jeudi 29 août 2013

Dragon's Crown

Pause détente à la taverne, avant le massacre.

Atlus / Vanillaware
Genre : Beat'em all RPG
Verdict: 3/5


Si vous avez manqué le début

Alors que tous les regards sont fixés sur le championnat d'Ultimate Fighting opposant la X-Box One à la PS4 (début de la boucherie en novembre prochain), il ne faut pas oublier que la génération actuelle de consoles est toujours là. Face aux esbroufes graphiques de cinématiques masquant un gameplay navrant, devant les gadgets "Kinectiques" inutiles, bidules tactiles imprécis et autres options "sociales" futiles, certains jeux nous rappellent que dans "Jeu Vidéo", il y a "Jeu". Et pas "film vaguement interactif" ou "passe-temps pour s'occuper les doigts aux chiottes".
Dragon's Crown se pose en madeleine proustienne pour nous faire revivre un temps que les moins de 20 balais ne savent pas apprécier. Du temps où on empoignait son Stick pour corriger les canailles, mater les malandrins et savater les saligauds dans des Beat'em all aux noms évocateurs : Kung-Fu Master, Double Dragon, Golden Axe.
Dragon's Crown est donc un hommage a ce genre oublié. Une madeleine, oui, mais gonflées aux amphét', avec supplément Pectoraux-Cuisses-Nib'. Ça déborde des armures, ça ondule lourdement dans les décolletés,  les nains sont plus larges que hauts et les donzelles plus habillées pour le salon de l'érotisme que pour le champ de bataille. De l'Heroic-Fantasy pur jus où le mot Fantasy prend tout son sens. Il ne s'excuse même pas d'être ouvertement sexiste, puisque son second degré artistique n'est qu'une vision délicieusement outrancière des graphismes 2D de naguère.

mercredi 28 août 2013

Children of men

L'attentat du café de Londres.

(2006 - Réalisé par A. Cuaron) ***** Edition Steelcase

En 2027 l'Humanité fait face à son extinction : l'infertilité est planétaire, plus aucun bébé n'est né depuis 18 ans. La pollution globale et le chaos ambiant forcent les pays à fermer leurs frontières. L'Angleterre affronte le flot des réfugiés fuyants les zones de guerre. A Londres, Théo échappe de peu à un attentat revendiqué par des activistes écolo. Il est bientôt contacté par son ex-femme, qui veut utiliser ses relations politiques pour faciliter l'exfiltration d'une adolescente. 

Les films de SF qui dénoncent, on en a eu. Mais aucun n'a atteint, à mes yeux, la perfection de Children of men. Brassant des thèmes universels sur le devenir de l'Humanité, l'écologie, la politique, le film mêle habilement une intrigue passionnante à une réalisation incroyablement habile, sans jamais être pesant dans sa démonstration. Loin des découpages épileptiques et des mouvements de caméra frénétiques, à la mode chez certains cinéastes, Alfonso Cuaron filme toujours pour le spectateur, pas pour épater la galerie. Et pourtant son film est truffé de trucages invisibles et de plans-séquence impossibles.
Le résultat est qu'on est constamment au cœur de l'action sans que l'auteur ait recours à des petits trucs minables de mise en scène branchouille : plan cut toutes les demies secondes et musique assourdissante pour pallier au manque de savoir-faire.  
Ici on nous montre un futur immédiat totalement crédible et réellement flippant. Les longues séquences sans coupures sont autant de morceaux de bravoure, que ce soit l'attentat en ville, l'attaque de la voiture en pleine campagne ou le final époustouflant face à l'armée, on suit les événements comme dans un documentaire, mais filmé comme au cinéma ! Les visions oniriques marquent le spectateur, ce cochon rose géant planant sur Londres, l'émouvante nudité de Kee dans l'étable, le temps suspendu face au miracle de la vie. La touche de comédie est apportée par Michael Caine, parfait en activiste retraité amateur de fumette. Touchant, intelligent et méritant pléthore de visionnages, Children of men est un Classique.

lundi 12 août 2013

Playlist Tori Amos


Playlist on SPOTIFY

Pretty Good Year   (Under the Pink - 1994)
Caught a Lite Sneeze   (Boys for Pele - 1996)
Flying Dutchman   (Gold Dust - 2012)
Jackie's Strength   (From the Choirgirl Hotel - 1998)
Glory Of The '80s   (To Venus and Back - 1999)
Blood Roses   (Boys for Pele - 1996)
Winter   (Gold Dust - 2012)
Past the Mission   (Under the Pink - 1994)
Give   (Abnormally Attracted to Sin - 2009)
Talula (The Tornado mix)   (Boys for Pele - 1996)
Silent All These Years   (Gold Dust - 2012)
Cornflake Girl   (Under the Pink - 1994)
Cruel   (From the Choirgirl Hotel - 1998)
I Can't See New York   (Scarlet's Walk - 2002)
Precious Things   (Gold Dust - 2012)
Enjoy The Silence   (Strange Little Girls - 2001)
Abnormally Attracted to Sin   (Abnormally Attracted to Sin - 2009)

vendredi 14 juin 2013

Heat

Dilemme au resto : qui paye l'addition ?

(1995 - Réalisé par M. Mann) **** Premium Collection

Des malfrats, pros de l'attaque de banques, dévalisent un fourgon blindé en pleine rue. Le casse tourne mal lorsqu'un des malfaiteurs abat les convoyeurs. Le lieutenant Hanna, flic chevronné de la police de Los Angeles, prend l'affaire en charge.

Pacino dans le rôle du flic obsédé par son boulot, De Niro dans celui du gangster "qui ne sait rien faire d'autre", on pourrait se dire qu'on a déjà vu ça mille fois au cinéma. Heat se résume finalement à la confrontation entre Serpico et Vito Corléone, mais c'est justement toute la différence entre le petit polar du samedi soir, vite oublié, et le grand film qui marque : des pointures devant et derrière la caméra. Le réalisateur Michael Mann s'attache avant tout à détricoter le travail de deux professionnels dans leur quotidien, qui n'ont que leur job pour tenir le coup. Le policier flirte avec la limite de la légalité, le gangster applique strictement un code d'honneur en contradiction avec son activité, tout ce beau monde s'arrange avec sa conscience. Du classique, oui, tout en premier degré, filmé sans gras dans les scènes d'action et toujours centré sur les protagonistes. A savourer en connaissant tout le passé de deux acteurs déjà mythique. 

samedi 8 juin 2013

Fire Emblem Awakening


De la cinématique en relief sur 3DS.

Nintendo / Intelligent Systems
Genre : Tactical RPG
Verdict: 5/5


Si vous avez manqué le début

S'il est un genre tombé en désuétude auprès du grand public, c'est bien le Tactical façon JRPG. Tout au plus le tolère-t-il sur son smartphone, passe-temps de 5 minutes noyé dans l'overdose de données zappées par la Génération Débilla allo quoi.
Oubliés, les Tactics Ogre et autres Front Mission. Retournés dans leur niche, les Disgaea et les FF Tactics. A tel point que Fire Emblem, une des séries "emblématiques" (ha !) du genre, a lâché son épisode Awakening sur 3DS comme un baroud d'honneur, un dernier tour de piste avant abandon définitif. "Quitte à en finir, autant partir en beauté", ont du se dire les auteurs du jeu. Et les voila qui polissent les systèmes de règles, qui peaufinent le graphisme, qui optent pour l'ouverture aux néophytes avec des options facilitant la prise en main. Le résultat ? un excellent T-RPG qui plaira aux petits débutants comme aux grands pros.

samedi 1 juin 2013

Sucker Punch

Baby Doll et ses copines font leurs crâneuses.
(2011 - Réalisé par Z. Snider) ** Ultimate Edition - Version Longue

Dans les années 50, Baby Doll se révolte lorsque son beau-père tente d'abuser sa petite sœur. Lors de l'empoignade, un accident provoque la mort de l'enfant, permettant au pervers d'accuser Baby Doll pour la placer dans un asile. La jeune femme s'évade mentalement pour se recréer un univers plus supportable, dans lequel elle se bât pour sa libération.

Marqueté comme un teen-movie glorifiant le "girl power", Sucker Punch nous balance à la tronche un maelstrom de séquences spectaculaires hyper-stylisées de pure "fantasy", lors desquelles un groupe de femmes ultra-sexy dominent des archétypes de mâles surpuissants (Samouraïs, Soldats nazis, Orcs, Cyborgs). De fait, l'interprétation initiale que l'on peut en retirer est conforme au produit vendu : Baby Doll va se construire un monde factice remplaçant l'asile sordide dans lequel elle est détenue. Dans ce "fantasme" elle imagine de nouveaux univers qui sont autant de challenges qui lui permettront, à elle et à ses "codétenues", de fuir définitivement le cauchemar. Le féminisme triomphant finira donc par vaincre l'oppression, au prix de maints sacrifices, faisant des héroïnes des martyrs de la cause.

Le hic, si l'on pousse plus avant l'analyse des messages distillés par le film, est que toute cette fantasmagorie masque une idéologie exactement inverse. Le premier "niveau" rêvé par Baby Doll troque l'institut psychiatrique pour un bordel dans lequel des clients viennent admirer les numéros de charme des "patientes", pour ensuite coucher avec elles. Une métaphore assez claire du traitement infligé aux pensionnaires dans l'asile, qui sont donc violées régulièrement. 
C'est lors de ses événements que Baby Doll instaure un second "niveau" de rêve, symbolisé par une danse lascive qui subjugue l'audience et l'entraîne dans un nouvel univers fictif. Chaque séquence contient une mission particulière où il faut remplir un objectif, comme dans un jeu vidéo, qui a un écho dans la réalité (récupérer un plan des lieux, voler un briquet, etc). Traduction : pendant qu'une de leurs congénères est abusée, les autres récupèrent les éléments qui permettront au groupe de s'échapper de l'asile.
Outre les stéréotypes montrant les héroïnes dans des accoutrements typiques de fantasmes masculins, leurs exploits n'ont lieu que dans leur imagination, reprenant tous les poncifs de la culture Geek (Boss géants, nazis-zombies, Orcs d'heroïc-fantasy, etc). Et encore, même dans leurs rêves elles sont dirigées par un homme, le "Wise man" qui leur délivre les instructions pour réussir leur mission. On nous montre donc des femmes "cliché" incapables de se débrouiller sans l'aide d'un mentor, prenant des postures sexy en super slo-motion pour laisser le temps au Mâle hétéro d'admirer leur plastique de mannequins photoshoppées.
La bande-son dévoile d'ailleurs les intentions du réalisateur, puisque les titres choisis indiquent que les victimes qui rêvent leurs prouesses sont sans aucun doute droguées (lisez les paroles de White Rabbit des Jefferson Airplane, Sweet Dreams de Eurythmics, Where is my Mind des Pixies). Dans la réalité elles sont toujours violentées, et pire : celles qui se sont rebellé sont tuées, voire lobotomisées. Est-ce vraiment la seule issue possible pour l'émancipation de Baby Doll ?
Reste un film en forme de montagnes-russe, agréable si on laisse son cerveau à l'entrée. L'équivalent audio-visuel d'un conte de fée hallucinatoire façon Japanime qui se termine en bad trip.

lundi 8 avril 2013

James Bond 007 - Trilogie Daniel Craig

La cuvée Craig, c'est du bond.
Coffret James Bond 007 - Daniel Craig : La Trilogie (2013) Casino Royale / Quantum of Solace / Skyfall
La cuvée "Craig" des Bond réussit l'exploit de relancer la franchise, de la flinguer méchamment, puis de la ressusciter magnifiquement, tout cela en seulement trois épisodes. Non, papy James n'est pas mort, il Bond encore.


mercredi 13 février 2013

Ni no Kuni : La vengeance de la Sorcière Céleste

Ton Cosplay de Superman est loupé, gamin

Level-5 / Ghibli
Genre : RPG Jap comme on en fait plus
Verdict: 5/5


Si vous avez manqué le début

Le jeune Oliver, insouciant et plein de vie comme le sont tous les garçons de son age, va être confronté à l'horreur ultime : la mort de sa mère bien-aimée. Du coup, il se chope un -50 en Moral, le mioche. En chialant toutes les larmes de son corps, Oliver va réveiller une fée au gros pif piercé et au caractère bien trempé, qui l’entraîne alors dans son monde magique. Objectif : sauver la défunte reum et devenir le Héros au Coeur Pur.
Non, ce n'est pas le résumé du prochain film déprimant de chez Pixar, c'est le nouveau RPG des studios Level-5 !


mercredi 6 février 2013

Coffret Buster Keaton : 4 films



Les 3 âges (Three ages, 1923) - Go West (1925) - Le mécano de la Générale (The General, 1926) - Steamboat Bill Jr (1928) : Coffret Buster Keaton mk2 (2011) ***

Quatre films emblématiques de Buster Keaton, le "comique qui ne rit jamais". 

Il fallait oser à l'époque du muet où les expressions du visage étaient volontairement exagérées, camper un personnage dénué de réactions émotives. Ce type au flegme permanent Keaton l'a baladé de films en films, observant la nature humaine sans jamais essayer de donner des leçons de vie. Dans "Les 3 âges" il joue à trois époques différentes le même amoureux imperturbable. Toujours en compétition avec un rival pour conquérir le coeur d'une femme Buster est très souvent victime plus que héros triomphant. Dans "Go West" il va carrément se désintéresser du genre humain pour se lier d'amitié avec une vache. Les deux esseulés se sauveront mutuellement des turpitudes de la civilisation moderne.
Dans "Steamboat Bill Junior" il pousse toujours plus loin son rôle de loser magnifique, cette fois-ci en incarnant le fils décevant d'un petit armateur. Pas du tout taillé pour la Marine, amoureux de la fille du méchant concurrent de son père, Buster finira tout de même par prouver sa valeur lors d'une tornade détruisant la ville. L'occasion de visionner l'un de ses gags les plus célèbres : une façade de maison toute entière qui lui tombe dessus. 
Le bijou du coffret est bien sûr "Le Mécano de la Générale". Cette fois-ci Buster partage son amour entre sa fiancée adorée et sa locomotive chérie. Econduit par la première il devra récupérer la seconde, volée en pleine guerre de sécession. Une suite de péripéties ferroviaires qui culmine avec une loco sacrifiée sur un pont saboté.
Buster Keaton, acteur atypique arrivé au crépuscule du cinéma muet, est l'un des grands pionniers du comique poétique, personnage lunaire souvent perdu dans un 20e siècle industriel naissant.


dimanche 27 janvier 2013

Tarantino XX (8 Films)

Les dogs checkent le réservoir.

Coffret Tarantino XX (10 Blu-ray) : True romance, Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown, Kill Bill Volume 1, Kill Bill Volume 2, Boulevard de la Mort, Inglourious Basterds
+ Documentaires "20 Years of Filmmaking", "Critics Corner", Jackie Brown Q and A.

20 ans de Tarantino, ça se fête ! Un bien beau coffret des 8 premiers films de l'ami Quentin vient célébrer le cinéaste de référence dont l'enthousiasme enchante les amateurs de B-movies.

samedi 5 janvier 2013

Hitchcock - Masterpiece Collection (Coffret Alfred Hitchcock : 14 Films)

Relax Norman Bates, Maman te surveille...
Cinquième colonne (Saboteur, 1942)
L'Ombre d'un doute (Shadow of a doubt, 1943)
La corde (Rope, 1948)
Fenêtre sur cour (Rear window, 1954)
Mais qui a tué Harry ? (The trouble with Harry, 1955)
L'homme qui en savait trop (The man who knew too much, 1956)
Sueurs froides (Vertigo, 1958)
Psychose (Psycho, 1960)
Les Oiseaux (The Birds, 1963)
Pas de printemps pour Marnie (Marnie, 1964)
Le rideau déchiré (Torn curtain, 1966)
L'étau (Topaz, 1969)
Frenzy (1972)
Complot de famille (Family plot, 1976).


jeudi 20 décembre 2012

Au secours ! J'ai rien compris à Prometheus !



Causons un peu de Prometheus, détenteur du titre de "Meilleur film raté" de l'année 2012. Causons de cette énigme sur pellicule, responsable des affrontements les plus sanglants de l'été sur les forums. Causons-en en spoilant comme des cochons, en pénétrant le coeur de son ADN pour tenter d'y trouver les réponses à la grande question sur la vie, l'univers et le reste.

Les spécialistes auto-proclamés s'empoignent depuis des mois pour savoir si Prometheus est un chef d'oeuvre science-fictionnesque incompris ou un simple foutage de gueule intersidéral. La réponse de votre serviteur se trouve dans les lignes qui suivent. Ou pas.
Vu qu'une suite doit venir d'ici quelques années mettre un terme à nos questionnements concernant le film, les interprétations couchées aujourd'hui sur l'écran  peuvent s'avérées complètement à coté de la plaque ou au contraire pourront être vues comme un exercice visionnaire troublant, si vous me lisez depuis le futur.

Avant de nous lancer dans l'analyse échevelée du pourquoi du comment du parce que, répétons notre WARNING pour nos ami(e)s non-comprenant : SPOILERS AHEAD !


mercredi 12 décembre 2012

Batman : The Dark Knight Rises


(2012 - Réalisé par C. Nolan) *** Ultimate Edition

Huit ans se sont écoulés depuis les évènements relatés lors du second chapitre. Par le faux sacrifice d'Harvey Dent, alias Double-Face, et la disparition du Chevalier Noir Batman après sa capture du Joker, la justice triomphe enfin à Gotham. Loin de savourer cette paix civile, Bruce Wayne vit reclus dans son manoir, ruminant sa douleur d'avoir perdu son amie Rachel Dawes.

The Dark Knight, l'épisode 2 de la saga du Sieur Nolan, avait surpris tout le monde par la profondeur de ses thèmes pour un Blockbuster, son casting impeccable et ses scènes d'action amples. Du coup les attentes pour Dark Knight Rises étaient sans doute trop élevées pour ne pas être déçues. En creusant plus loin encore dans la psyché malade du plus dépressif des super-héros, Christopher Nolan savait évidemment qu'il atteindrait la limite de l'exercice, et finirait par s'auto-caricaturer. Mais pouvait-il en être autrement ? Sa seule autre solution était de prendre le contre-pied et offrir un final débridé pour satisfaire les amateurs de conclusion testostéronnée et coloryfull, à la "Avengers". Pas vraiment le style du bonhomme. Rendons grâce à Mister Nolan de ne pas avoir cédé à la mode de l'ironie et de la dérision.
Donc on retrouve Bruce Wayne en pauvre petit milliardaire ayant perdu le goût de vivre. Batman, le symbole qu'il voulait ériger en exemple, est un héros bafoué. Pour mettre un terme à la trilogie le justicier solitaire va affronter ses vieilles terreurs. Au sens propre Bruce retourne dans ce puits maudit, source de sa peur d'enfant. Au sens figuré il affronte ses démons : la vérité cruelle de sa relation avec Rachel, dite par son seul ami Alfred, et le fantôme de son mentor de la Ligue des Ombres par l'entremise de son rejeton infernal, Bane. Là où la "patte" Nolan fonctionne encore parfaitement, c'est dans le résolution ambiguë qu'il donne à son récit, laissant le choix au spectateur d'y voir une résurrection ou de croire au sacrifice. La force du film est que dans les deux cas, le mythe de Batman est respecté. On trouve aussi quelques soubresauts stylistiques, comme ce "kidnapping" d'avion en intro ou ce combat mano a mano durant lequel la chauve-souris se prend la rouste de sa vie. Pour le reste, entre les problèmes de rythme, le message anti-capitaliste hors-sujet, les seconds rôles fadasses (Catwoman, Robin, Miranda) et les menaces emberlificotées des Bad Guys, on peine à retrouver le souffle galvanisant de l'épisode précédent. Tout cela reste cependant supérieur à la plupart des épisodes 3 des trilogies d'Hollywood, c'est déjà ça de pris.

mercredi 21 novembre 2012

Coffret Tex Avery


(5 DVD - 1942-1955 - Réalisé par T. Avery) ***

Collection des dessins animés réalisés par Tex Avery entre 1942 et 1955. On retrouve les héros cartoonesques intemporels tels que Droopy, Screwy Squirrel et l'incontournable Loup obsédé sexuel, plus quelques autres plus obscurs mais tout autant poilants.

Si l'oeuvre de l'ami Tex Avery a traversé les ages et réussi à marquer plusieurs générations d'enfants et d'ados du XXe siècle c'est avant tout grâce à son rythme de folie. L'homme est expert dans l'art du gag à double (voire triple) chutes enchaînées en 3 secondes chrono. Il y a d'abord la chute qu'on voit venir comme dans un cartoon traditionnel, puis survient le gag bonus inattendu qui conclu vraiment la scène, parfois prolongé d'un 3e effet Kiss Kool pour notre plus grande joie.
Mister Avery est aussi celui qui, dès les années 40, se moque ouvertement des gentillettes productions Disney avec son personnage de Screwy Squirrel qui "pirate" et dynamite le court-métrage d'un mignon lapinou bien niais. Autre particularité, la présence quasi-systématique de messages à l'attention des spectateurs, clins d’œil complices sous la forme d'écriteaux pour appuyer l'énormité d'un gag ou personnages s'adressant directement à la caméra, brisant le 4e mur sensé nous séparer du film. Enfin, l'usage récurrent du héros embrassant à pleine bouche son ennemi pour le provoquer aura contribué (et continue encore) à énerver les ligues de vertu homophobes du monde entier, à notre plus grande satisfaction.

Le graphisme et la technique d'animation ont aussi fait beaucoup pour le succès des premières productions Avery, que ce soit le travail insensé sur les corps qui se déforment à volonté ou la gestuelle parfaite des Femmes Fatales toujours confrontées au Loup maniaque. Et puis il y a Droopy, contrepoint génial à l'hystérie ambiante avec son lent phrasé et ses mimiques minimalistes. Qu'il soit policier, Cow-boy ou Toréador, il triomphe (presque) toujours grâce à son flegme. "You know what? I'm happy".

jeudi 15 novembre 2012

Coffret François Rollin - L'Intégrale (2012)


(Le Professeur Rollin a encore quelque chose à dire / FMR / Colères - 2004/2006/2012 -  Spectacles) ***** 4 DVD

Quelques uns des plus fameux spectacles de l'ami François Rollin durant les années 2000 avec en point d'orgue la reprise de l'inégalable "Colères".

Ça commence par la réédition du spectacle de 2004, la Conférence sur la progression diagonale du Professeur Rollin, histoire de se mettre immédiatement en condition. On ne reviendra pas sur la puissance comique de ce déferlement linguistique déjà chroniqué dans ses pages. Vient ensuite la série de spectacles uniques des "FMR", plus personnelle. François Rollin s'autorise toutes les audaces en solo, "Victor Hugo et moi" et "La musique militaire : pourquoi ça marche ?" lui donne l'occasion d'aborder quelques unes de ses marottes.  A plusieurs on assiste à d'étonnantes réunions en simili impro avec Ramzy Bédia et André "Frère Ennemi" Gaillard ou Jackie Berroyer et Clémentine Célarié. Le résultat est toujours inattendu et souvent poilant même si le télescopage des cultures et des genres produit parfois des loupés. Mais c'est le risque lorsqu'on sort des sentiers battus. On pardonne volontiers, donc.
Le joyaux du coffret est assurément la présence, enfin! d'une captation de "Colères". Depuis le temps qu'on s'épuisait les yeux sur nos vieilles VHS de l'enregistrement TV daté du siècle dernier il était temps que la nouvelle génération puisse découvrir ce chef d'oeuvre du One-man show. Oubliés les enchaînements de sketchs bien pépères à la française. Oubliés les médiocres Stand-up du quotidien déjà démodés la minute d'après. Avec "Colères" nous avons à faire à un vrai spectacle entier, une tranche de vie tragi-comique d'un homme à principes sans cesse dans l'affrontement dont les vaines gesticulations nous renvoi les nôtres, bien souvent aussi pathétiques. Un Don Quichotte version sale con finalement émouvant, d'une mauvaise foi qui parait pourtant si sincère, misanthrope et misogyne à désespérer du genre humain, un miroir déformant tendu par Rollin pour qu'on se voit dedans et qu'on ne puisse rien faire d'autre que d'en rire.