La redoutable armée des robots-biscottes |
Avant-propos mon paulo
Si vous avez pris le temps de consulter nos amères critiques des épisodes 1 et 2 vous vous attendez sans doute à ce que le massacre continue avec la conclusion de la Navrante Trilogie, La Revanche des Sith. C'est une espérance bien légitime.
Mais qui aurait le cœur assez sec pour s'en prendre au rejeton d'une mère indigne (La Menace Phantom) et d'un papa déglinguo (L'attaque des Clones) ? Le pauvre épisode III subi déjà trop de quolibets dans la cour de récré, " ta mère la molle, elle ressemble à Jar Jar ! ", " ton père il est clone au Cirque Lucas ! ", les enfants sont cruels.
Non, décidément, de par sa lourde hérédité le petit dernier ne peut pas être tenu responsable de ses agissements. C'est pourquoi nous débuterons sa présentation sur une note positive.
L’épisode final de la préquelle débute sur une enthousiasmante bataille spatiale, où l'étalage orgiaque d'images de synthèse est enfin justifié. Pour tout dire on n’y croit pas mais il semble bien qu’on assiste à un film Star Wars. Pendant cinq minutes le cœur du fan palpite, il oublie les combats sans danger contre les droïdes-biscottes, la course-poursuite futile sous la mer avec un thon géant, l’épreuve de gymkhana sur la chaine de montage Twingo, la corrida tragi-comique des 100 Jedis dans l’arène… oui, tout cela parait si lointain.
La joie est de courte durée, vous vous en doutez.
Sitôt Obi-wan et Anakin à l’intérieur du vaisseau de Dooku, la Loi de Lucas (c’est comme la Loi de Murphy mais en pire) reprend ses droits. L’armada des droïdes-en-plastoc se fait découper comme on en a pris l’habitude depuis deux épisodes et les Jedis fuient devant les Droïdekas, comme le veut la tradition dans la Consternante Trilogie.
La bouche bée du fan se referme, ses yeux écarquillés s’éteignent, son souffle coupé reprend son rythme ronronnant.
George "âne bâté" Lucas n’a pas perdu son savoir-faire en matière de coups foireux. Ainsi lors de leur grande scène d’évasion du gigantesque vaisseau de Dooku on voit les deux Jedis et Palpatine parcourir les couloirs vides. Tout va bien, aucun droïde crash-test-dummy n’est candidat pour un petit démembrement gratuit. C’est sans compter sur le toussoteux Général Grievous, qui fait activer un champ magnétique dans lequel se jettent les fuyards, stoppant net leur escapade. Le dialogue qui s’en suit est probablement celui qui résume le mieux l’ensemble de la préquelle :
Obi-wan : « Comment ça a pu arriver ? On n’est pas débile à ce point là ! »
Anakin : « Apparemment, si. »
Yoda et Mace 'motherfucking Windu, motherfucker. |
La Revanche des Sith conte les événements les plus sombres de la saga, c’est la naissance symbolique de Dark Vador, le plus charismatique des bad guys de cinéma depuis plus de trente ans, et c’est aussi la mort de Padmé, la fin de la République, la disparition de l’Ordre Jedi et l’exil forcé des deux figures emblématiques de la Trilogie Classique, Yoda et Obi-wan.
On l’a démontré précédemment, Lucas-la-trompette a fort maladroitement mené sa barque jusqu’au climax que représente l’épisode III. Au moins le spectateur accepte un certain nombre de faits, même si on lui a fait avaler de force lors des films précédents. Voici donc ce qu’on sait avant que ne débute le dernier acte : Anakin est un Jedi instable, Palpatine complote, Anakin et Padmé sont amoureux, Palpatine complote, Anakin et Obi-wan sont amis, Palpatine complote, Anakin est l’élu censé apporter l’équilibre dans tout l’univers.
Arrêtons-nous un instant sur cette dernière affirmation, plusieurs fois répétée au cours des films pour justifier le caractère unique du héros et son ascension fulgurante au sein des Jedis.
Une prophétie prédit l’apparition d’un Envoyé, un être garantissant l’équilibre de la Force dans la galaxie. La preuve ? Il est le fils d’une Sainte Vierge, sa mère Shmi qui va mourir dans des circonstances quasi-christiques. De plus Qui-Gon a mesuré son taux de schmilblicloclo ah merde! midichloriens, qui s’avère hors du commun (plus balèze que celui de Yoda, t’as qu’à voir !).
Si Anakin est l’élu suprême ce n’est donc pas parce qu’on l’a vu séparer la Mer Rouge, détruire l’Anneau Unique, ou vaincre la Matrice. Non. C’est parce qu’il a 20 000 points dans sa compétence "Cellules Microscopiques". Ça fait moins rêver, du coup.
Cependant George "Domenech" Lucas nous livre sans aucun doute le moins mauvais des épisodes de la Pénible Trilogie. Quelques passages mémorables parviennent à envoûter le fan trentenaire transi, le monologue fascinant de Palpatine contant la légende Sith, le temps suspendu lorsque Vador reçoit son casque mythique dans un silence absolu.
Le face-à-face ultime entre Anakin et Obi-wan aurait aussi pu entrer dans l’Histoire si l’auteur n’en avait pas abusé en l’étirant exagérément. La confrontation s’étale sur 15 minutes, commence par une explication musclée créant une belle tension dramatique, et enchaine fatalement sur le duel qu’on attend depuis toujours. …Puis s’étiole au fil des situations de plus en plus improbables qu’on impose aux deux antagonistes, accrochés à des lianes façon tarzan, ou en équilibre invraisemblable sur des plateformes minuscules flottant sur des hectolitres de lave artificielle. Manquerait plus qu’ils se défient à chat-bite.
En se lançant dans son projet de prélogie Lucas savait que deux choses l’attendaient : une cohorte de millions de fans, et des millions de dollars.
Nous avons contesté ses choix artistiques et scénaristiques tout au long de nos élucubrations, mais au final l’œuvre appartient à son créateur. George, père fondateur de Star Wars, a cassé son jouet de milliardaire en voulant trop faire. Trop de réponses aux questions qu’on ne se posait pas, trop d’autoréférences maladroites, trop d’images clinquantes pour masquer la misère des caractères.
Lucas le Démiurge était le personnage de Luke dans la Trilogie Originale, le héros qui se bat contre l’Empire. Il est troublant de noter que dans la Nouvelle Trilogie il soit devenu Anakin, celui en qui chacun place ses espoirs et qui bascule du coté obscur.
Place à présent à notre vision de la fin du cycle d’Anakin, notre Episode III personnel concocté avec amour et maladresse.