sorts augmentés, Bonus en Skill pts pour un adversaire tué, jauge "Boost" accélérée, etc) et des modifications de status (aveugle, empoisoné, ralenti...). Vous voyez qu'il y a de quoi faire, n'est-ce-pas ?
Comme je l'ai dit en intro les Mechs sont toujours présents pour notre plus grand bonheur. Même si leur rôle est quelque peu anecdotique (comme dans l'épisode I à vrai dire), leur design est vraiment excellent et les utiliser en combat procure un sentiment de puissance extrême ;-) Les effets spéciaux, améliorés pour l'occasion, donnent un festival de gerbes d'étincelles et d'explosions en tout genre. Ne manque plus que quelques "Corno-fulgure" ou "Astéro-Hache" et ce sera le pied total.
Le lapin et le bon samaritain
On avait eu droit à une avalanche de mini-jeux arcade pour XS1 (machines à sous et poker). Namco change de cap en proposant de nouvelles quêtes de recherche plutôt marrantes. C'est le retour du lapin géant de l'U.M.N. (l'Internet du futur dans Xenosaga). Et oui, ça fume toujours la même moquette chez Monolith Software ;-) Cette fois-ci vous allez endosser le rôle de bon samaritain dans le cadre d'un vaste programme d'aide à la population. Au fur et à mesure de vos pérégrinations vous rencontrerez certains habitants qui vous confieront des tâches variées (faire le facteur, tuer un nombre défini d'ennemi en un temps limité, compléter un puzzle, etc). Plusieurs dizaines de ces mini quêtes sont disponibles, toujours facultatives mais donnant des Skills cachées sympathiques. Coté exploration on continue avec les missions "Segment" de XS1. Rappelons qu'elles consistent à trouver des clés numérotées et les portes correspondantes pour obtenir des bonus très utiles. Toutes ces quêtes annexes distrayantes allongent grandement la durée de vie d'un jeu qui sinon ne serait qu'une suite de cinématiques et de combats.
La version US de Xenosaga Episode II propose des dialogues parlés corrects, sans plus. Certains acteurs manquent parfois un peu de conviction, mais on sait combien il est difficile de trouver le ton juste dans un jeu japonais (les voix nippones sont pratiquement constamment super énervées ou exaltées, question de culture ;-). La bande sonore est remarquable, que ce soit au niveau bruitages ou musiques. Les thèmes symphoniques collent idéalement au scénario ambitieux de cet RPG.
Par les thèmes religieux et philosophiques qu'il aborde, par la profusion de ses intervenants, par sa volonté de mettre le fond et la forme à des niveaux semblables, Xenosaga Episode II ne s'adresse pas au grand public. Si vous cherchez un jeu de rôle efficace faisant la part belle à l'action, inutile de vous attarder sur l'épopée de Namco. En pointant du doigt quelques questions existentiels (qu'est-ce qui défini l'Homme ? La science s'oppose-t-elle à la religion ?), ce jeu s'adresse aux adultes et aux passionnés. Il quitte les sentiers balisés des RPG traditionnels en mettant en scène des personnages à des années-lumière des archétypes manichéens qu'on nous présente quasi constamment sur console. Le revers de la médaille est que le temps de jeu effectif est fortement diminué dans la première partie de XS2. Lors des 10 premières heures on assiste presque à un film entrecoupé de sessions jouables ;-) Pour rendre leur jeu plus abordable les auteurs devraient sans doute mieux équilibrer les passages "explicatifs" en les intégrant au sein de l'action (comme dans les films hollywoodiens).
Pour conclure, dans le vide intersidéral des RPG de la Playstation 2 (un bon RPG tous les 6 mois !), l'amateur ne peut refuser cette excellente production. Certes il s'agit d'un import US (puce nécessaire pour jouer sur une PS2 française) mais si vous êtes un professionnel du jeu de rôle vous savez que c'est indispensable de nos jours. Xenosaga Episode II affine son style (graphiquement et dans ses systèmes de jeu) et s'avère être une bonne évolution de son grand frère. Gageons que le suivant sera parfait ;-)
Jeu fini:
Soyons clair j'ai un peu décroché du scénario en cours de route. Trop de persos, trop de complications. On me dira qu'il est normal d'avoir une aventure complexe pour une saga s'étalant sur autant d'épisodes ! Mais ne perdons pas de vue qu'il s'agit tout de même d'un jeu. Heureusement les quêtes du "Bon samaritain" et la recherche des Skills cachées occupent une bonne douzaine d'heures, sans quoi la durée de vie aurait été d'environ 20 heures. Un peu léger pour un jeu sur 2 DVD. Reste aussi un système de combat très bien pensé qui privilégie la technique au détriment du bourrinage, c'est assez rare pour être noté. Ce second volet nous laisse dans l'expectative : après l'affrontement entre Junior le "Little Master" et son frère, on assiste à la capture du Zohar par de bien mystérieuses entités cosmiques. To be continued...
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