mercredi 10 décembre 2003

STAR WARS - Knights of the Old Republic

Fun 9/10
Technique 8/10
Style Jeu de Rôle 3D
Infos Bioware & Lucas Arts
Minimum Pentium IV 1.5 Ghz ou AMD Athlon 1500+
Solo uniquement
Testé sur : AMD Athlon 2500+XP / 512 Mo DDR Ram / GeForce 4 Ti 4200 (128 Mo) / Windows XP


Jedi solitaire

Star Wars Knights of the Old Republic (SW KotOR pour les fainéants) marque le retour de Bioware sur le devant de la scène. En effet depuis Baldur's Gate II il y a deux ans, on avait un peu perdu la trace de ces fameux développeurs artisans du renouveau du Jeu de Rôle PC à la fin des 90's. Certes on avait eu Neverwinter Nights, excellent en multijoueur mais très limité en solo. Les revoilà en pleine forme avec en plus une juteuse licence Star Wars de chez tonton LucasArts.
On avait Star Wars Galaxies pour le Jeu de Rôle Massivement Multijoueur, voilà son équivalent solo avec ce titre adapté de la version X-Box. Passons rapidement sur l'histoire qui nous entraîne 4000 ans avant les évènements racontés dans les films, à une époque où la guerre entre des armées de Jedis et de Siths fait rage. Vous allez incarner un(e) frêle combattant(e) escortant des hauts dignitaires Jedis à bord d'un vaisseau, soudainement attaqué par des Dark Jedis (waow ! quelle surprise !). Votre périple commence après votre crash sur la planète Taris, mise en quarantaine par les redoutables Siths. Vous devez retrouver la Jedi que vous étiez sensé protéger, Bastila... Bref, vous voila dans la semoule jusqu'au cou ;-)

Jeu de Rôle made in Bioware, SW KotOR commence par la traditionnelle phase de création du personnage. Ici les auteurs ont voulu ménager à la fois les pro du RPG et les amateurs de la saga de Lucas, en simplifiant au maximum les choix pour ne pas effrayer les novices. Finis les 12 000 Classes de Baldur's Gate avec les règles de jeu AD&D bien complexes, place aux 3 archétypes basiques de personnages et au système D20. Rassurez-vous amis statisticiens, la gestion du personnage comporte tout de même moult caractéristiques, compétences et dons. Et comme à l'accoutumée avec Bioware, toutes ces stats seront réellement utilisées pendant le jeu. Nous y reviendrons plus en détail un peu plus tard.
La grande nouveauté pour Bioware, outre le fait d'abandonner l'heroic-fantasy pour partir dans un univers de science-fiction, est le passage à la 3D totale. Effectivement ce studio nous avait habitué à ses magnifiques décors en 2D avec des personnages minuscules en sprite (voir Baldur's Gate 1 et 2, Icewind Dale 1 et 2). L'unique tentative de monde 3D pour un RPG AD&D était Neverwinter Nights l'année dernière, avec une espèce de vue de haut assez peu pratique. Avec SW KotOR Bioware sacrifie à la mode de la 3D en vue rapprochée à la 3e personne. Avec le système de contrôle choisit par les développeurs, cela donne un jeu visuellement impressionnant mais à la maniabilité un peu déroutante au début.

Les trucs qui fâchent...

Etant une adaptation de la version X-Box sortie cet été, on pouvait craindre le pire quant à la qualité graphique et l'ergonomie d'ensemble de KotOR. Coté réalisation technique, l'honneur est sauf avec une 3D excellente (pas du niveau des derniers FPS comme Max Payne 2, mais suffisamment beau pour qu'on puisse admirer les reflets des armures Siths ou les décors). La résolution monte jusqu'au 1600x1200 et on peut activer "in-game" l'anti-aliasing et l'anisotropique pour obtenir un visuel magnifique (avec une carte graphique de dernière génération évidemment, Geforce FX 5900 ou Radeon 9800 sur Processeur 2 Ghz).

Par contre coté interface, on sent l'influence de la gestion au pad issu de la console. Les déplacements se font avec les touches "ZQSD" comme dans un FPS, impossible de cliquer dans le décor pour se rendre à un endroit. Par contre on peut cliquer sur un objet ou un perso au loin et se déplacer automatiquement jusqu'à lui. Les menus d'inventaire, de gestion de perso ou de journal s'affichent dans des petits écrans séparés, on aurait vraiment aimé les consulter tout en gardant un oeil sur l'environnement. Enfin lors des mouvements dans des lieux exigus, on butte souvent dans ses camarades de groupe et on est obligé de les contourner péniblement !
Autre point ennuyeux, la qualité de la version française. Comme très souvent, certains termes sont traduits mot à mot et cassent un peu l'ambiance, pouvant parfois mener à une confusion (exemple : écrire "montant" au lieu de "quantité" lorsqu'on veut acheter ou vendre des objets chez les marchands). Les doublages en français sont une nouvelle fois bâclés, avec des acteurs pas convaincus aux voix pas toujours adéquates. Seuls les voix des races extra-terrestres (Wookiees, Twi'leks, etc), fidèlement reproduites (et heureusement sous-titrées en français ;-), plongent vraiment le joueur dans l'univers Star Wars.
Mais tout cela ne gâche pas malgré tout l'excellent travail scénaristique réalisé par les auteurs, ni les multiples options offertes au joueur et les idées originales de gameplay de ce Jeu de Rôle StarWarien.

Le bon, la brute...

Reprenant le concept des Baldur's Gate, dans lesquels on pouvait jouer un personnage d'alignement "bon" ou "mauvais", Star Wars KotOR vous permet de véritablement choisir deux destinées diamétralement opposées : le gentil Jedi façon Luke Skywalker ou le coté obscur de la force façon Darth Maul. Une jauge vous indique en permanence votre position sur une échelle graduée de "Light" à "Dark", suivant vos choix et vos actions. Les dialogues se résolvent selon le système connu des choix multiples, une série de réponses ou de sujets de conversation apparaissants lorsque vous discutez avec un perso. Suivant votre Intelligence et la compétence "Persuasion", vous obtenez plus ou moins de possibilités et selon votre style de jeu plusieurs quêtes pourront se résoudre diplomatiquement plutôt que dans un bain de sang. Evidemment à chaque ennemi abattu ou à chaque mission résolue, des points d'expérience vous seront attribués et votre niveau augmentera.
Les classes de personnage sont simplifiées : on trouve seulement le Soldat (expert en combat), l'Eclaireur (mi-combattant, mi-explorateur) et le... "Voyou" (Mon Dieu, quelle traduction débile !) (spécialisé en infiltration discrète). La customisation de votre personnage principal n'est pas très poussée (choix entre quelques portraits pour chaque sexe), attribution de quelques points dans les stats, choix d'une ou deux compétences, et roule ma poule !

Les règles de résolution des actions spéciales (combats, dialogues, utilisation des compétences) sont gérées par le système du D20. Toute action à un degré de difficulté. Votre personnage a un niveau dans la caractéristique ou la compétence concernée auquel on ajoute un nombre aléatoire entre 1 et 20. Il faut donc que le niveau du perso dépasse la difficulté de l'action pour qu'elle soit réussie. Les 8 compétences sont très variées, allant de "Vigilance" (détecter des pièges ou des ennemis cachés) à "Informatique" (hacker des ordinateurs pour contrôler des systèmes de sécurité) en passant par "Réparation" (réparer et améliorer des Droïdes). Il existe aussi des "Dons", qui eux aussi évoluent suivant l'expérience du perso, et qui concernent la maîtrise des armes corps-à-corps ou à distance, le port d'armures ou encore des bonus pour les compétences. Plus tard votre personnage deviendra sensible à la "Force" et gagnera des pouvoirs spéciaux dans ce domaine (coté clair ou obscur, suivant vos choix).

Un univers vivant

Vous commencez votre périple avec un seul camarade, mais après quelques heures de jeu d'autres compagnons viendront se joindre à vous (jusqu'à 9 persos). Seulement 2 d'entre eux peuvent vous accompagner dans le groupe, les autres vous attendront sagement à votre point de chute. Ce parti pris de ne gérer que 3 persos à la fois permet de se recentrer sur un gameplay plus tactique et moins fouillis, notamment en combat. Chacun doit se spécialiser (attaque corps-à-corps ou distante, soins, etc). Tout se déroule en "faux" temps réel, c'est à dire que toute la gestion des cycles attaque-parade basée sur vos caractéristiques est transparente et les combats apparaissent donc très dynamiques. Vous gardez la possibilité à tout moment de faire une pause pour donner des ordres à vos combattants : choix de la cible, attaques spéciales, utilisation de grenades ou de médipack... Graphiquement les affrontements au pistolet laser ou à l'épée sont bourrés d'effets spéciaux (et je ne vous parle pas des sabres laser des Jedis ;-). Splendide !

Autre spécialité "made in Bioware", les personnages qui vous accompagnent ne se gêneront pas pour intervenir et vous interpeller sur des sujets personnels leur tenant à coeur (leur passé trouble, votre attitude vis-à-vis de la mission principale, etc). Ces discussions apportent un grand réalisme à l'ensemble, même si parfois on tombe dans le nian-nian avec la jeune ado qui taquine son ami wookiee en voulant lui faire des tresses ! Les réactions de vos collègues lors des combats sont gérées par des scripts, toujours à l'instar de BG2. Malheureusement ils sont très restreints, seulement 3 modes différents sont dispo : attaque, utilisation des grenades ou protection du perso principal. Un peu mince face aux dizaines de scripts de BG2 et à la possibilité de les modifier. On pourra se consoler en se disant qu'avec 3 persos à gérer, le joueur pourra tous les prendre en main et oublier les scripts.
Cette impression de liberté se retrouve aussi dans les quêtes annexes. Dès le début vous êtes confronté à de multiples missions à l'apparence simpliste mais au fur et à mesure des options contradictoires apparaissent. Pour preuve ce pharmacien qui recherche désespérément un antidote au terrible virus des Rakghoules qui sévit dans les bas-fonds de la ville. Dès la sortie de son magasin, un inconnu vous aborde et vous propose de contacter son chef qui vous offrira un bon prix pour ce sérum. Un peu plus tard, lorsque vous pénétrez finalement dans les égouts, il vous faudra bien explorer les environs pour finalement trouver la précieuse fiole. Que ferez-vous alors ? la donner gratuitement au pharmacien, lui demander une récompense ou bien essayer de prendre contact avec le mystérieux acheteur ? La plupart des missions se déroulent ainsi, vous laissant toujours plusieurs options.

Après quelques heures passées sur Taris vous trouverez un moyen de voyager sur plusieurs planètes connues de la sage, telle Tatooine ou même la planète natale des Wookiees ! Des mini-jeux sont inclus dans KotOR, comme par exemple un jeu de carte aux règles simples mais finalement assez marrant (avec recherche de cartes rares à la clé), ou des courses de "Swoop bike", les espèces de motos sur réacteur de l'Empire contre-attaque. Anecdotique mais idéal pour se changer les idées 10 minutes.

De vieilles recettes dans un emballage tout neuf

Autre plaisir de l'amateur de RPG, la gestion de l'inventaire et de l'équipement. Dans SW KotOR on traque sans relâche les nouvelles armes, armures et autres boucliers pour habiller et choyer sa poupée barbie... hmm... ses personnages. Mieux, on prend son temps pour explorer chaque recoin et récupérer des pièces détachées en vue d'améliorer les statistiques de son équipement. Idem pour la réparation et le fonctionnement des Droïdes, nécessitant du matériel spécial, ou l'intrusion dans les computers de sécurité (programmes informatiques pour hacker). Cerise sur le wookiee, vous devrez aussi partir à la chasse aux cristaux pour customiser votre sabre laser une fois le statut de Jedi atteint. Bref, les adaptes de Mr Bricolage sont comblés ;-)
En définitive Bioware a réutilisé sa formule magique maintes fois appréciée en la remettant au goût du jour et au niveau des cartes 3D actuelles. Le principe est simple et efficace : une pléthore de lieux et de missions avec deux chemins opposés pour compléter le jeu (ce qui double la durée de vie déjà conséquente du jeu) et une gestion approfondie des personnages sous une apparente simplicité. Cela donne le meilleur RPG solo de cette année. Bien sûr on est loin de la vraie liberté qu'offrait Morrowind en son temps, mais Knights of the Old Republic joue justement sur le coté JdR traditionnel, basé sur le concept mission-résolution-récompense.

Mis à part les problèmes signalés plus haut (contrôle et interface hérités d'une console, version française bancale), le principal est là : une histoire solide dans un univers cohérent et connu, des surprises fréquentes, des petits jeux sympathiques et une évolution constante des personnages. On y ajoute une réalisation béton, 3D améliorée et musiques et bruitages issus de la saga Cinéma, et voila le RPG Star Wars dont tous les pros rêvaient. Une réussite sur de nombreux plans et une suite espérée pour fin 2004.



Jeu fini :
Ayant choisi le coté lumineux de la force, j'ai sauvé la galaxie en un peu plus de 40 heures de jeu, une excellente durée de vie si on tient compte du fait que le chemin sera sensiblement différent lors d'une seconde partie du coté obscur. La lente progression du personnage principal est vraiment bien équilibrée, d'abord simple combattant utilisant ses dons et ses compétences humaines pour finalement atteindre le statut de Maître Jedi aux pouvoirs conséquents. La plupart des énigmes sont bien aménées et originales (résoudre des conflits en choisissant la voie diplomatique ou brutale, du coté du bien ou du mal). Il y a aussi les quêtes d'objets puissants, le bricolage d'armes et d'armures (en fait ajout de pièces détachées), les discussions personnelles (nombreuses) avec les membres du groupe, la découverte de cultures différentes... Pas le temps de s'ennuyer ! Le scénario apporte son lot de révélations surprenantes (enfin pour une aventure Starwars ;-) et on passe vraiment de bons moments. Un régal, je m'en vais retenter l'expérience en me mettant au service des méchants !

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