jeudi 22 août 2019

Coffret Robocop, la trilogie

"Your move, creep"
Robocop, la trilogie : Robocop (1987 - Réalisé par P. Verhoeven) **** + Robocop 2 (1990 - Réalisé par I. Kershner) ** + Robocop 3 (1993 - Réalisé par F. Dekker) * (3 Blu-Ray - 2014)

Robocop : L'officier de police Anne Lewis patrouille dans Detroit avec Alex Murphy, son collègue fraîchement débarqué. Pendant ce temps, la corporation OCP présente une solution révolutionnaire pour aider les forces de l'ordre : ED-209, un robot chargé du maintien de la loi.

Il fallait au moins un Paul Verhoeven pour transformer ce scénar de série Z en film d'action marquant. Sur le papier, l'histoire basique de Robocop ne tient pas la distance. Heureusement le réalisateur apporte sa touche habituelle d'images chocs, montrant les vrais effets d'une fusillade plutôt qu'une version édulcorée. Il garde sa vision cynique qu'il affiche dans tous ses films, avec une peinture peu agréable de notre société dans un futur proche, quitte à grossir le trait et caricaturer les personnages. Toute la clique d'OCP est corrompue, la pègre est constituée de psychopathes qui flinguent en ricanant et Murphy est d'une naïveté qui confine à la connerie lorsqu'il prend d'assaut en solo le repaire des méchants. Ceci lui vaudra une des plus mémorables morts au cinéma, abattu à bout portant par une demi-douzaine de tarés. Ainsi va naître Robocop.
Le film trouve son rythme dans les extraits télévisés qui le parcourent : un journal listant les catastrophes quotidiennes, 
des pubs délicieusement débiles et une émission comique vulgaire qui indiquent le niveau intellectuel ambiant. Une sacré dose d'humour noir qui injecte un commentaire social très malin. Mais il reste de l'espoir avec le personnage de Lewis, une femme flic intelligente et pugnace. Et surtout Robocop, cette machine programmée pour obéir aux directives (y compris celle qui est cachée ;-). La persistance de son esprit, ou son âme, est un message qui prouve que tout n'est pas perdu.

Robocop 2 : Les choses ne s'améliorent guère à Detroit. Une nouvelle drogue redoutable a fait son apparition sur le marché, la police fait grève contre la baisse des salaires imposée par OCP et les tentatives pour produire des Robocops supplémentaires se soldent toutes par des fiascos.

On pouvait espérer une suite digne de ce nom, avec l'auteur adulé de Comics, Frank Miller, au scénario et le réalisateur du meilleur épisode de Star Wars, le V, aux commandes de ce Robocop 2. Hélas, des producteurs incompétents ont remanié l'histoire et changé les personnages pour aboutir à un truc informe qui se moque de son sujet. Continuer dans la veine comique caricaturale du premier, d'accord. Encore fallait-il conserver son second degré subtil. Conserver une histoire simple, OK. Mais il fallait inclure quelques niveaux de lectures supplémentaires, comme son aîné avait su faire. On se retrouve avec une bande de malfrats dirigée par un gamin de 10 ans, bonjour la crédibilité, et le reste du casting est également grotesque. Le maire de Detroit est juste un bouffon, Faxx la scientifique manipulatrice n'a pas la prestance de Jones et Morton, les deux Yuppies méchamment ambitieux de Robocop 1, et Cain le baron de la drogue n'a même pas le charisme d'un ED-209 ! Les quelques pistes intéressantes sont balayées en deux minutes chrono, comme l'ancienne femme de Murphy qui revient puis repart, ou les versions ratées des nouveaux Robocops, et les personnages à développer restent au second plan (la policière Lewis, les membres du culte de Cain). C'est gâché, dommage.

Robocop 3 : La société OCP va enfin mettre en œuvre son projet de nouveau quartier pour Detroit. Pour cela une escouade est chargée d'évacuer les habitants. Poursuivant des émeutiers qui viennent de dévaliser une armurerie, Lewis se retrouve en mauvaise posture. Mais que fait Robocop ?

Honteux.

jeudi 15 août 2019

WARHAMMER QUEST: BLACKSTONE FORTRESS (Jeu de société)

Warhammer Quest: Blackstone Fortress - Publié par Games Workshop
Games Workshop et sa licence Warhammer sont dans notre paysage depuis des décennies, le wargame Warhammer 40,000 est l'un de ses représentants les plus connus. Avec sa série Blackstone Fortress, l'éditeur nous propose un jeu de plateau alliant sa maîtrise du design de figurines à sa science des mécaniques d'un jeu de guerre tactique, emballé dans son univers à base de Space Marines psychotiques affrontant aussi bien des factions de drones futuristes que des groupes de goules ancestrales. 

Ce mélange détonnant emprunte aussi aux genres à la mode ces dernières années : jouable en solo et jusqu'à cinq, personnages avec des stats gérées par des lancers de dés, choix entre session de jeu courte ou mode Legacy
La campagne est une aventure complète sur plusieurs dizaines d'heures se concluant par la révélation d'un secret enfoui dans un crypte cachée. Il faudra mener une troupe de quatre personnages dans les méandres d'une Forteresse Noire, une mystérieuse et gargantuesque station spatiale apparue aux confins de la galaxie, regorgeant de trésors technologiques et de dangers fatals qui évoluent au fil des explorations. 

Paré pour l'expédition ? Go, go, go !

vendredi 9 août 2019

Crazy Kung-Fu

Même pas mal
(Kung Fu Hustle - 2004 - Réalisé par S. Chow) *****
Le Gang des Haches terrifie la population et la police en faisant main basse sur le Shanghai des années 30. Sing et son pote Bone, apprentis truands minables, ont l'idée de se faire passer pour membres des Haches et de s'attaquer à la Porcherie, le quartier le plus pourri de la cité.

Voici la pépite qui mixe tous les genres avec jubilation : Film Noir et cartoon, arts martiaux et comédie musicale, Buster Keaton et Bruce Lee, Scorsese et Leone, Matrix et Drunken Master. On savait Stephen Chow, déjà auteur de Shaolin Soccer, capable du meilleur. Mais avec Crazy Kung-Fu il s'est surpassé, tout en assurant sa triple casquette de scénariste, réalisateur et acteur principal de cette énorme production Hongkongaise. 
Il y a ce goût merveilleux pour les "gueules" de cinéma, que Chow partage avec Sergio Leone ou Tarantino. Le couple des propriétaires de la Porcherie en est l'exemple le plus éclatant : un frêle bonhomme gominé sapé comme un macro et sa femme, solide mégère avec bigoudis et clope au bec, qui pratiquent un kung-fu de haute volée. Tout le petit monde qui peuple le quartier est mémorable : l'ahuri qui fait sa toilette au milieu de la cour, la miss grande bouche qui se balade en nuisette et surtout les trois maîtres incognito, qui attendent leur heure au sein de la populace. 
L'auteur s'autorise toutes les folies, sans retenue : coups violents (jambe hachée, couteaux plantés, broyages de visages et de pieds), séquences surréalistes (course-poursuite comme dans un Tex Avery) ou poétiques (l'attaque des Harpistes), caricature extrême de personnages (le Maître Gay, genre Cage aux Folles), sans oublier les nombreux passages de purs combats boostés à l'image de synthèse qui deviennent de plus en plus grotesques et poilants, jusqu'au summum final contre La Bête.
Crazy Kung Fu perd rarement son rythme, sauf lorsqu'il évoque le trauma d'enfance du héros, encore qu'on peut y voir une caricature de plus, dans le style larmoyant. Mais le principal est là : un sens aigu du timing pour les gags, des visuels marquants, des références qui font plaisir (la proprio qui fait du Bruce Lee dans la bagnole du chef du gang, magique !) et plusieurs visionnages nécessaires pour voir chaque détail.

jeudi 1 août 2019

Rollerball (1975)

Jonathan E file droit au but
(1975 - Réalisé par N. Jewison) ***
Jonathan E est un champion adulé de Rollerball, sport futuriste ultra-violent mêlant hockey et foot américain. Sur la piste l'athlète doit affronter les équipes adverses avec l'aide de ses coéquipiers, au péril de leur vie. Mais en dehors du stade le combat continue pour Jonathan, contre la toute-puissante corporation qui veut régenter sa vie.

Film d'anticipation parmi tant d'autres issus du cinéma des années 70, la version originale de Rollerball est un mélange d'action, avec une retranscription en détail des matchs chaotiques de ce sport intense, et de message politique où l'on découvre une société contrôlée par des corporations planétaires ayant mis fin à la pauvreté et aux guerres. Les chants corporatistes ont remplacé les hymnes nationaux.  
Mais derrière cette apparence idyllique, l'humanité se défoule devant le spectacle affligeant des gladiateurs du Rollerball. Ce sport est spécialement étudié pour être un programme abrutissant, créé pour assouvir notre soif d'hémoglobine en cachant la réalité glaçante du contrôle des masses. Tout est fait pour que la classe dominante maintienne le peuple dans l'illusion du bonheur... ça ne vous rappelle rien ? 
Le fait que les événements décrits se déroulent en 2018 ajoute un sentiment trouble, puisque notre actualité réelle se calque presque parfaitement avec ce rétro-futur : omniprésence des écrans, GAFA qui survolent nos gouvernements et combattants de MMA qui ne sont certes pas en rollers mais qui se défoncent dans des cages grillagées pour notre bon plaisir. 

Le film alterne entre longues séquences au cœur des matchs et coulisses du show, où les décideurs font et défont les stars de leur jeu. Ceci entraîne des soucis de rythme et, production américaine oblige, une morale où triomphe l'individu contre le collectif. Bien sûr Jonathan a toutes les raisons de remettre en question l'ordre établi : on l'a obligé à divorcer, on le pousse à la retraite alors qu'il est en pleine gloire et on met en danger sa vie et celle des autres joueurs en mettant en place des règles de jeu de plus en plus dangereuses. Certains passages de Rollerball basculent dans le comique volontaire, comme cette séquence de la visite du centre abritant l'ordinateur ultime, genre de google omnipotent qui a oublié toute l'histoire Humaine du XIIIe siècle et refuse de fournir les infos. Mais le contraste entre l'action pure brutale et les soirées feutrées de la haute société se répète pendant tout le film, occasionnant un sentiment de redite. 
Rollerball conserve quand même son statut culte, avec de vraies cascades sans écran vert. Grâce surtout à James Caan, tout en testostérone, même sur des patins à roulettes ! Il incarne parfaitement ce sportif dont l'avenir pourrait être radieux, mais qui doit "choisir entre une vie de rêve et la liberté", comme le dit le cynique grand patron de la société d'énergie. Notre héros restera sans aide extérieure, ses seuls véritables amis demeurent ses coéquipiers, qu'il mènera vers la lutte finale !