vendredi 1 octobre 2004

STAR OCEAN : TILL THE END OF TIME

Fun 8/10
Technique 6/10
Style RPG
Editeur / Langue Square Enix - Tri Ace / Europe
Infos 2 DVD / 1 joueur / Carte mémoire 175+1200 Ko / Contrôle Analogique / Fonction de Vibration



Un jeu pour les professionnels.

En cette année 2004 la production RPG sur PS2 se résume à cette simple constatation : un immense désert avec une oasis tous les 500 Km. Pire, si on élimine les jeux n'exploitant pas pleinement le potentiel technique de la machine (voir l'excellente série des RPG tactiques à la réalisation digne d'une SNES sortie chez Atlus USA -Disgaea, La Pucelle Tactics, Phantom Brave-), on se retrouve vraiment face à l'intérieur du crâne de Van Damme : le vide intersidéral. Malheur, la vie de l'amateur de Jeux de rôle n'est pas facile chez Sony.
Rappelez-vous camarades, le dernier RPG-Action valable nous venait des amis de Square Enix, les seuls fournisseurs officiels de Hits dans cette catégorie, en la personne de FFX-2. Et il date déjà de plus de 10 mois dans sa version US ! Mais on peut toujours compter sur tonton Square et mamie Enix, une nouvelle fois ils viennent à notre secours avec dans leurs petites mains potelées un jeu étrange venu d'ailleurs, Star Ocean : Till the End of Time.

Pour ceux qui l'ont connu sur la Play première du nom, "Star Ocean The Second Story" reste un des RPG incontournables : un univers de S-F heroic-fantasy original, des systèmes de jeu complexes et novateurs, des combats très orienté Action mais sans perdre leur coté stratégique. Du bonheur en pack de 12. Sa suite sur PS2 a connu un sort peu enviable il y a un an et demi : la version sortie dans le commerce contenait 2 ou 3 bugs très fâcheux, un comble pour un jeu Console et surtout Japonais (il y a dû y avoir quelques Hara-kiri de programmeurs dans les couloirs d'Enix à l'époque). On a donc vu une seconde mouture débouler au pays du soleil levant. Nommée "Director's Cut", elle corrigeait les bugs sous prétexte d'ajouter quelques modes de jeux supplémentaires. C'est sur cette version complète que se base cet "Episode III" européen.

Fayt Leingod, un ado pubère, est en croisière galactique avec ses parents à bord d'un énorme vaisseau spatial. Il est accompagné par son amie Sophia, qu'il drague nonchalament en tentant de la convertir aux jeux video (ha !). Vous le savez bien si vous êtes adepte des RPG Jap, bientôt ce tableau idylique va être noirci par une funeste rencontre. Et paf ! Voila-t'y-pas qu'une race d'Aliens belliqueux attaque le navire de "la croisière s'amuse" et met un boxon pas possible dans les plans romantiques de l'ami Fayt... Voila notre jeune ami obligé de se téléporter loin de sa famille sur une planète inconnue et hostile. Heureusement qu'il a appris à se battre grâce aux video games !

Encore une sortie française baclée

Qu'on se le dise SO:TtEoT n'est pas pour les gamins : d'abord l'édition européenne n'a de français que le manuel. Tout le reste "ingame" est en english (menus, textes et dialogues). On retrouve au passage cette très mauvaise habitude en matière d'adaptation sur notre pitoyable territoire des grenouilles : le mode 50 Hrz et sa surface d'affichage réduite sur 1/3 de l'écran télé, sauf si comme moi vous avez un beau 16/9 ;-)
La mise en place de l'histoire et des personnages est très lente. Comptez 10 heures pour commencer à entrer pleinement dans l'aventure ! Avant cela les auteurs nous ballade sur la planète Hyda IV avec deux grandes villes et trois vastes donjons à explorer. Ce n'est qu'après ce long apéritif que le joueur pourra goûter au plat principal : notamment des combats nerveux avec moult skills à utiliser et un système d'invention d'objet astucieux.
Mais c'est surtout au niveau du jeu en lui-même que la marche est haute. Seul un petit tutorial explique les bases des affrontements, et la doc succincte n'en dit pas beaucoup plus. Ceux que le plaisir de la découverte et du tatonnement enchantent seront ravi, les débutants et les amateurs de prise en main rapide qui auront squeezé les instructions éprouveront quelques difficultés pour comprendre les batailles.

Graphiquement SO:EoT se situe dans la bonne moyenne. La 3D est inférieure au maître Final Fantasy pour se rapprocher du style Xenosaga. Les persos sont peu détaillés (visages Japanime, animations basiques) et les décors manquent de couleurs mais sont plutôt vastes. Les passages en image de synthèse, répartis sur les 2 DVD du jeu, sont eux au niveau Square : top of the moumoute. Tous les dialogues principaux sont parlés, les doublages US étant assez bon en général si ce n'est les habituels problèmes de traduction (ou comment faire entrer 3 km de phrases japonaises en 3 mots d'anglais ;-) et certaines voix irritantes (pourquoi les héroïnes japonaises ont-elles toujours 14 ans avec des voix d'enfants de 6 ans ?!).
Une carte avec un "brouillard de guerre" et un pourcentage de surface découverte est présente dans tous les lieux, permettant au maniaque de l'exploration de contrôler qu'il n'oublie rien. De toute façon l'objet indispensable pour accéder aux endroits cachés ne vous sera remis que tardivement dans l'aventure, une bonne occasion de forcer le joueur à recommencer une partie en mode "Hard". Trève de blabla, voyons maintenant le coeur du jeu, ce qui représente les trois quarts du gameplay et qui motive généralement l'amateur éclairé de RPG : le système de combat.

Get ready... Fight !

Ca fuse, ca pulse, ca bastonne ! Les combats dans le nouveau Star Ocean gardent le même "vrai" temps réel (real real time comme dirait l'autre) que dans l'épisode précédent. Le moteur du jeu laisse apparaître les ennemis dans le décor, et libre au joueur de choisir de les affronter ou non (sauf bien sûr les Boss, là c'est fritage obligatoire). Une fois face aux ennemis, tout se déroule en direct : on déplace son perso principal, on s'approche d'un adversaire, on frappe. Les 2 autres persos du groupe sont dirigés par l'ordinateur, selon des indications données par le joueur (attaque physique, magie, etc).
Evidemment ce concept limite "Tekken 12" est étoffé par de multiples possibilités, on est dans un RPG pas dans un jeu de baston ! Deux types de coups sont dispo (mineurs ou majeurs) et la position par rapport à la cible est gérée (proche ou éloigné).
Une jauge d'action nommée "Fury" est la base de la gestion du temps réel : restez immobile et elle se charge pour atteindre 100%. Dans cet état votre personnage bloque automatiquement les attaques mineures (ce qui entraîne des états spéciaux chez l'ennemi -stun, etc-). Mais attention, dès que vous êtes en mouvement ou que vous activez un coup ou une autre action (utiliser un objet, lancer un sort, etc), votre niveau de "Fury" diminue. Si vous passez votre temps à courir et à taper comme un malade, vous descendrez bien vite à 0%, limite dans laquelle votre perso ne peut même plus bouger. Le secret des combats de SO:TtEoT passe donc par une totale maîtrise du pourcentage de cette barre.

Ensuite de multiples compétences de combat vont être gagnés au fur à mesure que chaque perso monte en niveau. Vous pourrez attribuer 2 coups spéciaux pour les attaques à courte distance (un appui bref sur un bouton du pad ou un appui long). De même pour les coups longue portée. Chaque compétence utilisée dépense bien sûr de l'énergie "Fury". Si vous parvenez à réaliser des "Combos" en coordonnant vos actions avec vos potes, vous obtenez en plus des "Battle Bonus", c'est-à-dire des modifications actives sur tous les combats suivants (XP multiplié par 3, Plus d'objets rares en récompense, etc). Attention toutefois puisque si un monstre parvient à "casser" votre garde par un coup majeur ou que vous fuyez un combat, le(s) Battle Bonus actif(s) disparaissent.
Autre point sympathique apportant un peu de piment aux centaines de batailles que vous allez livrer, les "Battle Trophies". Il s'agit içi de remplir une condition particulière en combat pour obtenir un trophée qui sera sauvegardé sur carte mémoire (fichier qu'il vous faut créer lors du tutorial de combat et qui fait 1200 Ko, si vous ratez l'occasion vous n'aurez plus la possibilité de toute l'aventure !). Vous finissez un combat en moins de 10 secondes ? hop, un trophée ! Sans avoir été touché ? un autre bibelot ! Vous réussissez à faire 333 pts de dégats en un coup ? vas-y René, fais péter les cahouettes ! Il existe 300 conditions qui donne ces bonus et qui vous serviront à obtenir de nouveaux costumes (couleurs) pour vos persos. Cool hmm ?

La bavure faite par Tri Ace sur le système de combat est d'avoir implémenté la mort des persos non seulement à zéro Pts de Vie (HP), ça c'est normal, mais aussi à zéro Pts de Magie (MP). On a donc des super-warriors avec ouat milles HP qui mordent la poussière face à une pauvre chauve-souris croqueuse de MP, frustrant non ? Heureusement cette technique fonctionne également contre les ennemis, on peut même dire qu'elle est une bonne stratégie contre certains caïds. Un système de Skill Points par niveau permet en outre d'augmenter les attributs un peu faiblard de chaque perso. Si le rythme du combat s'emballe et que l'écran devient trop confus, on a la possibilité de faire une pause en ouvrant le menu de choix d'actions : Magie (pompeusement nommé Symbology), Objets, Fuite, etc.

Le gâteau sous la cerise

L'interface et les menus sont toujours très clean dans les jeux Tri Ace. Till the End of Time ne faillit pas à la régle. On a même droit à un dictionnaire "ingame" hyper détaillé sur l'univers du jeu avec des centaines d'entrées (on aurait aimer au passage la même précision sur les système de jeu ;-). Les compétences en artisanat des personnages sont beaucoup moins complexes qu'avant (dans Second Story c'était proprement démentiel et même assommant). Mais il y a quand même de quoi faire avec le "Compact Communicator" reçu de la Craftsmen's Guild (une option qui n'apparait d'ailleurs qu'après une dizaine d'heures de jeu). En avant pour les passionnantes créations et manipulations d'objets dans les Workshop. On pourra alors passer son temps à récolter des ingrédients pour créer des plats exotiques exquis ou encore déposer des brevets sur des armes et des armures révolutionnaires afin d'amasser du fric et d'améliorer son classement dans la course à l'Inventeur Suprême (NTM).
L'équipement reste très simple à gérer : une arme, une armure, deux accessoires, bonsoir. Pas de quoi impressionner l'amateur de Jeux de Rôle Online sur PC, huhuhu ridicule. Certains accessoires permettent cependant de résister aux modifications de status en combat (poison, stun, freeze...). Très utile surtout lorsque les collègues contrôlés par la console font un peu n'importe quoi.

Star Ocean: Till the end of Time tient son pari. C'est en vérité l'unique RPG d'un niveau technique acceptable sur PS2 avec une profondeur de jeu suffisante pour intéresser tous les fans du genre. Donc on a pas le choix ;-) Même si les auteurs ne proposent pas grand chose d'innovant sur le plan scénaristique, il faudra s'en contenter et prendre son mal en patience en attendant encore une fois l'année prochaine (oui je sais, je l'ai déjà dit l'année dernière). Mais la liste des RPG prévus pour 2005 est réellement alléchante, et rappelons que ce sera probablement le chant du cygne pour la génération PS2/GameCube/XBox. Imaginez-vous entrain de jouer à Final Fantasy XII, Dragon Quest VIII, l'épisode II de Xenosaga et Suikoden IV... Ca vous file pas une demie molle ça hein ?! Désolé pour les demoiselles, je suis sûr que vous pouvez penser à une expression équivalente pour la gente féminine ;-)
Pour l'heure frères et soeurs, jouons à Star Ocean et taisons-nous. Plus de 60 heures de gameplay intensif vous attendent. Boudiou !



Jeu fini:
Ah quelle histoire ! Après un démarrage intéressant les auteurs nous gratifient d'un coup de théâtre gentillet, le coup du "jeu dans le jeu", on connaît merci ;-) Malgré tout ce Star Ocean 3 propose suffisament de challenges pour occuper près de 60 heures, voire beaucoup plus si on se passionne pour tous les mini-jeux offerts ainsi que l'artisanat très complet. Il faudra bien de la patience pour découvrir les secrets du jeu, j'ai par exemple découvert tout à fait par hasard une sorte de jeu de combat façon "Tekken" en donnant un objet rare à une personne précise dans le jeu ! De même ce n'est qu'après une bonne quarantaine d'heures de jeu que l'on découvre la cité des jeux contenant entre autre une sorte de jeu d'échec (simplifié of course) et des combats d'arènes avec classement ! Et je ne vous parle pas des Donjons optionnels et du mode de jeu "super-hard" (Universe) qui apparaît une fois le jeu terminé. Bref SO3 nous en donne pour notre argent, malgré son aspect graphique pauvre, son histoire simplette et ses persos manquant singulièrement de charisme. Il est sauvé par ses combats pêchus et l'immensité de son univers.

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