jeudi 1 août 2019

Rollerball (1975)

Jonathan E file droit au but
(1975 - Réalisé par N. Jewison) ***
Jonathan E est un champion adulé de Rollerball, sport futuriste ultra-violent mêlant hockey et foot américain. Sur la piste l'athlète doit affronter les équipes adverses avec l'aide de ses coéquipiers, au péril de leur vie. Mais en dehors du stade le combat continue pour Jonathan, contre la toute-puissante corporation qui veut régenter sa vie.

Film d'anticipation parmi tant d'autres issus du cinéma des années 70, la version originale de Rollerball est un mélange d'action, avec une retranscription en détail des matchs chaotiques de ce sport intense, et de message politique où l'on découvre une société contrôlée par des corporations planétaires ayant mis fin à la pauvreté et aux guerres. Les chants corporatistes ont remplacé les hymnes nationaux.  
Mais derrière cette apparence idyllique, l'humanité se défoule devant le spectacle affligeant des gladiateurs du Rollerball. Ce sport est spécialement étudié pour être un programme abrutissant, créé pour assouvir notre soif d'hémoglobine en cachant la réalité glaçante du contrôle des masses. Tout est fait pour que la classe dominante maintienne le peuple dans l'illusion du bonheur... ça ne vous rappelle rien ? 
Le fait que les événements décrits se déroulent en 2018 ajoute un sentiment trouble, puisque notre actualité réelle se calque presque parfaitement avec ce rétro-futur : omniprésence des écrans, GAFA qui survolent nos gouvernements et combattants de MMA qui ne sont certes pas en rollers mais qui se défoncent dans des cages grillagées pour notre bon plaisir. 

Le film alterne entre longues séquences au cœur des matchs et coulisses du show, où les décideurs font et défont les stars de leur jeu. Ceci entraîne des soucis de rythme et, production américaine oblige, une morale où triomphe l'individu contre le collectif. Bien sûr Jonathan a toutes les raisons de remettre en question l'ordre établi : on l'a obligé à divorcer, on le pousse à la retraite alors qu'il est en pleine gloire et on met en danger sa vie et celle des autres joueurs en mettant en place des règles de jeu de plus en plus dangereuses. Certains passages de Rollerball basculent dans le comique volontaire, comme cette séquence de la visite du centre abritant l'ordinateur ultime, genre de google omnipotent qui a oublié toute l'histoire Humaine du XIIIe siècle et refuse de fournir les infos. Mais le contraste entre l'action pure brutale et les soirées feutrées de la haute société se répète pendant tout le film, occasionnant un sentiment de redite. 
Rollerball conserve quand même son statut culte, avec de vraies cascades sans écran vert. Grâce surtout à James Caan, tout en testostérone, même sur des patins à roulettes ! Il incarne parfaitement ce sportif dont l'avenir pourrait être radieux, mais qui doit "choisir entre une vie de rêve et la liberté", comme le dit le cynique grand patron de la société d'énergie. Notre héros restera sans aide extérieure, ses seuls véritables amis demeurent ses coéquipiers, qu'il mènera vers la lutte finale !

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