samedi 9 janvier 2021

Tenet

Tenet tatât Xanax

 (2020 - Réalisé par C. Nolan) ***
Après une intervention lors d'une prise d'otages dans un opéra, un agent secret est capturé et torturé. Il tente de mettre fin à ses jours pendant son interrogatoire. Il se réveille sur un cargo en pleine mer où un homme lui propose d'intégrer une organisation secrète. Un seul indice sur sa fonction : Tenet.

Christopher Nolan a constamment abordé le thème du temps. Dans Memento, Inception, Dunkerque ou Interstellar, le passage du temps est trituré mais sans toutefois être le sujet principal de l'histoire. Avec Tenet il se confronte à nouveau à son obsession, cette fois frontalement puisqu'elle devient centrale dans l'intrigue. Et le réalisateur cérébral ne se contente pas d'un énième film sur le voyage dans le temps, on embarque ici pour une aventure dans le temps inversé ! Si l'on parle de "cérébralité", c'est que Nolan prend le pari de raconter une histoire tellement compliquée (impossible à piger à la première vision) que l'émotion qu'il essaie de distiller est ensevelie sous les dialogues abscons et l'avalanche d'indices qui ne seront assimilés qu'après une analyse détaillée du chaos apparent.
Les spectateurs peinent à appréhender
le postulat de départ, pourtant basique. Un méchant veut déclencher la fin du monde. Le problème est que l'histoire est tellement alambiquée qu'on ne prend jamais la menace au sérieux, elle n'est pas représentée concrètement à l'écran. L'arc narratif de Katherine avec son fils et son histoire avec Sator est censé nous impliquer émotionnellement mais il est trop décousu à cause du découpage temporel imposé par le thème. Plus encore que dans les films précédents, Tenet réclame une attention permanente,
une seule ligne de dialogue ou un plan de deux secondes expliquant des pans entiers du scénario.
Le plaisir se situe donc dans le décorticage maniaque de la chronologie de cette aventure en forme de boucle temporelle, avec ses inévitables paradoxes insolubles. Un roman d'espionnage qui nous balade dans le monde à grand coup de séquences spectaculaires, où les héros -pardon, les protagonistes- interviennent à reculons dans leur passé. L'idée d'inversion du temps créée par Nolan produit un effet de cinéma aussi stupéfiant que le Bullet Time de Matrix en son temps. Si vous trouviez que Marty McFly retournant deux fois en 1955 était le summum de la complication scénaristique, avec Tenet on suit des personnages qui interagissent directement mais "à l'envers" avec des événements passés. Cela donne des images incroyables (le combat du héros contre lui-même, la poursuite sur l'autoroute, les "étaux temporels"), mais l'auteur sait qu'il perd en chemin bon nombre de spectateurs. A ce sujet, peut-être que la séquence de départ à l'opéra (où un public entier est endormi) est un clin d’œil malicieux à ce postulat : laissez-vous embarquer dans mon récit qui ressemble à un trip à la Inception. Vous pigerez plus tard quand vous serez réveillés !

Le puzzle façon carré SATOR est froid et lisse vu de l'extérieur mais son exploration s'avère passionnante pour les fondus d'énigmes sur pellicule. A ce propos je vous laisse avec mon analyse de la chronologie du film, qui tente de résumer l'intrigue de TENET.



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