Les androïdes Walter et David pipeautent. |
Le vaisseau spatial "Covenant" voyage à destination d'une planète fertile, dans le but de la coloniser. A son bord, un équipage composé de couples et 2000 embryons cryogénisés pour peupler ce nouveau paradis. Et aussi Walter l'androïde.
Et quand, cinq ans plus tard, Mister Ridley remet le couvert avec Covenant, les plus naïfs des fans (dont votre serviteur) se font encore avoir : ils espèrent une suite comblant tous les trous narratifs, des héros et héroïnes enfin crédibles, et des aliens pas relégués au banal rôle de machines à "jump-scare".
Las. Les auteurs recommencent leur remake du film de 1979, en beaucoup moins bien. Soit un équipage en état d'hibernation voguant vers sa destination, interrompu par un événement extérieur, recevant un message mystérieux, partant à sa source et, ce faisant, courant à sa perte à la suite de décisions stupides. Le challenge étant d'inclure toutes les intrigues amorcées dans Prometheus et jamais résolues.
Pour ce dernier point, la solution fut de reprendre patiemment tous les éléments développés précédemment pour sublimer l'ensemble par une astucieuse remise en perspective.
Non, j'déconne.
Elizabeth est morte après avoir remis en état son ennemi David. Et tous les Ingénieurs sont crevés aussi. On se débarrasse des seuls éléments intéressants de Prometheus en ne gardant que le plus plat, celui dont on sait qu'il est un androïde psychopathe se prenant pour Dieu. Et au cas où on l'aurait oublié on vous le rappelle lors de l'intro, avec une discussion pas du tout subtile entre le robot et son créateur, Peter Weyland, lors d'un flashback.
Tout est bâclé dans Covenant : la présentation de l'équipage (sans relief), l'arc narratif de l'héroïne (un mix entre Ripley et Shaw, donc déjà vu), la découverte de la planète des Ingénieurs (désespérément vide), l'apparition des Xénomorphes (trop rapide, aucune montée de tension) et le faux suspens sur le rôle de David (tout le monde sait qu'il est fou, sauf les protagonistes du film malgré toutes les preuves sous leurs yeux).
Les seules pistes novatrices introduites dans Covenant sont seulement effleurées, le concept des couples de colons, sensé renforcer leur lien affectif mais insuffisamment traité, et la relation entre Walter et David (les premiers homo dans un film S-F grand public ?).
Autrement, le film tourne sur lui-même, s'auto-référençant en balançant les mêmes séquences qu'il y a 40 ans, copiées à l'identique : bébés aliens s'éjectant des corps, face-huggers dans leurs œufs, Xéno massacreurs. A tel point qu'on en vient à se demander si, à l'instar de Star Wars (lui aussi né à la fin des 70's), l'univers "Alien" est assez riche pour fournir autre chose qu'une trilogie. La saga de Lucas est condamnée à ressasser ad nauseam ses Jedis et ses Stormtroopers, celle créée par Dan O'Bannon, Ridley Scott et James Cameron semble avoir fait le tour de son sujet dès son 3e épisode en 1992. Les oeufs et leurs face-huggers, les Xénomorphes et leurs mâchoires, les équipages sacrifiés à la chaîne, la formule peine à se renouveler.