Coffret Audiard Cinéaste : L'Anthologie (2005) : Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (1968) *** + Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais... elle cause ! (1970) ** + Le cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques (1970) * + Comment réussir... quand on est con et pleurnichard (1974) ****
4 DVD
- Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages : La jeune Rita a risqué gros en voulant doubler Charles le Téméraire et Fred l'Elégant. La voila elle-même trahie alors qu'elle allait mettre la main sur une caisse de lingots d'or. Heureusement, Tata Léontine quitte sa retraite dorée pour secourir sa frèle protégée.
- Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais... elle cause ! : Germaine, femme de ménage docile, supporte les humeurs de ses patrons, un employé de banque obsédé et malhonnête, une star de la télé ex-péripatéticienne et un éducateur pas très catholique. A force d'indiscrétions et de ragots, l'amie Germaine se dit qu'elle pourrait devenir maîtresse-chanteuse.
- Le cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques : Monsieur Mullanet attend la fortune qui le sortira de son ordinaire. Il va être servi ! Le destin le place au beau milieu d'un affrontement mystérieux entre deux redoutables gangsters et leur bande, Alfred Mullanet jouant malgré lui le rôle du cadavre récalcitrant.
- Comment réussir... quand on est con et pleurnichard : Antoine Robinaud est VRP auprès des Bistrotiers parisiens, tentant vainement de fourguer son alcool "fait maison" Vulcani -Le Vermouth des Intrépides-. Sa méthode de vente ? un argumentaire béton, du lyrisme mélancolique, et une larmichette pour attendrir le client. Son incroyable médiocrité lui vaudra une destinée peu ordinaire lorsqu'il rencontrera une galerie de personnages hauts en couleur.
Ne présentons pas Michel Audiard, tout le monde connait le père de Jacques. Sa filmographie éclair en tant que réalisateur (8 films entre 1968 et 1974) n'a pas laissé la même trace dans l'Histoire du Cinéma que les classiques dont il signa les dialogues. On lui reproche, à juste titre, un manque de rythme et une mise en scène assez quelconque. Et pourtant à y regarder de plus près on retrouve dans chaque film de ce coffret un bon nombre de répliques cultes, certes pas autant que dans les "Tontons" ou "Un singe en hiver". Assénées s'il-vous-plait par des pros du genre, Messieurs Blier, Carmet, Serrault, Pousse, Marielle et consorts, accompagnés par des pointures féminines comme Françoise Rosay, Marlène Jobert, Annie Girardo ou Mireille Darc. "Le cri du cormoran…" est pour moi le plus faible des quatre films présentés dans ce coffret. Intrigue nullissime, dialogues peu inspirés (un comble !), acteurs en roue libre, même le génial Michel Serrault peine à faire le show, et ne parlons pas du glacial Paul Meurisse. Un échec artistique cuisant donc, probablement une de ses productions alimentaires dans lesquelles pouvait parfois tomber l'auteur (acheter les droits d'un bouquin histoire de "toucher le chèque").
Plus réjouissant mais toujours un brin cossard (scénar-prétexte et bavardages pas toujours très utiles), "… Elle cause !" oppose les trois fines gâchettes Girardo, Blier et Darc, avec un rôle aux p'tits oignons pour Sim, la "pointe bic" (faut le voir entonner "La petite libellule", paré de son collant et de ses fausses ailes). Sympathique mais manque de consistance.
En ce qui me concerne le vrai plat de résistance reste "…les canards sauvages" et surtout "Comment réussir...". Dans le premier, Bernard Blier donne toute sa mesure dans un de ses rôles fétiches (le malfrat qui n'a que de la gueule) face à l'impeccable Madame Rosay et la (vraiment) (très) délicieuse (vraiment beaucoup) Marlène Jobert. Le style part dans tous les sens et reste distrayant : parodie de film noir, foutage de gueule des comédies musicales à la Jacques Demy, fusillades baroques (entre Léontine et 10 gangsters armés jusqu'aux dents, qui gagne à votre avis ?). Et puis on retrouve du dialogue qui tape ("j'ai le glaive vengeur et le bras séculier, l'aigle va fondre sur la vieille buse.").
Toujours plus loin dans la connerie, "Comment réussir…" trouve en la personne de Jean Carmet le représentant idéal de l'Être Médiocre, celui qui n'entreprend pas grand-chose mais qui rate quand même. Une ôde merveilleuse à la "moyennitude" du naze Franchouillard, qui ambiance les trop belles pour lui. Carmet tendant vainement de vendre son "vermouth des intrépides" aux bistrotiers, ça nous donne quelques savoureux moments. Et quand Marielle se lance dans son grand numéro de séducteur à la noix face à Jane Birkin ("Elle m'a dit que j'étais une synthèse…") on touche au génie.
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