Fun 8/10
Technique 9/10
Style RPG
Infos Bethesda Softworks
Minimum : Pentium 4, 2 Ghz (512 Mo RAM)
Recommandé : Pentium 4, 3 Ghz (1 Go RAM)
Solo
Testé sur : AMD Athlon64 3200+ / 1 Go DDR Ram / GeForce 6600 GT TDH Extreme (128 Mo) / Chipset NForce4 / Windows XP SP2
Alerte à l'épidémie !
Vous est-il arrivé de tenter d'ouvrir la porte de votre appartement en crochetant la serrure ? Quand on vous demande votre signe zodiacal répondez-vous "Astronach ascendant Mage" ? Avez-vous contacté une agence de voyage pour partir à Vivec en Morrowind ? Pas de panique ! Vous êtes simplement contaminé par le virus de l'Elder-Scrollite aigüe, un trouble obsessionnel affectant le joueur RPG sur PC. Le fan de JdR solo, pauvre de lui, n'est point à la fête depuis l'avènement des WoW et autre EverQuest.
Bien peu de studios de développement osent aujourd'hui s'aventurer sur ce terrain. Voilà près de trois années qu'on se morfond, et pour tout dire à part deux "Knights of the Old Republic" et le méconnu Gothic, rien de grandiose n'a été fait depuis la dernière production des studios Bethesda, à savoir l'add-on Bloodmoon pour Elder Scrolls III : Morrowind. Après une ultime pirouette dans les planning de sorties (le jeu était prévu pour novembre 2005 avant de glisser à mars 2006), voilà donc enfin le digne et quasiment unique représentant des RPG solo, notre bienfaiteur le 4e opus de la série des Elder Scrolls : Oblivion.
Comme d'autres séries célèbres sur PC les Elder Scrolls se caractérisent par un univers médiéval-fantastique très vaste, avec moult villes, hameaux et donjons, peuplés d'indigènes plus ou moins belliqueux, gérés par un système politique et une économie propre, bref, un monde vivant. Vous y incarnez comme à l'accoutumée un pauvre hère croupissant au fin fond d'un cachot de la Cité Impériale en Cyrodiil, une contrée voisine du pays de Morrowind... jusqu'à ce que l'empereur Septim en personne, accompagné de sa garde rapprochée, ne surgisse dans votre prison pour échapper à de mystérieux poursuivants. Grâce à une porte dérobée dans votre cellule (dingue la vie, non ?!), vous êtes entrainé malgré vous dans une épopée des plus mémorable. Les portes d'Oblivion vous attendent...
Oblivion c'est d'abord et avant tout une claque graphique mémorable dans nos faces de mécréants ;-) On le savait, au gré des diverses avant-premières et des screenshots lâchés par les auteurs, cet épisode s'inscrit dans une volonté d'en mettre plein la vue (comme son prédécesseur à vrai dire). La sortie de la Xbox 360 n'est pas étrangère à cette débauche d'effets visuels magnifiques, puisque l'épisode 4 sort simultanément sur cette console et sur PC. On ne s'en plaindra donc pas, même si en terme d'ergonomie cela pose quelques soucis, nous y reviendrons. Les temps de chargement des zones ne provoquent plus les gels d'écran qu'on subissait dans l'épisode 3, ouf.
Faut-il être suréquipé pour profiter pleinement du jeu sur PC ? tout dépend de votre notion du coût d'une config ;-) La mienne (voir ci-dessus) permet de jouer en 1280x960 sans anti-aliasing et avec la plupart des options au niveau moyen pour garder une animation fluide. Le résultat est visible dans mes photos d'écran parsemant ce test, avouez que c'est tout à fait regardable si vous imaginez en plus que le vent et les intempéries font bouger l'ensemble de fort belle manière. Seuls certains portraits (gros plans lors des conversations) sont assez difficiles à supporter, Bethesda a toujours eu du mal avec les tronches ! Pour passer en mode "HDR" avec ombres mortelles et lissage fatal, envisagez les dernières cartes graphique et processeurs dispo en Mars 2006 et transmettez mes amitiés à votre banquier (au passage une Xbox 360 complète avec le jeu coûte 470 euros ;-).
Du beau, du grand, du vent
La tradition des Elder Scrolls est respectée, au cours de votre fuite de l'infâme geôle de la Cité Impériale vous allez choisir peu à peu vos traits principaux : une race influant sur vos caractéristiques, une classe de personnage déterminant vos talents majeurs et mineurs, un signe du zodiaque pour acquérir divers pouvoirs. Tout cela se fait dans le feu de l'action.
Parmi les 10 races humanoïdes peuplant Cyrodiil chacune dispose de forces et faiblesses, depuis les reptiliens Argoniens immunisés contre les maladies et les poisons, aux félins Khajiits, athlétiques et nyctalopes, en passant par le peuple Nordique, guerriers de facture plus classique ou bien leur contrepartie cérébrale, nos éternels amis magiciens les Elfes (la question étant : faut-il être blond aux oreilles pointues pour être intelligent ?). On peut régler très finement son apparence, en particulier le visage, même si on passe le reste du jeu en vue subjective.
En matière de sélection du métier le jeu autorise les audaces les plus folles. On est content de sortir du carcan imposé généralement dans les MMORPG en vogue actuellement (vive les Battlemages !).
Tout ceci par la grâce du génial système des talents qui évoluent selon l'utilisation que vous en faite. La liste des compétences disponibles est toujours aussi vaste, Parade, Combat Mains Nues, Magie de Destruction, Invocation, Sécurité, Eloquence, Alchimie, en tout 21 talents sont proposés. Il existe 7 spécialisations pour chacune des 3 classes pré-définies (Combat, Magie, Furtivité), mais rien ne vous empêche de choisir vous-même vos talents qui progresseront plus rapidement que les autres. Les classes prédéfinies sont cependant suffisament variée pour qu'on trouve son bonheur. Après avoir fait significativement évoluer vos talents une nuit de sommeil vous permet de changer de niveau d'expérience, augmentant au passage 3 de vos caractéristiques de base (Force, Intelligence, etc) ainsi que vos points de vie. Classique.
Cette philosophie de liberté de choix se retrouve évidemment dans le traitement scénaristique de l'aventure. On est vraiment heureux de retrouver cette sensation, unique à la série, d'autonomie totale. Il y a certes une trame principale mais on est immédiatement happé par cette envie d'exploration dès qu'on sort du premier donjon servant de didacticiel. Répétons-le, c'est beau, c'est grand, on a simplement envie de se ballader dans ses forêts et ses villes immenses et partir à la recherche de quêtes au hasard des rencontres et de la découverte des (très) (très) nombreux donjons. L'équipement coule à flot, on croule bien vite sous le poids de nos acquisitions. Les dizaines de boutiques de chaque ville permettent heureusement de s'en débarrasser à bon prix. On peut même investir dans l'immobilier en s'achetant des baraques et également faciliter ses déplacements en se procurant un cheval (au look magnifique mais aux mouvements très rigides).
La grande majorité des dialogues sont parlés, y compris concernant les petites missions annexes. Tout cela serait fort agréable si le doublage français n'était une nouvelle fois au raz des pâquerettes, acteurs pas très inspirés et traductions approximatives. Je suis conscient de l'énorme masse de travail requis pour ce genre de jeu, mais franchement entre les textes coupés (comment choisir une réponse si on n'en voit que les premiers mots ?), les passages non traduits et, plus grave, les contresens (votre premier sort de soin se nomme... boule de feu !), le pauvre frenchy regrette amèrement de ne point s'être procuré une V.O. L'espoir d'un patche prochain sur PC permet de faire passer la pillule.
16h00: Atelier Crochetage, 17h00: Atelier Macramé
La prise en main est immédiate, déplacements au clavier, actions à la souris. Comme pour Morrowind les attaques physiques s'effectuent avec le bouton gauche, les parades à droite. L'armement à votre disposition est dans la lignée de l'opus précédent : lames une ou deux mains, arcs, bâtons, masses. Huit touches permettent de stocker des raccourcis (pour les sorts notamment), ce qui est assez maigre après une dizaine d'heures de jeu. On se retrouve à jongler avec les menus un peu lourds, hérités de l'interface console jamais très pratique puisque conçue sans les appendices indispensables du joueur sérieux : le clavier et la souris.
Vous voulez accéder à un sort ou objet non-présent dans vos raccourcis ? une touche puis il faut scroller péniblement dans une liste qui ne cesse de s'allonger au fur et à mesure de vos achats. Pire, il est impossible de redimensionner les fenêtres et la taille des caractères, et on ne peut pas se ballader en laissant ouverte dans un coin une carte des lieux. Gageons que les fans "modeurs" se serviront du "Construction Set" disponible sur le site officiel pour améliorer l'ergonomie globale, comme ce fut le cas avec Morrowind.
Cependant Bethesda propose quelques innovations bienvenues dans sa série phare : la boussole indique les lieux proches ainsi que les quêtes actives grâce à d'astucieux marqueurs. Pratique quand on est perdu dans les gigantesques cités, les tortueux donjons ou les majestueuses forêts. Les dialogues se font toujours par réponses à choix multiples, mais sans cette pléthore d'options qui nous assommait dans l'épisode précédent. Fini les 20 sujets de discussion inutiles, on ne cause que de l'essentiel dans Oblivion. Des séquences "arcade" pour le crochetage ou le marchandage ont été implémentées, le joueur doit compter sur sa propre dextérité et non pas celle de son personnage ;-) On doit jouer savamment avec ses fragiles crochets pour déflorer des serrures classées selon cinq niveaux de difficulté (certaines sont même inviolables, clé indispensable pour franchir la porte ;-). Pour gagner la confiance de votre interlocuteur lors d'une discussion vous devrez tenter de le persuader en choisissant rapidement les bons comportements suivant les réactions sur son visage.
Dans le même ordre d'idée des pièges basiques sont présents dans les zones dangereuses : lance-fléchettes, trappes, boules hérissées de pointes, l'explorateur amateur doit constamment garder un oeil sur son environnement. Les auteurs vont même un peu trop loin à mon goût en offrant la téléportation gratuite vers toutes les villes principales du royaume, tout bonnement depuis la carte du monde. Cette simplification, sans doute pour attirer nos amis les jeunes et les fainéants, casse vraiment l'obligation de visiter les alentours. Le gros bill pourra parfaitement finir la mission principale en quelques heures, passant à coté de 90% du jeu (quel con ;-). Surtout que Bethesda a opté pour un système qui adapte l'environnement du joueur au niveau actuel de son personnage. C'est l'autre point négatif d'Oblivion, les combats ne présentent pas réellement un challenge puisque vos ennemis ne sont jamais trop faibles ou trop forts pour vous. Même leur équipement évolue en fonction de l'expérience du héros, on pourra ainsi fouiller le cadavre d'un pauvre bandit de grand chemin pour y découvrir avec surprise qu'il transporte une fortune en équipement !
Presque intelligent
On est assez agréablement surpris par la pseudo-intelligence artificielle appliquée aux personnages non-joueurs. Dans un JdR il est en effet très rare de voir des NPC discuter librement entre eux sans s'occuper de vous (et le joueur obtient même de nouvelles quêtes en écoutant simplement deux persos papoter à la sortie de l'auberge ;-). Certains prennent les devants et vous aborde dans la rue pour que vous leur veniez en aide. La population vaque à ses occupations, les gens vont au boulot, se retrouvent le soir à la taverne du coin puis rentrent chez eux. L'illusion d'une vie sociale, avec aussi les patrouilles des gens d'armes et les pauvres qui demandent l'aumône.
Hors agglomération on tente de vous détrousser. Certains ennemis sont parfois surprenants, par exemple un troll surgissant d'un buisson a un jour trucidé mon beau cheval (acheté à prix d'or) car j'avais fuit comme un lâche pour recharger ma mana. Et en plus dans les donjons vos adversaires vous suivent même si vous changez de zone pour espérer leur échapper ! Bref le système de gestion des NPC est convaincant, et au fur et à mesure de vos exploits de plus en plus de personnes vous reconnaîtrons et vous féliciterons, héros que vous êtes ;-)
Trois guildes principales offrent moult quêtes annexes, celle des Mages vous permet notamment d'accéder à la création de sorts et d'enchantements pour peu que vous grimpiez dans la hiérarchie. Une fois que les portes de la "Mage Academy" de la Cité Impériale s'ouvrent à vous toutes les folies créatives sont possibles, pour peu que vos finances suivent. Les guerriers ont aussi leur faction, of course, avec son lot d'intrigues politiques passionnantes. Concernant la mystérieuse Guilde des voleurs, sachez qu'officiellement elle n'existe plus. Hu hu hu, on y croit vachement ;-) La furtivité est toujours de mise dans Oblivion, l'apprenti monte-en-l'air pourra exercer ses talents de pickpocket comme bon lui semble, ou se mettre en mode "discretion" pour suivre ses futures victimes. Gare aux arrestations toutefois ! La maréchaussée ne plaisante pas avec la loi ("en taule les jeuuuuunes !" dirait le Sarko des Guignols), et les marchands refuseront d'acheter des objets volés (pas très réaliste sur ce point, je vous l'accorde).
L'alchimie est également de retour, une fois que vous vous serez procuré les ustensiles nécessaires pour concocter potions et poisons. On part à la recherche d'ingrédients qui pullulent en cueillant gaiement les herbes, champignons, plantes et fleurs qui recouvrent tout Cyrodiil. Vaste programme, c'est chouette la vie au grand air, youkaïdi youkaïda !
Terminons sur une note plus que positive : Oblivion plante très rarement. Celles et ceux qui ont connu les retours intempestifs au bureau Windows savent combien les bugs de Morrowind pouvaient être frustrant. Avec Elder Scrolls IV, fini la galère ! Est-ce dû aux quatre mois de développement supplémentaires ? En tout cas c'est plaisant d'acheter un jeu vraiment peaufiné. Reste que l'équipe de Bethesda peut encore améliorer son beau bébé, notamment sur l'ergonomie, mais ne faisons pas la fine bouche, l'ampleur du monde offert donne tout de même le tournis. Le soin apporté à l'architecture des cités, le souci du détail jusque dans la moindre fioriture de votre épée claymore, la variété des couleurs de la végétation luxuriante, l'ouverture total de la magie ou de l'alchimie, c'est du boulot admirable. Oblivion est bien évidemment le meilleur RPG solo sur PC, et probablement pour pas mal de temps. Sa grande beauté plastique cache un univers profond et adulte à la durée de vie incalculable, malgré ses concessions à certaines facilités. C'est assurément une nouvelle étape vers le jeu parfait, donnant au passage une bonne leçon à tous ses RPG console dirigistes et gnangnans. Allez, j'y retourne, mon épée va refroidir.
Note : Je baisse la note de fun en raison du manque de challenge une fois parvenu dans les hauts niveaux et la politique scandaleuse des mini add-on payants. Egalement à cause du retard inexcusable du patch qui corrigerait tous les soucis de traduction, les quelques bugs qui traînent encore ça et là, et les plantages qui deviennent de plus en plus fréquents passé les 30 heures de jeu. Deux mois après la sortie de son titre Bethesda nous fait même le coup du "beta-patch", honteux ! Heureusement pour eux qu'ils ont un jeu béton ;-)
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